POND dévoilait récemment « 9 ». Un nom simple et évident pour ce neuvième opus. Le virage de style amorcé il y a quelques albums continue vers des paysages sonores de plus en plus synthétiques et calibrés pour la danse. Toujours en accompagnant les thématiques politico-mélancoliques de Nick Allbrook.
Encore un sans faute pour le neuvième opus de POND.
Attendez, c’est pas qu’on soit en attente du faux pas ! Mais après huit albums et un style qui s’éloigne de plus en plus de leurs sonorités initiales, ils auraient pu en laisser quelques-uns sur le carreau… Bien qu’évidemment personne ne fasse tout le temps l’unanimité, force est de constater que les critiques de « 9 » sont une fois de plus dithyrambiques.
Est-ce possible qu’a force d’écouter du Psyche-Rock Australien, on s’est habitué inconsciemment à ce que cette scène sur-productive passe d’un registre à l’autre constamment ?Parfois de façon moins délicate, comme leurs collègues de King Gizzard & The Lizard Wizard. Un public qui évoluerait désormais avec ses groupes fétiches?
Peut-être une piste à explorer. Qui sont vraiment les auditeurs de Kevin Parker, Nick Allbrook, Gum et toute la clique…?
Grandir en tant qu’auditeur de Rock peut enfermer dans la nostalgie comme rendre insensible au « réchauffé ». Les Kids d’hier et d’aujourd’hui sont nés avec le rock et ont été biberonnés à ça. En découle donc des générations d’audiophiles attentifs. Faisant d’eux des consommateurs de vinyles sensibles au look des pochettes et forcément à l’esthétique des groupes qu’ils écoutent en général.
Comment ne pas constater alors l’exigence de ce public?
POND le sait bien. Car quelque part, ils en font parti. Ils sont de ceux qui fouillent dans les bacs les plus obscures des disquaires, lisent des notices de synthés modulaires et chinent de vielles pédales d’effets dans les brocantes de Perth. L’exigence à l’instar de la contrainte fait émerger de la créativité. Ou du moins, elle rend las des vieilles recettes. Oser devient le seul moyen de ne pas rester bloqué sur ses fondamentaux en s’enfermant dans une nostalgie rassurante mais ennuyante. Ils font ce qu’on s’imaginerai faire, évidemment sans y être, si on était à leurs place.
Alors…? « 9 » ?
Première nouveauté, on se passe des services du Kevin Parker pour la production. Et en auto-production, POND se révèle des plus audacieux.
On y apprécie une écriture musicale spontanée, travaillée sur des boucles et directement exécutée du OUT des machines au IN de nos oreilles. Des sonorités 8O’s, du synthétiseur puissant et des rythmique appelant à la danse. Ici, on se dirige à grande vitesse dans une Disco noire et fluorescente au mixage précis, rond, définitivement taillé pour le floor.
Après l’excellent « Tasmania » (2019) aux inspirations plus centrées, « 9 » s’éparpille d’« America’s cup » à « Czech Locomotive ». Comme si une dimension plus globale envahissait les thématiques du groupe.
Mais qu’a-t-il bien pu se passer de si international depuis 2019…?
Ce qui fait que POND ne déçoive pas et dure dans le temps est sans équivoque sa capacité à s’encrer dans son époque.
À l’avant garde de nos envies de demain, ils façonnent leurs oeuvres pour leurs contemporains. Et nous délivrent ainsi une matière quasi organique. Peut être au risque de mal vieillir? En espérant que la sincérité perdure et traverse les âges, peut-être un jour, on écoutera que ça par nostalgie, sans même avoir le pouvoir d’observer une démarche similaire chez la nouvelle génération?
Mais qui aurait mal vieillit finalement?
Bon… après tout ce qu’on vient de se dire, ce serait quand même pas de bol.