La floraison de Rank-O

Si vous faites partie de nos lecteurs les plus fidèles et assidus, vous saurez que ça n’est pas la première fois qu’on vous parle des tourangeaux Rank-O. Et quand il s’agit de la région tourangelle c’est souvent – à quelques exceptions près – la camarade Marine qui prend la plume. Nouvelle exception aujourd’hui. Bonjour et enchantée Monument Movement (Another Record), deuxième album, 8 morceaux au compteur ! L’arrivée du printemps se fait sentir, ça fleure bon le travail bien fait.

© Jean-Baptiste Geoffroy

Voulant « privilégier l’énergie du jeu d’une prise de son plus directe » le quintet ouvre l’opus avec un For every blow plein d’énergie survitaminée. A peine plus de 3 minutes, le morceau nous ramène à l’adolescence non si lointaine. Un morceau d’ouverture bien concis, propre.

La première seconde d’Hotel Club Paradisio peut troubler l’auditeur. Oui, ne nous mentons pas on dirait un jingle radio pour une énième publicité incitant à se rendre en magasin avant la date de fin de la promotion du moment. Et à mesure que le morceau avance, la bizarrerie se modélise dans une sonorité très saccadée. Un morceau qui pourrait trouver son inspiration chez les américains Talking Heads. On imagine bien le public scander Hotel Club Paradisio en chœur. Les étranges joyeusetés se poursuivent tout en faisant monter Celebration en puissance. Un morceau bien fabriqué, inscrit dans un ADN très indie. Ca prend son envol et le voyage est franchement agréable.

Attention morceau fleuve en vue ! Si jusqu’ici les morceaux tournaient autour des 3 minutes, il faut compter un peu plus du double avec Meadows. Oubliez les bizarreries précédentes. Faites place à un morceau coloré, complètement dingue, véritable potpourri sonore. On attendait un peu mais on se mettrait à danser en se laissant porter par cette rythmique folle !

Springs prend un chemin plus rock rétro voire psychédélique. Les synthés rebondissent, c’est moins saccadé non moins ambitieux. Si on parlait de potpourri plus haut, ici c’est sans doute la pleine floraison. N’est-ce pas le propre du printemps ?

Les petites guitares déglinguées de Barking thing font de lui un morceau haut en couleurs. Déstabilisant mais très structuré, il trouve justement sa place dans la mouvance psyché de son prédécesseur non moins enjoué.

Premier single qu’ils nous ont fait découvrir en attendant l’album, Rebirth. Le single nous invite à réconcilier les différents genres qui caractérisent notre quintet. Un saxophone trouve sa place dans le morceau et alors qu’on baignait dans les variations rock parmi lesquelles on associe le garage, il apporte une touche de free jazz qu’on n’était absolument pas prêts à entendre maintenant. On pense aux espagnols Tokyo Sex Destruction.

Nouveau morceau dépassant la durée moyenne et c’est la conclusion : Talking monument. Une nouvelle expédition exigeante et pour le moins qu’on puisse dire puissamment inventive. Une part belle est donnée à l’instrumental qui laisse présager des concerts inoubliables.

Monument Movement est un très bel objet musical tant sur le plan esthétique que purement sonore. Les tourangeaux ont tenu leur pari de l’énergie. On est admiratifs des chemins colorés empruntés, de la fantaisie poétique qui se dégage de leurs morceaux. Le quintet s’offre une étape parisienne le 29 mai prochain au Point Ephémère aux côtés de Fontanarosa. On ne peut que vous recommander vivement d’embarquer avec eux. Le voyage promet de belles surprises.

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