PURRS a sorti les griffes et a balancé début mars son second EP Rhythm + Ethics ! Originaires d’Angoulême, on avait adoré leur énergie ultra punk et leurs mélodies mémorables. Dignes représentants de cette nouvelle génération de musiciens engagés, ils alternent réflexions sur la masculinité ou remise en question des normes de la réussite. Toujours avec une extrême bienveillance telle une main tendue à leur public. On a eu le plaisir de passer un peu de temps en compagnie d’Elliott, chanteur et guitariste du groupe, ainsi que de Charly, le batteur, afin de parler de chansons pour minettes, du monde d’après et du ABBA russe.
LFB : Hello Purrs ! Comment allez-vous en ce moment ?
Elliot : Ba écoutes ça va ! Et toi Charly ?
Charly : Ça va ! Ça commence un peu à peser, mais on garde un peu le moral. Enfin quand même, on sort un EP, ça se passe plutôt bien avec de supers retours, alors mine de rien ça remonte pas mal le moral ! C’est assez encourageant !
LFB : On va commencer par le commencement, comment vous êtes-vous rencontré ?
Elliot : On s’est rencontré au lycée, il y a 10 ans !
Charly : Et on a monté un groupe tous ensemble !
LFB : Du coup vous aviez ce premier groupe, et puis changement de style radicale. Qu’est ce qui s’est passé ?
Elliot : On avait ce premier groupe : Oh Ulysses, qu’on a eu pendant 4-5 ans après le lycée. Un groupe très pop et coloré. On avait sorti quelques titres, on a même pas mal tourné avec ce groupe, mais au bout d’un moment on arrivait plus à se retrouver dans les musiques qu’on créait. On voulait des choses plus sombres, plus dures. Donc au lieu de continuer sous ce nom là on a préféré changer de projet et recommencer à zéro.
LFB : Sauf les membres du groupe.
Charly : On était cinq à la fin de Oh Ulysses ! Un pote à nous était au clavier mais il n’a pas suivi la restructuration.
LFB : Vous aimez les chats ? Pourquoi ce nom ?
Charly : Et bien il y avait une envie urgente de composer, limite on avait déjà les nouveaux morceaux avant le nom ! On voulait prendre un virage plus agressif, mettre plus de distorsion dans les morceaux, une nouvelle image, une nouvelle identité ! Et on avait même limite le visuel du logo avant le nom ! Avec le groupe précédent, on avait un nom qui était un peu compliqué à prononcer, on était toujours obligés de l’épeler… Je me rappelle on buvait des coups dans un bar et on sortait des mots en anglais avec de la voyelle, court, un truc qui percute un peu ! Et je crois que c’est Eliott qui avait sorti Purrs.
Elliott : Je me souviens même pas… Je sais juste qu’on avait des tas de noms sur un tableau ! Et puis qu’on avait sacrement des idées de merde au début…. (rires)
LFB : Rhythm + Ethics n’est pas votre premier EP, vous aviez déjà sorti quelques titres avant.
Charly : Purrs, l’EP, est sorti de façon assez urgente aussi ! On a formé le groupe et trois mois après on était dans le studio avec nos nouveaux morceaux. On a tout de suite enregistré très vite, et pensé le projet de façon assez DIY. Le clip de Bloodsports, c’est Elliot qui l’a réalisé avec un de ses copains. La photo de la pochette c’est aussi Eliott, qui a pris en photo un renard empaillé acheté chez Emmaüs. On sortait d’une période avec Oh Ulysses où l’on était vachement accompagné, on pointait notre nez sur des tremplins nationaux, on parlait de nous sans qu’on fasse grand-chose. Et on avait l’impression que ça marchait comme ça ! On était un peu des branleurs pour rien cacher (rires). Et quand on a créé Purrs et qu’on s’est retrouvé un peu seuls sur le projet, c’était différent… On a eu de supers retours, mais il s’est un peu perdu dans les méandres d’internet.
LFB : La pochette de votre nouvel EP semble sortie d’un contexte bien particulier… Vous voulez bien me raconter l’histoire ?
Elliott : C’est moi qui l’ait faite ! J’avais commencé un peu à faire des collages pour le plaisir. On a un côté un peu control freak, donc pour notre identité visuelle j’ai un peu envie que ce soit moi qui l’ait faite. On voulait une image qui reflète le côté engagé de l’EP. Je trouvais assez forte cette photo du mec avec son journal, la foule autour de lui et les montagnes. Je crée de façon assez instinctive, je propose aux gars qui me disent « non non non » avant de finir par dire « oui ». (rires)
Charly : C’est sûr qu’l y a vraiment un sens avec ce côté « travailleur ». Le visuel est aussi important que le message pour nous. On a fait des tas de tests, celle-ci c’est la dernière version d’Elliot, un visuel complètement différent que le visuel sur lequel on s’était mis tous d’accord deux mois plus tôt. Et c’est mortel ! C’est cool d’avoir des gens avec d’autres compétences !
LFB : Vous êtes aussi pas mal engagés en général, vous le revendiquer dès le titre de l’EP d’ailleurs. La musique est bon vecteur pour changer le monde ?
Elliott : Changer le monde je sais pas, mais c’est un bon vecteur pour au moins dire des choses qui sont importantes. On a mis un peu de temps pour comprendre ça. Avec notre groupe précédent, on écrivait clairement des loves songs, basées sur nos histoires personnelles. Mais avec le temps je me suis lâché et j’ai eu envie de raconter des choses qui s’adressaient au plus grand nombre et ainsi plus engagées
Charly : On s’identifie à une scène qui est de plus en plus porteuse de messages. Changer le monde je ne sais pas non plus, mais au moins contribuer à la réflexion du monde d’après. Le comment aujourd’hui, à 27 ans, on se positionne dans ce monde-là, c’est une approche totalement différente de quand on faisait du rock pour les nénettes. (rires) Notre musique a évolué en même temps que nous !
LFB : Quels sont vos combats en général ?
Charly : Aucun de nous n’a vécu de grandes difficultés dans notre jeunesse, on peut pas s’approprier ce genre de difficultés, mais on est quand même témoins de ce qui ne va pas d’un point de vue social et humaniste. Et on a besoin de revendiquer cette prise de position. Ensuite les textes d’Eliott sont aussi très intimes…
Elliott : En effet, on avait un peu cette volonté de parler de sujets plus intimes mais aussi des sujets plus larges. Il y a des chansons qui parlent de la masculinité, de la santé mentale, la réussite financière. Ce sont des sujets qui me travaillent pas mal dans mon quotidien, et c’était un moyen pour moi d’extérioriser ces réflexions-là. Mais d’une façon à ce que les gens puissent s’identifier, pas juste une bulle perso.
LFB : Et le Rhythme, la deuxième partie du nom de l’EP, il représente quoi pour vous ?
Elliott : En fait c’est parti d’une private joke entre nous ! (rires) Quand nous étions en écriture de l’EP, Charly nous demandais toujours de bosser plus. Il nous disait toujours « il faut du rythme et de l’éthique ! ». Du coup on a gardé ce nom, ça ressemble bien à l’image qu’on veut dégager !
Charly : Je peux être assez intransigeant des fois… Je suis pas le plus grand technicien du groupe, mais en repet je leur demande beaucoup. Et pourtant je suis que le batteur, mais j’ai tendance à les pousser un peu. Il nous est arrivé de rentrer en repet avec d’énormes gueules de bois, on jouait trois heures et il se passait rien. Il y a quelque chose qui a changé dans le groupe, par rapport à la dimension qu’on voulait donner au projet. On s’est dit qu’on pouvait faire quelque chose de bien et sérieux parce que les compos étaient cools. Je répétais sans arrêt « Le rythme et l’éthique !! », et on a traduit ça en anglais, avant de décider d’appeler l’EP comme ça (rires).
LFB : Je trouve que Tribe se démarque pas mal dans cet EP, au niveau de la structure et de l’intention.
Charly : C’est le premier morceau qu’on a composé pour ce nouvel EP ! Entre le premier et le deuxième EP, il y a eu 4 crash tests pendant 5 ans. On a joué de nouveaux morceaux en concerts, on a fait de supers dates comme le Bus Palladium, des festivals… Mais Tribe est arrivé comme si c’était la direction que l’on devait prendre maintenant. Eliott a sorti les accords de base, Yassine a sorti le riff, et le titre était fait en trois repets !
Elliott : Même pas, en deux heures on avait la base du titre !
Charly : Encore une fois, l’urgence !
LFB : C’est quoi vos inspirations principales ? Ceux à qui vous aimeriez bien être comparés ?
Charly : C’est dur cette question ! Mais on est beaucoup inspirés par Shame ou Idles, pour citer les grands. En France on a quand même Von Pariahs ou The Psychotic Monks, qui ont une place hyper importante dans les groupes que l’on écoute. Ensuite pas forcément d’être comparés, mais avec qui on aimerait forcément partager les plateaux ! Dans les influences, on vient quand même d’un groupe de pop. Eliott et moi on est grands fans de Brit pop, des fans de The Killers, de Kasabian. Pour résumer, on a ce côté « post punk », on aime les passages tendus, malsains, avec du gros sons. Mais j’insiste toujours sur le fait qu’on a besoin de refrains.
Elliott : Oui, on aime vraiment les gros refrains ! Pour tous nos morceaux il faut qu’on ait un refrain, un truc qu’on peut gueuler dans les oreilles quand on est bourrés en sortie de repet, ou entre potes ! (rires)
Charly : Certains titres ont été décrits d’assez noisy, comme Navy ou Keep Swimming, mais il y a toujours un gimmick qui arrive. A chaque fois il arrive un moment dans la composition où on se demande : « on le met où ce refrain ? » (rires)
LFB : Allez on casse l’ambiance. C’est quoi vos morceaux Guilty Pleasure bien honteux ?
Charly : Oula !! Pour ne citer que Guillaume, c’est un gros fan d’eurodance des années 90, tout ce qui va être Unlimited, Eiffel 65, mais c’est un gros fan de métal aussi et en particulier de Rammstein.
Elliott : Ouais j’écoute aussi beaucoup de trucs comme ABBA, pour moi c’est pas un guilty pleasure mais je connais toute leur discographie par cœur.
Charly : Ouais mais c’est pas un guilty pleasure ça ! J’écoutais tout à l’heure Jermaine Jackson, When the Rain Begins to fall, et je chantais dans ma caisse comme un dingue (rires). J’ai maté la série The Boys et je suis tombé en admiration pour Billy Joel. Pressure c’est fou ! Mais aussi Il Mio Rifudio de Richard Cocciante, c’est trop beau !!!
Eliott : Il y a ce morceau russe qu’on arrêtait pas d’écouter, et que j’écoute encore tous les jours. Moskau de Dschinghis Khan, c’est le ABBA russe !!! On a dû l’entendre dans une compilation à la con sur youtube, et ce morceau il déchire ! Tout sauf le bon goût.
Charly : On a beaucoup de mauvais gouts. Et puis on est tellement copains qu’on sort beaucoup en soirée ensemble et on a tous nos playlists de soirées un peu inavouables. Yacine a une grosse culture rap français aussi.
LFB : La question un peu obligatoire en ce moment, comment vivez-vous la période et d’être éloignés de la scène ?
Elliott : Ba écoutes, c’est de la merde cette période ! (rires) Il y a pas vraiment d’autres mots quoi. C’est compliqué, on peut pas défendre l’EP en live c’est super frustrant. C’est pour cette raison qu’on l’avait pas sorti immédiatement. A la base c’était l’année dernière. On a été optimistes et on se retrouve un an après avec quasiment la même situation : pas de visibilité sur les concerts. Donc on s’est dit qu’il fallait y aller.
Charly : C’est super frustrant parce qu’on avait des supers dates : le Supersonic, dans le nord de la France, à Bordeaux… Et on a tout vu s’annuler. Il y avait cet élan de motivation, parce qu’on fonctionne beaucoup à la deadline. On peut ne pas se voir pendant un mois et demi, et s’en porter très bien quand on arrive à saturation des uns des autres (rires), mais se défoncer quand il y a une date qui approche. On est frustrés, mais on met quand même ce temps à profit. Mine de rien, on prépare la suite des évènements. On repet pas notre set, mais on écrit de nouveaux titres. On aimerait bien franchir le pas de l’album !
LFB : Qu’est-ce qu’on peut vous souhaiter pour la suite ?
Elliott : Plein de concerts une fois que c’est possible déjà !
Charly : Du rythme et de l’éthique ! On essaye de construire un entourage : tourneurs, labels… Donc un peu de réussite ! Qu’on trouve notre place sur la scène française ! Et plein de concerts.