Francofolies 2024 : retrouvailles avec Ariane Roy

Lauréate du Prix Félix Leclerc 2023, Ariane Roy était en conséquence invitée aux Francofolies de la Rochelle. Nous l’avons retrouvée quelques heures avant son concert pour lui faire parler du prix, du projet entre amis Le Roy, la Rose et le Lou[p], des comparaisons entre les Francofolies de La Rochelle et celles de Montréal, et la questionner sur son nouvel album.

© Célia Sachet

La Face B : Hello Ariane, comment ça va?

Ariane Roy : Ca va bien, ça va même très bien. Je viens d’arriver. On a eu une grande escapade de vol. On est arrivés hier à 8h à Nantes, ça fait qu’on est partis de Nantes ce matin. Et on est arrivés à La Rochelle enfin. Ça fait vraiment, vraiment du bien d’être là. J’adore La Rochelle. Là, c’est ma deuxième fois seulement. Mais le truc triste, c’est qu’on repart juste après le spectacle. On n’a pas beaucoup de temps à La Rochelle, mais juste d’être ici à ces heures-là, c’est vraiment le fun. J’adore ce festival. Si on a de la chance, on va peut-être manger des huîtres.

LFB : Je tiens à renouveler mes félicitations pour le prix Félix Leclerc obtenu l’année dernière qui te permet de jouer cette année ici. Qu’est-ce qu’il t’inspire ce prix ?

Ariane Roy : Merci, merci. C’est un très bel honneur. Je pense que c’est un prix qui est important aussi, dans le sens qu’il a une importance au Québec. Et c’est juste un honneur d’avoir eu ce prix-là. Il faut savoir que Félix Leclerc c’est un grand monument de la musique au Québec. Donc oui, je veux dire, juste le nom du prix, c’est quand même quelque chose de significatif pour moi.

LFB : Est-ce que tu remarques des différences notoires entre les Francofolies de Montréal, puisque vous avez la chance d’en avoir et celles de La Rochelle ? Si ce n’est qu’on est au bord de la mer.

Ariane Roy : Les Francofolies de Montréal, c’est un peu chez moi. J’avais le temps à Montréal, j’habitais Québec, mais quand même, je me sens très chez moi. C’est un gros festival que j’adore. Puis les Francofolies de la Rochelle, c’est pour moi, la première fois que je viens, c’était comme quelque chose que je ne connaissais pas. Puis je n’étais pas venue tant souvent que ça en France, depuis deux ans, justement, on a fait plusieurs petites apparitions. Mais tu sais, c’est fou pour moi, de venir dans un festival comme ça, en Europe, qui est outre-Atlantique et qui accueille chaque année des gros bands, des artistes que j’écoute aussi. Puis il y a quelque chose d’un peu magique à venir ici, dans un décor quand même enchanteur.

Tu sais, c’est beau Montréal, mais ce n’est pas autant enchanteur qu’ici, même si ça a son charme.

LFB : Quel rapport tu entretiens avec le patrimoine musical français ?

Ariane Roy : Je pense qu’il me manque un peu de culture de la musique française. Mais quoique, de plus en plus, je la découvre. Puis je découvre des artistes. Mais ce n’est pas nécessairement une musique que je connais tant que ça, je dirais. Mais j’ai l’impression que j’ai tout à découvrir aussi. On parle de ce qui se fait récemment, mais pas nécessairement… Georges Brassens par exemple. Mais tu sais, j’ai tout à découvrir, je te dirais, de la musique française.

LFB : Tu tournes actuellement avec Thierry Larose et Lou-Adriane Cassidy pour un projet très différent. Qu’est-ce que ça fait de travailler avec les copains ?

Ariane Roy : Ah, c’est génial. C’est de la bombe ! C’est professionnellement et personnellement une des plus belles expériences de toute ma vie. On est, oui, tous les trois, de très bons amis, mais on est aussi 10 sur scène. C’est nos musiciens aussi, je veux dire, c’est la famille, nos bands. Puis d’être ensemble à 10, puis d’avoir autant une cohésion ensemble, une cohésion musicale, je pense, mais aussi des relations humaines qui sont fortes et importantes. Je pense que ce n’est pas tous les jours qu’on a ce privilège-là. Puis on le sait qu’on est chanceux d’avoir ces opportunités-là. On en profite. C’est déjà notre dernière tournée de festival cet été. Puis c’est la première et dernière tournée de festival. Mais oui, ça va être une expérience dont j’aimerais me rappeler toute ma vie, c’est sûr.

LFB : Comment est né le projet ? Parce qu’effectivement, vous travailliez déjà ensemble et en plus, Lou-Adriane et toi êtes même les meilleures amies du monde.

Ariane Roy : Tout ça a commencé à un show de Lou-Adriane en novembre 2021, où on était sur scène exceptionnellement. Elle m’avait invitée sur scène à venir pour son lancement. Puis elle jouait déjà avec Thierry, on s’était retrouvés tous les trois sur scène. Le programmeur, le directeur des Francofolies, à ce moment-là, nous a vus et a décidé de nous faire une place, les trois ensemble dans les Francofolies de Montréal. Il nous a dit qu’il voulait un show de nous trois. Donc, c’est lui qui a comme un peu donné l’idée. Mais à partir de ça, le show s’est développé. Puis en fait, on a vraiment pris ça au sérieux. C’était l’histoire d’un soir pour commencer.

On n’était pas censés partir en tournée. C’était juste une fois dans les Francofolies, nous trois, avec nos trois bands. Parce que nous, c’était non négociable de jouer avec un seul band. On voulait vraiment intégrer tout le monde. Et finalement, après ça, on s’est fait offrir une tournée au Québec à l’automne 2023, en salle. Ce qui est très rare aussi d’avoir une opportunité comme ça. Parce que, comme je dis, c’est des conditions qui exigent quand même… Tu sais, ce n’est pas un show qui est comme simple logistiquement, mettons, et financièrement aussi. Puis après ça, on s’est fait offrir la tournée de festival. Donc ça, ça a déboulé après ça, mais ça a commencé comme ça.

LFB : C’est un projet qui n’a pas vocation à être décliné en album ?

Ariane Roy : Bien, on a sorti un album live il y a pas longtemps. Il y a trois semaines, on a sorti un album des chansons live qu’on a faites tout l’automne. Mais il n’y aura pas d’autres albums avec. Mettons, on ne va pas écrire un album ensemble. Ce n’est pas un projet qui a vocation à être un album studio.


LFB : Vous le faites pour le live. Imaginons une tournée française, peut-être suspense, on aura une recomposition, une reformation…

Ariane Roy : Peut-être. C’est sûr que pour l’instant, ce n’est pas dans les plans parce que la tournée est finie puis nous, on va reprendre notre carrière solo avec nos albums respectifs. Et aussi, je pense que ça serait tellement coûteux de venir en Europe. En même temps, regarde, on ne sait jamais ce qui nous attend. La vie nous surprendra peut-être.

LFB : Est-ce que le fait d’avoir autant tourné te permet d’appréhender l’enregistrement différemment ? A titre personnel, je suis très fan du morceau Le ciel est en place qui prend vraiment une autre dimension en concert…

Je pense que oui, j’ai l’impression qu’il s’est développé en live une énergie plus intense, plus brute, que ce que j’avais enregistré en album avant. J’ai essayé de canaliser cette énergie et de l’intégrer davantage dans les enregistrements du prochain album. Cela dit, pour moi, le live sera toujours un terrain différent où les chansons d’album vivent différemment et ça ne m’intéresse pas nécessairement d’essayer de reproduire complètement ça en disque. 

LFB : En solo, tu avais sorti Medium Plaisir. Une nouvelle chanson est sortie – Si je rampe – en avril dernier, est-ce qu’il y a des choses qui se préparent ?

Ariane Roy : Oui ! Un album qui se prépare pour l’an prochain sur lequel je travaille tous les jours depuis plusieurs mois maintenant.

LFB : Tu abordes des questions très intimes avec beaucoup de justesse, souhaites-tu continuer dans cette direction et qu’est-ce qui te motive à ça ? 

Ariane Roy : J’ai l’impression que le deuxième album, pour moi, est moins intime et dans l’introspection que le premier. Pourtant, je m’y livre d’une autre façon, un peu plus crue, un peu plus dans le sarcasme. Et je pense que consciemment ou inconsciemment, j’écris souvent sur ce que je n’ose pas exprimer dans ma vie autrement que par l’art. C’est-à-dire que certains sujets ne trouvent leur espace que dans ma musique. C’est mon propre «espace sécuritaire», où je me permets d’être plus vulnérable, où je me censure moins. 

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