En 2021, en plein marasme ambiant, Robert Robert nous avait totalement charmé avec Silicone Villeray. Un basculement assumé vers la pop et la chanson qui , portait notamment par les superbes Quand je veux je dors et Folie Passagère, avait ouvert les vannes d’une créativité plus humaine et plus personnelle. C’est dans cette droite lignée qu’il est de retour avec Bienvenue Au Pays, un nouveau projet où il explore encore plus, que ce soit dans la musique ou dans sa propre psyché.

Robert Robert nous invite donc dans son monde, sa petite bulle à lui. Le titre de l’album est aussi celui de la première pièce qui ouvre cette nouvelle aventure en 12 morceaux.
« Bienvenue au pays où j’ai perdu mes repères…« , dès ces premiers mots, on sent quelque chose d’un peu plus sérieux. Sur une guitare acoustique assez inédite chez le garçon, il nous met en garde et il nous ouvre les portes de ce monde qu’il traverse dans sa bagnole rouge : un pays où tout se fait plus flou, parce que Robert Robert grandit, change et ses intentions envers sa musique aussi.
Si on était taquin, on pourrait même dire Bienvenue aux Pays, tant cet album nous invitera à explorer deux univers distincts mais complémentaires : ses pensées et son amour pour la musique. Des routes qui se font parfois parallèle mais qui se croisent aussi à certains moments. Bienvenue au pays, c’est 38 minutes brillantes et sinueuses, où l’on pleure, on rit, on danse et on se pose … Un lieu de vie tout simplement, au service de ce qu’on pourrait appeler une « tragi-comédie musicale ».
Robert robert
Tragi-comique, M’enfer l’est totalement. Un jeu de mot parfait sur l’idée de lâché prise et sur le fait de chercher à aller mieux et « d’arrêter de s’en faire ». Une vulnérabilité éclatante qui brillera sans discontinuer dans l’album. Après un titre introductif, ce titre est une orfévrerie pop qui se savoure autant dans sa production éclatante que dans la noirceur qui traverse par instant ses propos.
Tout le reste de Bienvenue au pays est à l’avenant de ces deux premiers morceaux : s’amuser d’anecdotes personnelles pour les attacher aux auditeurs par la force d’une écriture sincère, discrète et fine tout en s’amusant à fouiller dans les genres musicaux.
Avec Robert Robert, il est impossible de passer Entre Les Mailles, chaque ligne de son tricot sonore est totalement resserrée à l’autre, même si elle est totalement différente.

Alex nous attrape, par son histoire d’amour qui se délite, par cette façon de faire de la pop dansante absolument imparable avec un refrain qui devient presque impossible d’oublier. Même mission avec l’exceptionnelle Peur de Tout, qui amène la pudeur sur le dancefloor. Deux morceaux qui ne gâche jamais le fond pour la forme et qui nous invite à faire la fête.
Bêtement, on pourrait y voir des morceaux qui font tout simplement du bien. Ça parait peu, mais dans une époque comme la notre, c’est absolument énorme et réconfortant de pouvoir s’échapper l’espace d’un instant. Et ça Robert Robert le fait à merveille, preuve en est avec De Temps en Temps et Luno qui déverse, dans des genres très différents qui pourrait rappeler par moment le meilleur de The Flaming Lips, des trésors de bienveillance et de tendresse.
Et toutes ces émotions humaines, elles se partagent. Si Hubert Lenoir, Félix Petit, Vincent Roberge, Laurent E. Malo et d’autres viennent s’amuser derrière les instruments, c’est avec les pépites LUMIÈRE et Fernie qu’ils partagent deux morceaux.
Dans l’un comme dans l’autre, la collaboration est totale, poussant le curseur vers les influences musicales de chacun. J’aurais Dû est une beauté pop-rock où les voix se mélangent avec bonheur tandis que Casser Du Sucre navigue à vue entre vibe hip-hop et r’n’b sensuel.
Télé termine l’aventure sur une nappe synthétique et nous rappelle qu’on a tous le droit à une part de lumière et à un bout d’existence et de reconnaissance.
Sincère, varié et débordant d’humanité, Bienvenue Au Pays de Robert Robert et le genre d’album qu’on conseille à tout le monde d’écouter. Le genre de douceur positive dont on a tous besoin et qui doit se transmettre. Alors, n’hésitez plus rejoignez nous, on vous souhaite la bienvenue au pays.