A l’occasion du festival Woodstower, La Face B a eu la chance de pouvoir échanger avec deux membres de MPL, Cédric (chant) et Arthur (percussions). Nous avons pris le temps de discuter de la tournée chargée, du nouvel album en préparation et des récents projets sortis en duo avec d’autres artistes… Des petites exclusivités se cachent dans cette interview de MPL.

La Face B : comment ça va ?
Arthur (MPL) : ça va très bien. On est bien reposé, on a eu trois semaines de vacances après un été très chargé. C’est un peu la rentrée !
LFB : mais oui, vous étiez parmi les artistes les plus programmés en festival, non ?
Cédric (MPL) : il paraît.
Arthur : ah oui, on a vu passer. On a reposté un truc.
Cédric : je pense que ça dépend pas mal des critères. Mais selon certains critères, certains instituts de suivi des artistes en festival, effectivement, c’était un bel été.
Arthur : c’était l’objectif de l’année, donc c’est bien. Pas d’être dans le top, mais de faire beaucoup de festivals.
LFB : oui, de beaucoup tourner. Et le Woodstower, c’est la première fois ?
Arthur : oui, même en tant qu’être humain, moi je n’ai jamais fait le Woodstower.
Cédric : c’est la première fois que je mets les pieds ici aussi.
LFB : pourtant vous venez de par ici, non ?
Arthur : tous les deux on est de Grenoble. On est 4 sur 5 à être de Grenoble historiquement. Mais surtout on ne faisait pas de festivals (rires).
Cédric : si, moi j’en ai fait un peu, mais je ne suis jamais venu ici.
LFB : du coup vous avez dû adapter la setlist là, avec une heure de passage ?
Cédric : quand on joue dans des salles, on joue presque deux heures. Dans la plupart des festivals on n’a qu’une heure, et devant des gens qui ne nous connaissent pas toujours ! Au fil de l’été, on s’est rendu compte que les concerts se passaient mieux si on parlait un petit peu moins et qu’on choisissait plutôt les morceaux dynamiques. Parce que les gens ont envie de rester dans une énergie physique, d’être entraînés.
LFB : vous avez fait appel à quelqu’un pour vous aider, un coach scénique ? Ou bien les idées viennent de vous et votre équipe simplement ? Parce que je trouve que le concert est hyper varié. MPL en concert ce n’est pas simplement des chansons qui s’enchaînent. Je pense à la chenille notamment (rires). (Cédric lance une grande chenille en descendant dans le public ndlr)
Arthur : on a travaillé il y a deux ans avec un coach qui s’appelle Christophe Gendreau. C’était très cool, on a mis en place plusieurs moments forts du spectacle avec lui. Mais le spectacle reste en évolution permanente, on passe notre temps à retoucher, ajouter ou supprimer des passages. Notamment pour les festivals, il a fallu beaucoup retoucher.
LFB : suivant ce qui se passe dans le public.
Arthur : oui ! L’idée c’est quand même de proposer aux gens ce que tu es. Ce n’est pas de faire quelque chose à l’inverse de ce qu’on a fait en salle. C’est plutôt de montrer une version réduite de ce qu’on a travaillé avec quelqu’un. En tout cas, rien ne vaut le fait d’essayer des trucs et de sortir de scène en se disant “ça marche pas du tout, venez on fait autre chose”.
Cédric : ou inversement !
Arthur : oui, une surprise où tu te dis “ah, ça marche quand même…”. Genre la chenille !
Cédric : oui, on s’est dit “on la tente ? On la tente pas ? On la tente”, on l’a faite une fois et les gens nous ont dit “mais c’était génial !”. Donc on l’a refait et on nous a redit “mais c’était génial la chenille” alors que c’est juste une chenille tu vois ? Faut essayer.
Arthur : peut-être qu’on la fera en salle d’ailleurs…
Cédric : et sur Paysage tu sais, ça fait un moment qu’on faisait répéter les gens mais juste un tout petit peu, “j’en oublie à qui j’en veux vraiment”. Et là on s’est dit qu’on allait faire un truc vraiment un peu plus long, qu’on allait faire durer. En fait moi j’y prends beaucoup de plaisir. Tous les trucs inclusifs où tu fais participer les gens. Nous on vient pas de là, on vient vraiment de la chanson. On balance juste nos textes. Et en fait il y a quand même plein de « petits trucs de festival », qui sont parfois gros comme des maisons, mais qui valent la peine d’être essayés !
LFB : oui, parce que même si tu n’es pas là pour le groupe ou que tu accompagnes quelqu’un, tu te sens inclus quand même dans le concert, tu participes.
Cédric : oui voilà. C’était ça l’un de nos principaux objectifs de l’été. D’essayer de se tourner un peu plus qu’avant vers les gens qui ne nous connaissent pas encore !


LFB : j’ai vu que vous aviez fait des duos avec des artistes récemment, avec Oscar les vacances, avec Sages comme des sauvages, puis apparemment avec Ben Mazué bientôt…
Arthur : il y a des trucs qui se préparent oui. Qui t’a dit ça ?
LFB : il en a parlé après l’enregistrement de son podcast (auquel Cédric était présent, et où les deux ont chanté cette fameuse chanson, ndlr). Du coup, est-ce que c’est une volonté de MPL de s’ouvrir à d’autres ? Ou est-ce qu’on fait appel à vous ? Ou encore, est-ce que c’est une question de feeling à un moment donné… ?
Cédric : C’est chaque fois un peu différent. Oscar c’est parce qu’on avait un peu bossé ensemble, on s’est mis à écrire des chansons ensemble. Et il y en a une où on s’est dit “celle-là elle marcherait bien” et il a dit “allez, je la mets dans mon album”.
Sages comme des sauvages ils nous ont contactés en nous disant “on bosse sur l’album et on aimerait bien faire un feat avec MPL”.
On en a un troisième, qui va sortir la semaine prochaine (sorti le 6/09, ndlr). C’est avec Sylvain Duthu, le chanteur de Boulevard des airs, qui sort son album. Il nous a invités sur un morceau qu’il avait avancé en disant “ça vous dirait de chanter avec moi là-dessus ? J’adorerais avoir MPL sur mon album”. C’est vraiment un coup de cœur de sa part, on s’était déjà croisés plusieurs fois donc on a dit “banco!”.
Ce n’est pas facile d’inviter un groupe. Tu peux inviter une personne, la croiser et lui proposer, mais là c’est tout le monde, c’est tout le groupe. Du coup à chaque fois il y a des questions marrantes dans les travaux de featuring. En général il y a une instru qui vient de quelqu’un, est-ce que c’est un featuring MPL s’il n’y a que ma voix ? A chaque fois il y a la question de rajouter les chœurs des autres qui chantent, de rajouter une ou deux guitares, des petits trucs qui “font MPL”… C’est marrant, ça pose des bonnes questions d’identité : qu’est-ce qui fait que c’est MPL ou qu’est-ce qui fait que ça ne l’est plus ?
Et, pour notre album, on est en train de travailler avec Clou et Ben Mazué. Ce serait un peu les deux invités de notre album.
Arthur : sur deux titres différents.
Cédric : ça c’est totalement exclusif, mais on peut te le dire, allez. Mais justement ils viennent à Lyon, on enregistre avec eux là, en septembre. Ça fait 5 featurings en assez peu de temps, alors qu’on n’en avait jamais fait. Il faut croire qu’on était prêts. On ne s’est pas dit “il faut qu’on se mette à faire des featurings”, c’est un peu venu naturellement.
Arthur : la partie un peu cachée aussi du featuring, c’est que tu te dis que ça peut t’apporter quelque chose. Ce n’est pas forcément ça qui est moteur de la démarche de contacter des gens. Mais en fait tu te dis un peu “est-ce que c’est cool que le public de MPL s’intéresse à ma musique ? Est-ce que ça peut marcher ? etc”. Du coup, entre guillemets, t’as pas grand intérêt, à part un vrai grand coup de cœur artistique, à proposer un featuring avec quelqu’un qui n’a pas de public.
En tout cas, le fait que tout arrive maintenant pour nous, je pense que c’est aussi qu’on a une notoriété qui a un peu grossi avec le temps et que c’est le moment où les gens nous connaissent et disent “ah, ce serait cool de faire un truc” ou en tout cas “c’est le bon moment pour faire un featuring avec MPL, parce qu’on les aime bien, parce que artistiquement ça matche, parce que ce serait intéressant”. Même si je pense qu’à aucun moment dans les trucs qu’on a faits, il y a un côté intéressé. Mais je pense qu’inconsciemment, tu as tout à gagner à faire un featuring avec un groupe dont le public pourrait te correspondre.
Cédric : il y a un truc assez marrant aussi, c’est que c’est très différent de se faire inviter et d’inviter. C’est généralement un.e des deux artistes et son label qui portent le morceau. Donc, à chaque fois, il y a une personne qui est en direction artistique et qui invite l’autre. Dans les featurings, il y a souvent un ou une artiste qui a été un peu déplacé.e de sa zone de confort pour arriver dans l’univers d’un.e artiste qui maîtrise et qui est chez lui ou elle.
LFB : oui, parce que je pense que dans l’imaginaire collectif c’est un peu magique. Les artistes se retrouvent, ils écrivent ensemble et ils construisent tout ensemble.
Cédric : oui, c’est ça. On croit que c’est magique. Mais en fait il y a quand même des personnes qui maîtrisent l’agenda, le format, où est-ce qu’on va enregistrer, avec qui, et qui ont le dernier mot. Mais c’est bien, ça fait plaisir de se laisser porter aussi.
LFB : ça change un peu, c’est moins de pression.


Je voulais aussi revenir sur les chansons que vous aviez réécrites, puisqu’elles ne matchaient plus vraiment avec les messages que vous aviez envie de porter. Est-ce que, au contraire, il y a des anciennes chansons dont vous êtes très fiers ? Au niveau de la prod’, de l’instru, des paroles…
Cédric : ah c’est marrant, c’est cool de prendre le truc à l’envers. Déjà, il y a des chansons qu’on continue de jouer sur scène du premier album, donc quelque part, elles ont réussi à passer le filtre du fait qu’aujourd’hui on aime les jouer, musicalement et en termes de texte. Parce qu’il y a des chansons que les musiciens aimeraient jouer et moi je dis “non, ce texte, non”. Et inversement des chansons où je dis “ah, on pourrait la faire celle-là” et les autres disent “non, musicalement c’est trop chiant”. Du coup, il y a Elle disait qu’on joue encore…
Arthur : et Dimanche aussi.
Cédric : oui Dimanche, qui est un poème de Jacques Prévert.
Arthur : du premier album, on ne joue que celles-là. Pendant un moment Jeté à l’eau elle est restée assez longtemps dans le set, mais je crois qu’il n’y a plus que ces chansons-là.
Cédric : en plus on joue court là, on joue une heure donc on réduit…
Arthur : Elle disait elle a survécu à toutes les nouvelles tournées. Elle a toujours été là. Un jour elle va sauter… (rires)
Cédric : oui, c’est les deux qui survivent pour le moment. Avec un truc assez incroyable : c’est que Dimanche sur Spotify, il y a eu un succès d’algorithme qui fait qu’elle est devenue notre tube. Enfin, en tout cas, c’est de loin la chanson la plus streamée sur Spotify. De très très loin.
LFB : parce qu’il y a eu beaucoup de reprises aussi, non ? Comme l’instru est simple, a cappella…
Cédric : c’est un peu un mystère ! On pense que c’est qu’elle est très courte. Il n’y a pas vraiment de refrain du coup ça va très vite. Du coup les algorithmes voient que les gens n’ont pas le temps de la passer, puis en fait elle plaît. Il y a plein de gens qui la mettent dans leurs playlists.
Arthur : la question de départ c’était quand même de savoir s’il y a une chanson du premier album dont tu es fier (rires).
Cédric : ben, ces deux-là !
Arthur : t’es fier de Dimanche ?
Cédric : grave ! Je suis hyper fier, c’est incroyable ce qu’il se passe. Le texte je le trouve bien, la mise en musique aussi… Ce n’est pas moi qui ai écrit le texte, mais j’aime le chanter et j’aime la façon dont on l’a mis en musique. Pour moi c’est pas un hasard si ce morceau fonctionne si bien.
Arthur : après, il y a plein de morceaux qu’on ne joue plus, dont le texte n’est absolument pas problématique. Pardon, je ne juge pas, mais Entre les pierres toi tu pourrais dire “ah j’écrirais plus comme ça aujourd’hui”. Mais en tout cas, pour faire dans le contrepoids de Petit chat ou Lulu, il y a plein de morceaux sur le premier album que je kiffe.
Cédric : il y a Pierrot en ce moment. Moi je la trouve très légère et mignonne, naïve, mais je trouve qu’elle vieillit bien, dans celles que je me reverrais bien chanter.
Arthur : ce n’est juste pas forcément des sujets qu’on aurait envie de réaborder aujourd’hui. Mais pas parce qu’elles ne nous plaisent pas. Quand tu relis le texte aujourd’hui tu ne te dis pas qu’il faudrait les réécrire ou quoi.
LFB : oui, juste parce qu’il faut faire un choix.
Cédric : il faudrait avoir la tracklist sous les yeux, je pense qu’il nous en manque.
Arthur : Requiem aussi je l’aime bien. Mais elle est un peu spéciale parce qu’elle a une partie où il y a la lecture de la lettre au début.
LFB : et du coup, la suite du programme ? Vous êtes en train de réécrire un album… ?
Cédric : oui à fond ! Là on est en pause parce qu’on n’arrive pas à faire tournée et album en même temps. Ça ne rentre pas dans nos agendas. On est de moins en moins dispo, on est nombreux à être jeunes parents et tout. Donc là nos concerts s’arrêtent fin novembre, à partir de là on a six mois pour faire l’album. Comme on habite à Marseille, Grenoble et Valence, on va se faire une semaine toutes les deux semaines pour faire de la musique, tranquille.
Arthur : on ne part pas de zéro hein, on a déjà plein plein de maquettes. On a quatre morceaux sur lesquels on travaille, des singles qui vont sortir en 2025…
Cédric : …qui sont quasiment finis, c’est pour ça qu’on enregistre en septembre.
Arthur : et il y en a x autres dont on a déjà des maquettes, qui ont un début, un milieu, une fin. Les mois qui restent ce sera surtout pour…
LFB : pour peaufiner ces maquettes.
Cédric : voilà. Donc en gros l’idée c’est qu’il soit fini d’être enregistré avant de repartir en tournée au printemps prochain. Et après, le temps d’avoir vraiment finalisé, les mixer, puis aussi avoir le temps de répéter, nous. On s’est faits coincer la dernière fois. On avait fini l’album et il fallait faire la tournée, et en fait on n’avait pas eu le temps de préparer la tournée. Donc on n’avait pas vraiment pris le temps de kiffer parce qu’on avait l’impression qu’on ne donnait pas le meilleur visage des nouveaux morceaux. Donc là on se donne du temps. L’album sortira en 2026, avec des morceaux qui pourraient sortir en 2025. C’est ça notre calendrier du moment, qui pourrait, à tout moment, et pour plein de raisons, exploser (rires).
LFB : vous allez refaire un crowdfunding, comme vous aviez fait pour les anciens albums ?
Arthur : bah écoute, je pense que si on le fait ce sera tourné sous forme de préventes.
Cédric : pour le moment en tout cas, pas trop. On n’en a pas le besoin financier, alors qu’avant oui. Maintenant on a assez de tréso’ avec toutes les activités qu’on a.
Arthur : notre empire financier, par exemple, la crypto monnaie… (rires)
Cédric : on a fait de bons placements (rires). Non mais comme ça prend beaucoup de temps et d’énergie, on se pose la question… Mais ce qui était bien, c’est que sur tous nos albums, ça nous a donné une logique de prévente et de communication en amont de la sortie, puis d’engager tous les gens qui nous suivent. Donc si on ne le fait pas, il faut qu’on invente une autre façon de communiquer sur la sortie.
Arthur : c’est très chronophage un crowdfunding en fait.
Cédric : oui, mais c’est un prétexte pour faire de la comm’ !
Arthur : oui c’est sûr. Mais tu ne te dis pas juste “le temps que je finisse mon album, je vais faire un crowdfunding”. Il faut prévoir des trucs à poster, il faut programmer à l’avance, trouver les contreparties… Ce n’est pas un truc à prendre à la légère. Il est possible qu’on se dise qu’en vrai on n’a pas besoin. On va faire un lot pour l’album et ce sera très bien.
Cédric : de toute façon, il y a toujours ce truc de prévente. Donc l’idée ce serait peut-être de trouver une façon un peu drôle de faire une prévente.
Arthur : ce qui est cool aussi, c’est que je pense qu’il y a des gens à qui ça fait plaisir d’avoir l’impression d’être les premiers à participer un peu plus que juste un acheteur quelconque. Peut-être imaginer des préventes avec un coffret…
LFB : oui, Emma Peters par exemple, elle a mis les prénoms de ceux qui ont pré-commandé l’album en premier.
Cédric : oui du coup ça ressemble à un crowdfunding. Mais on verra, on n’y est pas encore. Il faut d’abord qu’on fasse un bon album après on verra comment on le vend (rires).
LFB : et que vous vous reposiez un peu aussi !
Cédric : oui mais ça va, on n’est pas sur-sollicités non plus, on prend soin de nous. Je pense qu’il n’y a personne qui est en burn-out professionnel là.
Arthur : si, moi, mais bon…
LFB : il ne faut pas le dire ! (rires)
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