(Report) Levitation : retour sur un festival endiablé

Le rock était à l’honneur à Angers, le week-end du 2 au 4 juin à Levitation. Les groupes se sont succédés sur les deux scènes sur le parking de l’emblématique salle du Chabada. Embarquez, avec nous, dans une escapade musicale haute en couleurs. La Face B vous fait découvrir ses coups de cœur du week-end.

Levitation est un festival originaire d’Austin, dont l’organisation se fait en collaboration entre l’équipe de la SMAC, le programmateur de la partie étasunienne et Radical Production (interview des programmateurs à retrouver ici). Tout ce beau monde se coordonne, chaque année depuis maintenant neuf ans, autour de ce projet. 

Premier jour de fest-ivité

A peine les pieds posés sur le sol Angeois, le but était de se précipiter découvrir le site de Levitation. Sacs à dos lancés, dilemme sur la tenue à porter selon la météo clos, Converses nouées aux pieds, il était temps de se diriger vers les portes du festival. Situé dans les extérieurs de la salle de concert le Chabada, Levitation se niche sans mal dans une esthétique industrielle. C’est après avoir fait le tour du propriétaire, été se rencarder à propos du fonctionnement du cashless et avoir pris une collation, que nos oreilles et nos yeux ont été absorbé·es par les shows des artistes. Les ambiances étaient toutes plus différentes les unes que les autres. Les musicien·nes nous ont donné une énergie folle, qui était plus que bienvenue. Ce festival est le lieu où il est possible de puiser l’inspiration de l’esthétique de chacun·e. C’est l’occasion de re-découvrir un groupe que l’on a longtemps arrêté d’écouter. On en ressort régénéré·e, et prêt·e à se donner à fond dans nos projets.

Nos 3 coups de cœur du vendredi

À l’heure où le soleil se couche et nous laisse profiter d’une belle couleur aux tons orangés, le groupe Automatic, tout droit venu de la ville des anges, a envoyé au public une dose d’énergie colorée. Leur musique post-punk acidulée a envahi la foule et les têtes bougaient au rythme de la boite à rythme métallique. Le buste de mannequin en métal argenté, mascotte du trio, trônait en première ligne et semblait nous toiser du regard. Un concert soutenu par la bonne humeur et la ferveur des musiciennes revisitant la cold wave post punk.

Ça y est, la nuit est tombée, avec elle les premières têtes commencent à tituber. Moment propice pour un voyage dans une Amérique traditionnelle et des films Western. Kevin Morby arrive sur scène vêtu de sa plus belle veste à franges, prêt à nous emporter dans son univers, loin de la frénésie quotidienne et entouré de son groupe au look tou·tes plus unique les un·es que les autres. Pendant une bonne heure, les morceaux se sont enchaînés, et les émotions aussi. 

La sérotonine montée au maximum durant le show magique de Kevin Morby, ce n’est pas avec Gilla Band qu’elle devait redescendre. Le groupe de punk électrisant nous a transportés dans une transe bestiale. Entre les pogos des plus endurci·es et les solitaires en expérience mystique, les bières volaient et, malgré la météo plutôt clémente, entre sueur et boisson, le public a fini trempé. La boîte à rythme et la batterie aux sonorités industrielles, les guitare et basse puissantes, ainsi qu’un chant presque crié et grésillant, ont retenti dans la nuit noire. Et quel beau concert c’était pour clore la première journée de rock, à la lueur du croissant de lune.

Le rock à Angers, deuxième round

C’est après une courte nuit et une visite de la vieille ville d’Angers que nous sommes enfin de retour au Chabada pour une bonne dose de rock en intraveineuse. La météo changeante semblait vouloir mettre des bâtons dans les roues du festival, mais, tous.tes étaient au rendez-vous pour vivre un moment coupé du quotidien. C’est ce samedi que nous avons également découvert le stand le plus magique de tout le festival : Kitchen Talks. Alors, même si La Face B ne fait pas de review culinaire, on a pensé que ce collectif engagé et local méritait de figurer dans ce report ! Pourquoi ? Le kebab vegan qu’ils ont servi sur toute la longueur du festival était tout bonnement délicieux et a réchauffé nos cœurs tous mouillés. Alors, big up !

Nos 3 coups cœur du samedi + mentions spéciales

Si un sondage avait été fait à la fin de la journée, les réponses auraient été unanimes concernant le concert le plus fou de la programmation de cette journée. Je parle évidemment du groupe mythique, Kikagaku Moyo. Sur la route de leur dernière tournée, les Japonais se sont arrêtés pour notre plus grand bonheur à Angers. Le temps était suspendu pendant toute la durée du concert et tous les regards étaient absorbés par les notes douces et psychées de leur musique. Scénographie, sonorités et présence scénique étaient travaillées avec brio pour nous faire vivre un moment extraordinaire.

Plus tôt dans la soirée nous avons assisté au concert de la reine du rock alternatif, post punk : Kim Gordon. Accompagnée de son groupe, aussi badass qu’elle, les musiciennes ont assuré un concert plein de hargne. Très attendue du public, compte tenu du nombre de t-shirts Sonic Youth sur l’ensemble de Levitation ce jour, Kim Gordon a séduit avec son flegme naturel et son rock distingué.

Notre troisième coup de cœur de ce samedi fut le groupe de Los Angeles, Death Valley Girls. Fougue et énergie à la Riot Girrrl ont fait danser le public. Leur sympathie et leur look gothique, hippie pop, ont conquis le public. Iels nous ont plongé dans le rock des années 80 très étasunien et dans des ambiances plus witchy et magiques.

Deux mentions – très – spéciales : une à Gustaf, toujours incroyables sur scène et qui nous font vivre des moment rock et en même temps fun ; et une seconde à Pelada, duo remplaçant en last minute Snapped Ankles, qui a su un brin dépoussiérer le festival en y mêlant techno et punk, le mix idéal pour clore ce samedi. 

Nos 3 coups de cœur du dimanche

C’est le groupe bdrmmprononcé Bedroom – qui ouvrait le dimanche pour un set beaucoup trop court à nos yeux. La formation britannique nous a livré une prestation sans faille, portée par l’énergie revigorante de son leader. Leur show s’est décliné autour de l’éclectisme assumé de leur musique, entre rock punk et shoegaze, avec des titres comme Port ou Happy On aurait pu en reprendre encore et encore c’est certain. 

Nous étions également ravi·es de retrouver Unschooling Le groupe originaire de Rouen que l’on suit depuis un bout de temps a mis tout le monde d’accord en début de soirée. La formation, récemment signée chez Bad Vibrations Records, est bien rodée sur scène et nous le montre, sans faiblir. Fidèles à eux-mêmes, ils ont livré un set bien post-punk, toujours décadent – dans le bon sens du terme – nous menant toujours vers des territoires auditifs inattendus mais jubilatoires. 

Mais si on était là ce dimanche à Levitation, ce n’était non pas pour The Brian Jonestown Massacrecar oui la bande d’Anton Newcombe est bien sympa en studio, mais au bout d’un moment, 1h15 à voir Joel Gion jouer du tambourin et fumer des clopes au beau milieu de la scène, ça nous endort un peu – sorry not sorry – mais bien pour Crack Cloud. Il nous tardait plus que jamais de voir ce collectif pluri-média hypra stimulant sur scène. Si l’énergie a mis quelques bonnes minutes à s’emparer de la foule, on a rapidement vu les corps se mouvoir avec ardeur dans la fosse. Le groupe a su nous montrer la palette de ses talents et sa fureur de vivre la scène à fond, en impressionnant toujours dans sa maîtrise instrumentale, chaque membre étant polyvalent·e. Autant vous dire qu’on a vraiment très hâte de la suite pour cette bande venue tout droit de Montréal et qui ne cesse de nous intriguer depuis 2018. Leur musique salvatrice et hypnotique continue de nous habiter depuis ce live. 

Crédits photo : Clara de Latour