A l’occasion du festival des FrancOff, nous sommes allés rencontrer Chasing Foxes, groupe rock tout droit venu d’Angoulême. C’est sur la terrasse du Batiscaphe, quelques instants avant leur concert, que nous avons discuté passion de la musique, listening parties et scène locale angoumoisine. Faites connaissance avec ce groupe à la blague facile.
La Face B : Comment allez-vous malgré les heures de route ?
Flavien : Ça va, un peu fatigués du trajet.
Alan : On a bien roulé.
Antoine : On est content de jouer ici dans ce bar.
LFB : C’est la première fois que vous jouez à La Rochelle ?
Antoine : Oui ! C’est très beau.
LFB : C’est aussi la première fois que vous jouez aux FrancOff.
Flavien : Oui ! On a reçu l’invitation, c’était rigolo parce qu’on ne s’y attendait pas du tout.
Antoine : On y avait postulé mais il y a longtemps, je pense qu’en février ou un truc comme ça on avait envoyé deux trois mails. Il n’y a pas eu de réponse donc vas-y, c’est bon, on sera jamais sélectionnés, et au final si.
LFB : Comment vivez-vous le retour des festivals, des concerts ?
Alan : C’était mieux quand on était enfermés chez nous et qu’on ne faisait pas de musique.
Antoine : On jouait à des jeux vidéo toute la journée et on mangeait mal.
(rires)
Flavien : Non c’est hyper cool de revoir du monde, de revoir l’activité, même nous on va voir plein de concerts. Donc avant tout c’est ça. On va voir pas mal de rock sur Angoulême. Rejouer c’est un bonheur, on adore jouer, on adore être sur scène, je pense que comme tous les connards de musiciens, on dit la même chose, on adore rencontrer notre public, notre communauté bien sûr : les Chasers.
(rires)
Antoine : Non, non, on ne va pas les appeler comme ça !
LFB : Vous avez sorti The Sun en avril, vous le défendez donc dans tous les concerts ?
Antoine : On a sorti le premier single en avril et un mois plus tard l’EP entier.
Alan : C’est trop cool. On est ravis de le défendre, on est contents parce qu’en plus ce sont les premières chansons du groupe.
Flavien : On est hyper contents de cet EP. En plus, il y a un retour qui est assez cool, qui est très cool même. Le retour est vraiment très bon donc en soi c’est vraiment un plaisir et puis jouer sur scène, j’espère que ça sonne comme ça sur scène. J’espère que les autres morceaux qui n’ont pas été enregistrés le seront peut-être vite et puis en plus, je pense que tout est dans la même gamme et sonne, c’est bien représentatif de ce qu’on veut. Je suis content de l’EP et la release était mortelle. A cause du Covid on a décalé la sortie de l’EP deux fois en partie à cause de ça et ce soir là, c’était vraiment une libération de sortir l’EP, tous les Chasers étaient là…
Antoine : C’est pas du tout officiel ce nom hein !
(rires)
Flavien : C’était vraiment une belle soirée.
Alan : On est aussi très contents de jouer un peu, d’aller chercher d’autres publics, d’aller dans d’autres villes, essayer de voir ce que ça donne. C’est sûr qu’en release, ça reste dans un comité qu’on connaît un petit peu quoi, c’est le Angoulême qu’on connaît.
LFB : Comment est la scène à Angoulême niveau rock ?
Flavien : Elle est hyper vivante, elle est hyper variée, mais surtout, elle est hyper solidaire. On en a parlé avec d’autres groupes d’autres villes qui n’étaient pas d’accord, mais Angoulême n’est pas du tout dans un genre de compétition, c’est vraiment très solidaire. On se file les plans, on se file les infos, on essaie de s’entraider. Les bons lieux comme celui-ci par exemple, on en parle.
Antoine : C’est très intéressant. En plus, il y a de la scène locale qui fait jouer des groupes nationaux assez intéressants, donc on va avoir plein de trucs.
LFB : Elle est principalement rock cette scène à Angoulême ?
Alan : Ouin principalement.
Antoine : Après il y a St Graal qui n’est pas rock mais plutôt chanson, pop. Il est d’Angoulême.
Flavien : Il y a peu de groupes pas rock à Angoulême, ou alors ils ne sont peut-être pas autant portés. C’est peut-être le défaut, la scène rock est très présente, mais peut-être plus que les autres, même si il y en a quand même. Il y a des groupes très rock et très cool qui jouent. Nous on est très contents de là-bas.
Antoine : La SMAC défend cette idée de scène un peu locale, on a pas mal d’ateliers qui sont organisés pour rencontrer des gens, des attaché.e.s de presse.
Flavien : Comme tout le monde, ils veulent se rapprocher des gens de chez eux et mettre en avant les artistes locaux.
LFB : Quelle est la scène que vous avez le plus aimé faire depuis le retour ?
Flavien : La release et le tremplin de la SMAC locale. C’était un peu un rêve de gosse. Mais la release, c’était vraiment devant notre public, la sortie du projet, on était vraiment à fond. Il y avait tous les gens que l’on aime qui étaient là. Il y avait Dirty Shade avec nous, qui est un autre groupe local, qui joue pas mal aussi. St Graal était derrière nous pour le côté un peu turn up. C’était cool, une grosse soirée, des moments de vie, des moments où on a rigolé avec les gens.
Antoine : On aime bien quand c’est un peu intense, c’est cool d’avoir d’abord un retour et voir le public. On aime bien être dans le dur, quand les gens vivent un truc qu’il y ait un échange. Assez égoïstement, on adore jouer sur une bonne scène avec un public qui nous connaît un peu. C’est un bon moment franchement. Depuis que l’EP est sorti, c’est le kiff.
LFB : Est-ce que vous avez déjà eu des moments où ce n’était pas du coup le kiff, où le public n’était pas trop avec vous ?
Flavien : Avant, on avait tous un autre projet dans notre coin, et l’accueil de la musique n’était pas le même. On essayait de se défendre mais on a vraiment senti une vraie différence depuis ce projet là. C’est vraiment la première fois que les gens nous ont écoutés comme ça, ils nous ont dit “ah ouais on ne savait pas que vous étiez capables de jouer ça, que ça envoie autant, que ce soit aussi carré”. Il y a vraiment une grosse différence depuis qu’on a les Foxes, franchement. Même pendant le Covid, parce qu’en fait on a commencé et 5 mois après il y avait le Covid. On avait commencé les répétitions et on s’est retrouvés enfermés chez nous. On peut pas se voir, la SMAC est fermée, là vraiment le bonheur est maximal quoi.
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Flavien : On écoutait des albums, on se calait sur Skype et puis on lançait un album ensemble au même moment et on le commentait. On est passé par un événement anglais aussi, où le chanteur des Charlatans, un groupe de rock anglais qu’on aime beaucoup, faisait les Tim Burgess listening parties. Tout le monde sur Twitter lançait un album en même temps et puis souvent les musiciens commentaient sur Twitter les morceaux, pistes après piste, en direct, et on a découvert plein de groupes d’Anglais. Ça nous a permis de nous forger, de définir ce qu’on avait envie de faire et comment le faire parce qu’on s’inspire beaucoup des années 60-90, mais de voir aussi un axe pour faire évoluer tout ça.
LFB : Pouvez-vous me parler de votre pochette d’EP ?
Antoine : On cherchait des photos un peu cool, et puis franchement du bricolage. On ne savait pas trop où on allait et on a changé de DA, petit à petit, et on est tombés sur une photo un peu stylée. Et puis j’ai fait plein de choses sur Photoshop, dans tous les sens, et c’est ressorti comme ça. On voulait représenter ce qu’il y avait dans notre musique, c’est-à-dire solaire, le côté énorme, gigantesque, l’avion, le building. Que ce soit un peu aéré, illuminé.
Alan : Ce building représente un peu l’ambition, très motivant. Une dimension un peu grandiose.
Flavien : C’est une imagerie qui nous parle dans ce qu’on peut écouter, genre Oasis. Dans la même DA que le rock des années 90-2000, qui nous parle beaucoup.
Antoine : Un rendu marquant et puis grandiose.
LFB : Elle vient d’où cette photo ?
Antoine : C’est un artiste danois et on l’a trouvée sur un site qui met à disposition des photos d’artistes qui les mettent dessus et qui sont libres de droit. Tu ne peux juste pas faire en sorte que l’image brute sans modification soit utilisée à des fins commerciales. Tu peux la modifier comme tu veux, la licence part du postulat où, lorsque tu mets une photo dessus, si elle devient une pochette de CD ou de livre sans modification, elle n’est plus considérée comme l’œuvre principale. C’est hyper cool, parce que ça permet aux artistes d’avoir de la visibilité sur certaines œuvres qu’ils peuvent faire.
Le building, c’est le Rockefeller Building.
LFB : Ça représente quoi pour vous le renard ?
Ensemble : Absolument rien !
LFB : Je me rends compte qu’il y a pas mal de groupes qui ont Fox(es) dans leur nom.
Flavien : Un jour on créera le Foxes festival, il y aura nous, Stuffed Foxes, Mad Foxes, Fox and Warren. Les gens habillés en renard gagneront une place gratuite.
Antoine : Non mais on pourrait traduire ça par “chasser les habitudes”.
Flavien : On a pris Chasing Foxes parce que l’expression nous plaisait et parce que ça faisait un peu Rolling Stones. On voulait un nom qui sonne un peu années 60. Mais c’est vraiment du hasard pour tous les autres groupes.
Alan : Quand on a choisi le nom, tout de suite les retours c’était “ah mais vous faites comme tout le monde” et c’est après qu’on a découvert qu’il y avait plein de groupes avec le mot Foxes dedans.
Flavien : La première remarque que Charline m’a faite c’est “mais vous avez monté un groupe de blues ?”
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LFB : Qu’est-ce qui vous a donné envie de faire de la musique ensemble tous les quatre ?
Flavien : Le fait de ne pas avoir d’argent.
Flavien : Ce qui nous a donné envie de faire de la musique, c’est la musique elle-même. On a tous nos albums de cœur, je suis tombé dans le heavy metal quand j’étais plus jeune, puis après dans le grunge, dans les trucs beaucoup plus britannique, les Beatles. Après au bout d’un moment, c’est une habitude, une partie de toi, une évidence. Là on joue 10 morceaux, il y en a 190000 qui attendent d’être sortis, parce qu’on écrit tout le temps. Je suis toujours étonné par ce que j’écoute. Je me dis, putain, mais c’est trop ça le truc du moment. Là j’ai écouté l’album de Turnstile et je me dis que c’est dingue, ce n’est pas du tout ce qu’on fait, mais je me dis que tout ceux.celles qui ont envie de faire de la musique, faites de la musique; même si c’est pas bien en place, même si c’est bâclé, même si vous faites des trucs parce que… je sais pas, tu vas peut-être sortir un truc trop bien. Les gens ne s’y attendaient pas. Ca m’a fait ça pour Turnstile, Buzar buzar buzar, un groupe anglais, ça m’a fait ça pour Catfish and the Bottlemen. Tu as l’impression que c’est nouveau, mais en même temps de l’avoir toujours entendu. Ca fait déjà partie de toi avant que tu écoutes. Je me dis putain, c’est une évidence. J’aime trop quand la musique me fait ça. Oui, je pense que c’est pour ça que je fais de la musique, parce que c’est devenu une habitude et parce que ça me surprend toujours.
Alan : D’entendre tout ça, tu as un peu envie d’en faire aussi.
LFB : Moi je trouve ça dingue qu’il y ait toujours de la nouveauté après tout ce qui existe et ce qui a existé en musique.
Flavien : Il y aura toujours un mec pour te dire mais si, machin il l’a fait d’abord. Tu vois, lui il l’a rendu cool, et il fait que les gens écoutent, c’est trop cool. Donc même les Libertines, c’est rien de plus que les Beatles joué fort et bien bourré aussi. Ca joue bien, et même quand ça joue mal c’est joli quand même, c’est mystique les Libertines pour ça.
Flavien : Entre nous, on se surprend, il y a Alan qui arrive avec un riff, on se demande d’où ça sort, toi tu vas jouer une de base à la Arctic Monkeys, et puis moi je vais faire un chant à la Blur dessus.
LFB : Quel est votre meilleur souvenir de concert en tant que spectateur ?
Muse au Stade de France, le dernier, c’était fat. Pour le son, pour le groupe, pour l’ambiance.
Flavien : Moi j’ai vu Vald aux Vieilles Charrues c’était dinguissime, les Libertines, c’était trop bien. J’ai vu Jake Bugg on était 2000, et derrière moi il y avait 100 000 personnes qui attendaient pour Louane.
Le meilleur du meilleur, Muse. Tu sais que tu payes ta place pour Disneyland, tu sais que tu vas pas être dans le truc, il a pas une guitare acoustique et il est pas à 10 mètres de toi. Mais c’est Disneyland, il y a des feux d’artifice comme quand tu vas voir Rammstein. Tu es là pour ça, bien sûr que tu as pas la même sensation que de voir Jake Bugg devant 2000 personnes et que le mec est là et que c’est trop bien.
Antoine : Moi ça doit être M, ici aux Francofolies, c’était mon premier concert rock, à 10-15 ans, mon premier vrai concert de festoch, et j’étais comme un dingue. Après sinon il y a l’époque quand j’étais ado, j’écoutais beaucoup Skip the Use, qui malheureusement maintenant est bien différent et je les ai vu en concert à la Nef. On était 1000 personnes au lieu d’une capacité de 700-800, c’était incroyable les murs étaient humides, mon t-shirt était flingué, j’étais mineur en plus, j’avais 17 ans. Le plus incroyable c’était l’espèce de truc qu’il y avait dans la salle, plutôt que la musique en elle même.
Alan : Le public joue aussi beaucoup, parce que moi je sais qu’entouré que tu es dans l’ambiance. Les gens sont vraiment à fond. Tu vis pas la même expérience. Au Hellfest il y avait Jerry Cantrell, le guitariste de Alice in Chains, et on a eu beaucoup de plaisir parce que tout le monde était comme des ouf autour, c’était incroyable.
Alan : Et par contre, sans forcément parler du public d’ambiance, il y avait Comeback Kid, que je ne connaissais pas, et que j’ai vu Hellfest. C’était trop bien, un groupe de hardcore bien vener.
Alan : Lysistrata au festival de La Motte, c’était ouf. Il y avait des arbres partout, c’était dans une forêt. C’est encore une autre expérience. En fait, ça dépend des contextes d’expérience.