Avec Rattrapages, La Face B fait sien le proverbe « mieux vaut tard que jamais » et vous propose de découvrir des projets qui pourraient vous avoir échappé lors de leur sortie. Pour ce troisième rendez-vous, on se penche sur l’album éponyme d’Old Royal.
Imaginez un peu la scène. À l’heure où le monde réclame toujours plus d’instruments, toujours plus d’électronique, de séquences et de surenchère musicale, un homme se dresse en défenseur du minimalisme à sa façon. Donnez-lui une guitare acoustique, de quoi dévoiler sa voix et il vous offrira une ode à la simplicité. Cet homme, c’est Old Royal.
Old Royal donc, c’est Thom Demu de son petit nom, et c’est aussi – bien qu’il soit basé à Bruxelles – un membre émérite de la scène lilloise et nordiste de manière générale (en témoigne sa présence au Line Up de Leduc Factory et ses collaborations avec – entre autres – Antoine Pesle et Louis Aguilar). Quand il n’est pas occupé à faire sonner sa Les Paul avec d’autres, il aime à développer un projet solo qui reste résolument rock malgré son dépouillement apparent, vous ne trouverez pas de batterie ni de basse dans cet album, à peine une guitare électrique par-ci par-là. Les montées d’accords et les références assumées – Keith Richards approuve l’intro de Wind and Sand – sont autant de madeleines de Proust appartenant au panthéon du rock (on imagine sans peine les envolées acoustiques de Jimmy Page à l’écoute de A Letter).
Pour autant, ne croyez pas qu’Old Royal, opus éponyme sorti le 28 juin dernier, soit un album perdu qui ne fait que singer une époque révolue. Certes, on l’imagine sans peine craquer sur une platine vinyle, au milieu d’un groupe de hippies en 1973, mais il aura aussi bien sa place sur votre enceinte de salon en bluetooth depuis votre smartphone. Il s’écoute aussi bien allongé dans l’herbe au cours d’une après-midi ensoleillée qu’emmitouflé dans un plaid devant un feu de cheminée pendant une longue soirée d’hiver.
Sa sensibilité se révèle morceau après morceau, nous emmenant de ballades rêveuses et mélancoliques en invitations au voyage en passant par quelques moments dansants qu’on ira jusqu’à qualifier de « feel good ». On ressent une grande maîtrise du début à la fin de l’album, qui se termine sur un atterrissage délicieux avant de nous laisser reprendre une activité normale.
Qu’on se le dise, grâce à cet album, le guitare-voix n’aura jamais été aussi cool qu’en 2019.