Dans la galaxie des groupes de musique qui émergent de l’underground, Crack Cloud brille d’une lumière singulière. Ce collectif canadien ne se contente pas de faire du punk : il transforme ses expériences de vie en une œuvre musicale profondément immersive. Leur nouvel album, Red Mile, est un voyage sonore intense, où chaque morceau résonne comme un cri de résilience et de guérison. Entre chaos et harmonie, Crack Cloud repousse les limites du genre tout en racontant des histoires qui touchent au cœur. Préparez-vous à une exploration musicale unique en son genre.
Beaucoup voient Crack Cloud comme un groupe de musique canadien avec des influences britanniques alors qu’ils sont bien plus que ça.
Crack Cloud est un collectif d’environ quinze membres, réunis par des expériences de vie marquées par la lutte contre l’addiction et les troubles mentaux. Ils se sont rencontrés dans des programmes de rétablissement, que ce soit en tant que patients ou employés. Ils ont trouvé dans la musique un moyen de se soigner ensemble. D’ailleurs, leur leader, Zach Choy, décrit Crack Cloud comme un healing mechanism (mécanisme de guérison), ce qui correspond parfaitement à leur démarche. D’autant plus que leur logo, un point d’exclamation, était utilisé par Concerned Children’s Advertisers, une série de messages de prévention pour les enfants sur des sujets comme l’abus de drogues, la pression des pairs, ou encore les violences, diffusés à la télévision canadienne des années 1990 au milieu des années 2000.
Ensemble, ils prennent ce qui pourrait ressembler à du punk désordonné et en font une véritable symphonie.
Chaque son et chaque mot sont remplis d’émotion et de sens. Chaque chanson montre leur capacité à surmonter les épreuves. L’auditeur est plongé dans un univers musical où la guérison émerge d’un chaos harmonieux. Des morceaux comme Tunnel Vision et Ouster Stew illustrent parfaitement ce mélange de rythmes frénétiques et de mélodies complexes. Le résultat est un effet à la fois hypnotisant et introspectif. Alors qu’avec Crackin’ Up, le groupe se distingue par des paroles marquantes et une énergie brute. Ce titre exprime les luttes intérieures et les moments de libération. Quant à Virtuous Industry et Costly Engineered Illusion, ces morceaux abordent des thèmes plus sombres. Leurs guitares dissonantes et leurs percussions intenses accompagnent des récits de désillusion et de quête de sens.
Leur album Red Mile est un excellent exemple de ce punk chaotiquement symphonique, C’est un voyage sonore où leur créativité rencontre une narration personnelle. Ils ont créé des paysages sonores à la fois complexes et mélodiques.
On retrouve l’influence évidente des Clash, surtout avec des morceaux comme Straight to Hell aux rythmes proches du reggae. Il est aussi difficile de ne pas penser à Joe Strummer en écoutant la voix de Zach Choy. Des touches de guitare rappellent également MGMT (Little Dark Age) ou Arcade Fire (The Suburbs). Les guitares, claviers et sons électroniques croustillants, mélangés à des rythmes curieux tout en conservant le style unique du groupe, font de Red Mile un album qui mérite d’être écouté. Malgré que certains accords de guitare peuvent sembler flous et frénétiques, mais ils ajoutent un certain charme à la musique. Avec le mélange de claviers, de guitares et d’harmonies vocales stylisées, accompagnés d’effets sonores flottants et de percussions légères, Crack Cloud crée un mélange théâtral de pop et de rock qui rappelle Bodega et les premiers albums solo de Brian Eno.
Red Mile : un puzzle de 8 pièces.
Cet album se démarque des autres car il ne contient que huit chansons, mais dure tout de même 45 minutes. C’est bien différent des doubles albums qu’on voit souvent aujourd’hui. Malgré sa courte durée, il ne nous laisse pas sur notre faim. Red Mile se distingue par la variété et la profondeur de ses morceaux, chacun apportant quelque chose de spécial à l’ensemble. Chaque chanson est comme une pièce de puzzle. Elle contribue à un ensemble sonore où les émotions et l’innovation musicale s’entrelacent pour former un tout cohérent et engageant. C’est un album à écouter au-delà du digital, car le numérique rend trop facile l’utilisation du bouton « skip ». Même s’il s’agit d’un album qui peut être écouté peu importe l’humeur, il mérite aussi d’être écouté attentivement.
Red Mile regorge de pépites, avec Lack of Lack, qui commence par une guitare et une basse hypnotiques, complétées par un saxophone envoûtant et une voix granuleuse. Ainsi qu‘ Epitath, qui apporte une touche de douceur avec une mélodie légère. Un morceau avec une voix féminine chaleureuse, accompagnée d’une voix masculine qui semble arrogante mais est en réalité pleine de vulnérabilité.
Le reste de l’album continue de nous surprendre avec des morceaux tout aussi forts. Ballad of Billy se démarque par son côté plus narratif. Ses paroles racontent une histoire empreinte de mélancolie et de réflexion. La mélodie, accompagnée de guitares légères et d’une rythmique discrète, crée une ambiance presque cinématographique, nous embarquant dans un voyage intérieur. Lost on the Red Mile est une autre pièce maîtresse de l’album. Des rythmes hypnotiques et des sons complexes s’y combinent pour créer une impression de perte et de recherche intérieure. Ce morceau capture parfaitement le mélange de chaos et de beauté qui caractérise le groupe.
En conclusion, Red Mile est un album qui mérite d’être écouté en entier.
Chaque morceau raconte une partie de l’histoire du groupe. Crack Cloud ne se contente pas de faire de la musique : ils transforment leurs expériences de vie en une oeuvre collective. Avec cet album, ils montrent que la musique peut être à la fois une forme d’expression artistique et un moyen de guérison. C’est un album à écouter sans modération, que l’on soit fan de punk, de rock expérimental, ou simplement curieux de découvrir une oeuvre authentique et profondément humaine.