Chaque année depuis 2011, le Pitchfork Music Festival pose ses valises durant trois jours aux abords du 1er novembre. La Face B, qui sera présente à la Grande Halle de la Villette pour assister à l’ensemble des concerts, vous propose une présentation de ce week-end musical et une sélection des artistes à ne surtout pas manquer.
L’origine du festival ? Le webzine Pitchfork s’est fait un nom dans le paysage musical depuis son lancement en 1995. Sa notoriété grandissante a permis de révéler des groupes qu’on ne regrette pas : Arcade Fire, Radiohead, Broken Social Scene ou encore Interpol. Son influence est tellement grandissante qu’on le compare souvent à son concurrent Rolling Stone. Depuis 2006, Pitchfork lance son propre festival dans son fief : Chicago. Le succès est immédiat, ce qui poussera les organisateurs à exporter leur festival en Europe, et plus précisément à Paris depuis 2011. L’édition se veut plus hivernale et intimiste. Elle a accueilli de nombreux artistes et non des moindres : Aphex Twin, Bon Iver, Lykke Li, M83, James Blake, The Walkmen, Sebastier Tellier, The Knife, Hot Chip, Thom Yorke, Beach House, The War On Drugs, M.I.A., Parquet Courts, Todd Terje, The National, Etienne Daho, DJ Koze, … et souvent, ces artistes étaient méconnus ou venaient d’être révélés. Avant-gardiste.
Le concept ? L’édition de 2019 déroge peu à la tradition : trois jours de concerts le 30 octobre et les 1er et 2 novembre à la Grande Halle de la Villette. La principale nouveauté est la suppression du Pitchfork Avant-Garde les lundi et mardi précédent le festival. Dommage car le concept était plaisant : plus d’une quarantaine d’artistes jouait à travers 7 salles parisiennes, alors mises en avant, dans le 11ème arrondissement de Paris : le Café de la Danse, le Badaboum, le Pop-Up du Label, le Pan Piper, le Supersonic, le Réservoir et la Chapelle des Lombards. Cependant une nouvelle monture, plus condensée, est proposée : en plus des deux grandes scènes, deux nouvelles petites scènes s’ajoutent à la Grande Halle pour un total de quatre. Les musiques urbaines et avant-garde y seront logiquement valorisées. Les After Parties seront encore présentes, le vendredi et samedi soir, mais pour y participer, il faudra s’acquitter d’un ticket supplémentaire et se diriger au Trabendo. On y retrouvera HAAi, Skin on Skin ou encore Emma DJ.
Le prix ? À une semaine du début du festival, le pass 3 jours est à 120€ tandis que les pass 2 jours et 1 jour reviennent respectivement à 95€ et 55€. En ce qui concerne les After Parties, c’est 18€ la soirée.
L’opening ? Pitchfork aime aussi se montrer sur tout le paysage culturel. Après un DJ-set des équipes du festival à la Fondation Louis Vuitton, un opening gratuit est organisé au Supersonic le mercredi 30 octobre après le succès de la 1ère édition. Les Inrockuptibles et Super! s’associent pour les Inrocks Super Club de 19h à minuit. Au programme, on retrouvera l’électro-pop de Julien Chang et de Ricky Hollywood et les géniaux rockeurs de Philadelphie : Empath. À ne pas manquer donc.
La programmation ? En ce qui concerne le contenu musical du week-end, ce qui nous intéresse le plus, l’organisateur a pris le parti de donner une dominante musicale à chaque soirée : hip-hop, jazz et r’n’b le jeudi (Skepta, Zola, Mura Musa, slowthai, Hamza, etc.), pop rock indépendant et punk le vendredi (Chromatics, Belle & Sebastian, Weyes Blood, Primal Scream, etc.) et enfin, électro et pop le samedi (Charli XCX, Auroa, The 1975, Sebastian, Agar Agar, 2manydjs, etc.). La programmation est donc très éclectique et nous propose comme à chaque fois de nombreux artistes prometteurs ou rares à voir sur les scènes parisiennes.
Enfin, comme chaque année, on retrouvera le marché des disquaires des Ballades Sonores, une Roller Party sur la mezzanine, une piscine à boules et un espace réservé aux créateurs d’accessoires de mode Klin d’œil. Bien entendu, de nombreux points de restaurations et de rafraîchissements y seront présents mais la petite nouveauté de cette année : tout pourra se payer par carte bancaire ou par l’application Lyf Pay. Fini les queues pour recharger son compte.
Après une présentation complète du festival, La Face B vous propose la sélection des artistes à ne pas louper durant ces trois jours.
Jeudi 31 octobre : Le confirmé Skepta, l’attendu slowthai
Pour ce premier soir, le jazz et le hip-hop d’une génération montante et talentueuse seront à l’honneur. De nombreux artistes seront à découvrir et il ne serait pas étonnant que la plupart d’entre eux deviennent les têtes d’affiche de leur genre dans quelques années.
Skepta
D’abord DJ, Skepta se fait repérer par la suite comme rappeur dans les radios pirates. En 2008, le londonien lance deux albums sur son label indépendant. Deux titres rencontrent un succès immédiat : Bad Boy et Rescue Me. Dans ses flows, il mélange ses différentes influences allant du rock garage à la drum and bass : il est alors l’un des meneurs du grime. Il avait pris un malin plaisir à reprendre Regular John des Queens Of The Stone Age dans un breakbeat accrocheur et nerveux. Cette année, le rappeur a sorti son 5ème album Ignorance is Bliss.
Mura Masa
Révélé en 2017 pour son 1er album qui porte son nom de scène, l’anglais est depuis devenu un artiste très courtisé qui multiplie les collaborations, que cela soit dans la pop, le hip-hop ou la dance (Charli XCX, ASAP Rocky, Christine and the Queen, etc. Sa spécialité réside à fusionner la musique électronique avec le hip-hop pour atteindre des partitions mélodieuses.
Hamza
Le rappeur belge s’est vite imposé sur la scène francophone. Proposant un rap léger et planant, Hamza a vu rapidement son talent repéré par Disiz la Peste. Sur son dernier album Paradise, il a pu collaborer avec Christine and the Queen et Aya Nakamura.
The Comet Is Coming
Le jazz sera aussi représenté à la Grand Halle de la Villette. Le groupe londonien montrera l’étendue de son talent autour du saxophoniste Shabaka Hutchings. Les sonorités y sont dynamiques, dansantes, électroniques et apocalyptiques. The Comet Is Coming aura les atouts pour remuer la foule.
slowthai
Vite repéré par Liam Gallagher qui l’invita en première partie de ses concerts, slowthai a gagné rapidement en notoriété grâce à son opus Nothing Great About Britain qui est très certainement L’ALBUM rap de 2019. Dans cet album très engagé, il y dénonce sans détour les systèmes politiques asphyxiants, le nationalisme et les injustices sociales. Le flow est agressif et dynamique. On y trouve également une collaboration avec le groupe punk Slaves. En live, il ne sera pas étonnant de voir débarquer ses amis Skepta ou encore Mura Masa avec qui il a sorti Doorman, emblème du renouveau du rap pour la prochaine décennie.
Master Peace
Peut-être la révélation de cette soirée, le jeune londonien propose un rap aux aspérités rock et punk. Ses influences sont les Sex Pistols, Kurt Corbain et Jimi Hendrix. Master Peace délivre un son percutant et nerveux. Chose de plus en plus rare dans le milieu du hip-hop, il sera accompagné d’un batteur et d’un guitariste. On a hâte d’en apprendre plus sur lui.
À ne pas manquer non plus : Ezra Collective, Ateyaba, Zola.
Vendredi 01er novembre : Des tauliers de Primal Scream à la majestueuse pop de Weyes Blood
Place désormais à une soirée plus pop et rock. Entre artistes confirmés et émergents, le programme promet de nous faire passer par toutes les émotions.
Chromatics
Mêlant rock et sons synth-pop, les américains de Portland nous font rêver à travers leurs mélodies rythmées et sucrées. Aux influences de l’italo-disco, leur dernier album Close to Grey sera très certainement mis en valeur sur la grande scène.
Belle & Sebastian
Le groupe écossais indie pop revient au Pitchfork. Plutôt rare ces derniers temps, ils seront sans conteste une attraction ce vendredi. Leur pop peut être joyeuse, fragile ou mélancolique, peu importe, les voix de Stuart Murdoch et de Stevie Jackson nous transportent aveuglement dans tous les états d’âme de nos émotions.
Primal Scream
L’autre groupe écossais attendu du festival est bien entendu Primal Scream. Les plus expérimentés de la programmation (près de 40 ans de carrières) sortent cette année une compilation de leurs meilleurs titres : Maximum Rock’n’Roll : The Singles. Il faudra donc s’attendre à un concert de 45 minutes, à la fois énergique et jouissif.
Weyes Blood
Weyes Blood, alias Natalie Laura Mering, a sorti son quatrième album Titanic Rising et que dire… à part qu’il s’agit l’un des plus beaux de ces dernières années. La mélodie fragile et entêtante porte les dix titres de l’album. L’influence du soft-rock des années 1970 y est fortement marquée et nous rappelle la douceur de The Carpenters. Le live sera vraisemblablement envoûtant.
Sheer Mag
Le punk lo-fi des américains de Philadelphie se veut criard et dansant. Portée par la voix charismatique de Tina Halladay, Sheer Mag commence enfin à se faire un nom grâce à un deuxième album aussi consistant que leurs débuts.
Desire
Mélange de synth-pop et d’italo-disco, le groupe canadien Desire s’est fait remarquer par le grand public par son titre incontournable Under Your Spell, apparu dans la soundratck du film mythique Drive. L’envoûtante Megan Louise nous absorbe dans des mélodies douces et rêveuses.
À ne pas manquer non plus : Briston Maroney, Barrie, CHAI, Jackie Mendoza, John Talabot.
Samedi 02 novembre : Les stars émergentes de la scène pop rock des années 2010 prennent le relai
La dernière soirée du Pitchfork propose une soirée plus pop et électronique dont certains artistes peuvent être rangés dans la catégorie des artistes tendances. Assurément, il faudra s’attendre à un public très jeune pour ce samedi soir.
The 1975
Les anglais ont sorti l’un des meilleurs albums rock de l’année dernière. Ils sont l’un des rares groupes à savoir renouveler l’indie rock. Leur dernier album A Brief Inquiry Into Online Relationships représente le mélange des genres : à la fois jazzy, post-punk et r’n’b, The 1975 décrypte notre époque de manière drôle et déchirante. Engagé aussi politiquement, leur nouvel album Notes on a Conditional Forum qui sortira en 2020, commence par un featuring avec… Greta Thumberg. Sera-t-elle présente sur scène ce samedi soir ? En tout cas, habitués à des concerts de plus de 1h30, ils n’auront qu’une petite heure pour électriser la foule.
Charli XCX
Devenue célèbre grâce I Love It en duo avec Icona Pop, Charli XCX défendra son troisième album Charli. Elle se place dans la catégorie de musique dance-pop décadente. Elle a collaboré avec Haim, Christine and the Queen mais aussi Clairo, Sky Ferreira et Tommy Cash. La foule sera criarde et l’ambiance dansante.
Mk.gee.
La journée débutera par le jeune artiste américain Mk.gee. La sonorité de ses productions est assez originale, on est plus proche d’une dream-funk qu’une d’une dream pop. À ne pas manquer, d’autant plus qu’il a été repéré par Frank Ocean, une valeur sûre.
Jamila Woods
Elle apportera de la douceur dans cette soirée. La chanteuse néo-soul Jamila Woods a sorti son deuxième album Legacy ! Legacy ! et on en devient vite accro. Engagée dans ses textes, chacun des titres du dernière album commémore une figure de la diaspora africaine. Mais le tout reste accessible, accrocheur et non pédant.
SebastiAn :
La présence du producteur français de musique électronique est un mini-événement. Huit ans après Total, SabastiAn revient pour un deuxième album Thirst et il présentera en avant-première son nouveau live. Le show risque d’être grandiose car l’artiste aime voir les choses en grand et de manière cinématographique. Les premiers singles Beograd et Run For Me nous ont déjà convaincu.
2manydj’s (dj set)
Le festival se clôtura par le duo de musique électronique belge : 2manydj’s. C’est l’assurance de finir la soirée en beauté et de façon enthousiaste. Ils ont déjà accompagné The Chemical Brothers, LCD Soundsystem ou encore Justice dans leurs tournées respectives. Les deux frères, membres de Soulwax, sauront faire transcender la foule comme à chacun de leur passage.
À ne pas manquer non plus : Jessica Pratt, Caroline Polachek, Aurora, Agar Agar.
Pour vous aiguiller dans votre sélection, voici les horaires des concerts :