Entre deux dates de tournée en France et à l’étranger, on a eu le temps d’attraper Miel de Montagne dans un café parisien pour qu’il nous parle un peu de la sortie de son nouvel album, Ouin Ouin. Devenu reconnaissable avec son univers musical coloré et sensible, sa musique électro va résonner à l’Olympia le 16 mai.

La Face B : Alors d’abord, comment ça va ?
Miel de Montagne : Je suis au top ! Je vis ma meilleure vie. Bon, là, je n’ai pas beaucoup dormi parce qu’on a joué à Mario Kart jusqu’à tard. Attends, je crois que j’ai une photo. On a un peu retourné la chambre d’hôtel pour faire un salon de Mario Kart. On a mis tous les lits pour faire une énorme banquette. Je ne sais pas, on s’est fait happer par le jeu. On a fêté les deux concerts qu’on a eus, et du coup, on a du repos et on a fait un peu la fête. Donc fatigué, mais très heureux. Mais de toute façon, la fatigue me rend heureux. La meilleure des défonces.
LFB : Tu as sorti ton album le 4 avril.
Miel de Montagne : Tout à fait.
LFB : C’est ton troisième album.
Miel de Montagne : Yes.
LFB : Ça fait quoi de sortir un album, une nouvelle fois ?
Miel de Montagne : Ca fait grave plaisir. Franchement, ça me rend heureux. J’avais oublié qu’en fait, sortir de la musique, c’est ce qui me fait du bien. Ça a mis trois ans à sortir, ce nouvel album, mais pour moi, c’est plus cinq, six mois. Je me suis concentré, en tout cas, à faire ce disque il y a cinq mois. Et avant, j’étais dans la tournée. Je vivais des trucs, des histoires.
LFB : Des histoires à raconter.
Miel de Montagne : Ouais, je vivais ma vie de tournée, je ne faisais pas tant de musique que ça. J’étais dans d’autres trucs.
LFB : J’ai vu que tu as fait la pochette toi-même.
Miel de Montagne : Ouais ! Comme tout ce que je fais.
LFB : Trop bien. Qu’est-ce qui t’a donné l’idée de titre ?
Miel de Montagne : Justement, c’est la première fois que je trouve un titre pour un disque. Enfin, qui n’est pas en référence à un morceau. Le premier était éponyme et le fait d’avoir ce titre en moi, ça m’a guidé sur la cover. Parce que j’avais la couleur, j’avais la vibe. Il y avait un fil rouge. Et j’ai grave kiffé. C’est comme ça. Du coup, j’avais l’impression de m’amuser dans un terrain de jeu que j’avais créé.
LFB : Et pourquoi Ouin Ouin ?
Miel de Montagne : Parce que j’ai ouin ouin beaucoup et il fallait mettre ces larmes quelque part. Elles se sont retrouvées sur ce disque directement. Mais même visuellement, parce qu’on a fait une série limitée de vinyles où, le yoke, on appelle ça, c’est un peu le macaron du vinyle, il est transparent et, en fait, chaque vinyle est unique parce qu’il y a comme une larme de peinture, c’est trop beau. Franchement, c’est un des plus beaux vinyles que j’ai faits. Enfin, de mes trois albums, celui-ci, vraiment, j’en suis trop, trop content.
LFB : En parlant de larmes, les musiques sont bonne ambiance, pour la plupart, joyeuses mais les paroles ne disent pas la même chose. C’est fait exprès, la dissonance ?
Miel de Montagne : Ce n’est pas fait exprès, ce n’est même pas réfléchi. Je fais un peu tout spontanément et c’est ce que j’avais envie de raconter quand j’ai fait la musique. Mais par contre, c’est sûr que je me suis un peu forcé. Pas forcé, mais j’avais, vraiment par nostalgie, envie de retrouver les mêmes sensations que j’avais en faisant le premier disque. Avec un truc très spontané, assez simple. Des morceaux un peu courts. J’avais envie de retrouver cette vibe dans laquelle j’étais quand j’avais plus proche de la vingtaine.
Alors que là, je suis plus autour de la trentaine. Et avec le deuxième, j’avais essayé d’autres choses. J’avais envie de revenir à un truc un peu plus spontané. Plus électronique. Mais par contre, le texte, je pose des mots qui font écho à ce moment-là. Et justement, c’est ça qui est bien. Il n’y a pas forcément d’explication. En tout cas, je ne suis pas dans des concepts, je suis vraiment dans un morceau, il veut dire un moment de ma vie et plus je fais d’albums, plus il y a de moments de vie.
LFB : Tu dirais que ce disque retranscrit qui tu étais ces derniers mois ?
Miel de Montagne : C’est pour ça que j’ai envie de faire de plus en plus de musique, c’est un peu comme des photos pour moi. De temps en temps, tu te fais un petit diaporama.
LFB : Du coup, ce que tu racontes dans le disque, ce sont des trucs qui t’ont marqué, qui te sont arrivés…
Miel de Montagne : Je m’inspire de la vie réelle, après, on essaye d’aller un peu plus loin que le réel pour kiffer. Mais tu vois, ça me fait penser à Stromae, ses textes sont hyper dépressifs et pourtant sa musique ont fait danser le monde entier. Pour moi, il n’y a pas de règles, de toute façon dans l’art il n’y a pas de règles. Je ne me suis même pas posé la question.
LFB : Le 16 mai, un Olympia ?
Miel de Montagne : Yessaï.
LFB : Tu es stressé, content ?
Miel de Montagne : Je ne suis pas stressé, mais je suis très content. À un moment, j’avais la pression, je pense que c’était avant de commencer la tournée. En fait, je me disais : « Je fais un Olympia mais je n’ai pas de live ». C’était hyper stressant. Parce que tu te dis, attends, je fais un Olympia mais je n’ai jamais joué ce nouveau live, les nouveaux morceaux, je ne sais pas comment ils réagissent.
Et là, on est au sixième concert de la tournée et je vois que tout le monde chante les nouveaux morceaux, donc ça m’a rassuré. Dès le premier show, je me suis en fait déstressé. Parce qu’on a bossé à fond sur le live. T’es content de ton travail, t’es moins stressé. Tu kiffes plus à chaque note. Du coup, non, je ne pense pas que je serai stressé à l’Olympia, juste je pense que je serai très excité. Il va falloir gérer ces émotions-là pour ne pas me faire emballer par une excitation douteuse. Mais voilà, c’est tout.
LFB : Tu vas faire du crowdsurfing ?
Miel de Montagne : Il va y avoir du crowdsurfing obligatoirement. Je pense qu’il y a des gens qui ne comprennent pas que c’est vraiment un bordel et qu’il y a des slams et qu’il y a des pogos. Et parfois, il y a un public qui est trop statique. Donc voilà, tenez-vous prêts les gars. Les vieux au fond et les jeunes devant, merci (rires).

LFB : Après la tournée, tu vas te reposer ? Qu’est-ce que tu vas faire ?
Miel de Montagne : Non, non, je me repose plus, c’est fini le repos. Je n’ai pas besoin de repos en plus parce que là, je suis dans un bon mood. L’énergie de l’album, elle est trop bien. Mon entourage est trop bien. Que des professionnels. Que des gens chauds et ça fait du bien. Franchement, la vibe est bonne. Donc je vais pouvoir le faire tant qu’il est chaud. Et ouais, j’ai envie de faire un morceau de studio, dès que j’ai du temps pour aller faire du studio. Faire des nouveaux trucs.
LFB : Est-ce que tu pourrais me parler de l’histoire d’un des morceaux, si tu veux ? Nouveau départ, par exemple ?
Miel de Montagne : Ah, Nouveau départ ? Je crois que l’histoire de ce morceau, c’est peut-être la plus triste. Dans le sens, il n’y a pas vraiment d’histoire. C’était plus un mood que je recherchais. Et ça m’a fait du bien parce que chaque album est un peu une nouvelle vibe. Et j’ai remonté tout un nouveau live avec de nouveaux musiciens. J’ai aussi un peu fait le tri dans mes relations. Il y a eu beaucoup de ruptures, amicales, amoureuses.
Je pense que ces paroles faisaient énormément écho à ça. Et il y avait un nouveau start, mais tout en gardant et en chérissant le passé. Ça me fait trop du bien de chanter ce morceau en live. Et je suis revenu à un truc aussi, avec mes basses électroniques. En fait, ce morceau m’a fait du bien. Il m’a lancé dans l’album, je pense. Il y a ce morceau et Je plonge. Je plonge et Nouveau départ. Ces deux morceaux ont été faits un peu à la même période. Il y avait une cohésion et ça m’a lancé dans l’album. Donc en vrai, c’était vraiment les prémices, le squelette de l’album, ces deux morceaux.
LFB : Tu dirais que c’est quoi ta patte musicale ?
Miel de Montagne : Je ne sais pas, c’est une question hyper vaste. Des fois j’ai l’impression d’être en mode Philippe Katerine, genre foncedé. Parfois, j’ai l’impression d’être en mode rockeur indie français, ou alors j’ai l’impression d’être hyper pop électro. C’est un mélange de tout ça. Et là, il y a du dub sur l’album. Un peu tout. Parfois j’écoute un Flavien Berger, je suis là « vas-y moi aussi j’ai envie de faire ça ». Mais en fait, je fais ce qui me passe par la tête, après je pose ma voix, donc il y a une unité. Mais ouais, franchement, je pense qu’il faut pas trop expliquer le truc. Je pense qu’il faut me rencontrer et après tu captes. En fait, je suis plus une personne qu’un style.
LFB : Et pour finir, ce serait quoi les artistes, les albums qui t’ont inspiré ces derniers mois, semaines ?
Miel de Montagne : Qu’est-ce qui m’a inspiré ? Ah si, j’ai écouté Rallye. Ça m’a inspiré. Je suis allé aussi voir une vieille pote à moi qui s’appelle Oklou. Je suis allé voir son show et ça m’a inspiré parce que j’étais dans mon début de tournée et ça m’a fait du bien de voir des trucs comme ça. Après pareil, Biga*Ranx, ça m’a inspiré. Je parle beaucoup de trucs français parce que j’en écoute beaucoup en ce moment. J’essaie de m’intéresser, chose que j’ai jamais faite. J’écoute plutôt de la musique américaine ou canadienne d’habitude, mais là j’écoute de plus en plus de la musique française. Donc ça fait kiffer.
LFB : Et quelle est ta musique préférée en ce moment ?
Miel de Montagne : J’écoute un reggae là. New Age Steppers. Excellent. C’est du dub. J’écoute du reggae dans la rue, ça me fait trop de bien. Parce que la dub, c’est vraiment une musique que je ressens. Je n’étudie pas techniquement la musique. Parce que quand on fait, parfois, on est dans un rapport d’analyse plutôt, il a mis tel effet, il a fait tel truc. Alors que la dub musique, je ne sais pas, ça me détend dans la ville. Ça me relaxe, ça me fait trop de bien cette musique. En ce moment j’écoute ça.
Si ça se trouve je vais finir par faire que du reggae et ce sera tout aussi bien. De toute façon, je fais ce qui me rend heureux, donc on verra bien. Mais bon, en vrai, j’adore faire danser les gens. Et le reggae, ça danse. Mais c’est un autre mood. En tout cas à Tourcoing, quand j’ai joué le dub, ça s’est cramé des gros buzz là (rires). Ça me faisait trop marrer d’avoir cette vibe.
LFB : Merci beaucoup !
Miel de Montagne : Merci à toi, et à la Face B !