On a marché sur la planète P.R2B avec son premier album Rayons Gamma. 3,2, 1, décollage direction Rayons Gamma, le dernier album de P.R2B. Après nous avoir conquis avec son premier EP Des Rêves, accompagné de singles comme Dolce Vita ou Tu ne dis jamais rien, l’artiste revient avec un premier album. Un premier opus réussi, qui nous emmène haut et emmène loin P.R2B.
Eloigné de la lune ou de la terre le titre Rayons Gamma prend racine dans le film De l’influence des Rayons Gamma sur le comportement des marguerites de Paul Newman. En particulier pour cette citation : « J’espère qu’un jour les êtres humains remercieront le ciel de cette magnifique et étrange énergie. » Comme une comparaison à la vie, le rayon gamma est la forme d’énergie la plus puissante. Un mouvement qui autant créateur que dangereux et destructeur. C’est pourquoi ce choix de titre. Comme les rayons gamma, et en reprenant ses mots l’artiste se donne la liberté de « tout sortir et renaître, tout donner et tout perdre. »
Une entrée électrisante
L’album s’ouvre sur le morceau La chanson du bal. Un des premiers titres qui a fait découvrir la chanteuse au grand public. La chanson du bal est une balade électro, digne des plus belles réceptions avec son rythme de valse. Une atmosphère hybride entre le conte de fée et la modernité. Un univers que retranscrit à merveille par P.R2B qui réalise le clip de sa chanson. On semble se retrouver en plein conte contemporain avec un château éclairé de néons. L’artiste incarnant une cendrillon pour qui le cheval blanc se transformerait en voiture, une fois minuit passé.
Alunissage en douceur
Si comme nous avons pu l’entendre, Rayons Gamma est un album énergique. Il n’en reste pas moins doux et tendre. On pense alors au magnifique titre Ma meilleure vie. Peut-être l’un des plus beaux morceaux que nous offre P.R2B. Ce titre nous renvoie à l’amour dans sa plus belle des formes : à la fois fragile et éternel, douloureux et mélodieux. L’amour qui chamboule, rase tout sur sa route : « Et voilà que tout, tout tourne autour de moi, même les idéaux coulent (…) C’est à rendre fou, c’est à rendre fou. » L’amour qui marque, comme une cicatrice, un tatouage que l’ on ne pourrait pas gommer : « On s’aimera encore, on s’aimera toujours ! » car l’artiste l’affirme : « Je t’ aimerai plus que ma vie, je t’aimerai plus que tout ça. » Les sentiments sont élévateur et porteur d’espoir. L’ amour comme manière de lâcher-prise, pour oublier les murmures extérieurs, affronter la dureté du monde.
C’est la tête dans la lune et les étoiles que P.R2B nous a plongé dans un univers pleins de rêveries avec son ode à l’amour. Mais c’est également dans ses souvenirs que l’artiste nous plonge. Pauline Rambeau de Baralon, de son vrai nom, dédie deux titre à ses parents. L’un, Lettre à P. s’adresse à son père. On devine l’émotion venant tordre P.R2B, lorsque l’on entend sa voix autant tremblante que vibrante. La musique rappelle à l’enfance avec une mélodie de carrousel et des sonorités semblables à une harpe. Il est surtout question d’absence, de mort, P.R2B invoque esprits, passé, ombres et disparition.
L’autre morceau, Mama, est dédié à sa mère. Comme les deux côtés d’une même pièce, Lettre à P. est mélancolique, hantée par le passé, tandis que Mama, se tourne vers le futur, vers la rage et l’élan de vivre. Dès les premières notes, on comprend qu’il sera question de soutien maternel : « Mama, mama, mama, j’ai laissé ma misère au portail, un soir d’été au creux de tes bras, tu me disais vai, vai, vai, vai ». Ce titre nous montre l’importance du réconfort et de l’aide d’autrui pour trouver sa voie, (re)prendre sa place dans le monde.
Au-delà de sa famille de sang, P.R2B rend hommage à sa famille de cœur. Mon frère est un morceau dédié à un frère qui n’en est pas tout à fait un. On connais pratiquement tous quelqu’un avec qui tout est fusionnel. Deux êtres qui se comprennent sans être de la même famille. Cette chanson leur est dédiée. L’artiste nous partage ses souvenirs : « je t’ai connu à l’école et je ne t’ai jamais quitté. » comme ses inquiétudes : « mon frère, le monde est devenue fou. » Le morceau est émouvant, par sa mélodie jouée au piano et le chant vaporeux, aérien.
Ensuite, P.R2B se dévoile avec le titre Qui sont les coupables. Ce morceau est en partie autobiographique. Sur une musique électronique, l’artiste se présente. Elle évoque ces origines, « d’une ville de diagonale, comme le vide. » La particularité du titre est en présence d’un saxophone, jouant en solo, venant donner corps et chaleur au morceau. Un autre-morceau est tout aussi intime. Il s’agit de Chienne de vie. Sur un fond de piano, et de saxophone. Comme un cri du cœur, l’artiste et que la fragilité et la temporalité de la vie.
C’est extra !
Parmi les pères spirituels de P.R2B, on compte Léo Ferré. On ressent le souffle de l’auteur-compositeur- interprète dans l’album. P.R2B avait d’ailleurs repris Ferré pour une compilation de La Souterraine. Alors, on reconnait un ton politique, dénonciateur, presque provocateur. C’est ainsi que Plus rien de bien décrit un monde sans dessus dessous. Ne serait-ce qu’à entendre certaines répliques : «Mais le monde est plus sale que les vapeurs d’air climatisé ». Ce morceau est semblable à des lignes à haute tension. Il y a un motif rythmique qui se répète à l’infini . Que ce soit les percussions, les instruments, ou le chant, tout semble prêt à imploser, même à la fin du morceau, lorsque tout semble s apaiser c’est pour mieux préparer l’implosion. Plus rien de bien est une bombe à retardement. Le ton est dur « La vengeance a frappé, comme le livreur la porte d’entrée » mais tout de même rempli de sonorité « Moi et mes sorcières, je nous sortirai de l’oubli » et d’espoir « Mon amour, même l’ennui, contre toi vaut tous les prix, il y aura les contrats, mais avec toi, juste la vie ! »
Toujours dans cette énergie explosive, on retrouve le titre la Piscine. Ce morceau est un réel défouloir pop. Cette fois-ci encore, il est question d’amour. Une fusion qui s’opère entre une piscine et l’autiste. On l’imagine se noyer dans la piscine, ne faire plus qu’un avec l’eau chloré. Qui dit piscine dit soleil. Qui dit soleil dis Punta Cana. L’artiste donne à l’un de ses morceaux le nom de cette destination idyllique. C’est justement une ode à la rêverie. Musicalement, on reconnait plusieurs atmosphère, univers, qui dialoguent entre eux. On pourrait voir ce titre comme un film, ou bien une pièce de théâtre, dans laquelle des scènes se succéderaient. On ne sait plus si on est dans une œuvre artistique, ou les deux pieds sur terre. P.R2B s’amuse de cette ambiguïté en concluant par : « Tout est faux mais en vrai, mes mensonges, vérités. »