Du 15 au 17 août, on a participé à la 57e édition du Grand Concours Hydro-Québec du Festival international de la chanson de Granby remporté par Adam El Mouna, et on en a profité pour rencontrer Naïma Frank et Céréales Dauphin, demi-finalistes de l’édition, afin de connaître leurs impressions sur le concours et la façon dont ils et elles vivaient l’expérience.

La Face B : Comment ça va Naïma ?
Naïma Frank : Ça va bien, merci, mais je suis un peu stressée, fébrile, même, genre un peu dans l’extinction, puis de « oh my god », j’ai hâte !
LFB : Oui parce qu’à l’heure où on parle, ton passage pour la demi-finale, c’est ce soir.
Naïma Frank : Oui.
LFB : Et c’est quoi ton état d’esprit là, actuellement ?
Naïma Frank : Je me sens vraiment déroutée parce que, tu sais, j’ai fait plusieurs shows cette année, mais c’est la première fois que je vais jouer sans mes musiciens. Mais c’est un beau défi.
LFB : Comment ça tu joues sans tes musiciens ?

Naïma Frank : Parce qu’il y a un houseband en fait. Pour le concours, chaque personne est accompagnée du houseband. C’est très cool, ils m’ont amené un nouvel arrangement, comme une nouvelle vibe. Fait que c’est vraiment différent, puis ça me permet d’explorer différemment.
LFB : Cette année, c’est le deuxième concours que tu fais. Comment tu gères ça ?
Naïma Frank : Ce qui est pratique avec les Francouvertes, c’est que c’est au début de l’année, donc j’ai eu le temps de m’en remettre. Mais là, les concours, c’est bon, c’est assez, c’est quand même stressant, mais c’est cool parce que ça me permet d’apprendre, de rencontrer des gens et de faire connaître mon projet. Mais je suis vraiment très contente de les avoir faits. Puis aussi, ces deux concours sont vraiment différents dans leur identité artistique. J’ai vraiment été surprise d’être prise, je pensais que c’était plus des personnes seules avec une guitare et très chanson qui étaient prises. Moi, c’est très « prodé » ce que je fais, et c’est très dansant.
LFB : Est-ce que, que ce soit toi seule ou alors avec tes musiciens, tu as un rituel avant d’entrer sur scène ?
Naïma Frank : Pas vraiment, mais je pense que je bénéficierais d’avoir un rituel, juste pour avoir un moment où je m’ancre dans le moment. Puis je suis peut-être un peu en l’air. À chaque fois je me dis : “oh mon dieu, ok, il ne reste que 15 minutes”. Mais j’avoue que je prends quand même du temps pour me ressourcer. La dernière fois, au Festival Mosaïque, j’ai pris le temps de prier. Je ne prie jamais, mais c’était plus comme “ok, j’espère que ça va bien aller”. Tu sais, quand je me suis un peu recueillie, ça m’a fait du bien. Je pense que je vais faire ça. Allez, voilà, ça va être mon rituel.
LFB : C’est quoi ton plus beau souvenir que tu gardes du concours du FICG ?
Naïma Frank : Ah, mais j’en ai plusieurs ! Rien que le fait de venir jusqu’à Granby de Montréal avec Marie Chénier et Mathilde de Céréales Dauphin, on a pu apprendre à se connaître à ce moment-là, de jaser sans se connaître, juste de parler de nos projets, de nos univers, c’était vraiment super de ressentir cette authenticité et cette ouverture de leur part. Puis, on a fait des ateliers. Celui avec Martin Goujon, c’était de la présence scénique où on se regardait dans les yeux pendant 7 minutes. C’est long de regarder une personne pendant 7 minutes ! Dans la vie, tu ne fais jamais ça, même pas avec ton chum, même pas avec ta mère ! C’était une vraie expérience, ça a mis en lumière une certaine vulnérabilité humaine. 7 minutes, c’est beaucoup, sans cligner, sans dévier le regard. Au début, tu ris, puis après t’es un peu mal à l’aise, mais au final t’es comme : ok, on peut juste se regarder, on peut se mettre à nu. J’ai adoré ça ! C’était le fun, tu te rends vraiment compte que t’as un humain comme moi devant toi. Il n’y avait plus de masque, de flafla, à vouloir séduire ou prouver quoi que ce soit. Je me disais : il faut que les politiques fassent ça, il y aurait sûrement moins de conflits dans le monde.
LFB : Avec toutes les rencontres que tu as faites et ce que tu as découvert ces dernières semaines, c’est quoi ton projet chouchou du concours ?
Naïma Frank : J’ai vraiment eu un gros coup de cœur pour Sam du projet Lydia Colada. On a fait un exercice la première journée, tout le monde pouvait chanter sa chanson devant les autres et je me suis dit : “wow ! Ça, ça va aller en finale !” C’était tellement touchant, authentique, humain, et il a une superbe voix ! Il y a une honnêteté dans son projet qui est vraiment touchante.


LFB : Qu’est-ce que tu te souhaites pour la suite ?
Naïma Frank : Je vais sortir un album en janvier, donc je me souhaite d’avoir autant de feu et d’énergie que possible pour tenir ce projet-là jusqu’au bout et lui donner toute l’attention et l’importance qu’il mérite. Je le vois comme un enfant. Une fois qu’il va sortir, je veux qu’il vive pour lui, pour le projet.
LFB : La dernière question de l’été : c’est quoi ton souvenir le plus mémorable d’amour d’été et quelle bande sonore tu mettrais dessus ?
Naïma Frank : Avec mon ex-fiancé, on a commencé à faire des dates l’été d’il y a sept ans. On allait jouer sur un terrain de basket d’une école primaire qui n’était pas loin de chez nous. On était juste nous deux. On jouait, je le détruisais parce que lui n’a jamais joué et moi oui [rires] ! C’était vraiment des beaux moments. On parlait, on apprenait à se connaître, on s’aimait. C’était parfait ! Et la musique que je mettrais dessus, c’est Heaven de DJ Sammy.
LFB : On arrive à la fin de cette entrevue, est-ce que tu voulais ajouter quelque chose ?
Naïma Frank : Merci de m’avoir interviewée. Aussi, je trouve que c’est un beau concours et je suis super contente de ce qui s’est passé ici et j’ai hâte à la suite !
LFB : Merci à toi Naïma pour ce beau moment !

LFB : Salut Céréales Dauphin, comment ça va ?
Céréales Dauphin : Ça va super bien, merci !
LFB : Votre demi-finale est ce soir, vous êtes dans quel état d’esprit ?
Mathis [Voix, guitare] : On est très excités, on a vraiment hâte. On a vu tous les shows de cette semaine, on trouve que tout le monde est tellement bon et tellement cool. Nous aussi, on a hâte de montrer ce qu’on a à nos amis, ce qu’on a fait pendant les deux dernières semaines !
Antoine [Batterie, voix] : C’est vraiment de l’excitation, on a hâte, on veut tout libérer et montrer ça au public.
Laurent [Claviers, back vocaux] : Il n’y a pas d’esprit de compétition en ce moment. On a juste hâte de montrer ce qu’on fait parce qu’on est tellement fiers des autres, de ce qu’ils font. Aujourd’hui, c’est à notre tour. Puis c’est juste plaisant de pouvoir faire ça.
LFB : Comment vous gérez ça, le fait de faire un concours pour la première fois ?
Mathilde [Guitare, piano, voix] : C’est assez spécial parce qu’on est habitués à faire des shows avec des gens qui sont là juste pour avoir du fun et être avec leurs amis. Mais là, dans la salle, il va y avoir des juges qui sont là pour nous juger. Et ça, on n’a pas l’habitude. Mais je pense qu’on a décidé ensemble qu’on n’allait rien changer à notre performance. On va avoir autant de fun sur scène et on va donner autant d’énergie. Je pense que c’est ça qui nous aide à vraiment gérer la pression du concours. Voilà.
Mathis : On n’a aucun contrôle sur ce que les juges cherchent et veulent. Donc, pourquoi est-ce qu’on essaierait de se changer ? On montre ce qu’on fait. Si les juges n’aiment pas, tant pis, nous, on aime ce qu’on fait.


LFB : Est-ce que vous avez un rituel avant de rentrer sur scène ?
Adam [Basse, back vocaux] : Quand on a commencé le band, on cherchait un peu quelle tradition on voulait faire. Au début, on faisait de la méditation. Mais là, on a trouvé dernièrement notre rituel qu’on aime le plus. On prend du gingembre cru et on le mange. C’est comme un shoot d’adrénaline, on ne peut pas être plus dans l’instant avec ça. Comme ça, on profite du moment, on est à l’affût.
Mathis : J’ai remarqué que ma réaction avec le stress, c’est que je m’endors. Mais là, le gingembre, ça me réveille. Laurent n’aimait pas ça au début, mais maintenant c’est son rituel aussi !
LFB : C’est quoi votre plus beau moment durant le concours ?
Laurent : Je dirais que c’est la première soirée qu’on a passée ensemble. On venait de se rencontrer et on a eu quelques ateliers pendant la journée, dont un où tout le monde chantait sa chanson devant les autres. C’est là qu’on a découvert l’univers de tout le monde. C’était vraiment touchant, tout le monde se donnait à 100 %. Après ça, on était liés pour toujours, j’ai l’impression. C’est le début de la cohorte FICG 57. C’était beau.
Antoine : J’allais dire la même chose, c’était vraiment marquant.
Mathis : On était quand même dans une petite salle pour le nombre de gens qu’on était. Je trouvais ça fou, le nombre de talents qu’ils avaient réunis dans une salle. C’est quelque chose de tellement spécial qui est arrivé. Tout le monde a son propre projet, qui fait de l’introspection et montre ça. C’était vraiment un moment spécial, c’était comme un grand feu de camp, mais sans le feu de camp, dans une salle de Cégep.
LFB : Est-ce que, dans tous les projets que vous avez découverts cette année, vous avez eu un coup de cœur ?
Mathis : Moi, c’est Lydia Colada. Son spectacle m’a vraiment touché et surpris. Je n’ai pas vu tant de shows de drag, donc je connais moins. Et je trouve que Sam, ses speeches, c’était tellement beau. Ça m’a touché, ça m’a vraiment touché.
Mathilde : Moi, c’est Adam El Mouna. Vraiment, ce gars a une fougue, un désir de vivre à 100 000 % sa vie tous les jours. J’admire tellement ça ! Je pense que je l’ai jamais vu triste ou pas heureux pendant les deux semaines qu’on était ensemble. Et sur scène, il a tellement une belle présence, une présence théâtrale qui te donne envie de voir encore une heure de son show. Je sais pas s’il va lire cet article, mais s’il fait un show à Montréal, c’est sûr que je vais le voir.

Antoine : Moi aussi, Adam El Mouna. C’était spectaculaire de le voir s’ouvrir comme ça. Je me doutais que sa prestation allait être comme ça, mais ça m’a impressionné tout pareil de le voir pour de vrai. Ça m’a laissé sans mots.
Laurent : Moi, je dirais que mon projet chouchou, c’est Thomas Ariel. Dans la dernière année, j’essaie de plus en plus d’écouter les paroles. Avant, j’étais quelqu’un qui écoutait beaucoup de musique sans porter attention au texte. Pis je trouve que chacun des mots qu’il dit me touche et a de la valeur. Je trouve ça vraiment intéressant ce qu’il fait. Il a un style country qui est plus associé à la droite politiquement, mais lui en fait quelque chose de revendicateur, honnête et beau.
Adam : C’est difficile parce qu’il y a beaucoup d’artistes qu’on aime beaucoup. Je dirais un artiste coup de cœur, mais aussi parce que ça m’a surpris, parce que je ne savais pas à quoi m’attendre. Ça a été Maud Lou. Son énergie sur scène était juste incroyable. Elle était à l’aise. C’est comme si elle était née sur scène. Elle m’a captivé dès qu’elle a commencé dans son univers très pop, mais avec son style. J’ai beaucoup aimé.
LFB : Qu’est-ce que vous souhaitez pour la suite ?
Adam : C’est une drôle de question parce que justement, on se parlait de ça récemment. Tout l’été, on se disait : « Ah, c’est bientôt Granby ! » Mais c’est la fin de l’été. On s’est un peu concentrés sur ça, mais on sait que notre prochaine étape va être d’écrire plus de musique et de solidifier vraiment ce qu’on veut être et ce qu’on veut montrer à tout le monde plus tard, montrer qui est Céréales Dauphin.
Mathilde : Après Granby, on se lance vraiment sur l’écriture d’un EP parce qu’on a juste deux chansons de sortie en ce moment. Notre prochain projet, c’est vraiment une sortie de quelque chose d’un peu plus long qu’un single. On a déjà commencé l’écriture et il faut continuer ça. Dans la prochaine année, on a l’intention d’enregistrer.
Mathis : On ne planifie pas de faire la tournée des concours en ce moment. Ce n’est pas ça, notre plan. Mais Granby, c’était vraiment un concours marquant. C’était un incontournable. Pour un premier concours, je pense que c’est le meilleur pour commencer.
LFB : Dernière question de l’été : c’est quoi votre souvenir d’amour d’été le plus marquant et c’est quoi la bande-son que vous mettriez dessus ?
Laurent : Moi, je dirais que cet été, on a relevé des défis. On a toujours des défis, bien sûr, mais on a passé beaucoup de temps les cinq ensemble. Je pense que ça nous a fait découvrir de nouvelles interactions entre nous, de nouveaux défis qu’on va surmonter, puis on sait qu’il y en a d’autres plus compliqués, mais qu’on a une amitié qui reste là. Pour moi, mon plus beau souvenir, c’est ça : l’amour entre nous. La chanson que je mettrais, c’est Le stade de Fredz. J’adore cette chanson. On a atteint un stade, mais d’amitié. Là, on a encore du chemin à faire, mais on dirait qu’on a atteint un niveau et qu’on va essayer d’aller toujours plus haut.
Mathis : Il y a quasiment 5 ans, j’étais dans un camp de jour. J’ai rencontré ma copine là-bas. Mon nom de camp, c’était Mocha, puis elle, c’était Matcha. Je trouvais déjà que ça nous faisait un point en commun. À la base, j’avais juste un petit crush en mode : ça serait drôle. Ça a fini que ça fait 5 ans qu’on est ensemble maintenant, c’est quand même fou. Notre chanson, c’est Love de Keyshia Cole.
LFB : Merci beaucoup d’avoir répondu à mes questions.
Céréales Dauphin : Merci à toi !