George Ka : « chaque personne qu’on croise traîne une dose de détails, d’anecdotes, de vécus, d’histoires »

On a rencontré George Ka lors du Printemps de Bourges en avril dernier. L’occasion de parler de son premier album Les rebords du monde, d’écriture, et d’amitié féminine.

George Ka au printemps de Bourges (c) Romane Léo Marsault

LFB : Ça va ? Tu n’as pas le cerveau qui boue ? (Le printemps, pour un.e artiste, c’est aussi un marathon d’interviews NDLR)

George Ka : Ça va. Je suis un peu concentrée. Mais parfois, je sens que j’oublie que je parle… J’ai l’impression de parler à des amis. Alors je commence à raconter des trucs… Et après, je me reprends en me disant « wow, wow, wow » (rires).

LFB : Comment tu te sens ? L’album est sorti il y a deux semaines. Tu commences à avoir un peu de recul sur la sortie ?

George Ka : À peine. Jusqu’ici j’avais l’impression d’être dans une grosse machine à laver. J’ai eu un sentiment de paix quand j’ai rendu l’album, il y a deux mois. On avait fait la couverture, rendu les morceaux et je savais que ça allait sortir. Ça n’était pas encore visible pour le reste du monde, mais je savais que j’avais achevé quelque chose et que j’arrivais au bout d’un cycle. Mais quand ça sort, c’est toujours particulier. Ça faisait trois ans que je travaillais sur ces chansons, et d’un seul coup elles sont accessibles en même temps. Il y a aussi eu un petit sentiment de vide, d’avoir rendu son bébé… Mais c’est finalement très heureux comme processus.

LFB : Avant de parler de l’album, j’aimerais bien qu’on retrace un peu l’itinéraire qui y mène. Tu as sorti un premier EP en 2021. Est-ce que tu as l’impression qu’il y a des choses qui ont évolué chez toi depuis 2021 ? Et peut-être dans ton rapport à l’écriture, comment est-ce-que ça a changé ?

George Ka : C’est assez radical comme changement… Pour ce premier EP, j’ai beaucoup de tendresse et d’affection, mais j’avoue avoir aussi du mal à l’écouter pendant des interviews quand on m’en repasse des extraits…

LFB : Qu’est-ce qui te frappe, en l’écoutant ?

George Ka : Ce sont des textes que j’ai créés parce que je participais à des scènes ouvertes. J’écrivais des textes plutôt fleuves, longs et très explicites, avec beaucoup d’images. Sur le premier EP, je partais du texte, que j’écrivais avec un métronome… J’allais sur Google, je prenais un métronome, je le mettais au BPM qui me semblait bien, et je composais dessus. Il n’y avait pas de notes… Puis, avec la personne qui a produit l’EP, on mettait de la musique autour du texte.

Pour l’album j’ai fait la démarche inverse. Je me suis entourée de Louxor, qui est un producteur qui a travaillé avec Gaël Faye, et pendant plusieurs mois il m’a proposé des mélodies. On a pris un micro, on est allé chez lui, on a mis un autotune, on a fait n’importe quoi dans le micro, on a essayé de trouver un flow. Je faisais du yaourt. Au début, ça n’était pas instinctif du tout. Et puis, le temps a passé, et moi même j’ai commencé à mettre les mains dans la production, à faire mes propres maquettes. J’ai un petit clavier sur lequel je compose un peu à l’aveugle. Je ne connais pas le solfège, mais je retrouve ce que j’ai envie d’entendre en cherchant. Et tout ça a amené mon écriture vers quelque chose de plus chanté… Ce qui implique, avec la lenteur du chant, une nécessité de l’abstraction. J’ai eu besoin d’aller vers une écriture parfois un peu plus suggestive, abstraite, peut-être moins explicite.

LFB : Il y a un clip pour le morceau 2000 ÂMES qui m’a beaucoup touché. Il est en deux parties, avec une première qui est un court métrage dialogué, puis une seconde partie qui est un clip à proprement parler. Pourquoi est-ce-que c’était important pour toi d’avoir cette scène dialoguée en ouverture ?

George Ka : Quand j’écris, je pars souvent d’impressions visuelles. Et même quand j’ai commencé à faire de la musique, c’était avec l’idée de faire des vidéos. J’ai même commencé à en faire avant les chansons… J’ai souvent des idées de courts-métrages, de clips, des idées de scènes. Parfois, je dis que mes chansons, ce sont un peu des voix-off parce que dans ma tête, il y a un film qui se passe en arrière-plan.

Ça faisait très longtemps que j’avais envie de raconter cette histoire de deux amies en colocation. Elles savent que ça n’est pas le modèle de vie le plus courant. Que dans l’acception collective, ça n’est pas une chose durable, mais plutôt fugace, un temps de la jeunesse qui doit partir… Moi même je vis en colocation avec des filles, et c’est un sujet important dans ma vie. Je voulais raconter l’histoire de ces deux filles qui partent ensemble honorer une espèce de grande divinité. On les voit d’abord dans l’intimité de leur appartement, en train de préparer des artefacts, des rubans, des cailloux. Puis elles partent dans la forêt. Ce que je voulais symboliser par là, c’était vraiment… l’amitié féminine, cette sorte de divinité dont on doute parfois. On ne sait pas très bien si elle existe jusqu’à ce qu’on l’ait vraiment vue en face. Elle est un petit peu inquiétante, mais au fil du temps, on comprend que c’est une entité protectrice qui t’accompagne un peu dans tout ce que tu fais.

Il y avait aussi cette idée que les amitiés féminines, ce n’est pas quelque chose qu’on peut prendre pour acquis, que c’est quelque chose que l’on doit honorer, qui nécessite des rituels, qui nécessite des efforts. Le monde qui t’entoure n’est pas toujours propice à ce que tu puisses la vivre pleinement. On doit s’investir pour elle, aller vers le dehors et poser ses pierres.

À côté de la musique, j’écris aussi des scénarios. Je regarde beaucoup de films, ça fait partie des choses qui m’alimentent dans mon écriture. Et je regrette qu’il n’y ait pas plus d’épopées féminines, qu’il n’y ait pas plus de personnages féminins, qui montrent des aventures hors du cadre domestique. La chanson fait spécifiquement référence à une amie très proche, qui en ce moment au festival d’ailleurs. Il y a un été où on est parti comme ça, on avait pris sa caisse, descendu une rivière et on dormait au bord de l’eau, on se réveillait dans la nature, on faisait des feux… C’est tellement puissant d’avoir des amitiés qui te permettent ces choses. Des amitiés qui te tirent vers le dehors, qui te permettent de vivre des aventures. Je trouve que c’est peu représenté. Et puis, plus de représentations on aura d’amitiés féminines qui permettent de vivre, et de rencontrer des monstres dans la forêt, plus on aura envie de se confronter à ces amitiés-là, d’aller les chercher, les nourrir, les protéger…

LFB : On crée des exemples.

George Ka : Oui, voilà, exactement.

LFB : C’est drôle, j’ai entendu dans une interview que tu avais un dossier sur ton ordinateur où tu empilais les screenshots d’images que tu trouvais inspirantes. Et spontanément, il m’est arrivé de faire pause sur le clip de 2000 ÂMES plusieurs fois, notamment quand on voit cette divinité apparaître au milieu de la forêt. Je me suis dit « c’est super beau, j’ai envie de voir cette image plus longtemps. ». Tu évoquais le caractère peut-être transitoire de ces relations-là. Je trouve qu’il y a aussi ça de très beau dans cette divinité : elle est faite de bric et de broc et elle est en pleine nature. Elle n’a pas vocation à durer éternellement, mais ça n’est pas grave. Parce qu’il y aura eu un moment entre deux personnes où ça aura fait « clic », et alors, ça aura été beau quand même.

George Ka : C’est exactement ça.

LFB : Il y a donc plusieurs formes d’écriture chez toi. A l’origine, tu viens plutôt de la poésie, de ce que j’ai compris. Puis il y a le slam, les chansons…. Maintenant, il commence à y avoir la réalisation. Est-ce que tu as l’impression que ces différentes formes d’écriture viennent de différents endroits ? Est-ce que les chansons procèdent du même sentiment, du même endroit à l’intérieur que le scénario ? Est-ce que ce sont deux choses différentes qui s’expriment ? Dis moi si c’est trop abstrait comme question…

George Ka : Je pense que ça participe du même élan. Il y a un peu un fil rouge dans tout ce que je fais, dans tout ce que j’écris. Quand j’étais petite, j’avais des carnets où je faisais juste des listes. J’ai toujours aimé ce geste. Je faisais des inventaires de ce que je voyais passer dans ma rue. Il y a quelque chose de très réconfortant dans le geste de l’écriture pour moi. J’ai l’impression que ça me permet de cloisonner, de circonscrire le réel.

LFB : Le nommer, c’est le mettre à distance.

George Ka : Voilà, exactement. Si je l’écris et que ça tient sur une feuille, ça rend la chose moins effrayante. J’ai l’impression que ce besoin-là est à l’origine de tout, dans ma démarche, même si ça prend parfois le chemin du scénario, parfois celui des chansons…

Par contre j’ai l’impression que le scénario… Comment dire ? Quand j’écris des chansons, j’ai une écriture spontanément assez introspective. Je pense que j’ai tendance à partir de mon regard. La fiction me donne la liberté de l’invention, d’utiliser d’autres visages que les miens. C’est aussi pour ça que j’avais tellement besoin de faire ce film. Le thème est très universel la sororité, les amitiés féminines et j’avais besoin, parce que c’était si universel, que ça ne passe pas par mon corps, par mon visage. Je voulais que ce soit plus grand que moi. Le scénario me permet ça, d’écrire de façon presque allégorique sur des sentiments, des valeurs que j’ai envie de défendre. Leur prêter des visages et d’autres intériorités que la mienne.

LFB : Tout à l’heure tu parlais de mise à distance de soi, mais pour tout te dire, j’ai l’impression que ce qui caractérise les chansons de ce dernier album, c’est la grande humilité que tu y as, et la grande conscience de ta place au sein du monde. C’est-à-dire qu’en écoutant l’album, on a l’impression d’assister à un spin-off sur « La Passagère » du bus 115.

George Ka : Je vais complètement te piquer cette expression.

LFB : Les chansons parlent de la fille qui est assise au fond du bus, celle dont on ne connaît pas l’histoire. Comme si tu nous disais en permanence : on raconte l’histoire de cette fille-là, mais n’importe lequel des passagers pourrait raconter une histoire, et peut-être qu’elle serait intéressante aussi.

George Ka : C’est exactement ça.

LFB : Mais du coup, ce n’est pas une question, je me suis raté (rires).

George Ka : Non, mais c’est super. On va trouver une façon de le mettre dans l’interview. Effectivement, je le dis, « dans cette ville, il y a des histoires éparpillées chaque semaine, collées en dessous de chaque semelle ». Mon expérience de la ville, c’est ça. J’essaie de retranscrire ça dans plein d’endroits du disque. Dans Basic Fit, le featuring avec Fiskara, deux personnes se croisent à vélo, l’une descend, l’autre monte. On a essayé de l’illustrer dans le mix… La voix de Fiskara, qui est très filtrée au début, se dévoile petit à petit, et la mienne fait exactement le contraire.

Toute la raison d’être de cet album, c’est de décrire ce sentiment. Ça me touche que tu l’aies ressenti. Il y a quelque chose de tétanisant là dedans… Je conscientise le fait que chaque personne qu’on croise traîne une dose de détails, d’anecdotes, de vécus, d’histoires. Et il n’y aura jamais le temps pour se comprendre. Et c’est pas grave, c’est un deuil qu’il faut faire. C’est ça le sujet de l’album : on a accès qu’à une petite parcelle du réel.

LFB : C’est un peu ça, les rebords du monde.

George Ka : Oui. Complètement… C’est un peu une allusion à l’allégorie de la caverne. Le fait qu’on n’ait accès qu’à la silhouette, aux contours des choses. On est complètement empêtré dans sa perception du réel, imbibée de ce qu’on a vécu, de notre héritage social, de notre genre. Toutes ces perceptions s’entrechoquent au sein d’un bus, au sein d’une ville, au sein d’un monde. Et il faut quand même qu’on fasse société. Qu’est-ce qui se passe quand tous ces rebords du monde se rencontrent ? C’est quoi les aventures collectives qu’on arrive à vivre ? Que ce soit l’amitié, l’amour, la ville. Quelle forme est-ce qu’elles prennent ?

LFB : Et des fois les rebords des mondes se touchent aussi, il y a ça à plusieurs endroits dans l’album. Parfois, ça marche. On se comprend.

George Ka : Oui…

LFB : Il y a une chanson en anglais sur l’album. Souvent, quand il y a une chanson en anglais sur un disque francophone, c’est un reste d’un projet antérieur… Des projets qui viennent de passer de l’anglais au français, et qui n’avaient pas assez de titres pour faire l’album. Mais ici je me dis que c’est différent. Tu peux nous raconter ?

George Ka : Effectivement, je n’avais jamais écrit en anglais.

LFB : Pourquoi ça avait du sens de le faire à ce moment-là ?

George Ka : C’est une chanson qui est née dans un contexte particulier. Je l’ai composée avec une personne qui est non francophone, avec qui on a eu une histoire très forte, une histoire qui a suivi son cours et qui a connu une sorte de fin aussi. Je suis très attachée à la notion de symbole dans tout ce que je fais, dans ma musique, dans mes directions artistiques, visuelles, dans l’idée de totem, en fait. Et pour moi, cette chanson, c’était un peu un témoin du temps consacré à faire cet album. Dans tout ce temps de gestation, j’ai eu le temps de faire des rencontres, de voir des relations naître, de voir des relations partir. Et puis, pour aborder l’amour romantique dont je parle très peu dans mes chansons, je crois que j’avais encore besoin d’une forme de protection pour m’exprimer.

LFB : Sur ce sujet là, il y a quand même un titre très fort qui ouvre l’album.

George Ka : L’Espagne.

LFB : C’est un peu le sujet…

George Ka : Oui, c’est vrai. Mais sur l’ensemble de mes chansons, il n’y a finalement que L’Espagne et cette petite virgule qui s’appelle Kanske. Pourtant dans ma vie personnelle, c’est quelque chose qui prend de la place, mais je n’ai pas encore trouvé les mots… En anglais, avec cette sorte de chanson sans refrain, ça devient comme une incantation.

LFB : Et puis c’est la langue de la relation vécue, ça a beaucoup de sens.

George Ka : Voilà.

LFB : J’ai l’impression que les relations que l’on vit dans une langue étrangère sont peut-être les relations qui vont le plus droit au but dans les liens qu’elle créent. Justement parce que quand on a moins de vocabulaire, on utilise moins de circonvolutions pour exprimer ce qu’on ressent. Et peut-être que tout ça crée des relations, tout ça fait des rebords du monde qui se touchent plus vite

George Ka : C’est vrai qu’il y a quelque chose d’un peu indicible, qui passe par autre chose, et qu’on se perd moins dans son propre langage. C’est très vrai ce que tu dis. Et puis, j’ai l’impression que le fait de ne pas dialoguer dans ta langue maternelle confine à une forme de lenteur. Tu dois aller chercher le mot juste, parce que tu cherches tes mots. C’est comme s’il fallait s’assurer que c’était vraiment ce qu’on avait envie de dire avant de commencer à le faire. C’est peut-être ça aussi qui est joli là-dedans.

LFB : J’aime bien demander aux auteurs, autrices, de me raconter l’histoire d’une chanson. On en prend une au hasard, peut-être ?

George Ka : Vas-y, je te laisse choisir.

LFB : Est-ce que tu pourrais nous raconter l’histoire de L’aube ou l’orage ? Comment son idée est née ? Quelles sont les questions que tu te posais pendant le processus ? Où est-ce que tu étais à ce moment-là de ta vie ?

George Ka : Quelle galère. En fait, ça a été la première que j’ai voulu écrire et la dernière que j’ai réussi à finir.

LFB : Est-ce que tu sais pourquoi ?

George Ka : Oui. Finalement, c’est une illustration parfaite de pourquoi cet album m’a pris du temps. C’est une chanson qui parle de l’effondrement… J’avais l’impression que ça allait être le cœur de tout l’album, de se dire que l’on est une génération qui a une expérience de sa finitude. Une expérience du fait que tout passe, mais aussi une génération qui a conscience de sa finitude en tant qu’espèce, dans un système capitaliste ultra violent qui fait planer des menaces environnementales, économiques et sociales sans précédent. On se parle beaucoup de fin, d’effondrement… Comment est-ce qu’on vit dans ce contexte-là ? Qu’est-ce qu’on fait ? Est-ce que dans ce contexte-là, on continue à se battre ? Est-ce qu’on abandonne ? Est-ce qu’on se tait ?

Et donc, j’avais tellement envie d’écrire cette chanson, mais je n’arrivais pas à trouver les mots… Je me suis rendue compte que je n’avais pas encore vécu, compris, intériorisé ce que je ressentais par rapport à tout ça. C’est une chanson qui m’a appris à me taire un peu. Pendant un an et demi, deux ans je l’ai laissée sur le côté et j’ai lu, j’ai vécu. Il y a un un livre qui m’a bouleversée qui s’appelle Plutôt couler en beauté que flotter sans grâce. C’est un ouvrage qui parle de ça : pourquoi est-ce que l’on continue d’aller vers ce qui nous semble juste. Même si on a conscience que la somme de nos petits gestes individuels ne suffira pas à inverser la vapeur. Et la thèse de l’autrice, c’est que si tu fais ces gestes-là avec l’idée qu’il va y avoir un résultat immédiat et quantifiable, tu es destinée à être déçue. Mais si tu le fais avec une approche qui est presque spirituelle, « je le fais parce que je me sens mieux, je me sens connectée au monde à travers ces gestes-là, à travers ces valeurs »… Alors, c’est un rapport plus apaisé. Se dire, moi, je vais aller vers ce qui me semble juste et tant pis si c’est un petit peu vain, c’est juste quand même. La somme de toutes ces voix crée des petits réseaux de résistance et de refus qui rentrent en résonance.

La chanson est une sorte d’hommage à toutes ces personnes qui crient, qui protestent, de part et d’autre, comme si leurs cris se parlaient et résonnaient dans différentes vallées, pour finir par faire une sorte de tout. Même s’il y a quand même la fin au bout du compte. Je ne voulais pas que ce soit défaitiste, mais je voulais qu’il y ait une sorte de lucidité.

Mais quelle galère ce morceau, j’ai mis beaucoup de temps. Et là, j’ai réalisé un tout petit film sur L’aube ou l’orage qui va sortir bientôt, dont on n’a pas encore parlé. Parce que c’est un morceau dont on ne parle pas beaucoup, mais qui m’est très très cher.

LFB : Tout ce que tu me racontes, ça me fait beaucoup penser à un poème de René Char qui s’appelle « La liberté », où il y a cette même idée que la liberté advient précisément à ce moment de jointure entre ce qui pourrait être un crépuscule ou une nouvelle aube. Elle est venue par cette ligne blanche pouvant tout aussi bien signifier l’issue de l’aube que le bougeoir du crépuscule. Et il finit le poème par dire, il n’y a qu’une seule manière de mal se guider, c’est derrière l’absence. C’est un peu ce que tu semblais dire. La seule manière de mal agir, c’est de ne rien faire.

George Ka : Ma mère adore René Char.

LFB : C’est vrai ? J’adore ta maman. Elle a très bon goût.

George Ka : Je pense qu’elle t’adorerait aussi.

LFB : J’en suis ravi (rires). C’est quoi la suite pour toi ? Et notamment en termes de forme d’écriture, est-ce qu’il y a de nouvelles choses qui arrivent ? Où est-ce que tu veux aller ?

George Ka : Pour l’instant, la suite, c’est la tournée. J’ai mis 3 ans à écrire cet album, et tout à coup il devient réel. C’est une expérience assez immatérielle de sortir un album. Là, on a cette chance d’avoir une tournée simultanément avec la sortie d’album, pour partager les chansons avec un public. On va avoir plein de dates un peu partout en France. On a des festivals cet été, on joue aux Nuits de Fourvière. On joue au Trianon en novembre… On a très très très hâte. On va inviter plein de monde et on est en train de prévoir toute une scénographie, tout un déroulé. Pour l’écriture… Sur l’album, j’ai pu faire cette collaboration avec Fiskara qui m’a donné envie de collaborer avec d’autres artistes. Mais aujourd’hui, j’ai l’impression que c’est toujours spécial de se remettre à l’écriture après avoir sorti un bon projet. Je suis un peu à tâtons.

Après l’EP, qui portait sur des choses plutôt identitaires, il a fallu trouver des ressources pour parler d’autre chose. Maintenant, je sais que c’est possible. Enfin, l’expérience de la création collective et l’envie de collaborer avec d’autres artistes, je sens que ça m’anime beaucoup. Et c’est en train de se mettre en place petit à petit. Je pense que d’ici au Trianon, ça pourra se voir sur scène aussi.

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