Nous avons eu l’honneur d’interviewer l’un des deux frontmen d’une figure de proue de la techno britannique : Karl Hyde de la mythique formation Underworld. Au programme : leur vie de groupe, leur collaboration avec Iggy Pop et leurs nouvelles ambitions avec Drift.
Version anglaise plus bas / English version below
La Face B : Tout d’abord, qu’est-ce qui te vient à l’esprit quand tu penses à la France ?
Karl Hyde : Ce que je pense de la France ? C’est très intéressant… J’ai un trou là… Je pense que la lumière est d’une qualité très différente ici, en particulier à Paris, je pense que c’est dû aux tuiles sur les toits des immeubles, aux reflets du ciel, et cette espèce de teinte bleue dans la lumière.
LFB : Comment réussis-tu à trouver de nouveaux challenges après presque 40 ans de carrière ?
KH : C’est en restant avec mon partenaire Rick. C’est ce genre de mec très visionnaire qui voit le potentiel dans les personnes et les aide à libérer ce potentiel. Il est très stimulant.
LFB : On m’a pourtant dit que vous vous ne vous entendiez vraiment pas…
KH : Quand j’y repense, je ne pense pas qu’on se soit très bien entendus la plupart du temps qu’on a passé ensemble mais on aimait faire de la musique ensemble donc on est tombés d’accord sur le fait qu’on avait pas besoin de s’apprécier pour faire de la musique ensemble.
LFB : Donc vous êtes juste des collègues.
KH : En fait, nous sommes des confrères qui se lancent des défis pour trouver de nouvelles solutions, mais c’est intéressant parce que je l’ai toujours su, même… Tu vois, quand j’avais genre 19-20 ans, je regardais les autres artistes plus ou moins vieillir et ralentir et donc rentrer dans une zone de confort, et il n’y avait que très peu d’artistes qui, en vieillissant, gardaient la vitalité et la curiosité qu’ils avaient à 20 ans, et j’ai en quelque sorte compris que ça allait être mon plus gros défi, vraiment, de rester en contact avec cette même passion et ce sens de la recherche que j’avais en école d’art à 19 ans. Et c’est travailler avec Rick qui fait ça, tu ne peux juste pas te reposer (rires). C’est génial !
LFB : Qu’est-ce que ça te fait d’être populaire auprès de plusieurs générations ?
KH : Hmm, cette grande chaleur… Tu sais, c’est bizarre, très bizarre. Genre, ma fille joue dans un groupe, elle a 21 ans maintenant, mon autre fille a 19 ans et elles adorent Underworld et je leur demande “Pourquoi ? C’est quoi votre problème ? » et leurs réponses m’emballent. Je veux dire, je sais pas, toi dis-moi. J’en suis extrêmement reconnaissant parce que je n’ai jamais voulu être l’un de ces groupes que seuls les vieux aiment.
LFB : C’est parce que vous avez un telle influence, genre tout ceux qui aiment l’électro vous connaissent, on vous considère un peu comme les pionniers.
KH : C’est cool mec. C’est très sympa.
LFB : Oui, les pionniers de cette vibe, cette vibe britannique… D’ailleurs, j’adore votre remix de Leave Home [des Chemical Brothers].
KH : Oh oui, on est amis depuis longtemps, on était sur le même label, tu vois, Junior Boy Zone, au début. Puis ce sont de très très bons gars, des mecs vraiment sympas.
LFB : Ils ont l’air.
KH : Ouais, je veux dire, Ed [Simons] vient souvent à nos concerts et Tom est déjà venu à nos concerts en salle. Ce sont des gens bien, ce sont des amis et ça me rend vraiment heureux de voir qu’ils continuent à très bien s’en sortir. C’est cool.
LFB : Est-ce que tu te sens nostalgique d’une époque en particulier ou…?
KH : Non, je suis pas fan de la nostalgie, je suis fan de maintenant.
LFB : Si tu pouvais changer quelque chose au cours de ta carrière, ce serait quoi ?
KH : Hmm, écouter mon partenaire Rick beaucoup plus tôt, l’encourager et lui donner les moyens de nous diriger bien avant. Oui, vraiment, parce que c’est ce qu’on fait maintenant et c’est la période la plus enthousiasmante et la plus ambitieuse de notre vie créative, c’est ce que j’aurais dû faire bien plus tôt.
LFB : Même sur les deux premiers albums… (Les deux premiers albums étaient beaucoup plus orientés synthpop/new wave que les suivants, ndlr)
KH : …ce sont de très bons disques mais il travaillait toujours à partir du peu que je lui donnais et il devait ensuite essayer de produire ces disques – ils font partie de mes préférés, ces deux premiers albums et ils sont particuliers pour plein de raisons différentes – je partais toujours en premier et je le laissais seul dans le studio pour qu’il finisse les disques, tu vois, à essayer de tirer quelque chose des petits bouts que je lui laissais. Du coup, ces disques et leur qualité sont le témoignage de sa technicité et de sa capacité à travailler souvent seul, mais maintenant ça a changé et on est désormais deux à ne plus pouvoir dormir (rires).
LFB : Y a-t-il un morceau ou un album dont tu es le plus fier ?
KH : Pas que j’en suis le plus fier mais il y a un morceau qui émeut ma fille et moi-même aux larmes, parce qu’il parle d’une période extrêmement sombre à laquelle j’ai survécu, c’est Dirty Epic. Et elle l’adore aussi, sans doute pour les mêmes raisons, parce qu’elle a aussi un côté sombre en elle. Mais à chaque fois qu’on le passe, j’en ai les larmes aux yeux parce que le paysage qu’il dépeint est assez sombre, et pourtant j’ai survécu, donc tant mieux.
LFB : Qu’est-ce que ça t’a fait de collaborer avec Iggy Pop?
KH : Ah, passionnant ! Enfin, je connais Iggy depuis 1991, j’ai joué très brièvement dans le groupe de Debbie Harry, j’étais le guitariste et on a fait toute une série de festivals cette année, sur la même tournée qu’Iggy Pop et son groupe. Je voyais Iggy passer progressivement de James Osterburg à Iggy Pop et j’ai été inspiré par son honnêteté, sa sincérité passionnelle et le fait qu’il se lâche sur scène, donc j’ai senti que ça devait être mon point de repère s’il y avait un autre Underworld, qui finalement est devenu un autre Underworld. Puis des années plus tard, Rick a été le directeur musical de Trainspotting 2 et Danny Boyle a suggéré une collaboration entre Underworld et Iggy Pop pour le film. Donc Rick a fait quelques démos avec Iggy dans notre chambre d’hôtel mais ça n’a jamais abouti pour le film. Donc il avait ces morceaux avec lui et il a proposé à Iggy d’en enregistrer quelques unes supplémentaire et m’a inclus dedans. Donc on s’est retrouvés dans une autre chambre d’hôtel et tout le monde s’est vraiment bien entendu. C’est un homme adorable, très intelligent, tu vois.
LFB : Puis il est curieux.
KH : Toujours curieux, oui. Les gens ne comprennent pas à quel point il est brillant et intelligent, puis c’est un improvisateur incroyable. On était en studio et (il sort ses carnets) – j’écris tous les jours dans ces carnets, j’ai des bibliothèques de carnets comme ça et je peux improviser sur n’importe quoi, il faut juste que tu me trouves quelques mots et je pourrais improviser sur ces mots. Iggy improvise à partir de rien à l’exception de ses souvenirs et ses souvenirs sont incroyables, il pouvait compiler des choses dans sa tête, comme dans le rap avec le freeform. Je lui ai demandé comment il faisait et il m’a juste répondu : “ça a toujours été comme ça”. J’adore être en sa compagnie. On a passé du temps, tous ensemble, à Miami, et en sa présence ma façon d’écrire a commencé à changer, c’est vraiment curieux.
LFB : J’ai une baguette magique et je peux ramener quelqu’un à la vie juste le temps d’une collaboration…
KH : Miles Davis. Pas de débat.
LFB : Comment avez vous eu l’idée de sortir un morceau par semaine, avec le projet Drift?
KH : Oh, il y a plein de raisons. Mon partenaire Rick, sa vision pour répondre à la question de comment tu libères, comment il peut libérer les capacités, la technique, les talents, les passions, obsessions de tout le monde… comment tu peux libérer tout ça et rassembler nos forces, ensemble, parce qu’ensemble on fait du bien meilleur travail, ensemble on trouve des solutions qu’on ne peut pas trouver seuls. Et aussi, tu sais, je lui ai plus ou moins dit que je ne voulais plus faire d’albums : c’était ennuyeux. Et lui aussi m’observait en quelque sorte : je publie depuis 20 ans un journal sur Internet et je communique directement avec les gens depuis 20 ans, je poste tous les jours sur Instagram quand je suis dans un café et… Internet est devenu un formidable endroit pour publier, pour faire de l’art… vraiment formidable! Et ça fait 20 ans que je fais ça.
LFB : Du coup, c’est comme si chaque morceau de Drift était une sorte de page du journal.
KH : Oui exactement. Et aussi, ce côté instantané de pouvoir faire quelque chose, de le publier tout de suite et que le monde entier soit au courant… Cela devenait vraiment destructeur d’attendre genre 3 ans pour faire un album, sur lequel il y a 10 morceaux, on en parle ensuite et au bout de 3 semaines tout le monde l’a oublié, alors que Rick de son côté, commençait à se passionner pour des choses comme Netflix. Tu sais que tu peux avoir une série comme The Wire ou Game of Thrones et les découvrir sur la saison 6, ça n’a aucune importance, il n’y a pas besoin d’être là au tout début et tu peux tout re-découvrir tout ce que tu as loupé et continuer. Bref, les albums ça ne marche pas comme ça donc comment faire pour élaborer un procédé comme sur Netflix ? Donc il a eu l’idée d’une série et si on promet au monde entier qu’on va sortir quelque chose toutes les semaines pendant 52 semaines, c’est une promesse et on ne peut pas revenir en arrière, on n’a pas le droit de sortir d’excuse, de dire “je suis un peu fatigué aujourd’hui”, tu vois ? Et ça veut aussi dire que… on a toujours été très très éclectiques, on a toujours aimé tous les styles de musique, donc avec quelque chose comme 52 semaines de musique, tu sais que tu ne pourras pas te cantonner à un style, tu ne ne peux pas dire “ok, on va sortir que de la techno” parce que des fois tu n’as rien de bon en tête [pour ce genre de musique]. Tu as ce morceau choral, tu as ce morceau de jazz et c’est vraiment magnifique donc travaillons là-dessus jusqu’à ce que ce soit excellent puis publions-le donc Drift Series 1 – parce qu’il y a Series 2 et Series 3… – parle de tout ce paysage du monde d’Underworld, de tout ce qui nous intéresse et nous passionne et on y retrace notre histoire, c’est de la techno, mais aussi de la musique de film, la musique d’exposition, de la musique pour des pièces de théâtre, pour des livres, de la poésie, des films, de la photo… Et toutes ces choses dont on meurt d’envie d’explorer, toutes ces choses, c’est Drift.
LFB : Si tu étais un auditeur, ces 7 CD…
KH : …je suis vraiment content que tu comprennes ça, tu es la seule personne [de la journée] à avoir compris ça. Ce que j’ai à dire, c’est que le disque seul est juste un sampler, et tu es la première personne qui l’a compris. Le coffret, c’est l’album, les 7 CD, c’est l’album. Merci beaucoup. Désolé, quelle était ta question ?
LFB : Si tu étais un auditeur, comment écouterais-tu ces 7 CD pour tirer le meilleur de cette expérience ?
KH : Je pense que, vraiment, on comprend et adhère à des choses comme les playlists… Avec Spotify, les gens écoutent de la musique sur des appareils et c’est vraiment comme ça que tu en écoutes. Tu en écoutes en marchant dans la rue, ou en trame de fond, comme tu le souhaites… c’est le streaming. Pour quelqu’un comme moi… Je suis obsédé par l’achat de choses physiques, je vais chez un disquaire et j’achète des vinyles parce que j’ai des platines, j’achète des CD parce que j’ai une bibliothèque. Mais je comprends que la plupart des gens écoutent de la musique en streaming. Drift est fait pour ça. Le coffret est destiné aux gens qui, comme moi, veulent quelque chose de physique, et il y a un livret fantastique qui va avec mais Drift est aussi pour maintenant, pour tout de suite. Voilà une chose qui s’est passée avec Drift : on a sorti plus de choses en 12 moins que ce qu’on en sort normalement en 10 ans, donc la façon dont nos concerts ont pu changer dépasse l’entendement. On peut faire un concert différent tous les soir désormais. On n’a jamais, jamais pu faire ça avant. Avec un album, on ajoute peut-être un morceau à notre live, donc c’est un nouveau morceau tous les 3 ans. C’est un peu ennuyeux… Tu vois, maintenant on peut faire un concert différent tous les soirs, et les gens connaîtront les morceaux, c’est vraiment excitant !
LFB : Quel groupe ou artiste récent t’inspire le plus ?
KH : Il y a des gens comme Faze, qui a collaboré avec moi, qui est phénoménal et on refera sans doute de la musique ensemble, c’est un compositeur et un DJ super talentueux. Et tu as de jeunes groupes – il se connaissent plus ou moins tous – comme Black Country New Road, Jockstrap, Black Midi… La musique londonienne a l’air vraiment passionnante.
LFB : Enfin, quel est ton guilty pleasure ?
KH : La nourriture, ouais, la nourriture. Quand Underworld est en tournée, nous mangeons dans des endroits plutôt géniaux. Une tournée d’Underworld c’est un peu une tournée de très bons endroits où manger, et ça n’a pas besoin d’être cher, ça peut être de la street food.
LFB : Ouais, en fait je me demandais plutôt quelle musique était ton guilty pleasure (rires).
KH : Oh! (rires) Il y a ce morceau que j’écoute beaucoup, de Sun Kill Moon. Je l’écoute à chaque fois que je suis dans l’avion, l’avion décolle et je mets ce morceau. Lost Verses.
La Face B: First, what comes to your mind when you think about France ?
Karl Hyde: What I think about France? That’s really interesting… My mind’s got blank… I think that the light has a very different quality here. I think it’s to do with, particularly in Paris, I think it’s to do with the slates on the roofs of the buildings, reflects of the sky, and this kind of blue tinge to the light.
LFB: How do you manage to find new challenges after almost 40 years of career?
KH: It’s really by staying together with my partner Rick. He is a very visionary kind of guy who sees the potential in people and helps release that potential. He’s very challenging.
LFB: I heard that you really did not get on well…
KH: When I look back, I don’t think we got on very well for much of the time we’ve been together but we liked making music together, and so we agreed that we didn’t actually have to like each other to make music together.
LFB: You’re just colleagues.
KH: Well, we’re kind of fellow artists who challenge each other to find new solutions but it’s interesting because I always knew that even… You know, when I was like 19-20 I would watch other artists kind of get older and slow down and get kind of safe and comfortable, and there were very few artists that got old and still had that vitality and curiosity that they had when they were in their twenties, and I kind of realised that this was gonna be my biggest challenge, really, to remain in touch with that same passion and that sense of searching that I had when I was in art school, at 19 years old. And that’s what working with Rick does, you just can’t get relax (laughter). Which is great!
LFB: How does it feel to be popular amongst several generations?
KH: Well, this great warmth… You know it’s weird, it’s really weird. Like my daughter, she’s in a band, she’s 21 now, my other daughter’s 19 and they’re into Underworld and I kind of say “Why? Why would you do that?” and their answers excite me. I mean, I don’t know, YOU tell me. I’m extremely grateful because I never wanted to be one of those bands that just old people like.
LFB: It’s because you’ve been, like, so influential, like everyone who’s into electronic music basically knows you, you were like pioneers.
KH: It’s great, man. That’s really nice.
LFB: Yeah, pioneers of that vibe, that British vibe… By the way, I love your remix of Leave Home [by the Chemical Brothers].
KH: Oh yeah, we’ve been friends for a long time, we were on the same label, you know, Junior Boy Zone, in the beginning. And they’re good, they’re good guys, really nice guys.
LFB: They seem to be.
KH: Yeah, I mean Ed [Simons] comes to our shows a lot, and Tom [Rowlands] has come to theatre shows. They’re good people, they’re friends and it makes me very happy to see them still doing very well. It’s great.
LFB: Do you feel nostalgic about a particular era or…?
KH: No, I’m not a fan of nostalgia, I’m a fan of now.
LFB: If you could change something during your career, what would it be?
KH: Hmm, listening to my partner Rick a lot sooner, supporting him and empowering him to direct us a long time ago. Yeah really, because that’s what we’re doing now and it’s the most exciting and challenging period of our creative lives, which is I would’ve done a lot sooner.
LFB: Even on the first two albums…
KH: …they are great records but he was always making the records onto what little I gave him, and he would have to try make these records – they’re amongst my favourite records, those first two albums and they are special for lots of different reasons – he was always deserted and left in the studio to finish records, you know, trying to make things out of kind of scraps. So those records and the quality of them are a testament to his skill and ability to often work alone and now that’s changed and both of us don’t get any sleeps now (laughter).
LFB: Is there a song or an album that you are the most proud of?
KH: Not that I’m the most proud of but there’s a song that both my youngest daughter and I always move us to tears, because it talks about an incredibly dark time that I have survived, it’s Dirty Epic. And she loves it too, possibly for the similar reasons, because she quite has darkness in her too. But every time we play it, I am moved to tears because the landscape that it paints is quite dark and yet I survived, so it’s good.
LFB: How did you feel about collaborating with Iggy Pop?
KH: Ah, exciting! Well, I’ve known Iggy since 1991, I spent a very short time in Debbie Harry’s band, being the guitarist and we did a whole bunch of festivals that year on the same tour as Iggy Pop and his band, and I used to watch Iggy transform from James Osterburg into Iggy Pop and I was inspired by his honesty and his passionate sincerity and abandon on stage and I felt that it had to be the benchmark I called on if there was another Underworld, which became another Underworld. And many years later, Rick was the musical director of Trainspotting 2 and Danny Boyle suggested a collaboration between Underworld and Iggy Pop for the film so Rick made some demos with Iggy in our hotel room and they never made it the film so he had these tracks and he suggested to Iggy to record some more and they included me and we met in another hotel room and everybody got on so well. He’s a lovely man, very intelligent you know.
LFB: And he is curious…
KH: Still curious, yeah. People don’t understand how bright and intelligent he is, and an incredible improvisor. We would be in the studio, and (taking notebooks out of his pocket) – I write everyday in these notebooks, I have libraries of these notebooks, I write everyday and I can improvise of anything, just show me some words and I’ll improvise with these words. Iggy improvises with nothing except his memories and his memories are incredible, he would edit things together in his mind, it’s like freeform for rap. I asked him how he does that and he just said: “that’s the way it’s always been”. And I like being around him. We spent some time Miami, all of us together and just being around him my writing started to change, it’s just curious.
LFB: I’ve got a magic wand and I can bring someone back to life just for a collaboration…
KH: Miles Davis. No question.
LFB: How did you come up with the idea of releasing a song per week, with the Drift Project?
KH: Oh, lots of reasons. My partner Rick, his vision for answering this problem of how do you release, how can he release everyone’s ability, skills, talents, passions, obsessions… how can you release all of that and force us together because together we make much better work, together we find solutions that we can’t find apart. And also you know I just kind of said to him I didn’t want to make albums anymore, it was boring. He was kind of watching me as well, and I’ve published a diary on the Internet everyday for 20 years and I’ve communicated directly with people everyday for 20 years, I Instagram everyday from cafés and… The Internet has become a very exciting place to publish, to make art… so exciting! And I’ve been doing that for 20 years.
LFB: It’s like every track from Drift is a kind of a page of the diary.
KH: Yeah exactly. And also that instantaneous way that you can make something and publish it now and the world knows it… It was becoming so destroying to kind of wait 3 years to make and album that had 10 tracks on it and then you talk about it and 3 weeks later everyone have forgotten it whereas Rick was getting excited by things like Netflix. You know you could have a series like The Wire or Game of Thrones and discovering series 6, it didn’t matter, you didn’t have to be there from the beginning and you could re-discover all that you’d missed and continue. Well albums aren’t like that so it’s like how can we create a process that is like Netflix? So he came up with the idea of a series and if we make a promise to the world that we are going to release something every week for 52 weeks, that’s a promise so that means that we can’t back out, we can’t come up with excuses, say “I’m a bit tired today”, you know? And it also means… we’ve always been very very eclectic, we’ve always loved all genres of music, so something like 52 weeks of music, you know you can’t be genre-specific, you can’t say “Ok, we’re only gonna release techno” because sometimes you’ve got nothing good. You’ve got this choral piece or this jazz piece and that’s really beautiful so let’s work on that until it’s excellent and release that so Drift Series 1 – because there’s a Series 2 and a Series 3 – talks about the whole landscape of the world of Underworld and all of our interests and passions and you look back over our history, it’s techno but it’s film music and it’s gallery music and it’s music for plays and books and poetry and films and photography… And all of these things that we’re hungry to explore, Drift is all of the things.
LFB: If you were a listener, with the 7 CDs…
KH: I’m so glad you understand that, you’re the first person [today] to have understood that. I have to say, the single thing is just a sampler and you’re the first person that’s understood that. The box set is the album, the 7 CDs are the album. Thank you so much. Sorry, what’s your question?
LFB: If you were a listener, how would you listen to those 7 CDs to make the best of the experience?
KH: I think, really, we understand and embrace things like playlists… On Spotify, people listening to things on devices and that’s really how you listen to it. You listen to it walking down the street or in the background, like you would… it’s streaming. For someone like me… I’m obsessed with buying physical things, I walk into a shop and I buy vinyls because I’ve got turntables, I buy CDs because I’ve got a library of stuff. But I also understand that most people listen to things with streaming. Drift is for that. The box set is for people who, like me, want something physical and there’s a fantastic book that comes with it and also Drift is for now, it’s for right now. Here’s a thing that happened with Drift : we’ve released more material in 12 months than we normally release in 10 years so our live shows have been able to change beyond recognition. We can do a different show every night now. We’ve never been able to do that ever, ever. With an album, we add maybe one track to the live show, so that’s a new track every 3 years. It’s kind of boring… You know, now we make a different show every night, and people will know the tracks, that’s really exciting!
LFB: Which recent band or artist does inspire the most?
KH: There’s people like Faze, who collaborated we with, who’s phenomenal and we’ll be making more music with Faze for sure, he’s a super talented composer and DJ. And you’ve got young bands – they all kind of know each other – like Black Country New Road, Jockstrap, Black Midi… The London music seems very exciting.
LFB: Finally, what’s your guilty pleasure?
KH: Food, yeah food. When Underworld tour we eat in some pretty great places. An Underworld tour is like a tour of great places to eat, and it doesn’t have to be expensive, it could be street food.
LFB: Well, actually I was rather wondering which music was your guilty pleasure.
KH: Oh! (laughter) There’s one track I listen to a lot by Sun Kill Moon. And I listen to this every time I’m on a plane, and the plane is taking off and I put this track on. Lost Verses.