Rezz revient avec un nouvel album hypnotique où règne l’obscurité.

Un an après la sortie de son dernier album CAN YOU SEE ME ? sorti sur son label HypnoVision Records, la productrice canadienne fait son retour avec As The Pendulum Swings. Rezz, connue pour l’aspect visionnaire de son esthétique visuelle et sonore, a dévoilé la semaine dernière un septième album, aussi sombre qu’il est qualitatif.
Celui-ci débute par Prophecy, morceau de plus de cinq minutes qui fait figure d’introduction au projet. Après avoir posé quelques notes claires, la productrice installe des nappes électroniques plus sombres qui accrochent. Il nous semble assister à un face-à-face opposant deux entités, qui d’abord se jaugent pour ensuite se confronter. C’est d’ailleurs ce sentiment d’assister à un combat qu’alimente le drop percutant.
Comme à son habitude, l’artiste nous happe dans son univers. Avec Contorted, la diversité de textures sonores vient s’agripper à nos oreilles. Alors que le son paraît creux, le drop ne nous laisse clairement pas indemne. Le titre nous retient, nous emmène toujours plus loin, comme si le son cherchait à se nourrir de notre essence.
Le titre suivant, Telepathy, avec Chuurch, instaure des sonorités résolument industrielles. L’ambiance est inquiétante. Les quelques notes claires instaurent une atmosphère mystérieuse où le doute règne. Des basses impressionnantes font leur entrée sur la fin du morceau et introduisent parfaitement Running From Yourself. Ici, le son puissant nous donne l’impression d’haleter. Alors que le rythme est intense, il nous semble être pris dans une boucle qui va à toute puissance. La ligne de basse qui intervient au milieu est impressionnante et amène une ambiance plus trap qui contrebalance le rythme dynamique du reste du titre.
Glass Veins, continue avec une même ligne de basse efficace. La superposition des nappes et le beat instaurent une ambiance d’une certaine obscurité qui convient parfaitement au morceau suivant Zone qui nous amène sur une ambiance presque horrifique. Le son évolue, dégénère et offre un drop d’une puissance folle qui nous laisse sans voix. Les différentes textures viennent nous plaquer au sol et on nous assistons impuissants à ce qu’il se passe devant nous.
Ensuite, la basse destructrice d’INCANTATION nous fait exploser. La voix susurre un enchantement qui nous fait définitivement nous perdre dans l’univers de la productrice. Et c’est la folie qui semble avoir pris le contrôle de notre corps avec Substance. Les sonorités industrielles, presque mécaniques, s’immiscent dans notre corps pour nous faire danser sans retenue. La fatigue n’existe plus, seul le beat compte.
La collaboration avec Dillon Francis et Brvmes, HOW I DO IT, instaure une nouvelle fois une ambiance pesante, grâce à une ligne de basse percutante et des synthés mélodiques. Le morceau suivant, Downward, est assez entraînant, avec des sonorités en arrière-plan quasi-mystiques.
Les deux titres d’après sont assez surprenants. Sur Upper, l’introduction est calme, avec quelques notes de guitare. Puis vient les rires en fond et il nous semble ensuite traverser des couches d’univers pour terminer dans un endroit à l’atmosphère survoltée. Le rythme est soutenu de bout en bout, avant que cela redescende avec Blue People. Une nouvelle fois, l’ouverture dénote, avec une batterie qui nous fait entrer dans un univers sombre, bien effrayant. Le jeu de textures est impressionnant, tant par son apparition inattendue que par la maîtrise technique que cela démontre.
Pour conclure ce projet, Rezz varie les genres avec Delirium. Alors que des notes de piano introduisent, l’arrivée de cordes instaure une certaine mélancolie ponctuée de mystères avant que des envolées cinématographiques prennent place. On s’aperçoit ici, une nouvelle fois, de l’immensité de l’univers de l’artiste canadienne.
As The Pendulum Swings est une pépite hypnotique. Rezz a réussi la prouesse de faire briller l’obscurité. En sublimant l’horreur et en en faisant un terrain de jeux, la canadienne affirme son esthétique unique, et son nouveau live, pensé comme une véritable expérience immersive, devrait en être la mise en scène la plus aboutie.