Avec Étrangers, Rémi Parson nous dévoile, entre artichaud et camembert, un peu plus la trame de son nouvel album Pour un Empire à paraitre le 19 novembre sur le label Isolaa Records. Après l’intense Les Sentiments paru en septembre, Étrangers en est le deuxième extrait.
Nous retrouvons dans ce nouvel opus synth-pop les éléments qui composent sa signature musicale. Une production au rendu minimal, où s’entremêlent les instruments. Elle confère au morceau une impression d’aspect monolithique. La musique nous parvient en bloc. Mais en y prenant attention nous devinons la multitude des sons qui la composent. Tout est dans le détail et non dans le global.
La voix de Rémi Parson se positionne, elle aussi, en retrait. Elle ne se détache pas mais, au contraire, se fond dans l’enveloppe sonore. Comme s’il cherchait à dire les choses pudiquement, sans trop se dévoiler. Une façon de faire qui relève de la même démarche que celle des compositions de Marion Brunetto de Requin Chagrin, même si le style diffère. Pour autant, la voix de Rémi Parson est douce et enveloppante, toute en rondeur, elle tient plus d’Etienne Daho que d’Alain Bashung.
L’absence de mélodie forte est loin d’être négative. Elle incite à notre esprit à s’égarer et à être plus réceptif car moins dirigé. C’est un morceau qui s’écoute, qui se ressent et dont nous appréhendons la force au fil des écoutes. C’est alors que nous comprenons la liberté qu’elle nous offre, celle de se l’approprier. Après un break et avant de finir, le morceau reprend de manière instrumentale, empreint d’une synth-pop plus sereine. A nous de composer le dernier couplet, car forcément nous en avons un à poser tant le thème – simple lui aussi – est universel.
Ce sentiment que nous éprouvons au moment de tourner une page de notre vie. Les bons souvenirs se mêlent à ceux, moins bons, qui forgent les regrets. Les moments anodins du quotidien d’alors nous reviennent en mémoire sans que l’on puisse de nouveau les raccrocher à ce que nous vivons dorénavant. Ces petits rituels ne trouvent plus leurs raisons d’être.
Mélancolique, désabusé ou déçu, on ne sait pas trop. Peut-être un peu tout à la fois. Ce thème est celui d’une absence qui se crée et qui peut se décliner selon l’accroche sentimentale soit à une personne, un évènement ou un lieu.
Rémi Parson après plus de dix années passées à Londres est revenu vivre à Paris. Si loin, si proche, il avait certainement vécu la capitale anglaise avec l’excitation de la découverte et le bouillonnement des idées qu’il devait s’en faire. Le retour dans le contexte du Brexit (sujet déjà évoqué lors une collaboration avec Requin Chagrin – Brexit – publiée en 2017) a forcément laissé une amertume qui mettra du temps à s’édulcorer, un arrière-goût des choses inachevées. Inachevées non pas parce que l’on pas su mais parce que l’on a pas pu les réaliser.
La vidéo réalisée par Delphine Bost-Parson, illustre avec subtilité cet état d’esprit, ce spleen que l’on ressent à voir notre environnement bouleversé. Des images, simples, mettent en scène Rémi Parson stoïque, étranger à ce qui se passe et sur lequel les sentiments semblent perler comme les gouttes d’une pluie anglaise sur un imperméable. L’arrière-plan proche fait que notre regard se bloque, qu’aucun échappatoire n’est possible. Les souvenirs prennent corps associés à des victuailles, des choses simples. Puis les images se décomposent, se dédoublent, se superposent. L’instabilité nous indiquant que cette anamnèse peut être vécue de différentes manières. A partir du break de fin, le décor change. Le huis-clos disparait au profit d’un paysage urbain nocturne. Et même si les images apparaissent floues, l’horizon est bien présent. Nous sommes sortis. A nous d’avancer et de trouver un nouveau chemin.
Avec Étrangers, Rémi Parson partage avec élégance son ressentit, sa sensibilité et ses espoirs. Allez écouter en exclusivité son nouveau titre en attendant de découvrir son troisième album Pour un Empire fin novembre.