Aujourd’hui, on a trouvé quelque chose de très spécial dans notre boîte aux lettres. C’est une carte postale, aux couleurs chaudes comme au rayon vert, que l’on a serrée longuement contre notre cœur. Elle est signée Simon, Etienne, Gautier et Félix. Cette attention fort singulière en ces temps difficiles, c’est bien le premier album de Beach Youth. S’il nous est toujours interdit de prendre le large pour de vrai, les Normands nous sifflent dans les oreilles un peu de ces moments passés, futurs, attendus ou regrettés. Et déjà alors, merci pour Postcard.
La catastrophe sanitaire n’a pas épargné Beach Youth. On se demande, à l’heure où sont rédigés ces mots, si ça n’est pas pour le mieux. En effet, Postcard – et son titre qui résonne tout particulièrement désormais – vient d’un temps où les rires chantaient plus haut, et les corps, dansaient plus près. Il y a maintenant presque deux ans, les garçons – alors à mille lieues de se douter que nous allions brusquement nous retrouver la tête à l’envers, nous avaient gracieusement confié les clés de leur journal intime façon album vidéo : à l’intérieur, on a pu suivre le cours de l’aventure Postcard dans les contrées profondes de la Creuse, mais on a surtout pu découvrir – ou redécouvrir – de sacrés déconneurs, attachants, et remplis de tendresse. Un premier album tant attendu, donc. Et quel album !
….Beach Youth lalalala
Les années ont filé depuis Days ; pourtant, la formule pop défendue par Beach Youth, elle, n’a pas changé. Postcard s’ouvre ainsi sur un semblant de bruit des vagues, en hommage à la jeunesse – bien de chez eux – qui se rêve sempiternellement matelot. Après une mise en bouche à tête reposée, Love Yourself II nous acclimate au voyage promis par ce premier album : des guitares lancées à toute vitesse surgissent alors d’entre les flots, bien décidées à nous emporter par la main vers des horizons tout neufs. Dès lors, ces riffs taillés pour les vacances ne nous quitteront plus d’une semelle. Bien sûr, le fantôme des Smiths n’est jamais très loin – on pense d’ailleurs immédiatement à Marr quand approche le solo doux amer sur le pont de Two Bedrooms.
Postcard n’est pourtant pas seulement une carte postale du passé : le filtre sépia d’Adrien Melchior et la jangle pop sont autant de prétextes à réinventer une musique à guitares promue depuis toujours par des jeunes gens modernes, dont les problématiques sont restées les mêmes. Jamais à l’arrêt, Beach Youth narre donc les doutes des filles et des garçons qui se débattent dans le grand océan de la vie. Quelque part entre confessions intimes et convictions à faire changer le monde, les paroles de Simon nous suggèrent l’itinéraire commun à toutes les destinations de Postcard : l’espoir.
« You’ll be fine, far away
You will find, find a way »
Beach Youth concède ainsi laisser peu de place à la nostalgie, préférant se servir des jolies choses du passé pour en créer des nouvelles encore plus belles. Les guitares, toujours pièce maîtresse de la musique des jeunes Normands, sont de cette manière parfois plus franches, moins claires. Sur In My Chest – que l’on considèrera comme étant le climax de ce premier disque, elles se font même violentes. Pourtant, qu’il s’agisse d’une déclaration (Around Me) ou d’une ballade guitare / voix tout en simplicité (Say Something), ce sont probablement les instants plus fragiles qui nous ont marqués sur Postcard, la faute – on veut dire, grâce – à un songwriting plus sincère que jamais.
Avec Postcard, Beach Youth accomplit l’impensable : nous faire faire le tour de tous les sentiments du monde, même en temps de pandémie. Et tout ça, ça se retrouve sur WeWant2Wecord, Music From The Masses et Shelflife Records. On attend la suite avec impatience, et on espère les revoir sur scène dès que possible.
Simon de Beach Youth raconte la scène caennaise ici.