Raul Midón : « la seule limite, c’est notre imagination ».

À l’occasion de la sortie de son treizième album Lost & Found et de sa tournée Européenne à venir, Raul Midón nous a parlé du pouvoir des rêves, de la musique comme thérapie, des défis qu’il rencontre en tant que producteur non-voyant et du Folklore argentin. Un entretien qui fait du bien et une plongée passionnante dans l’inspiration infinie de cet auteur-compositeur et guitariste américain à la renommée internationale et au style unique.

VERSION FRANÇAISE (ENGLISH VERSION BELOW)

La Face B : Salut Raul ! Merci beaucoup de prendre le temps pour cette interview. Comment vas-tu ?

Raul Midón : Bien ! Je me prépare à partir en tournée. Je travaille sur de nouveaux morceaux chez moi dans mon studio tous les jours.

LFB : Nous sommes ici pour parler de la sortie de ton dernier album Lost & Found. Avant tout, je tenais à te féliciter pour celui-ci. Il est tellement beau et varié. Il renferme beaucoup d’émotions et m’a poussée à réfléchir. Donc bravo et merci !

Raul Midón : Merci de l’avoir écouté !

LFB : Je sais que tu n’écris pas en vue d’un album, mais que tu assembles plutôt des chansons existantes. Quelles étaient tes intentions dans l’assemblage de cet album ?

Raul Midón : La façon dont je travaille en général, c’est que je suis toujours en train d’écrire, et je me laisse guider par ce qui m’intéresse. J’écris et quand on décide de faire un album, je réfléchis aux chansons qui iraient bien ensemble. Et bien sûr, j’essaye de trouver les meilleures chansons, car ce que j’écris n’est pas toujours génial [rires].

LFB : En écoutant l’album, j’ai eu l’impression que certains thèmes étaient récurrents. Est-ce que cela entre aussi en compte dans le processus de sélection, pour créer une sorte de cohérence d’ensemble ? 

Raul Midón : Oui, bien sûr. Il y a des chansons qui parlent de ce que cela faisait de vivre pendant la pandémie. De l’incertitude par rapport à ce qui allait se passer. Par exemple, la chanson Ocean of doubt. Cela fait clairement partie des thèmes. L’album parle aussi du fait que, selon moi, on n’a pas de limite en tant qu’être humain. Que la seule chose qui nous limite, c’est notre imagination. C’est le fait de ne pas arriver à voir au-delà d’une certaine façon d’être ou de penser. Le morceau Anything at all parle de ça. Je crois dans les rêves. Métaphoriquement, mais aussi littéralement. Je crois qu’ils sont une source d’inspiration. Ils l’ont été pour moi. 

LFB : C’est vrai que ça s’entend dans ta musique. Ocean of doubt est d’ailleurs mon morceau préféré de l’album. Je le trouve intéressant car tu y donnes des clés sur comment atteindre une tranquillité d’esprit malgré l’incertitude. En ne cédant pas à l’anxiété générale, en questionnant les dogmes…

Raul Midón : C’est ça, en réalisant qu’on a le contrôle sur son esprit. Que son esprit n’a pas à être branché en permanence. Qu’il ne doit pas forcément nous dicter ce qu’on doit ou ne doit pas faire. Ce que les autres vont penser de nous. On est libre de ne pas laisser ces choses nous affecter, d’une certaine manière. Même si bien sûr on peut tous ressentir le doute et la peur de l’avenir. Pendant la pandémie par exemple, on a deux ans de concerts qui ont été annulés, c’était dur. 

LFB : C’est sûr. Mais c’est libérateur de penser de cette manière-là.

Raul Midón : Absolument. D’autant que bien sûr, on s’inquiète sans savoir ce qui va se produire au jour le jour. On est constamment pris par surprise. Donc s’inquiéter pour ça, d’une certaine façon, c’est une perte de temps.

LFB : J’ai lu que Lost & Found, le premier morceau et titre de l’album, a en fait été écrit il y a très longtemps.

Raul Midón : Oui, c’est une des premières bonnes chansons que j’ai écrites. Ou ce que je considère être une bonne chanson en tout cas. Elle m’a été inspirée par un enregistrement de Bob Dylan à Town Hall. C’était assez tôt dans sa carrière, je crois. Il lit un poème intitulé Last thoughts on Woody Guthrie. La manière dont le poème est écrit m’a beaucoup inspiré pour l’écriture de cette chanson.

LFB : Et qu’est-ce qui t’a poussé à la sortir maintenant ?

Raul Midón : Pour une raison qui m’échappe, elle a été écartée de tous mes autres albums. Je n’ai jamais vraiment compris pourquoi, mais jusqu’à présent on ne l’a pas utilisée. Je l’écoutais et je me disais qu’elle n’était peut-être pas assez bien ou pas au niveau. Puis je l’ai réécoutée et je me suis dit “Je ne trouve rien de mal à cette chanson” [rires].

LFB : Tellement que c’est devenu le titre de ton album !

Raul Midón : [rires] Exactement. C’est une image très puissante, vraiment. Si tu te retrouves aux objets trouvés, en général c’est que tu as perdu quelque chose. Et que tu cherches dans tout un tas de trucs qui n’ont rien à voir avec cette chose, dans l’espoir de la retrouver. [note : « lost and found » signifie « les objets trouvés »].

LFB : C’est vrai, c’est une image forte. Du coup je me demande, puisque tu l’as écrite il y a si longtemps, si la chanson et cette image représentent la même chose pour toi aujourd’hui qu’à l’époque.

Raul Midón : Fondamentalement, oui, ça représente la même chose. Bien sûr, avec le temps j’ai vécu d’autres expériences que j’associe à cette image. Mais au fond la signification n’a pas changé. Quand j’ai commencé à écrire, j’ai écrit pas mal de chansons assez mauvaises. Des chansons qui n’étaient pas précises dans les métaphores ou la poésie utilisées. Et c’est l’une des premières chansons desquelles je me suis dit “là, c’est vraiment bien”, tu vois. 

LFB : Il y a une chose que j’adore à propos de ta musique, c’est qu’elle est pleine d’espoir. Par exemple, dans cet album, les chansons Keep on keeping on, Anything at all, When we remember. Et presque tous les morceaux à leur manière. Pour moi, ça contraste vraiment avec l’anxiété généralisée que me renvoie le monde en ce moment. Est-ce que cet optimisme te vient naturellement ou est-ce un effort conscient d’écrire des chansons d’espoir pour contrer l’anxiété ? 


Raul Midón : Je ne sais pas si c’est conscient, mais pour tout te dire je pense que c’est un peu comme une thérapie. Je crois qu’on crée le monde qu’on veut. Si on n’aime pas le monde dans lequel on vit, on n’est pas obligé de continuer à s’entretuer. C’est quelque chose qu’on fait parce que certaines personnes le veulent. Ou pensent devoir le faire. Donc on peut changer ça. Ce n’est pas une fatalité, d’aller vers une troisième guerre mondiale. Même si c’est l’impression qu’on a en ce moment. Entre ce qui se passe à Gaza, au Soudan, en Ukraine, c’est effrayant. Mais tout ça est causé par l’Homme. On peut l’arrêter si on arrive à imaginer un monde où on trouve d’autres manières de résoudre nos différends. C’est ce que je ressens depuis toujours et ces chansons parlent de ça. Je les écris en partie pour garder espoir, pour être honnête. 

LFB : Je comprends. C’est vrai que ça paraît tellement important de ne pas tomber dans le fatalisme aujourd’hui et la musique peut aider.

Raul Midón : Aussi, c’est facile de se concentrer sur ce qui ne va pas. Mais il y a plein de choses géniales qui se passent aujourd’hui. On a accès les uns aux autres comme ça n’avait jamais été le cas. On a l’opportunité de se connecter et de se comprendre les uns les autres. On a des technologies incroyables. Tu sais, en tant que personne non-voyante, il y a vingt ou trente ans, je n’aurais jamais pu produire mes propres albums. Donc tout ça tient aussi à ce sur quoi on décide de concentrer son attention. Après, bien sûr, on sait tous qu’il se passe des choses effrayantes dans le monde. Je ne suis pas du tout naïf là-dessus. Par exemple, ce qui se passe en politique dans mon pays en ce moment est hallucinant. On a un criminel condamné qui est candidat à la présidentielle. Ce qui se passe à Springfield, dans l’Ohio, c’est du racisme pur et dur, il n’y a pas d’autre mot. 

LFB : En parlant d’espoir, j’étais un peu surprise par la dernière chanson de l’album Wall of indifference. Elle est magnifique d’ailleurs, mais j’ai l’impression qu’elle allait à contre-courant de l’optimisme qui se dégage du reste des morceaux.

Raul Midón : Oui, c’est une chanson sur le besoin qu’on ressent parfois de se protéger, d’une certaine manière. Quand on a la sensation qu’il se passe tellement de choses horribles qu’on doit créer un mur autour de soi.

LFB : Il y a une chose qui est frappante dans ta musique, c’est à quel point tu te dévoiles. On a souvent l’impression que tu exprimes des choses très personnelles. Ton rapport au monde, ta philosophie… Est-ce qu’en tant qu’artiste, il t’arrive d’avoir du mal à te montrer tel que tu es vraiment ? Plutôt que tel que tu voudrais être, ou tel que les gens attendent que tu sois ?



Raul Midón : Quand on se fait connaître, on se rend vulnérable. À chaque fois que tu sors quelque chose, il y a des gens qui n’aiment pas ou qui ne sont pas d’accord. Ça fait partie intégrante du fait de partager ses sentiments et sa vision du monde. Et je me suis habitué à ça, en quelque sorte. Parfois c’est difficile d’avoir la sensation que le fruit de son travail est rejeté. Mais si tu ne veux pas connaître le rejet, tu ne feras ou ne diras jamais rien. C’est facile d’écrire des chansons sur ce qu’on pense que les autres ont envie d’entendre. Ça n’a jamais été mon truc. 

LFB : C’est aussi ça qui fait qu’on peut vraiment s’identifier à tes chansons, d’une certaine manière. Tu mentionnais tout à l’heure le fait que tu as produit cet album toi-même. Ça m’a donné envie d’en savoir plus sur ta relation avec la technologie dans la musique. Bien sûr, les nouveaux logiciels et plugins représentent une opportunité incroyable. Mais j’imagine qu’ils posent aussi de nouveaux défis. Quelle est ton expérience à toi? Comment as-tu incorporé la technologie à ton processus créatif ?

Raul Midón : En fait, pour cet album, j’ai dû utiliser un logiciel différent. Le précédent que j’utilisais a été vendu à une autre entreprise et ils ont arrêté de le mettre à jour pour les personnes non-voyantes. Donc une bonne partie de mon travail sur cet album a consisté à me familiariser avec cette nouvelle technologie. Et c’est incroyable à quel point ces programmes sont différents, alors qu’on fait la même chose au fond. Au début, j’ai vraiment eu du mal. J’ai perdu une partie de mon travail, par exemple. La technologie que j’utilise s’appelle Samplitude. Il y a un gars au Royaume-Uni qui s’appelle Steve Spamer, qui est non-voyant et a travaillé à rendre ce programme accessible. Ça consiste à utiliser un logiciel qui s’appelle JAWS (“Job Access With Speech”). Ce logiciel permet d’utiliser le clavier d’ordinateur pour effectuer des tâches qu’on ferait normalement avec une souris. Parce qu’on ne peut pas vraiment utiliser de souris quand on est non-voyant, on doit utiliser le clavier. Steve Spamer a écrit des scripts, ce qui représente beaucoup de travail. Il fait ça de son côté, grâce à des dons de personnes. Je lui en suis très reconnaissant. Il m’a donné la possibilité de faire cet album. 

LFB : C’est génial. Donc tu réutiliseras ce logiciel dans tes futurs projets ? 

Raul Midón : Absolument. Une fois qu’on maîtrise une technologie, on veut s’y accrocher aussi longtemps que possible [rires]. J’ai mis un an et demi à apprendre à m’en servir. J’ai acheté un nouvel ordinateur, du matériel. C’est tout un truc. 

LFB : Et le fait de pouvoir utiliser ce logiciel tout seul doit te donner une liberté nouvelle dans ton processus créatif. 

Raul Midón : Totalement. Enfin, je ne suis pas vraiment tout seul, bien sûr, car j’ai collaboré avec d’autres musiciens. Aussi, je l’ai envoyé à mon ami Michael O’Reilly qui s’occupe du mixage de mes albums depuis State of Mind. J’ai fait toute la production, mais pas le mixage. Parce qu’au moment où j’arrive à cette étape, j’ai entendu les chansons tellement de fois que j’ai besoin d’une perspective nouvelle. C’est un ingénieur très expérimenté. Il travaille avec Arif Mardin depuis les années soixante-dix. Il a travaillé avec Aretha Franklin, Norah Jones et beaucoup d’autres artistes. 

LFB : Je suis tombée sur une interview avec PopMatters de 2020, où tu disais que “l’écriture est un muscle”. Je trouve que c’est très vrai. Beaucoup de gens ont l’impression que l’inspiration vient naturellement à certaines personnes, alors qu’en réalité ça demande de l’entraînement. Après des décennies d’écriture, comment tu t’y prends pour travailler ce muscle ? 

Raul Midón : En le faisant tout le temps. J’appelle ça “créer de l’espace”. Il faut se dire “je vais passer une heure et demie à ne rien faire d’autre qu’écrire”. Peu importe ce qui se passe. Que j’écrive une ligne, ou dix, ou rien du tout. Parfois, rien de bon ne sort, mais l’important c’est de s’y tenir. Même quand je voyage, j’écris des idées, je tiens un journal. Même quand je ne peux pas enregistrer quoi que ce soit. 

LFB : Et j’ai l’impression que plus on le fait, plus on trouve l’inspiration de façon inattendue.  

Raul Midón : Absolument. On ne peut pas juste attendre l’inspiration. Parfois ça arrive comme ça, tu es assis dans le train et tu te dis “ah, c’est ça que je voulais dire”. Mais la plupart du temps, il faut juste se donner de l’espace. 

LFB : Je sais que tu adores expérimenter, explorer de nouvelles choses. Que ce soit dans ton approche des instruments, des techniques, des genres. Musicalement, quelle est la prochaine chose que tu as envie d’explorer ?

Raul Midón : Je réfléchis à faire une réédition de State of Mind à l’occasion des vingt ans de sa sortie. Aussi, j’ai grandi avec un style de musique argentine qui s’appelle le Folklore. Ce n’est pas aussi connu que le Tango, mais c’est la première musique que j’ai aimé, étant enfant. Avant le Rock’n’Roll, avant le Jazz, avant tout ça. C’est une musique folklorique avec beaucoup de percussions. Ils utilisent un instrument appelé le bombo, et le charango. C’est une source d’inspiration ancrée très profondément en moi et je ne l’ai jamais vraiment incorporée dans ma musique. Je l’avais fait un peu dans mon album A World Within A World, dans les chansons Caminando et Tembererana. Mais je réfléchis à faire un projet où je creuserais vraiment ça. J’aimerais écrire des chansons en anglais, dans ce style-là. Un peu comme ce que Paul Simon a fait avec Graceland et The Rhythm Of The Saints, qui sont des albums fantastiques. Si c’est bien fait, ça marche. Il ne s’agit pas juste de combiner deux styles. C’est comme en cuisine, il faut trouver le bon mélange.

LFB : C’est intéressant que ce que tu veuilles explorer, ce soit un retour aux sources de ce que tu aimes dans la musique. 

Raul Midón : Oui, absolument. J’ai vraiment envie de voir si je peux trouver une combinaison qui sonne bien, qui est intéressante et novatrice. Beaucoup de gens pensent qu’il n’y a plus rien de nouveau à faire en musique. Ce n’est pas vrai. Il y a beaucoup de choses qui n’ont jamais été faites, à cause de la pression commerciale. Plus ça devient commercial, plus les gens veulent mettre la musique dans des cases spécifiques. Et je comprends que les gens veuillent savoir à quoi s’attendre, à la radio par exemple. Mais pour nous, qui créons, ça peut devenir très ennuyeux. 


LFB : Je comprends. Et d’une certaine manière, je trouve ça rassurant que beaucoup d’artistes, comme toi, aient envie de repousser les limites des styles musicaux.

Raul Midón : Je trouve beaucoup ça en France, d’ailleurs. À la radio, j’entends pas mal d’influences africaines – marocaines ou algériennes, par exemple. C’est très intéressant. C’est aussi pour ça que je suis vraiment troublé par ce qui se passe au niveau de l’immigration en ce moment. Quand des cultures différentes se rencontrent, c’est là qu’on s’amuse. Bien sûr, on est différents, on n’a pas les mêmes coutumes, mais selon moi c’est vraiment cela d’être humain. Je pense à quelqu’un comme Richard Bona, par exemple, qui vient du Cameroun et qui est un artiste tellement intéressant. On a joué plusieurs fois ensemble en France d’ailleurs, et aussi en trio avec Manu Katché

LFB : D’ailleurs, tu seras bientôt en France pour présenter ton nouvel album. De quoi as-tu le plus hâte concernant cette tournée en France ?

Raul Midón : Les super bons croissants, le matin. Je ne rigole pas, j’ai vraiment hâte de ça, j’adore la cuisine française [rires].

LFB : C’est une bonne raison ! [rires]. J’ai hâte d’être à ton concert le 21 Novembre à Paris, au New Morning. Merci beaucoup de m’avoir accordé cette interview, Raul.

Raul Midón : Merci beaucoup, c’était un plaisir.

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ENGLISH VERSION


La Face B : Hi Raul ! Thank you so much for making the time. How are you doing ?

Raul Midón : Good ! I’m getting ready for touring. I’m working on new music in my home studio everyday.

LFB : We are here to discuss the release of your latest album Lost & Found. First, I wanted to congratulate you on the album. It’s so beautiful and diverse. It holds many emotions and it got me thinking too. So, congratulations and thank you for that !

Raul Midón : Thank you for listening !

LFB : I know that you don’t write towards albums but rather put songs together. What intentions did you have in mind while putting this album together ?

Raul Midón : The way that I work generally is that I’m always writing, and I sort of follow my interests. I write and then when we decide to make an album, I think about what songs go together. And obviously, I try to find the best songs, because not everything I write is great [laughs].

LFB : While listening to the album I had the impression that some common themes were emerging. Is that also something that comes into your process, to create some consistency across the album ? 

Raul Midón : Yes, for sure. There are some songs about what it felt like to be in the pandemic. What it felt like to be unsure about what was going to happen. For example, the song Ocean of doubt. So that’s definitely one of the themes. The album is also about how I believe we are limitless, as beings. How we are only limited by our imagination. By not being able to see past a certain way of thinking or being. So a song like Anything at all is about that. I believe in dreams. Metaphorically, as well as literally. I believe they are a source of inspiration. They have been for me.

LFB : It does really come out in your music. Ocean of doubt is actually my favorite song on the album. I find it interesting because you give some keys about how you achieve peace of mind despite the uncertainty. By not giving in to the general anxiety, by questioning the dogma…

Raul Midón : Yes, realizing that you are in control of your mind. That your mind doesn’t have to be on, all the time. That it doesn’t have to keep telling you what you should or shouldn’t do. What other people think of you. You are free to not let those things affect you, in a way. Even though of course we all have doubts, and sometimes we all have fear about what’s going to happen. I mean, during the pandemic, we had two years worth of shows canceled, so it was tough. 

LFB : For sure. But it’s very freeing to think that way. 

Raul Midón : Absolutely. Because of course, we worry but we don’t know what’s going to happen from day-to-day life. It’s constantly full of surprises. So to worry about it, in a way, is a waste of time. 

LFB : I read that Lost & Found, the first song and title of the album, was actually written a very long time ago. 

Raul Midón : Yes, it was one of the first good songs that I wrote, or what I think of as a good song. It was inspired by a recording of Bob Dylan at Town Hall. I think it is pretty early on in his career and he’s reading a poem called Last thoughts on Woody Guthrie. The way he wrote that poem was so inspiring to me, for that song.

LFB : And what made you feel like releasing this song now ? 

Raul Midón : For some reason, it got left out of all the other albums I made and I never really understood why. Between one thing and the other we just didn’t use it. And I would listen to it and think that maybe it wasn’t as good or up to standard. And then I listened to it again and I thought “I don’t find anything wrong with this song” [laughs]. 

LFB : So much so that it becomes the title of your album !

Raul Midón : [laughs] Absolutely. It’s a very powerful image, really. The lost and found usually means you’ve lost something. And you’re looking through a bunch of things that are nothing related to what you’re looking for and maybe you’ll find it. 

LFB : You’re right, it is a strong image. It makes me wonder, because it was written a long time ago, whether the song and the image mean the same to you now as it did at the time.

Raul Midón : In a fundamental way, it’s the same. Of course you have different experiences and you relate to those experiences with that image. But fundamentally it’s the same for me. When I first started to songwrite, I wrote a bunch of pretty bad songs. Songs that were not precise in their metaphor or their poetry. And this was one of the first ones where I thought “now I’m really cooking”, you know.

LFB : Something that I love about your music is how hopeful it feels. In this album, for instance, you have Keep on keeping on, Anything at all, When we remember. And almost all of the tracks in their own way. To me, it contrasts with the general feeling of anxiety that I get from the world right now. Does that hopefulness come naturally to you, or do you make a conscious effort to write music that is full of hope, to balance that anxiety ?

Raul Midón : I don’t know if it’s conscious, but to tell you the truth it’s a little bit like therapy. I think that we create the world we want. If we don’t like the world that we are living in, we don’t have to keep killing each other. This is something that we are doing because there are people that want to do it. Or who feel like they have to do it. So we can change this. This is not inevitable that we are going towards another world war. Even though it feels like it right now. Between what is going on in Gaza, in Sudan, in Ukraine. It feels pretty frightening. But it is all man-made. We can stop it if we can imagine a world where we don’t do this. Where we find other ways to solve our differences. And I’ve always felt that way and that is what those songs are about. I partially write them to keep myself feeling hopeful, to tell you the truth. 

LFB : I understand. It does seem so important not to be a fatalist right now and music can help with that. 

Raul Midón : And also, it’s easy to focus on what is wrong. But there are a lot of things that are great about what is going on today. We have access to each other in a way that we never did. We have opportunities to connect and understand each other. We have this incredible technology. You know, as a blind person, twenty or thirty years ago, there was no way for me to engineer and record my own records. So, a lot of times, it’s about what we choose to focus on. And of course, we all know that there are frightening things going on in the world. I am not naive about that in any way. I mean, the politics right now in my country is ridiculous. We have a convicted felon, a criminal running for president. What is happening in Springfield, Ohio is pure, unmitigated racism. There is no way to sugarcoat it. 


LFB : Speaking of hope, I was a bit surprised with the last song of the album Wall of indifference. The song is incredibly beautiful by the way, but I felt like it was going a bit against the general hopefulness of the album.

Raul Midón : Yes, it’s a song about how sometimes it feels like you have to protect yourself, in a way. It’s about feeling like there is so much horrible going on that I just have to build a wall around me.

LFB : Something that strikes me with your music is how much of yourself you put into it. It often sounds like you express personal things and feelings. How you experience the world, your philosophy of life, etc… It makes me wonder : as an artist, do you sometimes find it difficult to show yourself for who you truly are ? Rather than what you want to be, or what people expect.

Raul Midón : When you put yourself out there, it makes you vulnerable. Everytime you put out some work, there are people who will not like it, who won’t agree with it. That is just part of putting your feelings and view of the world out there. And I’ve sort of become used to it. Sometimes it is difficult to feel like your hard work has been rejected, but if you don’t want to be rejected, you will never do or say anything. It’s easy to write songs about what you think other people want to hear. That has never been my thing.

LFB : That is also part of what makes your music very relatable, in a way. You mentioned earlier that you had been engineering this record yourself, and I wanted to ask you about your relationship with technology in music. Of course, new softwares and plugins represent a huge opportunity for artists. But I assume that they also raise new challenges. What is your perspective on that ? How have you incorporated technology into your creative process ? 

Raul Midón : Actually, for this album I had to use a different software. The program that I was using was sold to another company, so it wasn’t being updated for the blind anymore. So part of working on this album was getting familiar with the new technology. And it’s incredible how different these programs are, even though you are doing the same things. At the beginning, I was really struggling. I lost some work that I did, for instance. The technology that I am using is called Samplitude. There is a blind guy called Steve Spamer in the UK who has put a lot of work into making this program accessible. Which basically means using a software program called JAWS (Job Access With Speech). That program has the ability to take the function that you normally do with a mouse and make them into keystrokes. Because you can’t really use a mouse as a blind person, you have to do everything with the keyboard. So Steve Spamer wrote scripts, which is a lot of work. He is doing it on his own, with donations from people. I’m very grateful for that. And he really made it possible for me to make this record. 

LFB : That is awesome. So will you be using this software again for your upcoming projects ? 

Raul Midón : Absolutely. Once you learn the technology, you want to hang on to it for as long as you can [laughs]. I spent a year and a half learning how to use this new technology. I bought a new computer, I got new equipment, new hardware. It’s a whole thing.

LFB : And being able to use this software by yourself must be giving you a newfound freedom in your creative process.

Raul Midón : Absolutely. Not totally by myself of course, because I collaborated with other musicians. I also sent it to my friend Michael O’Reilly who has been mixing my albums since State of Mind. I did all the tracking, but not the mixing. Because by the time I get to it, I’ve heard the songs so many times and I need a different perspective. He is a very experienced mixer. He has been working with Arif Mardin since the seventies. He has worked with Aretha Franklin, Norah Jones and many other artists.

LFB : I read in an interview with PopMatters from 2020 that you said “writing is a muscle”. I think that is very true. Many people get the idea that inspiration just comes naturally to some people, when it actually requires training. After decades of writing music, how do you personally train that muscle ? 

Raul Midón : By doing it all the time. I call it “creating space”. You have to tell yourself “I am going to spend an hour and a half doing nothing else but writing”. No matter what. Whether I write one line or ten or nothing. Sometimes, nothing good comes out of it, but the point is to do it. Even when I’m on the road, I write ideas, I journal. Even when I’m not in a position to record. 

LFB : And I feel like the more you do it, the more you will find inspiration in unexpected places. 

Raul Midón : Absolutely. You can’t just wait for inspiration. Sometimes it comes, you’re sitting on the train and think “oh, that is what I wanted to say”. But most of the time, it’s just about making the space.

LFB : I know you love to experiment and explore. Whether it be with the way you approach instruments, techniques, genres. Musically, what is the next big thing you want to explore ? 

Raul Midón : I am thinking about doing an anniversary edition of State of Mind, which came out twenty years ago. Also, I grew up with a kind of Argentinian music called Folklore. It is not as famous as Tango, but it is the first music I loved as a kid. Before Rock’n’Roll, before Jazz, before anything. It is a rootsy folk music that is very drum-based. They use an instrument called bombo and the charango. It’s a very deep fountain of inspiration for me and I never really incorporated it into my music. I had done some in my album A World Within A World, in the songs Caminando and Tembererana. But I am thinking about doing a project in which I really get deep into that. Write songs in English with that flavor. Kind of like what Paul Simon did with Graceland and The Rhythm Of The Saints, which are amazing records. If you do it right, it works. It’s not just about mixing something with something else. It’s like cooking, you have to get the right mixture.

LFB : It’s interesting to see that what you want to explore is actually going back to the source of what you’ve loved in music. 

Raul Midón : Yes, absolutely. I really want to see if I can find a combination that feels good, interesting and new. A lot of people think that there is nothing new in music anymore. And that is not true. There are a lot of things that haven’t been done. Because of the commercial pressure. The more corporate things get, the more people want to put new music in specific bins. And I understand that people want to know what to expect, on the radio for instance. But for us creators, that can get really boring. 


LFB : I understand. And in a way I find it reassuring to know that a lot of artists like you are interested in pushing the boundaries of musical genres.

Raul Midón : I actually find that in France a lot. On the radio, I hear some African influences – from Morocco or Algeria for instance. It’s very interesting. This is also why I find it so disturbing what is going on with immigration right now. Having different cultures come together is what makes the world fun. Of course, we are different and don’t have the same customs. But to me that is what it’s all about to be human. It makes me think about Richard Bona for example, who comes from Cameroon and is such an interesting artist. We actually played a few times in France together, and in a trio with Manu Katché.

LFB : And you will also be coming to France very soon to present your new album. What are you most excited about for this tour ?

Raul Midón : The really good croissants in the morning. I’m not joking, I’m really looking forward to that, I love French food [laughs].

LFB : That is a good reason to be excited ! [laughs] I’m really looking forward to your show in the New Morning in Paris on November 21st. Thank you so much for making the time to do this interview, Raul.

Raul Midón : Thank you very much, it was a pleasure.