Juste après un concert à Petit Bain, on a eu l’occasion de rencontrer Silvestri. Petit nouveau de la scène émergente pop française, il nous raconte sa Boule Noire, ses débuts dans la musique et ses amis qui l’inspirent !

La Face B : Bonjour ! On est sur les bords de Seine, près du Petit Bain. Comment tu vas ?
Silvestri : Très bien, et toi ? Je pète le feu.
LFB : Je vois ça ! Tu sors de scène, comment tu te sens ?
Silvestri : J’ai l’impression que c’était un peu mon anniversaire. C’était pas le mien, mais j’ai un peu l’impression que c’est ça à chaque fois, et du coup ça me fait trop plaisir. Mais je me sens un peu coupable de dire que c’est mon anniversaire.
LFB : Qui es-tu ? Comment tu as commencé la musique ?
Silvestri : Alors, je suis Silvestri avec que des i. Donc, trois… deux i. Attention à ne pas se tromper parce que sinon ça serait Silvistri, ce ne serait pas moi. Enfin, tu tomberais sur quelqu’un d’autre, donc ça serait relou. J’ai 27 ans. Je suis extrêmement vieux, extrêmement âgé. Je viens de Besançon, ville de ouf, que je conseille à toute personne qui lira cette interview.
J’ai commencé la musique il y a deux ans et demi parce qu’on m’a mis un coup de pression. Mes amis m’ont obligé. Et ensuite, quelqu’un m’a programmé un concert et m’a dit « tu fais de la musique désormais, dans quatre mois, tu dois tenir une demi-heure, bon courage ». Et du coup, j’ai kidnappé des copains pour m’aider à faire de la musique. Et je me suis retrouvé comme ça depuis deux ans à faire des concerts. J’aime trop. Et Silvestri, c’est mon nom de famille d’ailleurs. Je n’ai pas été très créatif.
LFB : Si je devais parler de ta musique, en quelques mots, j’aurais dit amitié, saturation et lunaire, dans le sens de la nuit. Est-ce que tu veux corriger ou ajouter des mots ?
Silvestri : Dans ami, c’est vrai. Je ne peux pas dire autrement parce que j’ai appelé mon premier EP supercopain, l’autre hyperpote et le prochain, je ne peux pas le dire. Ce sera la fin du triptyque de l’amitié de ma musique.
Amitié, pourquoi ? Parce que je regarde ce que font mes amis. Et puis j’arrive le soir chez moi, quand il est tard et que je les ai vus. J’écris de la musique sur eux. Saturé, parce que ça le sera de plus en plus sur les prochains trucs. Mais dans le bon sens du terme, en mode chaud. Ça aurait pu être froid d’ailleurs. En mode réconfortant. Ma bio Spotify, c’est « je chante des chansons dans lesquelles je parle de gens que j’aime en bien ». Je voulais dédicacer un peu, comme j’ai dit tout à l’heure, les gens qui m’inspirent pour faire des musiques. Parce que moi, vu que tout va généralement plutôt bien dans ma vie, j’ai trop de chance. Je m’inspire un peu aussi de la vie des autres que je vois pour faire des musiques. Et je leur dois bien de les dédicacer sur Spotify.

LFB : Comment tu décrirais ton style de musique ?
Silvestri : J’essaye de faire de la chanson française, mais un petit peu comme si ce n’était pas de la chanson française. Comme si c’était de la chanson anglaise. Non, parce que je ne sais pas parler anglais, du coup je fais de la chanson française. Mais je pense de la phonétique en anglais quand je chante. Je ne sais pas si c’est très logique. Niveau musical, j’essaye d’aller un peu vers un truc un peu plus rock en ce moment. Mais il se trouve que je ne sais pas jouer de guitare, ce qui me pose souci. Donc je me suis entouré de gens qui savent faire jouer de la guitare pour faire bientôt des titres où on entendra de la guitare.
LFB : Tu en parlais tout à l’heure, comme en réponse à ton EP supercopain, ton dernier projet s’appelle hyperpote. Et en ce moment, je vois une renaissance du mot « hyper ». Je vois déjà l’hyperpop, hyperpoésie pour Arthur Ely, Hyperdrama pour Justice, et juste hypersensible. Et c’est trop quoi pour toi « hyper » ? Et pourquoi hyperpote ?
Silvestri : Hyperpote déjà parce qu’on trouvait que c’était une suite marrante à supercopain. Moi, je pense que je dis plus « super » que « hyper ». Mais maintenant que tu le dis, je pense que « hyper », il est vraiment revenu dans le langage courant. Parce que je pense qu’on s’intéresse plus à nous-mêmes qu’avant. Et on sait un peu plus comment on est. Et des fois, on se sent un peu trop en général par rapport aux autres gens. Tout le monde est un peu trop. On devient tous un peu trop peut-être. Mais c’est aussi pour dire qu’on aime les gens qui sont trop. Et que c’est pas grave d’être trop.
LFB : T’as fait une boule noire début avril, comment tu l’as vécu ?
Silvestri : Ça, c’était un peu plus qu’un anniversaire je crois. C’était un truc de ouf. Non c’était trop bien. Pourquoi c’était trop bien ? Parce que je ne pensais jamais que j’allais pouvoir le faire. Ça fait un peu défaitiste comme ça. Mais puisque j’avais commencé la musique il n’y a pas si longtemps et qu’en vrai c’était ma salle préférée. J’allais que là-bas presque, et à la Cigale. Donc vu que j’habite pas loin, j’étais un peu comme un ouf quand j’ai vu que j’allais le faire. Et c’était trop bien. D’abord j’étais trop content parce qu’il y avait les parents qui sont venus. Ça c’était un truc de ouf. C’était la première fois qu’ils me voyaient jouer. Donc c’était trop chou. Et ensuite je n’ai pas eu d’autre choix que d’aimer mon concert parce que j’avais 220 sourires en face de moi. Je pouvais compter les dents, il y en avait beaucoup trop.
LFB : Est-ce que tu dirais que ta musique retranscrit qui tu es ?
Silvestri : J’aimerais bien qu’elle le fasse encore plus. J’essaye en tout cas. C’est un peu comme si j’allais chez le psy. Ça permet en tout cas, vu que j’ai un peu du mal à exprimer parfois des trucs dans le langage réel, de me cacher derrière des blagues. Mais j’essaye aussi un peu d’aborder des thèmes précis. En me disant, ok, je mets un peu de moi, mais je mets un peu aussi de ce que je vois. Parce que je pense que les gens ont envie d’entendre des choses qui leur ressemblent aussi.
LFB : Tu peux me raconter un peu l’histoire de Hors Ligne ?
Silvestri : Oui, de ouf. Hors Ligne, ça parle un peu des téléphones en général. Et des conversations téléphoniques qui peuvent parfois être un peu intenses. Plus intenses que quand on se voit en vrai. Je peux aimer assister à des dramas en vrai. Mais les dramas par téléphone, j’ai beaucoup de mal à être pertinent et stylé. Et à gagner les débats. Donc j’ai fait cette chanson pour exprimer le fait que des fois on dit des choses beaucoup trop intenses par écrit, que ce que l’on pourrait dire en face de quelqu’un.
LFB : Et ton processus, tu es plutôt, textes en stock, après tu poses sur la musique ?
Silvestri : Souvent je vais faire d’abord une progression d’accords. Je fais une espèce de structure dans ma tête. Et ensuite je vais faire du yaourt. Beaucoup. Et s’il y a une phrase qui devient stylée, je construis tout autour de ça. Et du coup ça devient un peu le thème de la musique. Mais ce qui fait que c’est un peu casse gueule, parce que si la phrase que je trouve stylée, elle parle de lasagne ou de paëlla, je suis un peu obligé de faire une musique sur la paëlla (rires).
LFB : Ça peut être une bonne chanson ! Est-ce que tu trouves que ta musique a changé ou a mûri depuis tes débuts ? Notamment depuis Karaoké par exemple.
Silvestri : C’était tellement goofy ! Je fais de la musique tellement moins goofy qu’avant. Je déteste pas mon premier projet. Mais juste, je suis content d’avoir fait un truc plus perso et de me cacher moins derrière des thèmes précis dans lesquels je parle pas trop de moi ni de mes proches.
LFB : Derrière de longs cheveux.
Silvestri : Derrière de longs cheveux qui maintenant sont coupés.

LFB : Quand j’entends tes musiques, j’entends un peu la voix et les textes de Maxence, et la musique parfois de Ojos. Du coup, je me demandais si t’avais des inspirations, en France surtout, connues ou moins connues.
Silvestri : La variété française, j’en écoutais beaucoup. Grâce à la route des vacances en général, comme beaucoup de gens. 96.16, radio Nostalgie sur Besançon. Et qu’on dédicace. Et ma maman est fan de deux choses : Indochine et Mylène Farmer. Ça ressemble pas trop dans ma musique, mais je les ai tellement écoutés que peut-être que ça a une influence sur moi. En tout cas je suis trop fan. Toujours. Sinon j’ai beaucoup écouté Étienne Daho, Jean-Michel Murat.
Et en plus récent, du coup tu parlais de Maxence. C’est vrai que je n’ai pas trop écouté, mais je le trouve très chou. Il a l’air d’être inénervable. Non sinon j’écoute pas mal, évidemment comme beaucoup de gens, Yoa, Rallye. J’aime bien aussi Trente, aka Hugo Pillard. C’est doux et apaisant.
Et sinon, pas français, Royel Otis de ouf. Dans le côté un peu galvanisant sur le live, que j’aime bien. Et aussi en ce moment Vickie Cherie. Le dernier album de Vickie Cherie est ouf surtout. En particulier le son Lisboa, qui est trop bien écrit avec un travail des voix qui est magnifique.
LFB : Tu travailles avec qui en studio ?
Silvestri : Si j’étais tout seul ça serait moins bien. Non je travaille avec Romain Amand, qui a un groupe de shoegaze qui s’appelle Fugue à côté, qui fait les guitares. Il m’aide sur la composition des guitares, et de plus en plus sur la composition des morceaux. Je travaille avec Alexandre Magois, qui fait la basse. Et Emma m’aide sur toute l’image depuis le dernier EP. Et je suis trop content. Etienne Espannet aussi, qui s’appelle Maryus sous son nom d’artiste, m’aide sur le mix et le master. Sinon, en général, tous mes amis m’aident sur les retours qu’ils font. Et sur toute l’aide qu’ils peuvent m’apporter. Notamment lorsque je leur envoie des trucs bien merguez, des maquettes bien nulles. Et qu’ils me disent « ça, c’est bien nul ».
LFB : C’est quand tes prochains concerts ?
Silvestri : Je n’en ai pas d’annoncés pour l’instant. Fête de la musique le 21 juin, et d’autres des concerts prévus. Mais surtout on prépare un nouveau projet. Avec un big concert peut-être à la fin. Avec une grande salle à Paris.
Et, pour après… En ce moment je suis terré chez moi, je profite du fait que je fasse une petite tournée pour hyperpote pour écrire des chansons. Ma vie change un peu en ce moment, je suis content. Ça me donne de l’inspiration pour faire plein de trucs. J’espère que j’arriverai à faire des choses qui parlent au moins à une personne.
LFB : C’est quoi les disques qui t’ont inspiré dans la vie ?
Silvestri : L’album de half-alive, qui est trop bien, qui s’appelle Persona. Il est trop trop beau. Ils ont annulé leur concert à Paris, malheureusement, mais c’est ouf. En ce moment je réécoute de ouf Beach House. À chaque fois je me dis « j’ai pas réécouté Beach House » et je réécoute Beach House. Je vais me refaire une dose de Beach House et de MGMT. J’ai du mal à m’en sortir (rires).
J’ai beaucoup aimé évidemment l’album de Vickie Cherie. J’ai aimé l’album de Spacey Jane qui était très chouette. L’album de Beaux, j’ai découvert sur TikTok. Il fait un peu de la folk mignonne. C’est très joli. Et enfin, Van Houten. C’est un groupe, ils font un peu du rock chou. Du rock intense.
LFB : Merci !
Silvestri : Merci beaucoup à toi !