Nina Battisti : « Je ne peux pas être plus sincère, parce que là, je le fais de mon mieux »

On a rencontré Nina Battisti dans un café pour discuter de la sortie de son EP Le Cabaret des Pleurs. Sourire aux lèvres, elle nous parle de ses débuts dans la musique. On a parlé confiance en soi, industrie musicale et de Barbara !

© Romane Leo Marsault

La Face B : Bonjour Nina ! Comment tu vas ?

Nina Battisti : Ça va super et toi ?

LFB : Ça va ! Comment tu te présenterais à ceux qui ne te connaissent pas ?

Nina Battisti : Chaque fois, cette question, je me demande comment je vais répondre, alors qu’en soi je sais comment me présenter. Mais bon, allons-y. Du coup, je m’appelle Nina Battisti, je suis auteure, compositrice, interprète. J’ai débarqué à Paris à 17 ans, avant je vivais en Corse pour vivre de ma passion, c’est-à-dire la musique. J’ai toujours composé, j’ai fait le conservatoire classique très jeune et ensuite j’ai continué à faire des chansons. J’ai commencé quand même à composer à 8 ans, ça a été très très tôt. Je me suis dit « je crois que je kiffe bien faire ça », et puis à 17 ans je suis partie de Bastia pour venir à Paris et sortir des singles à droite à gauche. Et là je viens de sortir mon premier EP, Le Cabaret des Pleurs. Incroyable.

LFB : Si tu devais parler de ta musique en trois mots, lesquels ce seraient ?

Nina Battisti : Je dirais sincère, espoir et mélancolie. Je suis sûre que je vais partir de cette interview, je vais être dans le métro, je vais me dire que j’aurais dû dire autre chose. Mais non, les trois à mon avis sont bien.

LFB : Comment tu vis ton entrée dans l’industrie musicale ?

Nina Battisti : Hyper bien. Hyper bien, pourquoi ? Je vais te le dire, même si tu m’as pas demandé (rires). Parce qu’en fait, je suis entourée de gens super. C’est-à-dire que moi, on m’a toujours dit, attention, le milieu de la musique, c’est un milieu de requin, fais gaffe. J’ai toujours dit que humainement, je voulais m’entourer de gens professionnellement avec qui ça colle de ouf, avec qui je peux être amie. Je sais que je peux créer une relation vraiment humaine, amicale. Donc tous les gens qui m’entourent, avec qui je bosse, c’est mes amis quoi. Je les adore, je les trouve super. Donc c’est pour ça que je vis très bien cette entrée dans l’industrie.

LFB : Génial ! J’allais te demander ce que c’était ton processus d’écriture et de compo, mais du coup j’ai compris que tu composais peut-être plus avant d’écrire.

Nina Battisti : Oui, en fait ça se fait un peu en même temps. C’est-à-dire que je me pose, je compose toujours au piano. Je sors une petite mélodie à la voix, je sors 3-4 accords au piano, et puis c’est à partir de là que je vais commencer à tout structurer ensemble. Mélodie de voix, mélodie piano, structure, structure, et après j’en fais tout le morceau.

LFB : Ok. Tu vas pas chercher dans tes notes des textes ?

Nina Battisti : Non, je suis incapable de faire ça. J’aimerais, mais je n’écris jamais de texte avant de composer, je ne sais pas faire. Je suis trop nulle pour écrire des poèmes. J’aimerais, j’aimerais tellement, mais je ne peux pas si je n’ai pas ma structure mélodique en tête.

LFB : Tu as un peu résumé ça tout à l’heure avec les trois mots, mais ce serait quoi les thèmes que tu abordes le plus dans ta musique ?

Nina Battisti : L’amour, déjà. L’amour de soi, l’estime de soi, la confiance, les doutes, l’angoisse, beaucoup.

Et en fait, c’est très perso. Ça parle de moi, mes angoisses, mes doutes, ma confiance, ça parle de moi, mais dans un but quand même que les gens s’y retrouvent, qu’ils aiment ma musique. Qu’ils se disent, « je ne suis pas la seule à vivre ça », et en plus de ça, quelqu’un peut le chanter, donc il y a de l’espoir.

LFB : Tu n’écris pas trop d’histoires fictives ou de fictions ?

Nina Battisti : Non.

LFB : Tout est inspiré de toi.

Nina Battisti : Oui. Je n’arrive pas à inventer quelque chose, je ne peux pas être plus sincère parce que là, je le fais de mon mieux.

LFB : Tu as sorti ton premier EP le 16 mai dernier. On a adoré ! Qu’est-ce que ça fait de sortir un premier EP ?

Nina Battisti : Franchement, c’est trop bien. Au début, avant qu’il sorte, 2-3 heures avant qu’il sorte, on a fait une sorte de petite release party, c’était sympa. Tu sais, je l’ai tellement bossé avant que je suis en mode « bon, il sort, c’est fait », mais après, il faut faire la promo et tout. Je ne fais pas la fête dès que je sors un single ou à chaque fois que je sors un truc, une nouvelle, une annonce sur Instagram, peu importe. Mais là, c’est vrai que j’ai sorti l’EP et j’étais en mode, c’est sympa de fêter. Et les jours qui ont suivi, j’étais de plus en plus contente des retours. Franchement, je suis entourée de gens super bienveillants. Les gens qui écoutent ma musique, c’est des bébous. Je reçois de plus en plus de messages, des gens que je ne connais pas qui me disent « je t’écoute depuis ce EP, j’ai découvert ça ». Les gens sont devenus gentils. Je suis trop contente. Et vraiment là, je ne peux pas être plus contente de cet EP parce que pour un premier EP, j’ai été le plus sincère possible et la plus vraie. Pour moi, c’est ce que j’aime dans les musiques, dans ce que j’écoute. Pour moi, si je sens que l’artiste est sincère, je vais être d’accord avec. J’aime bien quand les gens pleurent sur leur piano.

© Romane Leo Marsault

LFB : Est-ce que tu peux me parler un peu de Pas trop jolie ? Pourquoi tu l’as écrit et comment tu l’as écrit ?

Nina Battisti : C’était il y a un an et demi à peu près. C’était la période où je commençais un peu à m’immiscer dans l’industrie musicale. Je vivais une période un peu compliquée où j’étais dans une relation qui ne me contentait pas trop. Et puis, je n’étais pas forcément entourée professionnellement dans la musique. Donc, j’étais vachement seule. Je ne me plaisais pas, je n’aimais pas qui j’étais intérieurement. Au moment donné, je trouve des accords plutôt catchy au piano. J’avais envie de composer un truc là-dessus, mais il n’y a rien qui sortait. J’essayais des trucs hyper tristes au piano. Ça ne sortait pas. J’essayais des trucs vachement recherchés, difficiles. Ça ne venait pas. Et du coup, je fais 3-4 accords. Ce sont devenus les accords de Pas trop jolie. Et ça sortait assez naturellement, ce truc de « je ne me sens pas au top professionnellement, physiquement. Je ne me sens pas bien. » Je n’avais pas envie de l’envoyer de cette manière-là. J’ai envie de le dire de manière un peu plus légère. D’avoir ce contraste entre les paroles et la prod.

LFB : Tu avais sorti ton premier single, Peur de vous, en novembre 2022. Qu’est-ce qui a changé depuis ? Est-ce que ta musique, et toi, vous avez mûri ?

Nina Battisti : Il y a tellement de choses qui ont changé ! Là, j’ai l’impression que c’était il y a 10 ans que j’ai sorti ce truc. En novembre 2022, tu dis ? Donc, c’était il y a genre… 1 an et demi, quoi. Du coup, beaucoup de choses. Moi, j’étais un bébé là-dedans, je ne comprenais rien. J’avais envie de sortir un single parce que j’étais en mode « je sens que c’est maintenant que je peux me lancer ». Mais en fait, je ne connaissais rien, ce truc de l’industrie, il faut faire la promo, faire ceci, cela. Je m’inspirais un peu de mes amies. Je m’inspirais beaucoup de mon amie Zélie, qui est une très bonne amie à moi, que tu dois connaître, qui m’inspire d’ailleurs encore beaucoup maintenant. Et je regardais un petit peu ce qu’elle faisait et tout, sauf qu’elle avait déjà signé en label, elle était déjà vachement importée dans le truc. Je me suis dit « putain, mais comment elle fait ? ». Je m’inspirais des artistes plus gros, et il y a tout un truc à faire en fait que je n’avais pas calculé. Je commençais, par contre, et c’est un truc qui n’a pas changé, c’est que je savais déjà où je voulais aller, niveau compo. Je commençais à trouver un petit peu, mais petit à petit, ça s’est construit en fonction des singles que j’ai sortis. Et puis, j’ai vraiment compris qui je voulais être. Après, je pense qu’on change toute notre vie. Mais en tout cas, à l’heure actuelle où je te parle, je sais ce que je veux transmettre dans ma musique. Mais c’est vrai que depuis Peur de vous, mes compo piano-voix ont vachement évolué, je le sens. Je sens qu’il y a un travail musical qui est différent. Je pense que la musique classique m’aide beaucoup aussi, ça m’aide à composer. Je sens simplement que j’ai progressé, donc c’est plutôt bon signe, je trouve.

LFB : Tu parles corse ?

Nina Battisti :.

LFB : Tu ne pourrais pas écrire en corse ?

Nina Battisti : Oh my god, jamais la vie. Non, en plus je sais dire deux, trois expressions que mon père m’a appris quand j’étais petite. Je prenais des cours de corse au collège. Mais moi, j’attendais juste une chose, c’était juste quand on faisait les chants corses à la fin du cours, tu sais, les dix dernières minutes. Les cinquante premières minutes, je dormais, je n’écoutais rien. Et des chants, il y en a des magnifiques, que je ne vais pas te chanter maintenant, c’est hors de question (rires). Je n’écrirai jamais en corse, je pense.

LFB : Tu parlais tout à l’heure de Zélie. Quand tu discutes un peu avec tes collègues musiciens, musiciennes, et par rapport à ton expérience à toi, est-ce que tu sens qu’il y a des différences de traitement dans l’industrie entre les femmes et les hommes en termes de crédibilité, de place ?

Nina Battisti : Clairement. Je ne pense pas, j’en suis sûre. De toute manière, il y a un problème par rapport à l’image. Je n’osais pas me montrer, je n’osais pas montrer ma musique.

On verra si ça change plus tard. On n’est plus dans les années 60, 70, 80. Ce n’est plus la même chose. On évolue avec son temps.

LFB : Est-ce que tu dirais qu’à l’heure actuelle, ou même de manière générale, que ta musique retranscrit qui tu es ?

Nina Battisti : Oui. J’adore cette question. Parce que, comme je disais un peu plus tôt, c’est mes chansons, c’est moi. Je veux que ce soit moi, je veux que ce soit sincère. Et en fait, toutes mes musiques, c’est des étapes de ma vie, c’est mes différentes émotions. Une de mes chansons de l’EP, ça peut être mon moi de novembre dernier. Et une autre, mon moi d’août. Ça va être vraiment tout ce que je vais vivre petit à petit dans ma vie que je vais compacter dans un EP. Une petite capsule temporelle.

LFB : C’est ça. C’est quand ton prochain concert ?

Nina Battisti : Du coup, je fais la maroquinerie le 18 mars 2026, mais je l’ai appris tout à l’heure. Je suis trop contente ! Là, j’ai trop hâte. Je serai stressée dans tellement longtemps, mais en même temps, c’est un accomplissement, c’est une étape encore. Et je suis contente. Je suis émue.

LFB : C’est quoi tes plans pour après ? Pour le futur de ta musique et même de manière générale ?

Nina Battisti : Mes plans, franchement, c’est continuer à être le plus moi-même possible, sincère, garder les pieds sur terre, rester qui je suis, évoluer avec les gens qui m’entourent et continuer de me remettre en question tout le temps, continuer de composer et puis voir où je vais. Je ne sais pas encore, je n’ai pas de plan précis. C’est juste que j’ai envie de faire les choses à mon rythme, de faire les choses bien et de faire les choses comme je sens qu’il y a de mieux pour moi. Et m’écouter le plus possible. Je trouve que c’est hyper important dans ce milieu, de m’entourer de bonnes personnes.

© Romane Leo Marsault

LFB : C’est quoi tes albums classiques ? Un truc vraiment intemporel ? Que tu écoutes souvent ou même que tu n’écoutes pas souvent mais que tu adores ?

Nina Battisti : Alors, un que j’écoute tous les jours, je vais Brûler le feu de Juliette Armanet. Il est excellent. Faut l’écouter.

Le premier album de Zélie. Alors, ce n’est pas parce que c’est ma pote, très honnêtement. Je trouve qu’il est banger. Je l’écoute très souvent. Je trouve qu’il lui va tellement bien.

Ensuite, Véronique Sanson. Non, alors pas d’album, tu vois. Parce que je n’écoute pas un album entier de Véronique Sanson.

Alors par contre, Barbara, j’avoue que je n’écoute plus maintenant. Mais dans la voiture, on avait l’album de Barbara qui est L’Aigle Noir. Et c’est vrai qu’on l’écoutait beaucoup dans la voiture. Je l’ai réécouté récemment. J’écoutais ça il y a 7 ans, 8 ans.

LFB : Tu ne comprends pas les paroles à cet âge-là, non ? L’album est assez dur.

Nina Battisti : Mais je pense qu’au fond, je comprenais parce que j’ai retrouvé des compos à 8 ans. Mes paroles. Mais mon Dieu ! J’ai appelé ma mère, j’ai dit, tu m’as emmené chez le psy à ce moment-là, c’est pas possible (rires). Donc du coup, Barbara, L’Aigle Noir, on est vachement sur ces petits classiques.

LFB : Et là plus récemment, est-ce qu’il y a des artistes qui t’ont inspiré ?

Nina Battisti : Yoa. Je l’adore.

LFB : Merci beaucoup pour cette interview !

Nina Battisti : Merci à toi pour tes questions. J’ai adoré, merci !

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