Après déjà presque dix ans de carrière, des albums de qualité et quelques tube icôniques, les Américains de Real Estate – aka le groupe avec le pire référencement du monde – reviennent avec un nouvel album: The Main Thing.
Qu’on se le dise, atteindre dix ans de carrière ce n’est pas donné à tous les groupes. Être aussi stable en termes de qualité musicale non plus. Le groupe nous propose donc quatorze titres pour nous emmener d’un bout à l’autre du rêve. On retrouve les caractéristiques sonores qui nous ont fait tomber amoureux de ce boys band, entre sons très propres, tempos dansants et arrangements oniriques.
Ce qui est intéressant dans ce nouvel opus, c’est le message. Contrairement aux précédents opus, le groupe a ressenti le besoin de partager ses inquiétudes concernant le monde dans lequel nous évoluons. Dérèglement climatique, accentuation des inégalités… sans devenir militant, le groupe s’ancre dans une époque où l’anxiété environnementale n’a jamais été aussi forte. L’exercice est cependant maîtrisé et on sent qu’il ne résulte pas d’un choix mais d’une spontanéité naturelle. C’est ainsi que l’on retrouve cette dualité entre forme rêveuse et fond cauchemardesque dans l’esthétique visuelle des artworks et des clips, direction qui colle à merveille avec les origines mélancoliques du groupe.
Et pourtant. Pourtant, dès les premières notes de Friday on se sent transporté, comme porté par un nuage de douceur au cours de l’écoute de ce disque. Malgré quelques dissonances ici et là placées comme des rappels, on ne quitte jamais cet état de sérénité. Quelques pépites sont à noter, du tube pop Paper Cup à la balade instrumentale de clôture Brother, pleines de cette atmosphère vaporeuse et sucrée dont on se sera tant délectée pendant 48 minutes.
En ces temps troublés et qui illustrent à merveille les dysfonctionnements évoqués par Real Estate, le groupe semble avoir été un oracle des troubles qui nous attendaient. Espérons cependant qu’il ne soit pas trop tard pour que nous puissions continuer à profiter de The Main Thing, et, pourquoi pas, de dix nouvelles années de Real Estate.