Rank-O, la nouvelle révélation rock en provenance de Tours, a sorti fin janvier son premier album, De Novo. Nous sommes allés à leur rencontre pour discuter de ce disque, de leurs influences et de leurs multiples projets.
Absent : François Rosenfeld (guitare, basse, chœurs)
La Face B : Salut Rank-O ! Vous venez de sortir votre premier album le 28 janvier. Tout le monde s’arrache la tête pour essayer de le décrire ainsi que votre style : sur le site d’Another Record, on peut lire que vous naviguez entre la « no-wave historique et le synth punk, avec une science d’empilement des couches héritée du noise rock et du shoegaze ». Un après punk mais pas post-punk ! Quels mots vous mettriez dessus ?
Boris Rosenfeld (chant, guitare, boîte à rythmes) : On s’inspire de divers genres : de la pop qui fait du punk, des groupes de rocks plus classiques des années 60/70, du rock plus moderne ou plus marginal mais aussi expérimental. On est pétris de toutes ces influences et on en est un peu le produit. Donc quels mots mettre dessus… C’est toujours difficile à dire. Moi, maintenant, je réponds « on fait du rock », je me résous à déclarer ça.
LFB : Vous parlez de rock à guitares, qu’est-ce que vous entendez par là ?
Antoine Hefti (batterie, chœurs) : Il y a plein de guitares. C’est génial il y en a partout (rires) ! À la base, il y avait la boîte à rythmes qui faisait notamment la basse. Donc on se retrouvait sur scène avec 3 guitaristes, 1 batteur et une boîte à rythmes. Et depuis peu, on met de la vraie basse… et on va en mettre encore plus !
Boris : C’est vrai. Il y avait l’idée de mettre beaucoup de guitares (rires). Même si le terme de rock à guitares ne vient pas vraiment de nous.
Camille Pierron (guitare, chœurs) : Je me dis ça que maintenant, mais peut-être que si les gens ont un peu du mal à définir l’album, le style ou l’étiquette, c’est aussi parce que nous-même on n’a jamais eu la volonté d’appartenir à tel ou tel courant. Adrien Durand a rédigé notre biographie, et sa manière de décrire notre musique est super. Pour autant, on ne l’aurait pas amené comme ça.
Boris : Il a tout de suite saisi de manière intelligente cette idée « d’après-punk ». On a parlé de post-punk parce que dans les années 80, la boîte à rythmes est un élément constitutif de beaucoup de groupes. On joue une musique qui arrive après dans le temps. De Novo c’est le renouveau, le recommencement.
LFB : D’ailleurs, pourquoi avoir choisi le nom Rank-O ?
Boris : Cela s’est fait de manière très hasardeuse. On cherchait un nom, et évidemment ça prend du temps. Puis j’ai pensé à cette fonction de la boîte à rythmes qui s’appelle BULK. Cela ne plaisait pas à tout le monde, donc on a essayé de garder le côté un peu direct. Après BULK il y a eu TANK, HANK et puis RANK…
Camille : (rires) Et puis Rank-O !
Boris : Je ne sais plus comment on est arrivés à Rank-O pour être honnête. Quand j’ai regardé sur Google pour voir si ça existait déjà ou si c’était référencé, j’ai découvert qu’il y avait bien un Otto Rank, qui était psychanalyste et qui signait ses publications Rank-O. Son vrai nom était Otto Rosenfeld, qui est notre nom de famille avec François (guitare, basse et chœurs, ndlr). Il est assez rare donc c’était dingue ! Tout le monde adhérait donc c’est resté.
LFB : Vous puisez vos influences du côté de groupes des années 60 à 90 : Devo, Talking Heads, My Bloody Valentine, Sonic Youth… De mon côté, je fais un rapprochement avec Squid (la voix, les dissonances, l’énergie et le côté festif). Ça vous parle ?
Camille : C’est drôle parce que ce n’est pas la première fois qu’on nous compare à Squid, y compris des gens avec qui on travaille. Mais on les a découverts après avoir enregistré et composé ces morceaux, donc ça n’a pas du tout été une influence directe. Par contre, je pense que sans se concerter, il y a une sorte de remise en valeur du style post-punk. Même si pour tout ce qu’on a dit tout à l’heure, on ne se considère pas comme tel, il y a quand même un courant, une émulsion autour de ce genre-là et on se retrouve à ressembler à des groupes comme Squid alors qu’on ne les connaît pas forcément.
LFB : Pour moi, votre disque est un OMNI (objet musical non identifié). Il y a Cent Mille où tout à coup vous faites de la pop en français mais aussi Half Life qui pose l’ambiance avec un son lourd et dense. C’est un album surprenant, qui peut dérouter par ses changements de rythme mais qui en définitive reste accessible. Comment vous faites ?
Boris : Nous fonctionnons de manière très anarchique. Donc si ça marche, tant mieux, mais il faut savoir qu’il y a des allers-retours constants sur les morceaux. Il n’y a pas de projet global à la fin. Je ne sais pas si c’est bien ou non, mais en tout cas on pense vraiment l’album morceau par morceau. Je pense que ce qui lie tout ça, c’est les sons de la boîte à rythmes ; il y en a qui marchent vraiment avec d’autres, qui nous plaisent, et qu’on retrouve donc sur quasiment tous les morceaux.
Antoine : Cela vient aussi du fait que c’est Boris qui écrit tous les morceaux, qui amène les bases et qu’ensuite on les arrange. Mais c’est en train de changer et François apporte beaucoup de matières. Pour revenir sur nos influences, tu parlais d’Half Life. J’ai l’impression que ce morceau est arrivé au moment où on écoutait Massicot et Housewives en boucle.
Notre cohérence se situe dans la boîte à rythmes et le chant.
Boris : Il y aussi des morceaux en lien avec un groupe que j’écoutais à un moment : Cent Mille, c’est très identifiable pour moi, c’est Micachu and the Shapes, un groupe qui n’existe plus . Souvent, on écoute un album super, qui nous redonne envie de composer, et du coup notre musique va lui ressembler.
Antoine : On fait de très, très beaux plagiats !
Boris : Ouais, c’est vrai que dit de cette manière (rires)… Il y a beaucoup de références sur l’album, ça part un peu dans tous les sens mais il y a une cohérence dans la boîte à rythmes et aussi le chant.
LFB : Je voulais vous parler de votre premier clip, « Gallery », qui a été réalisé par Julien Philips avec l’aide de La Compagnie Off et le POLAU. Est-ce que vous pouvez nous en dire un peu plus sur cette vidéo et sur ce lieu ?
Boris : Le POLAU c’est le pôle des arts urbains. C’est un lieu à côté de Tours, où est installée La Compagnie Off, qui est une énorme compagnie de spectacle de rue. Ils ont un grand entrepôt ; on s’est donc dit que ce serait parfait pour tourner le clip. Il nous fallait un lieu assez vaste pour faire des plans de loin et, de plus, ils ont tous leurs décors de spectacle depuis des années. La voiture, les bustes… tout vient de chez eux. On est restés deux jours là-bas, et on a essayé plein de choses.
Camille : On voulait s’amuser et puis que ça parte dans tous les sens !
LFB : Est-ce que vous avez déjà des idées pour vos prochains clips ?
Camille : Moi, je voulais faire un clip dans une salle des fêtes avec du line dance pour John mais j’crois que ça ne va jamais se faire (rires).
Antoine : Oui… Mais on ne s’est pas encore mis d’accord sur le prochain clip qu’on allait faire.
Boris : Mais on le refera probablement avec Julien Philips.
Antoine : Mais tu sais, tu dis que c’est notre premier clip mais ce n’est pas le cas. Il y en a eu trois autres avant, mais il était préférable pour nous de les virer, pour faire un renouveau, De Novo quoi (rires) !
LFB : Vous avez réalisé des clips de l’album actuel ?
(rires de Boris et Antoine)
Antoine : On avait clippé Cold Rush, mais on l’avait tourné nous-même et enregistré à l’arrache. C’est Boris qui avait fait le montage. On avait aussi fait Cheetah avec des copains ainsi qu’un clip captation d’Héléna.
Boris : On avait pris le son avec le micro de la caméra (rires). C’est des clips qui sont supers, moi je ne m’en suis pas lassé. Certainement parce que c’est nous qui les avons faits ! C’est agréable de faire vite quelque chose et de le poster dans la foulée. Mais comme l’album est parfaitement réalisé, ça aurait été bizarre en terme de cohérence de garder ces vidéos.
LFB : C’est toi Camille qui as réalisé l’artwork de l’album. Peux-tu nous parler du processus ? Est-ce qu’il faut y voir l’idée de « prendre le jus », d’un court-circuit ?
Camille : J’ai eu une sorte de révélation. Je suis tombé par hasard en vacances sur un vieux livre de bricolage rempli de photographies. J’ai été marqué par ces images, faites au studio. À chaque fois que j’ouvrais une page, j’avais l’impression de voir une pochette d’album. Il y avait une vraie composition de l’image, un réel travail sur l’éclairage… C’est fascinant de voir comment de tout petits objets du quotidien, insignifiants pouvaient être mis en valeur par un photographe. Alors que ce n’était qu’un livre de bricolage ! À l’époque, il y avait plus de budget qu’aujourd’hui. Il y a un décalage entre ces prises, ces compteurs, vis ou câbles, et la finesse de la prise de vue, du travail sur les mains. Bref, les gars étaient chauds, puis moins chauds. On est revenus sur les bases, ce qui se fait assez souvent je crois (rires).
Après tu te demandes s’il y a un sens… Je ne sais pas trop. Chacun y voit un peu ce qu’il veut ! C’est libre d’interprétation.
Boris : On peut y voir un test PCR (rires).
Camille : J’aimais le côté électricité et robotique. Et l’espèce de sourire un peu inquiet du personnage qui se dessinait dans la prise . Mais après, ça a été essentiellement de la retouche photo complètement DIY (parce que je ne suis pas graphiste du tout), et des collages pour les typographies.
LFB : Vous avez pour certains une formation classique, une maîtrise d’instruments assez variés et beaucoup de projets à côté. On dirait que vous êtes sans cesse en train d’expérimenter et de repousser vos limites. Je me demandais si c’était grâce à vos expériences passées que vous étiez arrivés à ce résultat-là ?
(Boris joue de la guitare Baryton dans Yacht Club, François fait de l’orgue électronique dans NOUR. Antoine possède une formation classique et jazz et musiques actuelles amplifiées et Camille a fait du banjo dans The Flawers, un groupe de musique irlandaise avec en parallèle le projet de studio Pavillon Noir.)
Camille : (rires) J’hallucine de toutes les données que tu as. C’est incroyable. On ne m’avait reparlé de ça, notamment Pavillon Noir, depuis 10 ans ! Par contre du coup je ne me souviens plus de la question…
(rires général)
Boris : Au sein de notre collectif, Capsul Collectif, on est quasiment tous passés par l’école Jazz à Tours. Et certains, comme Antoine, ont fait le conservatoire classique très tôt. Ce n’est plus du tout rare de trouver ça dans le rock.
Antoine : On a tous réalisé plein de trucs différents, et c’est ce qui fait qu’on en est là maintenant. À Tours, on a globalement beaucoup de groupes issus de cette école. On connaît plein de gens qui jouent des styles différents. Je ne sais pas où je vais avec cette phrase…
Boris : Même en dehors de Tours… On a noué des liens avec d’autres collectifs, et ils sont comme le nôtre : on a une base de musique savante enseignée au conservatoire, et puis après l’idée d’aller bouffer à tous les râteliers (rires). Que ce soit le collectif COAX par exemple à Paris, ou les Vibrants Défricheurs à Rouen, il y a la volonté d’exploser les barrières, ou en tout cas d’assumer qu’on a été exposés à beaucoup de musiques différentes de par notre formation, ou par la masse de musiques auxquelles on peut avoir accès via YouTube.
Camille : En tout cas, il y a une assimilation, peut-être générationnelle. De la musique, mais aussi d’internet. On a accès à plein de choses très différentes, il y a une démocratisation et une explosion des carcans stylistiques (rires). J’ai l’impression de demander une subvention à la région Centre (rires).
Antoine : Il ne faut pas voir ça comme s’il n’y avait qu’un point de départ et un point d’arrivée. On est tous partis de quelque part, on a fait nos trucs, mais ça n’empêche pas qu’on a aussi envie de faire d’autres choses. On n’a pas envie de s’arrêter à un style, mais on a envie de s’amuser de la musique et de ses possibilités.
LFB : En tout cas avec Capsul Collectif vous éclatez les frontières et décloisonnez les genres, en passant du free jazz à l’électro. Est-ce que vous pouvez revenir sur l’histoire de ce collectif ?
Antoine : Lorsque j’ai fini l’école Jazz à Tours, je suis parti un an en Australie. Je n’avais plus envie de faire de la musique comme je la faisais, j’avais besoin de construire autre chose. Je me suis dit que ce qu’il manquait à la sortie de la formation, c’était des outils professionnels et de l’entraide. À mon retour, on a donc monté Capsul Collectif avec des copains, dont Etienne Ziemniak. L’idée c’était de ne pas se retrouver seul pour démarcher son projet du début à la fin, mais plutôt de s’appuyer et de mutualiser ce que chacun sait faire : par exemple, la création d’un site internet, avoir un camion, etc. Rapidement, on s’est retrouvé à quatre ou cinq groupes, il y a eu quelques concerts et des subventions. Puis, Electric Vocuhila a trouvé un tourneur, Arnaud Fièvre qui est maintenant notre coordinateur.
Capsul Collectif c’est un vrai collectif à échelle humaine où tout le monde prend part sur tous les sujets.
Depuis son arrivée, s’est créée une coopérative d’une trentaine de musiciens, avec une aide à la création, à la résidence, un label, des concerts, des micro-festivals à Tours. C’est exactement ce qu’on imaginait avec Etienne. Un vrai collectif à échelle humaine où tout le monde prend part sur tous les sujets. Et on se réunit toutes les semaines. On fait tous partie de commissions plus ou moins différentes. Depuis quelques années, on fait partie de la SMA (Syndicat des Musiques Actuelles, ndlr) mais aussi de la Fraca-Ma. L’idée, c’était de monter avec Etienne cette structure et que très vite tout le monde s’en empare.
Boris : Je crois que c’est la plus belle définition que j’ai jamais entendue !
LFB : Vous évoluez tous dans le même univers, notamment avec Capsul Collectif. On retrouve le même ingénieur du son, Baptise Mésange, sur quasiment tous vos projets. Ça apporte une richesse incroyable et une finesse à votre musique. Comment vous êtes-vous rencontrés ?
Antoine : C’est vraiment l’école Jazz à Tours qui nous a fait nous rencontrer. Ce qui est bien, c’est que tu y apprends la théorie, que tu mets en pratique, mais tu retrouves également plein de gens différents avec qui tu peux jouer facilement et créer des trucs. Rapidement, on s’est tous mis à jouer dans les groupes de tout le monde.
LFB : Ce qui vous a permis de créer votre groupe, Rank-O, à un moment.
Camille : Oui. Au début on a essayé, puis ça a pris… pour des raisons compliquées et un peu mystérieuses. On a essayé de pousser le truc, parce qu’on se plaisait vraiment à faire cette musique.
Antoine : Ce qui est intéressant, c’est que Rank-O est parti d’une idée d’un autre groupe de Boris et François, Cassauto. Et à la fois, il y a aussi des morceaux qui ont la gueule qu’ils ont aujourd’hui, parce qu’une fois, on a fait une session avec Boris, François et Thomas, un autre copain de notre club.
Boris : C’est vrai que j’y pensais la dernière fois.
Antoine : C’est un peu incestueux et c’est un peu dégueulasse (rires) mais finalement c’est pas mal.
Boris : En effet, c’est quelque chose que j’ai peu dit. À chaque fois, je parle de la boîte à rythmes et de cette tentative de groupe qu’on a eue avec François. Mais oui, il y avait déjà cette idée-là avec Antoine et Thomas, il y a au moins cinq ou six ans. C’était au 37e Parallèle, à Tours, un lieu de création artistique. On avait juste fait un ou deux morceaux.
La grande nouveauté de 2022 c’est de se laisser le temps.
LFB : L’album a été enregistré au Black Box Studio par Baptiste Mésange, et il a été rodé sur scène pendant quelques temps. Suite au live, est-ce qu’il y a des morceaux que vous avez totalement revisités ?
Antoine : Jusqu’à maintenant, non, parce qu’on était un peu esclaves de nos machines. On joue sur des séquences que j’envoie à la batterie, ce qui fait que nos morceaux sont carrés, et ont toujours la même gueule. Dorénavant ce sera différent. On a embauché un nouveau membre, Gabriel Lemasson, et il fera de la basse/guitare/claviers. Et grâce à ça, on va arrêter de jouer sur des séquences, pour pouvoir jouer à la vitesse qu’on a envie, étirer, ralentir. On pourra se permettre de se laisser le temps. C’est la grande nouveauté de 2022, ça (rires).
Camille : Les morceaux qu’on a choisi d’enregistrer pour le disque sont des morceaux dont on était contents après les avoir répétés et joués en live. Ce qui est sûr, c’est que le fait de les avoir beaucoup joués avant de les enregistrer nous a permis de savoir s’ils nous plaisaient vraiment, ou non.
LFB : Vous avez créé une solide base…
Boris : Oui, après on est tous compliqués donc c’est énormément de réflexion et de discussions. Même en ayant beaucoup préparé, on a dû beaucoup retravailler pendant le mix. C’est assez curieux. La prochaine fois, on enregistrera de manière beaucoup plus directe, en se posant moins de questions sur le résultat. Car finalement, le fait de roder les morceaux, de les peaufiner pour faire toujours mieux, psychologiquement, tu fais trop d’allers-retours. Tu te dis que c’était peut-être mieux au début, que tu peux toujours faire mieux. Mais il faut apprendre à lâcher un peu du lest sur le résultat, et avoir moins d’attentes. Et ça, je pense que c’est la belle leçon de ce disque.
Antoine : On est quand même très, très exigeants, c’est aussi pour ça qu’on arrive jamais à être contents du premier coup.
Camille : Comme on essaie aussi de fonctionner de manière collégiale, forcément tout prend beaucoup plus de temps, car il n’y a pas de leader défini. Mais une fois que c’est terminé, on peut être fier de tout ce qu’on a traversé pour sortir ce disque, même si ça n’a pas toujours été facile.
LFB : Pour revenir à Gabriel, d’où vient-il et pourquoi maintenant alors que l’album vient de sortir ?
Camille : Ça faisait longtemps qu’on en parlait. À l’issue d’une répétition, on s’est rendus compte que c’était difficile de faire les morceaux que l’on voulait faire à quatre. La boîte à rythmes a ses limites. Et Gabriel, c’est un très bon copain à moi qui a aussi fait l’école Jazz à Tours. Ça ne le dérangeait pas d’être un peu touche-à-tout, voire à certains moments de devoir bricoler des choses pour pallier à des problèmes qu’on avait. C’est-à-dire bidouiller au niveau technique (claviers, machines en tout genre, ordinateur) pour retrouver les sons du studio et les reproduire en live. Ce n’est pas forcément un rôle facile à avoir quand on rejoint un groupe… Moi je vois plus ça comme un disque qui a été enregistré en studio, et maintenant pour réussir à bien le faire, voire le faire différemment, ajouter une nouvelle personne c’est totalement cohérent.
LFB : Est-ce que vous avez d’autres projets sur le feu actuellement ?
Boris : Oui, on a un clip à finir. On va aussi faire une vidéo live de deux ou trois morceaux avec Gabriel. Et ce qui va être vraiment important c’est de travailler le live avec lui, pour pouvoir jouer de manière assurée.
Antoine : On a envie que l’album marche, et puis de faire des concerts, évidemment. On a aussi beaucoup de nouveaux morceaux en cours, voire quasiment finis. J’ai l’impression qu’on est déjà secrètement les uns les autres en train de se dire : « mmmmh vivement qu’on les enregistre » ! On a déjà hâte que sorte le prochain disque, il va être super !
LFB : Si vous deviez choisir un livre, un film ou une œuvre qui vous a bouleversé, ou qui a changé votre vie, ce serait quoi ?
Antoine : Moi c’est les bouquins d’Anne Geddes avec les enfants qui sont dans des potirons. Je trouve ça magique (rires).
Boris : C’est vrai ?
Antoine : Ben non (rires)
Boris : J’ai une chanson qui a probablement changé ma vision sur la musique de manière très radicale, c’est Venus In Furs des Velvet Underground. C’est le premier morceau où je me suis dit : « ah, mais il n’y a pas que la guitare dans un groupe, il y a tout le reste autour, et la voix ». C’est une réflexion qui est venue après coup car sur l’instant j’ai été complètement bouleversé émotionnellement. Je n’ai écouté que cette chanson pendant un an. C’est un morceau que j’identifie dans mon parcours comme un truc qui a déterminé tout ce que j’ai écouté après.
Camille : Évidemment les Beatles, parce que ma mère les écoutait, donc il y a tout l’aspect nostalgique qui ressort. Je me rappelle que gamin, j’avais été assez halluciné mais comme, je pense, énormément de gens. Mais le vrai truc, ça a été Nirvana, quand j’avais 7 ou 8 ans. Après avoir écouté, j’ai demandé une guitare électrique à Noël ! Je me cachais dans ma chambre alors que je pense que mes parents s’en fichaient, voire étaient contents. Mais j’avais l’impression que c’était un peu interdit…
Antoine : Ce qui m’a marqué – mais je ne sais pas si ça a un rapport avec ce que je suis… – c’est le tableau Impression, soleil levant de Claude Monet. J’étais au lycée, en cours d’histoire de l’art et je l’ai trouvé vraiment beau. Sinon, c’est le compositeur de musique répétitive Terry Riley. Ce qui me touche, c’est le fait qu’il n’y ait rien. Je ressens un peu la même chose avec la batterie. Je suis parti en Australie car je n’aimais pas comment je jouais, c’était dégueulasse et j’en mettais partout. La musique de Terry Riley je la trouve super parce qu’il n’y a rien et c’est hyper puissant. J’aimerais bien tendre vers ça, comme une sorte de capitaliste qui serait content avec un RSA (rires). Je te conseille In C avec une pièce en do. Ca s’appelle Géométrie variable à ensemble variable.
Vous pouvez retrouver notre chronique de l’album De Novo de Rank-O ici et suivre leur actualité sur Facebook et Instagram.
Crédits photos: Martin Vidy