En novembre, Pomme a dévoilé son second album Les Failles. Un album qui nous avait marqué autant par sa beauté que par sa noirceur et sa manière de transformer en personnages des lieux et des sentiments. Alors qu’elle vient de remporter la victoire de la musique de l’album révélation en même temps qu’elle a sorti une réédition nommée les failles cachées et que sa tournée affiche complet que ce soit à Paris ou en région, on est allé à la rencontre de Claire pour parler sentiments, poésie et collaborations.
La Face B : La première question que je pose toujours c’est : comment ça va ?
Pomme : Ça va, je suis un peu fatiguée mais ça va.
LFB : Tu as commencé ta tournée la semaine dernière, quels sont tes premiers ressentis par rapport à tes deux dates ?
P : Il y en a eu quatre d’affilées et c’était ouf, intense, complet..Hyper agréable de jouer devant des gens aussi investis et mon équipe de tournée est incroyable. Je m’entends hyper bien avec tout le monde. C’était émotionnellement assez épuisant et en même temps hyper enrichissant. Enfin c’est assez indescriptible et j’ai trop hâte de repartir demain.
LFB : Tu as déjà énormément de dates qui sont complètes en plus.
P : Ouais c’est fou, c’est complètement fou. Les concerts qui sont complets c’est souvent des petits concerts tu vois, mais il y a aussi des concerts complets où il y a genre 1 300 personnes, ce qui est tout nouveau pour moi. Et je suis là j’arrive devant 1 300 personnes qui connaissent tous mes chansons par cœur et c’est un peu un délire. Mais j’apprends à apprivoiser ça et globalement c’est beaucoup de trucs positifs.
LFB : C’est la première fois que tu joues avec un groupe aussi ?
P : Oui !
LFB : Et donc ça change quoi pour toi au final ?
P : Ça change tout ! Au début je pensais que j’aurais moins de liberté en étant avec un groupe, en étant obligée de cadrer un peu le truc, de faire beaucoup de répétitions… moi je n’ai jamais trop connu ça. Là on a répété pendant un mois avec les filles, on a tout mis bout à bout entre septembre et janvier. Je n’avais jamais connu ça, ce truc de répétitions hyper intensives, cette rigueur et tout. Moi j’avais ma propre vision de la rigueur, à savoir que comme je suis toute seule sur scène, je n’avais pas besoin de répéter et je me formais au fil des concerts. Et en fait ça c’était nouveau et ça m’a mis dans un mood de préparation un peu comme un de sportif… Et du coup arrivée à la tournée j’avais un peu peur car je trouvais que c’était beaucoup de préparations et ça te met la pression pour que ce soit ouf, car tu t’es préparée pendant un mois et que t’as intérêt à ce que ça soit bien. Avant je ne connaissais pas ça, car comme j’étais toute seule, que ça soit bien ou pas bien c’était toujours sur moi que ça retombait et au moins je n’avais pas d’autres personnes à envisager.
Mais c’est hyper agréable d’avoir les filles sur scène, car du coup c’est deux meufs ! La répartition des moments où on est en groupe et des moments où je suis solo elle est parfaite. Je garde un peu de moment comme avant, et pour les moments où on est ensemble, j’arrive à me reposer sur elles, à apprendre et kiffer différemment que quand je suis toute seule. Et je découvre pleins de nouvelles sensations, de lâcher prise que je n’avais pas avant car j’étais obligée de tout contrôler. Donc du coup pour ça c’est assez cool.
LFB : Si je te dis que pour moi Les Failles ça ressemble à un coucher de soleil, est-ce que c’est une métaphore qui te convient ?
P : Je trouve ça cool ! Moi je suis plus team lever de soleil, car en tournée on se lève à 5-6 heures du matin, ce qui fait que j’ai vu pas mal de levers de soleils la semaine dernière, mais les couleurs du coucher du soleil sont hyper belles.
LFB : C’est un peu le moment où le jour et la nuit se rencontrent, et c’est un peu ce à quoi me fait penser ta musique, quelque chose d’à la fois hyper lumineux et les textes qui sont quand même très sombres.
P : Oui je vois ce que tu veux dire et c’est une belle image. Personne ne m’avait jamais dit ça, ça me touche, ça m’émeut. C’est vrai qu’il y a ces de failles et de peines, de trucs un peu lourd. Et il y a certainement certains passages là dedans pour la lumière et des choses plus positives. Et clairement, dans le projet d’écriture de cet album, je me sentais mieux après avoir écrit ces chansons. C’est tout bête mais écrire sur des choses qui me font de la peine me libère vachement, et je pense que quand les gens écoutent les chansons, ça provoque un peu la même chose chez eux. Je ne savais pas que ça allait faire ça mais quand les gens me disent « ouais c’est marrant c’est des thèmes sombres mais moi ça me rend pas forcément triste », je comprends totalement car moi ça ne me rend pas triste du tout d’écrire ces chansons, au contraire ça me libère.
LFB : Tu te débarrasses d’une émotion en la figeant. Et justement, j’ai l’impression que sur l’album tu as personnifié les sentiments et les sensations, et je me demandais si c’était quelque chose auquel tu avais pensé dès le départ ou si c’est venu naturellement ?
P : Non pas du tout. Il faut savoir que j’ai très peu intellectualisé les choses sur cet album, que ça soit l’écriture, la composition, les concepts… Il y a très peu de choses que j’ai conscientisé et j’ai essayé d’être spontanée et la plus brute possible, sans me soucier de ce que les gens allaient en penser. Je n’ai pas du tout pensé à personnifier ou à faire des figures de style, à être dans un certain type de poésie, c’est juste que je me suis rendue compte que pour aborder certains thèmes, comme l’anxiété ou une chanson qui s’appelle Les Oiseaux où je parle de la ville de Montréal, j’avais envie de parler de ces thèmes là naturellement plutôt que de parler directement.
Je contourne un peu en personnifiant des choses qui ne sont pas des humaines – des villes, des émotions – et c’est vrai que j’ai découvert tout un monde de possibilités grâce à ça qui me permet de mettre un filtre, et de dire pleins de choses que je n’oserais pas dire. Dans Les Oiseaux, c’est une chanson hyper simple, hyper cucul, genre je dis que j’adore Montréal et que je me sens trop bien dans la ville, mais je m’adresse à la ville de Montréal. Et là comme j’en fais une personne, c’est beaucoup plus simple pour moi car ça enrichit les images, les possibilités et c’est trop bien.
LFB : Pour moi c’est hyper impressionnant car par exemple, Anxiété, la première fois que j’ai écouté je ne réalisais pas au début que tu prenais le rôle, et quand tu comprends, la chanson est encore plus impactante.
P : Il y a pleins de gens qui comprenaient pas. C’est un processus que je n’avais jamais trop utilisé et qui finalement dans l’album est assez présent. Il y a la personnification et aussi beaucoup d’images. Par exemple, dans Pourquoi La Mort Te Fait Peur, je parle de la mort mais je n’en parle pas directement. A aucun moment où je parle de mort, de cercueil, mais je parle d’images, de choses qui me permettent d’aborder ça et d’adoucir un peu ça. Je parle d’arbres, de trucs hyper imagés quoi. Et sur l’album j’étais vraiment dans cette démarche là, je pense que j’aurais pu être dans un appartement comme dans une forêt, j’aurais eu ce même truc d’images et de personnifications et de contourner. J’avais envie d’être moins directe, peut être de parler de ces sujets là que j’avais déjà abordés dans mon premier album différemment, qu’il y ait une évolution aussi, de ne pas toujours parler de la même chose et de la même façon. Je suis quand même dans une recherche de diversité et de nouveauté, mais c’est venu très naturellement.
LFB : C’est hyper intéressant car pareil dans une chanson comme Grandiose, qui finalement traite de quelque chose de pas forcément joyeux, mais la façon dont tu le retournes…
P : Ouais pareil je m’adresse à mon enfant qui n’est pas né. Encore une fois, une personnification de quelque chose qui n’existe pas.
LFB : Et en même temps tu parles d’une espèce de normalité qu’on voudrait t’imposer mais qui n’existe pas, et je trouve ça vraiment beau cette façon dont tu poétises les choses.
P : C’est vrai ? Je me rendais pas compte que même dans Grandiose il y avait une forme de personnification. Parce qu’en fait, je dis dans le refrain « La vie que j’avais inventé pour toi » et je parle à mon enfant, et c’est vrai que je ne sais pas, sur cet album je me suis sentie pousser des ailes et j’ai personnifié tout le monde. Tout et n’importe quoi.
LFB : Justement Est-ce que c’était pas plus facile pour toi d’exprimer ces émotions-là de cette manière là. Ça permet de garder une pudeur.
P : Ah bah si carrément ça met un filtre. Sachant que déjà cet album là on ne peut pas dire qu’il soit hyper pudique tu vois dans le level d’intimité. Donc je pense que oui c’est la dernière couche de pudeur que j’ai par rapport à ma musique et mes émotions, mais c’est vrai que c’est un album très peu pudique et très ouvert sur les sentiments, les émotions, les secrets, les chagrins… C’est un peu comme si j’étais à poil, enfin j’adore la nudité, mais mon dernier moyen de mettre un peu une distance c’est par l’écriture, la musique et les arrangements. Donc j’ai du trouver des combines sans m’en rendre compte.
LFB : Au-delà de la personnification, je trouve que c’est un vrai album d’échange en fait, car tu t’adresses aux gens mais en même temps, y a une vraie place à l’interprétation pour que les gens puissent s’accaparer tes chansons.
P : C’est vrai que dans les images il y a autant de premier degré que de trucs très imagés, et de trucs fous et de trucs qui permettent, je crois, j’espère, aux gens de pouvoir s’inventer ce qu’ils veulent sur les chansons. Il y a mélange, autant quand je dis « Je sais pas danser, je veux pas sortir » c’est assez concret et premier degré, et autant Soleil, Soleil, qui est beaucoup plus imagé, on sait que ça parle du soleil mais je raconte pleins de trucs dedans et j’espère que les gens se sentent libres, en écoutant la musique, de penser à qui ils veulent penser et d’interpréter comme ils ont envie d’interpréter. Et pour moi, si j’arrive à faire ça, c’est la base car mon truc préféré au monde quand j’écoute une chanson c’est de pouvoir m’identifier et de pouvoir l’associer à un truc que j’ai vécu moi. Et si le vécu de la personne qui le chante est trop devant, je peux pas m’identifier.
LFB : Tu réagis comment quand les gens viennent te raconter leur interprétation des chansons, vers quoi ça les a ramené de personnel chez eux, alors que c’est quelque chose qui est personnel pour toi ?
P : Je trouve ça hyper émouvant franchement. Je ne le fais pas assez car je n’ai pas beaucoup de temps, mais je pourrais passer des heures à lire tous les messages que je reçois sur Instagram, Facebook, sur les réseaux sociaux en général où les gens me disent des choses incroyables sur mes chansons, ou me disent « merci d’avoir écrit cette chanson ». J’ai tellement fait ça pour moi et je ne suis tellement pas allé dans une démarche de partage, que limite j’ai honte d’avoir été aussi égoïste dans le processus quand je vois à quel point ça fait du bien aux gens. Et en même temps peut-être qu’il fallait que je passe par ce truc là d’intérioté totale pour que les gens puissent s’identifier, ça a été ça la démarche de mon album. Mais ouais je trouve ça incroyable que, filles comme garçons, toutes orientations sexuelles confondues, se reconnaissent dans mes chansons. Et pour moi c’est pareil c’est tout. Et moi c’est pareil car en tant que femme encore plus en tant que femme qui aime les filles, je ne me suis pas toujours reconnue dans tous les chanteurs et chanteuses de la culture populaire française. Et si moi j’arrive à créer ça, c’est déjà incroyable. Ça veut dire que ça crée une zone où les gens se sentent libres d’être eux-mêmes, d’interpréter ce qu’ils veulent interpréter et c’est trop cool. Moi je pensais pas qu’il y aurait des garçons à mes concerts, et il y a pleins de mecs.
LFB : Ca vient de ta musique. Pour moi Anxiété c’est une des plus belles chansons de 2019 parce que tu as vraiment mis les mots sur ce qu’il m’arrive de ressentir de manière assez régulière et que moi par moment je n’arrive pas à verbaliser.
P : C’est pas des sujets qui sont évidents et c’est pas des trucs mis en valeur par la société. On te dit pas « ouais c’est cool, parle de ton anxiété ». On t’encourage plutôt à être parfait tout le temps, à ne pas être anxieux, à être beau comme dans un magazine de papier glacé.
LFB : Finalement est-ce que toi tu te sens apaisée après avoir écrit l’album ?
P : Ah oui. Mon premier album, j’étais dans des zones dark de non confiance en moi, de non estime de moi, d’anorexie.. des trucs vraiment pas chouettes tu vois. Et cet album là j’ai un peu l’impression que ça m’a sauvé aussi. Et je me souviens, le jour où j’ai sorti mon album, j’ai dit pour moi Les Failles c’était la seule manière de continuer à faire de la musique. Et c’était vrai tu vois. Soit je faisais ça, soit j’arrêtais de faire de la musique car ça me rendait malheureuse car je n’arrivais pas à trouver mon truc, comment faire ma propre musique, me faire ma propre place. Et le seul effort que ça m’a demandé c’est de m’isoler et de me recentrer sur moi, ce qui est pas évident et qui n’est pas non plus le truc le plus dur à faire. Et je me sens hyper chanceuse, hyper reconnaissante et hyper soulagée. C’est un album qui m’a fait un bien fou et même encore aujourd’hui, quand je l’écoute, notamment Grandiose qui est pour moi la plus intime de toutes les chansons de l’album, et qui d’ailleurs sur scène est une des chansons que les gens chantent le plus. Et le premier concert que j’ai fait, les gens n’arrêtaient pas de chanter et j’ai chialé. C’est vraiment une chanson pour moi qui traite d’un thème tellement niché, tellement secret, un truc dont je parlais jamais avant, donc je m’attendais pas à ça. Parce que l’anxiété à la limite on peut plus s’identifier. Là c’est de la maternité avec de l’orientation sexuelle, avec de la normalité… tout le monde ne s’identifie pas à ça tu vois. Je me suis rendu compte qu’on manque tellement d’artistes et de représentant d’un truc pas lisse, que du coup tout le monde arrive à s’identifier à mes chansons et c’est incroyable.
LFB : Et du coup tu remplies des salles partout.
P : Ouais c’est fou.
LFB : Ce qui est fou dans ce que tu racontes c’est que limite c’est un album qui t’as permis de te retrouver toi-même, mais qui permet aussi aux gens de se retrouver eux aussi, et c’est ça qui est beau en fait.
P : C’est trop bien.
LFB : Je vais parler d’autre chose que de l’album mais du recueil de poèmes, qui pour moi est un appendice, et a une vie propre. Qu’est-ce qui t’as poussé à sortir ça en plus ?
P : En fait j’ai commencé à écrire des petits poèmes au Québec fin 2018, j’avais presque toutes les chansons de mon album, j’étais plus dans une démarche de « ah il me manquerait peut-être une ou deux chansons ». Et en fait, j’étais un peu bloquée, je n’arrivais plus trop à écrire, et le fait d’écrire des courts poèmes de 4 lignes, ça m’aidait vachement à garder un régularité dans l’écriture et à garder un truc de création car je galérais un peu à écrire. Ça faisait un an que j’avais écrit dans ma résidence en Bourgogne, que j’avais balancé 12 chansons de toutes pièces en 10 jours, du coup j’étais un peu là genre « je n’arrive plus à écrire », mais je sentais en même temps que j’avais encore des choses à dire qui complétaient un peu toutes les choses que j’avais dites dans les chansons et qui étaient un peu sur les mêmes thèmes. Le recueil de poèmes parle de la nature, de l’amour sous toutes ses formes, de santé mentale.
J’ai commencé tranquillement à écrire sur mon ordi, ce que je ne fais jamais car j’écris tout le temps à la main. Et faire ces petites textes de quatre lignes, et ça me faisait vraiment beaucoup de bien car ça avait un début et une fin mais c’était sans pression. Je n’avais pas du tout l’intention de les sortir au début et j’allais de A à Z mais en 30 secondes. J’avais une création terminée en 30 secondes. Et je me suis mise à écrire des centaines de poèmes. Et au fur et à mesure du processus de l’album, je me suis dit qu’il fallait que je sorte ce recueil de poèmes. J’ai toujours eu envie d’écrire, de sortir des bouquins aussi et je ne savais pas trop sous quelle forme. Je me sentais pas trop légitime de sortir un roman. Et du coup je me suis dit que ça pouvait être très simple. Au début j’ai voulu sortir avec une maison d’édition, et finalement je me suis dit que ça pouvait être un objet lié à l’album et que ça pouvait être mon label qui fabriquerait l’objet dans un premier temps et voir ce que les gens allaient en penser. Et du coup pour moi, c‘est vraiment comme une deuxième lecture de l’album et comme tu dis, il peut très bien avoir sa vie tout seul. Les deux peuvent être indépendants et d’ailleurs le recueil est assez niché, il y a très peu de gens qui l’ont lu car je n’ai pas encore communiqué dessus pour l’instant. Mais là à la fin de la semaine on le met en ligne sur ma boutique. Donc les gens vont enfin pouvoir le lire et j’ai hyper hâte et même moi je trouve que je l’ai pas assez lu ce recueil. Il a pas encore le crédit qu’il mérite.
LFB : Et comme tu dis, vu que c’est très court, c’est souvent hyper percutant, ça va à l’essentiel.
P : Et avec le format tu peux le mettre dans ta poche, le lire dans le métro, et c’était ça aussi l’idée, de démocratiser la poésie et de faire un truc hyper facile à lire. Il n’y a aucune prétention là-dedans tu vois. Je me sens pas plus poète depuis que j’ai fait un recueil de poèmes. C’est une petite graine que j’ai plantée comme ça.
LFB : Puisqu’on parle d’appendice à l’album, j’aimerai parler du rôle de l’image, que ça soit les visuels faits pour l’album, mais aussi les clips que tu as fait avec Hugo Pillard. Je trouve qu’ils sont hyper importants et complémentaires justement de l’album, et j’aurais bien voulu que tu me parles justement de ces collaborations là, et comment tu as fonctionné.
P : Exactement comme sur l’album, dans cette volonté de faire un truc qui me ressemble à fond et avec le moins de personnes possible, et avec des personnes qui comprennent le mieux ma musique et mon identité. Nathalie (alias ambivalently yours) qui est l’illustratrice, je l’ai trouvée sur Instagram au hasard un peu, et quand j’ai vu ses dessins j’avais l’impression que c’était ma musique en dessins. Je trouvais ça glauque et en même temps doux, et c’était pas violent mais il y avait un truc ambivalent. Et je l’ai contacté et elle m’a répondue direct et du coup au début c’était juste pour la pochette, et après on s’est dit faut faire un truc global, il faut qu’on fasse des personnages pour chaque chanson… J’ai trouvé cool que chaque personne sur cet album s’investisse énormément à 360°. Que ce soit Albin de la Simone avec qui j’ai fait l’album, ou les musiciens de l’album avec qui je suis encore en contact, l’illustratrice, Hugo Pillard… tout le monde a pris le projet dans son entiéreté a écouté tout l’album.
Hugo Pillard, c’est exactement pareil, c’est quelqu’un que j’ai rencontré il y a 2 ans. On a commencé à faire de la vidéo ensemble, des sessions acoustiques et tout, et j’avais juste l’impression qu’il captait à 1 000% ce que je voulais. En fait, moi j’arrive avec une idée de base, c’est la condition pour qu’on commence à travailler, que j’amène l’idée pour que ça puisse être hyper fidèle à ce que je veux. Pour Je Sais Pas Danser, j’ai amené l’idée de base de danser bizarrement, et cette idée de lâcher prise, et des tapisseries. Autour de ça il a construit, rajouté des idées. Pour Anxiété il y avait cette idée d’être dans l’eau avec de l’eau qui monte, et me faire submerger. Autour de ça, il a rajouté l’idée des écrans et tout. Il rajoute les éléments comme s’il était dans ma tête. Il s’investit à fond, il a fait le documentaire et comme Nathalie (alias ambivalently yours), il a un rôle plus qu’important dans l’album.
LFB : Il y a une vibration, une sensibilité dans ce que vous faites ensemble. Je trouve que parfois il y a des clips qui sont faits et qui n’ont pas forcément le sens de la chanson, qui sont un peu ratés, là je trouve que le travaille vibre sur la même corde.
P : C’est rare de rencontrer des gens avec qui tu as ça. Dans ma vie, depuis cet album, j’ai découvert ça, ce truc d’âmes jumelles artistiques avec Albin, avec Hugo, avec Nathalie et j’ai un peu eu besoin de ça pour prendre le contrepied du premier album où je n’avais pas réussi à trouver ça. Et en même temps ça aurait pu être beaucoup plus compliqué que ça, et là j’ai trouvé des gens assez rapidement.
LFB : Est-ce que t’as des coups de coeur récents à partager ?
P : J’ai adoré les Filles du Docteur March, le film. J’ai adoré la BD Tulipes, de Sophie Guerrive, incroyable. Musicalement, pleins de trucs, Lous And The Yakuza, Rouge Gorge, le dernier single de SoKo.
LFB : Pour finir une question un peu bête : c’est quoi ta pomme préférée ?
P : La rouge ! J’aime pas trop les pommes vertes, c’est trop acide, mais les rouges un peu plus douces.