[prèchof], le nouvel album brut et intime de Noé Preszow

Le deuxième disque de Noé Preszow donne à entendre les réflexions poétique et politique de l’auteur-compositeur et interprète belge.

Si vous doutiez de la prononciation de son nom de famille, Noé Preszow clarifie les choses en intitulant son dernier album [prèchof]. Un titre qui porte le même nom qu’une chanson intimiste — Prezow = [prèchof] — retraçant son histoire familiale, s’entremêlant à celle de la Seconde guerre mondiale. En y chantant « venir d’un incendie, d’une mauvaise étoile », il évoque l’histoire de ses ancêtres ayant fuis le Pologne, les conflits armés pour mourir dans les camps.

La crainte de la montée de l’extrême droite s’empreigne dans certains textes comme dans le morceau Juste devant. Le musicien qui raconte sa nécessité d’aller au-delà de la peur, de dépasser le bruit des bottes. Car tout autour de lui, sur le chemin de son exil bercé par la mer et la lune, il n’aperçoit que « des vagues brunes ». Noé Preszow y fait une allusion à peine voilée à la couleur brune que portaient les nazis et sans nul doute à l’idée de vague en référence au roman La Vague de Todd Strasser, décortiquant la formation d’un régime autoritaire

L’exil a une place centrale dans l’œuvre du chanteur et musicien. Bien que parfois dissimulée. La perte de sa terre, de ses racines renvoient aussi au parcours de Noé Preszow dont les origines se dispersent entre la Pologne, le Grèce et la Moldavie. Les textes de Preszow donnent toujours à voir notre monde. Les thématiques sont fortes, sérieuses, même quand il est question d’amour ou de joie. C’est à cela que l’on reconnaît l’identité musical et littéraire de l’artiste.

Avec son morceau Comment fais-tu pour vivre ? l’auteur-compositeur et interprète Noé Prezsow évoque son rapport aux émotions les plus ténébreuses. L’air rappelle sans équivoque celui de la pop-rock de la fin des années 1990 qui s’étale au début des années 2000. Cette époque où l’on dansait ses peines de cœur sur du Nirvana, parfois en souhaitant un flirt avec la mort. En lui faisant « les yeux doux », pour reprendre les paroles de la chanson.

Au travers de cet album, Noé Preszow s’affirme… et se cherche. A force, l’une des chansons qui dessine le milieu du disque aborde la quête que l’on a de soi. Les bribes de soi que l’on découvre, retrouve à travers les difficultés qui nous font se relever. Une autre chanson, qui n’est pas présente sur l’album, aborde le rapport à soi, à son corps.