À la rentrée, La Face B a rencontré The Lemon Twigs à la Rock School Barbey pour parler de leur nouvel album, « A Dream Is All I Know ». Un projet qui, tout en restant fidèle à leur son distinctif, affirme avec éclat leur empreinte créative et musicale. Les frères D’Addario reviennent sur l’inspiration et les récits derrière leurs chansons, tout en faisant le bilan de leur tournée européenne qui se termine. Un échange vibrant avec un duo d’artistes rêveurs dont la musique transcende les époques.
« Nous savons ce que nous aimons, nous savons ce qui nous semble être bon, et c’est probablement ce que vous entendez dans « A dream is all I know » : plus de confiance dans ce que nous faisons. » The Lemon Twigs
La Face B : Bonjour les frères D’Addario, comment allez-vous aujourd’hui ?
Lemon Twigs : Salut !
Brian : Plutôt bien ! C’est notre dernier concert de cette tournée, et nous sommes assez contents de retourner aux États-Unis, mais nous avons vraiment apprécié tous les concerts. Cela fait environ un mois et c’est agréable.
Michael : Oui ! Tous les concerts étaient fantastiques !
La Face B : Est-ce votre première fois à Bordeaux ? Vous terminez votre tournée européenne avec un concert à guichets fermés, ce qui est une excellente façon de la conclure. Quels sont les moments forts de ce tour?
Michael : Oui ! Nous nous sentions bien, car plusieurs concerts étaient complets et ceux-là étaient probablement les plus énergiques, comme à Londres.
Brian : Le concert au Bataclan à Paris, je l’ai vraiment adoré. C’est toujours génial quand le public est particulièrement réceptif.
Michael : Liverpool était super fun ! Manchester aussi ! Il y a eu plein de super concerts.
La Face B : La Rock School de Barbey est une salle assez emblématique et le public est génial, donc cela devrait être très cool. Avez-vous un lien particulier avec la France ?
Michael : Je pense que les gens en France comprennent vraiment notre musique, et nous avons toujours fait de très bons concerts ici, c’est très fun !
La Face B : C’est bon à entendre ! Vous allez lancer votre tournée aux États-Unis et au Canada le 3 octobre. Comment vous sentez-vous ?
Brian : Nous y allons directement sans vraiment prendre de pause, ce qui est fatigant. On aurait bien besoin d’une petite pause. Mais deux jours, ça semble être un peu court. Nous n’aurons pas besoin de répéter quoi que ce soit avant, ce qui est plutôt bien. Donc, nous pourrons enchaîner sans transition.
Michael : La plupart du temps, nous prenons de longues pauses et nous sommes un peu rouillés, mais je pense aussi que nous allons commencer sur la côte Est puis en Ohio. Ce sont des concerts que nous avons déjà faits plus que n’importe quels autres. Donc toutes ces villes sont comme…
Brian : Relax.
Michael : … proches de chez nous, tu peux juste monter dans un avion et y être en quelques heures.
La Face B : Mais vous allez aussi tester en live votre nouvel album, ce qui est génial, donc vous aurez une réaction immédiate depuis sa sortie en mai. Les gens peuvent découvrir en live les morceaux qu’ils ont écoutés sur le disque.
The Lemon Twigs : Ouais.
Michael : Ça a bien fonctionné. Oui, définitivement les nouvelles chansons et tout ça.
Brian : Et maintenant, elles deviennent plus instinctive, vu qu’on les a jouées tellement de fois en Europe.
La Face B : Vous avez aussi fait une bonne saison de festivals avec All Points East, End of the Road. Avez-vous apprécié de voyager et de jouer tout l’été ?
Michael : C’était super, et nous avons aussi fait Primavera en Espagne. Ça faisait un moment qu’on n’avait pas fait beaucoup de festivals. Nous avons eu une période où nous en faisions beaucoup quand nous avons commencé, puis encore pour notre deuxième album. C’est toujours fun parce qu’on fait généralement des shows d’une heure vingt et Brian fait l’acoustique, donc le spectacle alterne entre lent, rapide, lent, rapide. Avec ces festivals, tu fais juste 40 minutes, du pur rock et tout ça.
Brian : Énergique.
Michael : Super fun pour moi.
La Face B : C’est un rythme différent, car vous devez condenser beaucoup de choses dans un court laps de temps, et vous y mettez beaucoup d’énergie.
Brian : Et personne ne vous connaît, donc c’est amusant de voir qu’il n’y a pas d’attente.
Michael : Pas personne, mais c’est certainement beaucoup plus de gens qui n’ont jamais entendu parler de nous et qui viennent voir les autres groupes, et tu essaies de les impressionner plus que dans ton propre .concert.
La Face B : Revenons à vos débuts en 2016, deux adolescents, vous attendiez vous à l’engouement, à la fois professionnel et du public, après la sortie de Do Hollywood ?
Brian : Pas du tout. On tournait beaucoup et je ne pense pas qu’on avait une vision professionnelle à l’époque. Je pense qu’on a toujours mis beaucoup d’efforts dans les shows. Cela ne nous a pas affectés émotionnellement comme ça l’a fait au début, car on avait vraiment le mal du pays.
Michael : Et quand on a commencé, quelqu’un d’autre organisait tout et on se contentait de jouer. On travaillait très dur et on ne revenait pas avec beaucoup d’argent parce qu’on dépensait tout dans les shows. Comme on était tellement novices, on ne savait pas qu’on ne pouvait pas vraiment se le permettre. Toutes ces choses, au fil des ans, on les comprend mieux et ça devient plus décontracté et détendu.
La Face B : Quel conseil donneriez-vous aux Michael et Brian de 17 ans à ce sujet ?
Michael : Nous avons joué dans beaucoup de bars et de lieux à Long Island et dans la ville quand nous étions enfants, mais nous ne venons pas de la scène musicale indépendante, comme beaucoup de gens le font dans leurs villes et rencontrent plein de jeunes groupes. Nous avons rencontré des gens en chemin et je pense que c’est probablement mieux que d’essayer de monter des spectacles. Si tu viens d’une scène plus indépendante, tout se fait beaucoup plus graduellement. Nous avions l’impression d’avoir été jetés dedans.
La Face B : Vous avez sorti un premier album, et nous vous avons découverts comme un petit diamant brut, puis un deuxième album. Ensuite, vous revenez avec un troisième album Everything Harmony l’année dernière, en 2023. Et les choses ont complètement changé. Les gens ont redécouvert votre musique et vous en tant que groupe. Cet album était très influencé par la musique du début des années 70, pop et folk, si sincère et nostalgique. Musicalement très riche : il y a des chansons vraiment folk comme la première et la dernière piste. When Winter Comes Around me rappelle beaucoup Dylan.
Michael : Ouais !
La Face B : Cela m’a ramené à mon adolescence quand je pouvais écouter le jeune Dylan toute la journée. La belle intro à la guitare !
Brian : Merci !
La Face B : Quelle belle façon de commencer l’album. Pouvez-vous me parler de cette chanson When Winter Comes Around
Brian : Le premier couplet est venu très naturellement ; j’aimais vraiment les paroles. Et normalement, j’aurais précipité la fin de la chanson, mais je savais dès le premier couplet que je voulais qu’elle ait au moins quatre couplets, d’une manière inspirée par Dylan ou Leonard Cohen. Je voulais me donner de l’espace pour vraiment apprécier les quatre couplets. J’aurais pu en écrire plus, je suppose, mais je pensais que c’était un bon mélange entre un style folk et nos vraies racines qui sont dans la création de musique pop.
La Face B : C’est un mélange vraiment agréable et ça fonctionne très bien. Cette chanson est comme une berceuse qui te plonge dans l’album avec douceur et poésie. Corner of My Eye était très sophistiquée grâce aux riches harmonies vocales, très Carpenters !
Brian : Peut-être, et on aime leurs tubes, mais on ne connaît pas particulièrement leurs albums.
La Face B : Peut-être que le refrain et les harmonies vocales ont cette touche des Carpenters.
Brian : Et les textures ! Toutes ces douces textures de cordes.
La Face B : Mais dans cet album, le morceau Ghost Run Free est très années 90, avec une ambiance similaire à Happy Shiny People de REM, ce qui diffère des chansons inspirées du style des années 60/70.
The Lemon Twigs : Ouais !
Michael : Nous expérimentions avec des mélodies intéressantes et nous ne voulions pas être enfermés dans l’époque que tu mentionnes. Nous sommes un peu retournés à cela dans les nouveaux albums, spécifiquement au style des années 60. Je pense que nous essayions simplement de nous concentrer sur des mélodies intéressantes, et des artistes mélodiques des années 90 qui avaient une approche différente.
La Face B : Ma chanson préférée de Everything Harmony est New to Me. Je trouve que c’est une belle berceuse, pleine de sens, sincère et à laquelle on peut facilement s’identifier. Mon grand-père avait la démence, et je pouvais voir la dynamique entre lui et ma grand-mère, ainsi que sa manière de réagir avec nous. Les paroles « quand tu tiens ma main et me dis qui je suis » sont sobres et sophistiquées, mêlées à une simplicité acoustique qui rend la pièce encore plus belle. Les gens vous parlent-ils de cette chanson ? Pourquoi avez-vous voulu écrire cette histoire ?
Brian : Des gens sont venus nous en parler, et c’est vraiment agréable quand ils le font. Ma mère en particulier, c’est l’une des chansons qu’elle a vraiment, vraiment aimées quand nous l’avons faite. Cela vient de notre expérience avec nos grands-parents.
Michael : Et notre oncle. Nous avons connu des personnes atteintes de démence. Je ne parlerai pas pour toi (Brian), mais pour ma part, je trouve toujours intéressant que, pour moi, ce qui a inspiré cela, c’est que notre grand-mère avait la démence, et tu voyais comment elle interagissait avec notre grand-père, et elle disait des choses comme « il est mignon ». C’est comme s’ils entraient dans la pièce sans se connaître, mais elle retombait toujours amoureuse de lui. Je trouvais ça intéressant. C’est entièrement la chanson de Brian, mais je pense que c’est de là que ça vient.
La Face B : C’est très touchant, car on assiste à des moments où ils retombent amoureux. Mais en même temps, c’est bouleversant.
The Lemon Twigs : Bien sûr !
La Face B : C’est pour cela que c’est très universel, même si ce n’est pas une histoire d’amour, il faut toujours expliquer « qui es-tu ? Je ne t’ai jamais rencontré. » Et c’est véritablement innocent. Mais cette situation te ramène à une réalité qui est déchirante.
The Lemon Twigs : Aww.
La Face B : En 2024, vous revenez avec un nouvel album A Dream Is All We Know. Des critiques incroyables et élogieuses. J’ai adoré la citation « Un délicieux festin de pop rétro » pour résumer votre album. Dans ce disque, votre identité musicale brille vraiment, et vous jouez entre la pop rétro et un craft moderne.
The Lemon Twigs : Merci ! C’est vraiment gentil.
La Face B : Dans cet album, on débarque vraiment dans l’ère des années 60/70. Très Beach Boys et Beatles dans les harmonies, mais avec une approche moderne et fraîche.
Brian : Je pense que notre seul véritable objectif était de faire de la musique qui nous amusait vraiment à créer, et des choses que nous aurions réellement envie d’écouter.
Michael : Avec l’album précédent, nous l’avons vraiment aimé et apprécié, et c’était très bien conçu et sophistiqué. Mais d’un point de vue personnel, je n’écoute pas toujours de la musique triste ou lente tout le temps. Parfois, c’est bien pour une ambiance, mais ce n’est pas idéal pour la voiture.
Brian : Et c’était un moment tellement fun pendant la tournée pour Everything Harmony, en jouant les chansons dans ma tête. Plus enjouées, et nous voulions faire plus de chansons comme ça, mais ça n’est pas sorti de cette façon.
La Face B : Mais c’est ce que vous étiez à l’époque, vous avez des chansons plus tristes, plus lentes, qui permettent de vraiment se concentrer sur les paroles et les histoires. Mais avec cet album, peut-être que vous vouliez simplement vous amuser et être plus léger. Certains des thèmes de l’album sont assez sérieux, mais les mélodies et les harmonies sont accrocheuses, permettant aux gens de chanter avec vous. C’est un peu différent de ce que vous avez fait auparavant. Sur cet album, je pense qu’en live, les gens peuvent chanter avec vous et faire le refrain comme s’ils faisaient partie du groupe.
The Lemon Twigs : Ouais !
Michael : C’est un peu plus facile à suivre. Personnellement, je me rends compte que c’était plus le genre de musique que nous écoutions tout le temps. Alors, nous avons juste travaillé avec ça. Avec l’album précédent, Brian avait toujours deux ou trois ballades, et il disait toujours : « Mec, ce sont mes meilleures chansons ! » Et quand nous faisions Everything Harmony, je lui ai dit : « Eh bien, Brian, si tu penses que ce sont tes meilleures chansons, pourquoi ne pas faire un album où elles sont au centre, et où on travaille autour de ça ? Plutôt que de mettre les singles au centre et de rajouter une ballade. Tu vois ce que je veux dire ? »
La Face B : Comment cet album est-il structuré ?
Brian : Nous avions nos chansons, celles que nous sentions être les plus fortes de l’album, ou des chansons rock comme My Golden Years en particulier, et nous avons juste essayé de les enregistrer encore et encore si nécessaire.
Michael : Tu parlais de l’ordre des chansons sur l’album ?
La Face B : Oui, est-ce que c’est comme une longue histoire continue ?
Michael : Non, nous avons un peu chargé l’album au début, où la première moitié est plus entraînante et ce sont celles que nous préférons. La deuxième partie est plus amusante. La première partie contient les morceaux en lesquels nous croyons vraiment, et la deuxième partie, c’est ce qu’on trouvait amusant, plus la ballade qui était censée être pour Everything Harmony.
La Face B : Dans cet album, les clips sont vraiment marrants ! Vous vous êtes détendus. Par exemple, How Can I Love Her More avec le psychologue. On voit un côté beaucoup plus ludique, autant dans l’audio que dans le clip. Je voulais vous parler de l’enregistrement analogique. Qu’est-ce que cela apporte à votre processus créatif ?
Brian : Je pense que ça nous force à concrétiser nos idées de manière plus précise avant de les enregistrer. Comparé à ce que j’ai vu des gens travailler en numérique.
Michael : Ça rend aussi plus facile le fait d’être satisfait des sons et tout ça. On aime juste la façon dont ça sonne.
La Face B : Parlons de quelques morceaux ! My Golden Years est un peu doux-amer. La fin est incroyable, finissant en crescendo avec des vibes rock puissantes.
The Lemon Twigs : Merci !
La Face B : My Golden Years revient sur le passé, célèbre le succès, mais aussi la mélancolie et les regrets de ce que vous auriez pu ou dû faire. Mais vous n’avez même pas 30 ans.
Michael : C’est juste pour s’assurer que tu fais tout ce que tu veux avant d’avoir 30 ans.
La Face B : Ta vie ne s’arrête pas à 30 ans. In the Eyes of the Girl a été produit avec Sean Ono Lennon. Comment l’avez-vous rencontré ? Vous le connaissiez déjà ?
Brian : Nous l’avons rencontré lors d’un événement où nous avons joué il y a environ sept ans, et nous avions parlé de peut-être faire quelque chose ensemble à l’époque, mais ça ne s’est pas fait avant l’année dernière. Nous lui avons demandé de chanter sur une des chansons de notre père sur laquelle nous travaillions. Il a dit oui, puis il nous a invités à venir au studio pour enregistrer. Nous y sommes restés cinq jours et avons travaillé avec lui. Il était vraiment facile à travailler, car il voyait que nous pouvions nous produire nous-mêmes, mais il intervenait quand il avait des idées, donc c’est devenu une production collaborative puisqu’il s’agissait de son studio. Mais il respectait vraiment nos forces, et nous aimions ses idées, car il avait un bon sens mélodique.
La Face B : C’est un musicien fantastique, très sous-estimé.
The Lemon Twigs : Ouais, totalement !
La Face B : Parlons de Church Bells ! Une chanson très douce-amère, à la fois mélancolique et poétique, agrémentée de magnifiques arrangements orchestraux ! Pourquoi avez-vous incorporé un arrangement ou un effet plus classique sur ce morceau ?
Michael : J’avais juste cette chanson folk très simple, et nous savions que nous voulions lui donner une ambiance royale, un peu majestueuse. Et Brian a joué tous les violoncelles et la trompette.
Brian : J’ai peut-être fait six pistes de violoncelle sur cette chanson, et si c’était trop aigu pour moi, on ralentissait la bande ou on l’accélérait. Il était très patient, revenant en arrière et me faisant rejouer la même partie encore et encore. Ce genre de limitation rend l’arrangement simple et précis.
La Face B : La chanson A Dream Is All I Know est très éthérée et onirique, elle montre à la fois la fragilité d’un rêve et le grand espoir et le réconfort qu’il peut apporter. De quoi rêvez-vous ?
Brian : De choses très pratiques, comme avoir un studio, y mettre un piano et des choses comme ça. Une salle de contrôle. C’est principalement de faire autant d’albums que possible. C’est très pratique.
Michael : C’est réalisable.
La Face B : Cet album semble plus mature. Vous sentez-vous plus murs et plus sages avec ce disque ?
Brian : Pas vraiment ! Certaines des chansons datent de 2017.
Michael : Certaines datent d’encore plus loin. Certains enregistrements remontent même à avant. Je pense que nous nous sommes recentrés sur ce que nous aimons. Nous savons ce que nous aimons. Même sur Everything Harmony, nous faisions des expérimentations, mais aujourd’hui, ce n’est plus tellement de l’expérimentation, c’est plutôt que nous avons tellement de chansons et que nous essayons simplement de les concrétiser. De les enregistrer de la meilleure manière possible. « Nous savons ce que nous aimons, nous savons ce qui nous semble être bon, et c’est probablement ce que vous entendez dans « A dream is all I know » : plus de confiance dans ce que nous faisons.
La Face B : On voit votre ADN musical
The Lemon Twigs : Oui, exactement !
La Face B : Certaines personnes vous appellent toujours les chouchous du pop rétro. Comment avez-vous composé cet album ?
Brian : En général, je m’assois au piano ou avec la guitare et je joue plutôt des choses instrumentales. Je joue habituellement la mélodie d’une main et l’accompagnement de l’autre. C’est généralement comme ça que ça vient. Et ensuite, j’essaie de trouver des mots sans trop y penser.
Michael : Moi, je trouve souvent une mélodie n’importe où, avec ma guitare, dans mon appartement, dans l’avion ou pendant la balance. Je trouve toujours des mélodies comme ça. Ensuite, j’essaie de les finir rapidement sans trop y réfléchir. Mais lui est peut-être un peu plus comme un artisan.
Brian : Je n’ai pas dit ça.
Michael : Avec ce que tu as décrit… Je veux dire, c’est intéressant parce que tu dois juste trouver des mélodies.
Brian : Je ne trouve généralement pas de mélodie à moins d’être assis avec un instrument.
Michael : Wow.
La Face B : Comment se passe la dynamique entre vous deux ?
Brian : On se joue généralement une chanson quand elle est presque terminée. Ou il nous manque, par exemple, un pont ou quelque chose.
Michael : Si Brian a écrit une chanson au piano, j’irais à la batterie, et on la travaille ensemble comme ça pour la structurer un peu plus et donner plus de forme à la base de la chanson. C’est pareil pour moi, je joue de la guitare et lui fait la batterie, et on travaille dessus pour structurer la base.
La Face B : Et les harmonies ? Est-ce que cela vient naturellement ? Vous vous connaissez si bien que vous placez vos voix l’une sur l’autre pour créer des harmonies ?
Brian : Oui.
Michael : Parfois, on improvise, mais je pense que la plupart du temps…
Brian : Maintenant, on aime se placer ensemble devant le même micro. Avant, on avait tendance à ce que l’un de nous fasse toutes les harmonies sur une chanson, mais maintenant, on n’aime plus trop ça.
Michael : Depuis Everything Harmony, on fait toujours les harmonies ensemble. On commence à superposer des pistes de deux harmonies à la fois, en plaçant le micro entre nous. On double ça, puis on recommence avec deux autres parties puis, on fait ça environ six à huit fois.
Brian : Parfois, j’arrange les harmonies si on sait qu’on va en faire tout un groupe, et d’autres fois, je n’ai rien à dire. On chante juste les parties qui viennent naturellement.
La Face B : Ma dernière question : est-ce qu’il y a quelque chose que vous avez lu ou écouté récemment qui vous a inspiré ?
Michael : Je viens de lire le livre sur Chris Bell de Rich Tupika, There Was a Light. Du coup, j’ai beaucoup écouté Big Star récemment, et je me concentre surtout sur les techniques de production plutôt que sur l’écriture de chansons.
Brian : Il y avait quelques films, comme Walkabout de Nicolas Roeg, qui était cool.
Michael : Chimp Crazy! La nouvelle série Netflix.
Brian : C’était vraiment facile à regarder. Tu sais ce qui était cool ? Hardcore, le film de Paul Schrader. La bande sonore de Jack Nitzsche.
Michael : On a vu ça à Midtown Manhattan, et Paul Schrader a fait une conférence.
Brian : Et il a parlé de combien il n’aimait pas le film. On pouvait deviner qu’il n’était pas dans la salle pendant la projection.
La Face B : Merci les gars. C’était super de vous rencontrer tous les deux.
The Lemon Twigs : Merci, c’était super de te rencontrer aussi.
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Version en Anglais
La Face B: Hello The D’addario Brothers, How are you today?
Lemon Twigs: Hey!
Michael: Good!
Brian: Pretty good! It is our last show on this tour, and we are pretty happy to be going back to the US but we really enjoyed all the shows. It’s been about a month and It is nice.
Michael: Yeah! All the shows were fantastic!
La Face B: Is that your first time in Bordeaux? You are finishing your EU tour with a sold-out show, which is a great way to finish it. Do you have any highlights?
Michael: Yeah! We were feeling good as quite a few sold out and those ones were probably the most energetic ones like London.
Brian: The Bataclan show in Paris, I really really enjoyed. Just whenever the audience is particularly into it.
Michael: Liverpool were fun! Manchester were fun! There were lots of great shows.
La Face B: The RockSchool in Barbey is quite an iconic venue and the crowd is great so it should be very cool. Do you have a special connection with France?
Michael: I think the people in France really understand our music and we have really good shows here and a lot of fun!
La Face B: It is good to hear! So, you are going to kick off your US and Canada tour on 3rd October. How do you feel about that?
Brian: We are going right into it without being any sort of break is like a lot. We could use a bit more of a break. But two days feels like a long stretch. We won’t have to rehearse anything before which is kind of nice. So, we can just go seamlessly into it.
Michael: A lot of the time, we take long breaks and we are kind of rusty but I think also we are going to be first on East Coast and then Ohio. Those shows are the kind of shows we have done more than any other. So all those towns feel like
Brian: Relaxed.
Michael: so close to home you can just get on a place and be there in a couple of hours.
La Face B: But you are also going to test live your new album, which is brilliant so you will have an immediate reaction from the launch in May. People can discover the tracks they have been listening on the record live.
The Lemon Twigs: Yeah
Michael: It has worked well. Yeah, definitely the new songs and stuff.
Brian: And now they are becoming second nature now we have played them so many times in Europe
La Face B: You also did a good festival season with All Points East, End of the Road. Did you enjoy travelling and playing all summer?
Michael: It was great and we also got to do Primavera in Spain. It has been a while for us since we have done a lot of festivals. We had a period of doing a lot of them when we first started and then again on our second record. It is always fun because we go out and usual play an hour twenty in our show and Brian is doing the acoustic and the show kind of goes slow, fast, slow, fast. With thos festivals, you can just do 40 minutes just super rock and stuff.
Brian: Energetic
Michael: Super fun for me.
La Face B: It is a different pace as you have to fit into a short amount of time lots of stuff and you put a lot of energy into it.
Brian: And no one knows you so it is fun to see no expectation.
Michael: Not no one but it is certainly a lot more people who have never heard of you and come and see the other bands and you are trying to impress them more than you do in your own show.
La Face B: Back to when you started in 2016, two teenage boys, did you expect the wave of attention, both professional and audience after the launch of Do Hollywood?
Brian: Not at all. We were just touring a lot and I don’t think we had a professional outlook on at the time. I think we always put a lot of effort into the shows. It did not take an emotional toll on us as it did when we first did it because we got really homesick.
Michael: And when we first started out, somebody else just set everything up and we just did it. We worked very hard and we would come away with not a lot of money to show for it because we were spending all the money in doing the show. Cause we were so green, we did not know we could not really afford that. All those kinds of things, over the years, you figure it out and it becomes more casual and more relaxed.
La Face: So what advice would you give to 17-year old Michael and Brian about that?
Michael: We played in a lot of bars and stuff in Long Island and in the City when we were kids but we did not come from independent music scene, the way a lot of people do in their towns and they meet a lot of young bands. We met people along the way and I think it probably better than try to put on shows. If you come from a more independant stand point, everything is a lot more gradual. We felt we were thrown into the thing
La Face B: You had a first album, we discovered you as little diamond in the rough and then a second album. Then you come back with a third album Everything Harmony” last year in 2023. And the cards completely changed. People rediscovered your music and you as a band. This album was very influenced by music from early 70s, pop and folk, so sincere and nostalgic. Musically very rich: you have songs that are really folk like the opening track and the last song. “ When Winter comes around” very Dylan to me.
Michael: Yeah!
La Face B: It took me back to when I was a teenager and could listen to early Dylan all day. The beautiful guitar cord intro!
Brian: Thank you!
La Face B: Such a great way to start the album. Can you talk to me about that track “When Winter comes around”?
Brian: The first verse came about very naturally; I really liked the words to it. And ordinarily, I would rush to finish the song but I kind o knew from the first verse I wanted it to have at least four verses in a way that was kind of inspired by Dylan or Leonard Cohen. And I wanted to be able to give myself space to really like all four verses. I could have written more, I guess, but I thought it was a good mix between a folk style and our real roots which are in making pop music.
La Face B: It is a really nice blend and It works really well. This track is like a lullaby that bring you into the album with sweetness and poetry. Corner of my eye was very sophisticated because of the rich vocal harmonies, very Capenters!.
Brian: Maybe it is and we like their hits but we don’t particularly know their albums.
La Face B: Maybe the chorus and vocal harmonies have that Carpenters feel.
Brian: And the textures! All the soft string textures.
La Face B: But in this album, the track Ghost run free is very 90s with a similar vibe to REM’s Happy Shiny people which differs from the songs inspired by 60s / 70s stamp.
The Lemon Twigs: Yeah!
Michael: We were experimenting with doing interesting melodies and not being locked in the era that you mentioned. We went kind of back to that on the new records, specifically the 60s stuff. I think we were trying to just focus on interesting melodies even interesting melodic people from the 90s who were able to come with a different approach.
La Face B: My favorite song from “Everything Harmony” is “ New to Me”. I feel it is a beautiful lullaby, meaningful and sincere and relatable. My grandad had dementia and I could see the dynamic between him and my granma and the way he reacted to us. And the lyrics “ when you hold my hand and tell me who I am “ are demure and sophisticated blended with an acoustic simplicity that made the piece even more beautiful. Do people talk to you about this song? Why did you want to write that story?
Brian: We had people come up and say that and it is really nice when they do. My mom in particular, that’s one of the songs she really really likes when we did it. It was through our experience with our grandparents.
Michael: And our uncle. We have known people who had dementia. I won’t speak for you (Brian) but at least I always think it is interesting that, to me, what has inspired it was that our granma had dementia and you would see her interact with our granpa and would like or say to you “He is cute” . It is like they walk into the room and don’t know each other and she would still fall in love with him again. I thought it was interesting. It is all entirely Brian’s song but I thought that’s where it came from.
La Face B: It is very touching because you witness they can fall in love all over again. But at the same time it is heartbreaking
The Lemon Twigs: Of course!
La Face B: That’s why it is very relatable, even if this is not a love story, you must explain again “who are you? I never met you.” And it is genuinely innocent. But this situation brings you back to a reality that is heartbreaking.
The Lemon Twigs: aww.
La Face B: 2024, you come back to a new album “ A dream is all we know” . Amazing critics and reviews. I loved the quote “ A delightful feast of retro pop” to sum up your album. In this record, your musical identity is really shining through and you are really toying between retro pop and modern craftmanship.
The Lemon Twigs: Thank you! It is really nice.
La Face B: On this record, we are setting ashore on the 60s/ 70s era. Very Beach Boys and Beatles in the harmonies but with a modern and fresh approach.
Brian: I think our real only purpose was to do some music they we felt was really fun for us to make and stuff we would actually want to listen to.
Michael: With the record before, we really liked and enjoyed It and it was really well crafted and sophisticated. But from a personal standpoint, I don’t always to listen to sad music, slow music all the time. Sometimes, that’s great for a mood but it is not great for the car.
Brian: And it’s such a fun time when we were touring the Everything Harmony album playing the songs in my head. More upbeat and we kind of wanted to do more songs like but it did not come out like that way.
La Face B: But it was who you were at the time, you have some songs that are more sad, more low pace to really focus on the lyrics and stories. But this album, maybe you just want to have fun and be lighthearted. Some of the themes on the album are quite serious but the melodies and the harmonies are catchy for people to sing along. It is a bit different to what you have done before. On this album, I think that live people can sing along and do the chorus with you and part of the band.
The Lemon Twigs: Yeah!
Michael: It is a little easier to follow. Personally, I realize that it was more kind of the music that we listened to all the time. So we just worked with that. With the record before, Brian always had two or three ballads on the record and he always said “ Man, these are my best songs!” and when we were making Everything Harmony I said “ Well Brian if you think those are your best songs, Why don’t we make a record where those are the centerpiece and we work around that? Instead of the singles are the centerpieces and we have to throw in a ballad. You know what I mean?
La Face B: How is this record articulated?
Brian: We had our songs, the one we felt were the strongest songs in the album or songs rock on like My Golden Years especially and we just tried to record them over and over again if necessary.
Michael: Were you talking about the order of the record?
La FaceB: Yes, Is it like a long big story?
Michael: No, we kind of front loaded the album where the first half of it is like upbeat and we like them the most. And the second side is more fun. The first side is the stuff we really believed in and the second side was the stuff we thought was fun plus the ballad which was supposed to be for Everything Harmony.
La Face B: On this album, the music videos are really fun! You let your shoulders down. For example “ How can I love her more” with the psychologist. We see a much more fun side on the audio and the music video. I wanted to talk to you about analog recording. What does that do to your creative process?
Brian: I think it kind of forces us to get our ideas together in a more concrete way before we record them. Compared to what I have seen people work in digital.
Michael: It also makes easy to be happy with the sounds and stuff. We just like the way it sounds.
La Face B: Let’s speak about some tracks! My Golden Years is a bit bittersweet. The ending is amazing, ending in crescendo with strong rock vibes.
The Lemon Twigs: Thank you!
La Face B: My Golden Years is looking back in time, celebrating success but the melancholy and fears of what you could have done or should have done. But you’re not even 30.
Michael: It is just making sure you do everything you want to do before you are 30.
La Face B: Your life does not end when you are 30. In the Eyes of the Girl was produced with Sean Ono Lennon. How did you meet him? Did you know him before?
Brian: We met him at an event we played about seven years ago and we talked about maybe doing something together then but we never really got around to it until last year and we asked him to sing on one of our dad’s tunes that we were working on. He said yes and then invited us again to come to the studio and record. We stayed there for five days and worked with him. He was really easy to work with because he saw we could produce ourselves but he chimed in when he had ideas so it became more of a collaborative production thing because it was his studio. But he was really respectful of what our strength were and we liked his ideas because he had a good melodic sense.
La Face B: He is a fantastic musician, very underrated musician.
The Lemon Twigs: Yeah totally!
La Face B: Let’s talk about Church Bells!! Very bittersweet song as melancholic and poetic covered by beautiful orchestra arrangements! Why did you incorporate a more classical arrangement or effect on the record?
Michael: I just had the folk song that was very straightforward, and we knew we wanted to give it like a royal world feel. And Brian played all the cello on it and the trumpet.
Brian: I maybe did six cellos on that song and if it was too high for me to play, we would slow down the tape or speed it up. He was very patient just rolling back and punching me in over and over again to go over the same part again. Those kinds of limitation make arrangement simple and to the point.
La Face B: The song “A dream is all I know” is very ethereal and dreamy and shows the fragility of a dream alongside the great hope and comfort it can bring. What do you dream about?
Brian: Really practical stuff like being able to have a studio and put a piano and things like that. A control room. It is mainly about making as many albums as we can. It is very practically.
Michael: It is achievable
La Face B: This album feels more mature, do you feel older and wiser with this record?
Brian: Not really! Some of the songs are from 2017
Michael: Some are from even before. Some of the recordings go back before. I think we re-focused on what we like. We know whet we like. Even on Everything Harmony we were experimenting but nowadays it is not so much experimenting with stuff, it is more we have so many songs and we just try to to get them. Get them down in the best way possible. We know what we like, we know what we believe is good and that’s really more you might hear in the record is more confidence in what we’re doing.
La Face B: We see your music DNA.
The Lemon Twigs: Yeah exactly!
La Face B: Some people still call you the darlings of Retro pop. How do you compose this album?
Brian: I usually sit at the piano or with the guitar and play more like instrumental type stuff. I normally play the melody in one hand and the accompanying one in the other hand. And that is how it usually comes. And then I try to come up with words when I am thinking so much about words.
Michael: I usually come up with a tune anywhere with my guitar or in my apartment or just in the plane or at soundcheck. I am always coming with tunes like that. Then I am trying to finish them quickly and not think about them that much. But he is maybe a bit more like a craftsman.
Brian: I did not say that.
Michael: With what you described…. I mean, that is interesting because you must just come up with just tunes.
Brian: I don’t usually come up with a tune unless I am sitting with an instrument.
Michael: wow
La Face B: How is the dynamic between you two?
Brian: We usually play a song when it is almost finished to one another. Or we are missing like a bridge or something.
Michael: If he has a song he wrote on the piano, I would go to the drums and we kind of workshop that way and get a bit more structured so the bones are a bit more orchestrated. The same with me, I’d play guitar and he would do the drums and we would work on it and get the bones on it.
La Face B: And the harmonies? Does it come naturally? You know each other so well that you pose the voice on top of each other to make harmonies
Brian: yeah
Michael: Occasionally we improvise but I think most of the time
Brian: Now, we like to stand in front of the same mic together. We used to do so much more of one of us doing all the harmonies on a song and no we just don’t like to do that.
Michael: Since Everything Harmony, we always do it together. We start layering harmony tracks two at the time so put the mic between us and do two parts. Double that, put the mic do two parts. We do that about six to eight times.
Brian: In some times, I arrange the harmonies if we know we are going to do a whole group of harmonies and sometimes I don’t have to say anything. We just sing the parts that come naturally.
La Face B: My last question : anything you read or listened to recently that inspired you?
Michael : I just read that Chris Bell book by Rich Tupika called There was a Light. So I have been listening to a lot of Big Star recently and mostly not so much of the songwriting but I have been focusing on production techniques.
Brian: There was a couple of movies like Walkabout, Nicolas Roeg and It was cool
Michael: Chimp Crazy! The new Netflix series.
Brian: That was really an easy watch. You know what was cool? Hardcore the Paul Shrader Movie. The soundtrack was Jack Nicci using these glasses.
Michael : We saw that mid-town Manhattan and Paul Shrader did a talk
Brian: And he was talking about how much he did not like the movie. You can tell he was not in the audience when it was playing.
La Face B: Thanks guys. It was great to meet you both.
The Lemon Twigs: Thank you and great to meet you too.