Rosemarie : « Pour moi, l’indépendance est une force et une chance »

Rosemarie vient de dévoiler son premier album Réparer. Une œuvre poétique intemporelle, entre pudeur et sensualité, portée par la voix sensible de la lyonnaise, magnifiée par la richesse et le lyrisme des arrangements (cf notre chronique). Une œuvre précieuse aux multiples facettes dont on a eu la chance de discuter avec Rosemarie elle-même, un matin d’automne, dans un café parisien, un peu avant la sortie de Réparer. On vous partage notre entretien.

La Face B : Comment ça va ?

Rosemarie : Ça va, ça enchaîne !

La Face B : Tu vas bientôt sortir ton premier album, tu es dans quel état d’esprit ?

Rosemarie : Je suis dans un état d’esprit très positif, ça fait quand même longtemps que je travaille sur cet album et c’est la concrétisation de plusieurs années de travail. Donc très contente et très heureuse d’aller au bout d’un projet comme celui-là. Après la réception du public, ce sera autre chose et ça ne m’appartient pas complètement. Et heureusement.

La Face B : C’est la première fois que La Face B a le plaisir d’échanger avec toi. Est-ce que tu peux nous présenter ton projet avec tes mots à toi. Qui est Rosemarie ?

Rosemarie : Qui suis-je ? Je suis une artiste basée à Lyon. Je fais de la musique depuis très jeune puisque j’ai commencé le piano au conservatoire à 6-7 ans. J’ai commencé à écrire des chansons à l’adolescence. Et là, sous le nom Rosemarie, j’écris des chansons en français et je me produis depuis 5 ans environ. Et c’est mon premier album qui va sortir. Je fais de la chanson francophone, plutôt mélancolique, nostalgique. Je parle beaucoup de mes émotions et de mes ressentis. J’essaie de faire quelque chose d’organique et poétique. J’ai l’impression que j’ai réussi à faire ça dans cet album. Je pense que ça résume déjà pas mal de choses !

La Face B : Tu as sorti ton premier EP en 2022, Printemps. Il t’a permis d’ouvrir pour des artistes tels que Laura Cahen, Malik Djoudi, Yseult. Comment tu as vécu ces premières scènes-là ?

Rosemarie : Plutôt très bien. Je pense que ça dépend des dates, des ressentis des publics, des configurations. On mentionnait Yseult. Pour moi, c’était une des meilleures premières parties que j’ai faites parce que le public a été très très réceptif. C’était très chouette. Franchement, il n’y a pas deux dates qui se ressemblent, mais c’est très agréable. J’ai été accompagnée sur scène, donc c’est des bons moments de joie et d’intensité aussi.

La Face B : Tu es artiste mais tu as d’autres casquettes. Tu es aussi manageuse de Claire days. Vous avez aussi co-fondé votre propre label, Contre Jours. Qu’est-ce ça veut dire pour toi d’être une femme indépendante qui s’assume dans le milieu de la musique aujourd’hui ?

Rosemarie : Vaste question, est-ce qu’on pourrait faire une interview là-dessus ? Alors comment répondre à ça ? Étrangement, on va dire que d’un point de vue personnel, j’ai toujours été bien entourée. L’indépendance c’est quelque chose, mais ça n’empêche pas de s’entourer, de monter des équipes et de rencontrer des gens au fur et à mesure.

J’ai toujours été bien entourée et sur cet album notamment,. J’ai fait le choix de m’entourer d’amis, de m’associer pour monter un label avec une collègue mais qui est aussi une amie, une femme et qui est assez convaincue de ses envies artistiques et de sa direction. Donc je crois que à notre époque ça commence à être une force tout simplement.

Pour avoir côtoyé d’autres personnes qui ont eu moins de chance que moi, je sais que c’est pas tous les jours facile et qu’il y a encore beaucoup de mauvaises expériences, plus dans le fait d’être une femme et de pouvoir assumer ses choix et son indépendance dans ce milieu-là. Mais pour moi, en tout cas, c’est une chance et c’est une force. J’ai l’impression que c’est quelque chose qui est bien accueilli et bien valorisé. Les gens sont réceptifs.

La Face B : Et comment tu réussis à concilier toutes ces casquettes et à ne pas t’oublier ? A te consacrer du temps aussi en tant qu’artiste ?

Rosemarie : C’est vrai que ce n’est pas toujours évident, ça dépend des périodes. C’est un travail un peu de tous les jours de trouver cet équilibre-là. Aujourd’hui, je pense que je suis dans une phase où j’arrive à trouver cet équilibre-là et à faire les bons choix, mais si ça se trouve, dans six mois, on ne sera pas du tout au même endroit. C’est pour ça que je dis que c’est un travail de tous les jours. C’est surtout trouver du temps pour faire de la place pour soi et pour autre chose que le travail aussi. Je crois que ça fait partie du processus.

Je pense que j’ai une capacité d’organisation aussi qui me permet de le faire et que ce n’est peut-être pas possible pour tout le monde. Et heureusement, on n’est pas obligé de se diviser et de se transformer en pieuvre pour tout faire tout le temps. Mais je prends les jours les uns après les autres et j’essaie de faire ce que j’ai à faire dans les temps. Et pour l’instant, ça fonctionne.

La Face B : Dans ton album, j’ai trouvé que ton écriture oscillait entre pudeur et sensualité. Tu parles des sens, du corps, des émotions qui sont omniprésentes. J’ai le sentiment que c’est comme si tu t’étais autorisée à avoir cette écriture-là, comme si l’album te révélait. Je ne sais pas si toi, tu l’as vécu de cette façon-là ou pas ?

Rosemarie : Je trouve que c’est une très jolie description, déjà. Merci. Oui, ce n’est pas si évident que ça de se dévoiler, de partager des choses. Je pense que j’avais peur aussi de le faire très frontalement et que ce soit un peu brusque et qu’après ce soit dur à chanter sur scène. Parce qu’enregistrer c’est prendre une photo. Après, être sur scène c’est devoir incarner donc c’est plus difficile. Mais comme tu dis, je pense qu’il y a toujours cette pudeur qui en fait, pour moi, est une pudeur un peu poétique et qui fait que j’enrobe certaines choses dans cette poésie.

Avant je pouvais écrire en anglais et c’était ma façon de mettre un voile de pudeur sur tout ça. Mais il y a des chansons que j’ai hésité à mettre sur l’album et à écrire d’une certaine façon parce qu’il y a quand même des textes un peu plus directs que d’autres et un peu moins imagés. Je pense que c’est une bonne description, pudeur et sensualité.

La Face B : C’est forcément un album qui est très introspectif. Tu y abordes avec beaucoup de douceur et de courage aussi un certain nombre de sujets très personnels. L’amour dans ce qu’il a de beau et de moins beau, la perte d’un être cher, la complexité de l’amour filial. Tu abordes souvent des blessures, des fêlures. En référence au titre de l’album, je me demandais dans quelle mesure ça t’avait réparé le fait de faire cet album ?

Rosemarie : Je pense que ça a participé à réparer certaines choses, à prendre du recul aussi. J’ai fait beaucoup de chemin personnel pendant l’écriture mais aussi après. C’est aussi plaisant de constater ça. Peut-être que dans quelques années ça va m’énerver de réécouter ces chansons et d’avoir raconté ces choses-là de cette façon-là.

Aujourd’hui, je suis à un stade où je me dis que peut-être cet album manque un petit peu de joie, mais c’est pas un problème en soi, ça peut être une perspective pour écrire d’autres choses. Donc ça fait partie du processus et je pense que partager ces choses-là et trouver un écho, c’est aussi pour ça que je fais des chansons. Trouver des expériences communes et des ressentis communs qui sont acceptables, ça fait du bien de le constater. Je pense que ça fait partie de la réparation.

La Face B : J’ai ressenti une certaine urgence dans le besoin d’écrire, le besoin de faire sortir toutes ces émotions, en particulier dans Faire partie du monde. Il y a beaucoup de choses dans le morceau et puis il y a des petits bouts de phrases un peu comme des mantras. Je me demandais si c’était des choses qui te permettaient d’avancer au quotidien. Ça relève un peu d’une petite routine, une petite philosophie, des petites choses que tu te dis régulièrement ?

Rosemarie : Oui, oui, complètement. C’est vrai que des fois, c’est peut-être un peu bizarre et un peu égocentré, mais je me redis les paroles de l’album pour me rappeler ce que j’ai écrit. Donc oui, ce sont des mantras. Après, je pense que ça reste aussi une photo d’un instant et je n’ai pas envie de me figer là-dedans. Je m’en sers et je puise dedans quand j’en ai besoin. Comme je parlais de joie tout à l’heure, j’espère aussi que je pourrai créer d’autres mantras et me référer à d’autres choses par la suite.

La Face B : L’urgence, je l’ai aussi ressentie, un peu différemment, dans le morceau qui s’appelle Fleuve. Grosse claque que ce morceau a cappella juste fou ! Il est très court mais extrêmement dense. On est en apnée avec toi. On écoute, on avance en même temps que toi. J’aurais bien aimé que tu nous parles de ce morceau que je trouve assez atypique dans l’album.

Rosemarie : Il est arrivé dans la fin du processus d’écriture de l’album parce que je crois que c’est l’avant-dernier titre que j’ai écrit, le dernier c’était Les Contours. Pas du tout la même ambiance pour le coup. Il s’est écrit avec, comme tu dis, une sensation d’urgence. j’ai écrit ça je pense d’une traite et j’ai pensé à l’enrober musicalement. Peut-être à le rendre moins dur aussi, parce qu’il y a quelque chose d’un peu dur et costaud. Il y a une intensité en tout cas.

En l’écrivant, j’avais envie de déverser un truc intense et finalement ce n’était pas la peine de le maquiller ou de le déguiser pour le faire paraître ce qu’il n’était pas. C’est le morceau que j’ai hésité jusqu’au bout à mettre sur l’album parce que… Juste la première phrase pouvait moi-même me créer de l’inconfort et j’avais peur que ça crée de l’inconfort en la faisant écouter par exemple à ma famille, à ma mère. D’ailleurs, je lui ai fait écouter. Elle m’a dit, « ah non c’est bon, tu peux dire ça. L’important, c’est que tout passe« . J’ai trouvé ça plutôt chouette !

L’écriture s’est faite de façon très spontanée. J’ai peut-être mis un peu moins de poésie que sur les autres titres, une poésie un peu différente peut-être, en tout cas un peu plus brute. Et je suis contente de l’avoir fait parce que ça contraste aussi avec le reste et c’est une bulle un peu différente.

Pour le coup, je ne l’ai jamais chantée sur scène encore, aussi parce que techniquement, c’est un petit peu compliqué. Il faut pouvoir respirer. Et puis, ça va me demander beaucoup d’entraînement pour être à l’aise avec ce morceau. Mais je pense que si j’arrive vraiment à l’assumer aussi, ça peut apporter quelque chose d’intéressant.

On parlait de partager des expériences personnelles qui peuvent devenir des expériences communes. Ça aborde des sujets délicats. Je parle de la mort, de l’envie de mourir, de la violence, il y a pas mal de choses là-dedans. Des sujets dont on peut avoir un peu honte de parler, et je pense que ça peut aussi faire du bien à des gens d’entendre ces choses-là, même si d’un point de vue personnel, il faut que je prenne un petit pas de recul pour être totalement à l’aise avec ça.

La Face B : Il y a un morceau que j’ai trouvé bouleversant aussi dans ton album, c’est Nénuphar. Honnêtement, il m’a fait pleurer la première fois que je l’ai écouté. Et c’est pareil, j’étais un peu curieuse de t’entendre sur ce morceau.

Rosemarie : Nénuphar, il y a une référence littéraire à L’écume des jours de Boris Vian avec cette métaphore du cancer et du nénuphar qui se propage, qui se nourrit à la fois de la personne qui le porte. C’est une façon de mettre de la poésie dans un événement pas forcément poétique, en tout cas au moment où il a été vécu. Je parle d’un souvenir assez ancien. J’ai tendance à écrire plutôt sur des ressentis instinctifs et directs, des expériences précises à un instant T. Et là, je parle plus d’un souvenir, je parle d’un proche qui est décédé il y a plusieurs années.

Et en fait, c’était aussi un moyen d’honorer sa mémoire et l’empreinte qu’elle a laissé dans ma vie tout en parlant d’une expérience difficile qui est la perte de quelqu’un, le deuil. C’était aussi pour moi une des premières expériences de deuil de quelqu’un qui était trop jeune pour mourir. Je pense que c’est aussi pour ça que c’est touchant.

Pour l’avoir déjà chantée en concert, il y a des gens qui sont venus voir en me disant “Moi aussi j’ai un proche qui…” Pourtant, je ne la présente pas en tant que telle et je ne dis pas que cette chanson parle de quelqu’un… On a tous des expériences comme ça dans notre entourage. C’est une chanson dont je suis fière aussi.

La Face B : Tu es fière de cette chanson, et est-ce que tu as un titre, un morceau préféré dans l’album, ou un top 3 parce que parfois c’est difficile de choisir ?

Rosemarie : C’est vrai que c’est difficile de choisir. Je pense quand même que j’ai un vrai attachement à La Mer, qui est le premier titre qui est sorti de l’album et qui après l’ouverture de l’album est le premier titre chanté aussi. Pour moi, il a donné le ton sur toute la direction artistique, le visuel de l’album.

C’est une thématique qui revient régulièrement dans mes chansons, mais je parle beaucoup d’apaisement, de retour à soi, de recommencement, un peu comme une conclusion, un nouveau départ. Et en fait, ça couvre l’album. Je trouve ça aussi intéressant de faire un retour en arrière au fil des chansons. C’est une chanson qui est importante pour moi et je suis super fière de l’écriture aussi.

Si je fais le top 3, je pense que je mettrais aussi Sous mes paupières, que j’aime beaucoup, parce qu’elle me crée une émotion quand je la réécoute, qui est toujours la même, une petite larme à l’œil, donc c’est bien ! Et Fleuve pour la prise de risque qui était nouvelle pour moi en l’écrivant et en la partageant.

La Face B : J’aurais voulu qu’on parle aussi de ta collaboration avec Olivier Koundouno sur ce premier album. Au niveau des arrangements, il y a de la richesse et de la profondeur qui viennent donner une dimension lyrique, une beauté, mais sans pour autant tomber dans un aspect trop classique, un classicisme. C’est une sorte de juste équilibre qui permet de révéler encore plus la beauté des morceaux. Comment cette collaboration est née entre vous deux ? Comment vous avez travaillé ?

Rosemarie : Ça fait quelques années qu’on se connaît avec Olivier parce qu’on avait déjà collaboré sur mon premier EP. Un peu par hasard parce que j’avais été accompagnée sur un ancien projet musical où je chantais en anglais. J’étais prête à arrêter la musique avant de finalement chanter en français et faire de nouvelles chansons.

Et j’ai rencontré Olivier à ce moment-là un petit peu par hasard en studio, où j’ai fait naître les deux premières chansons en français de Rosemarie qui étaient Nuit d’été et Sommeil. Il avait fait un arrangement assez pertinent mais aussi très rapide parce qu’on avait peu de moyens et peu de temps à ce moment-là. Et en fait quand j’ai eu ce projet d’avancer sur un album, pour moi c’était évident de travailler avec Olivier. On commençait à bien se connaître, il commençait à savoir comment moi j’avais envie de travailler, quelles étaient mes influences et ma vision de la musique. Donc j’ai sollicité Olivier.

Et pour moi, on a été vraiment un binôme sur cet album. L’album ne ressemblerait pas à ça s’il n’avait pas été là. Sur le processus de travail, je lui ai d’abord présenté les chansons de façon assez épurée, piano voix, parfois juste de l’instrumental ou juste du texte, dans Fleuve par exemple.

On a parlé d’influences, d’artistes de référence. C’est vrai que moi j’avais envie de quelque chose d’à la fois classique et moderne, quelque chose d’un peu intemporel. S’inscrire dans ce paysage de chanson française, sans tomber dans la pop, sans tomber dans la musique électronique dans laquelle je ne me retrouvais pas, et sans faire de la disco non plus, même si c’était bien à la mode au moment où j’ai commencé à écrire l’album.

Et du coup, il a fallu trouver ensemble les ingrédients pour donner ce résultat-là, ce qui n’était pas toujours évident. Et ça a été son travail de me guider là-dessus. Donc, pour nous, c’était évident d’avoir beaucoup d’instruments acoustiques pour apporter ce côté organique. Tous les instruments sur l’album sont des instruments qu’on a enregistrés. On a utilisé la technologie, évidemment, sinon on n’aurait pas fait l’album et heureusement, ça simplifie les choses !

Mais on n’a pas du tout utilisé de synthé pour les cordes, les cuivres, les choses comme ça. On a vraiment fait du vivant et de l’humain, on va dire. Et pour pas tomber non plus dans ce truc trop classique, comme tu le disais, on a apporté des touches de modernité avec des claviers, des synthétiseurs dont c’est vraiment le métier. Pas pour imiter d’autres instruments. Et de trouver le juste dosage pour qu’une fois que tout ça est allié ensemble, ça fonctionne et ça donne le résultat dont tu parles là.

Et puis on a aussi travaillé ensemble sur les structures, les textes, l’équilibre global de l’album. Fleuve par exemple, on savait qu’à un moment il y avait une respiration un peu différente dans l’album. Un morceau instrumental ou un morceau parlé. Il y a un moment où j’ai écrit ça. Il y a une introduction plus instrumentale, orchestrale, parce qu’on avait un besoin et une envie de direction artistique dans ce sens-là. C’était un travail de long terme et des allers-retours pour construire tout ça.

La Face B : Vous avez travaillé combien de temps ?

Rosemarie : Entre la première fois où on s’est vus et où je lui ai fait fait écouter des morceaux en piano voix et les derniers enregistrements, ça a duré un an et demi, deux ans presque. C’était un long travail.

La Face B : Je reviens à ton propos un tout petit peu avant. Tu disais que vous vous étiez rencontrés à un moment où tu étais sur le point d’arrêter. Tu étais dans une autre dynamique, tu chantais en anglais, dans un groupe. T’as failli arrêter et t’es relancée finalement sur un autre projet. Qu’est-ce qui a fait que tu as trouvé l’énergie pour te relancer sur autre chose. Qu’est-ce qui fait que tu y as toujours cru ?

Rosemarie : Je pense qu’en fait, à l’époque où je chantais en anglais, j’étais accompagnée par un festival vers Lyon qui s’appelle Les Nouvelles Voix en Beaujolais pendant lequel j’avais droit à une semaine en studio justement avec Olivier que je ne connaissais pas, pour travailler sur des morceaux, une direction, ouvrir des perspectives. Et en fait, à cette époque-là, je pense que je n’étais plus trop à l’aise avec ma musique. J’avais l’impression, je pense, d’avoir fait un petit peu le tour, d’une certaine façon, qu’en tout cas, il y avait quelque chose qui ne me convenait pas. Je pense que je n’allais pas bien, tout simplement, et que, par la musique, mais par d’autres choses aussi, je remettais tout en question.

Je bénéficiais de cet accompagnement-là et du studio. J’y suis allée un peu en traînant des pieds en me disant « il y a plein de gens qui auraient besoin de cette opportunité là et qui savent où ils veulent aller. Et puis en fait moi je vais faire perdre du temps à ces gens là« . Et ça a eu l’effet inverse. J’avais 2-3 textes en français au fond d’un carnet c’est là qu’est né le nouveau souffle artistique pour moi.

Je me suis retrouvée à enregistrer ces morceaux. Et quand je suis rentrée chez moi et que je les ai réécoutés, je me suis dit “il ne faut pas que j’arrête, il faut que je fasse ça. Il faut que j’assume de chanter en français”. Ce n’est pas que je ne voulais pas chanter en français, mais je n’en ressentais pas le besoin avant. Ça a été évident. Et depuis, j’écris en français.

Après, j’ai enregistré l’EP. Et puis après, j’avais un projet d’album. J’avais un label avec qui ça n’a pas fonctionné. Et j’ai eu de nouveau envie d’arrêter parce que je pensais que je ne serais pas faite pour ça. Je pense que je ne suis pas la seule, mais il y a plein d’occasions de se dire qu’il y a de bonnes raisons d’arrêter. Et puis en fait, il y a aussi plein de bonnes raisons de continuer. C’est les opportunités, les occasions qui redonnent l’énergie.

La Face B : Ça rejoint l’idée du cycle dont tu parlais tout à l’heure.

Rosemarie : Exactement. Et puis voilà, cet album, je le sors en me disant « j’en ai fait un, je ne sais pas si j’en crée un deuxième« . Ça demande du temps, de l’énergie, de l’investissement. Et en même temps, je me dis « pourquoi ne pas écrire un peu plus sur la joie ? » C’est bien que j’ai envie d’écrire quelque chose et de partager quelque chose aussi !

La Face B : Tu as des projets à venir ?

Rosemarie : Oui. L’album sort le 31 octobre. Donc là, je suis en train de travailler sur la sortie, sur les derniers préparatifs. Je suis en train de préparer un petit ouvrage personnel qui va accompagner l’album que je vais micro-éditer, que j’écris moi et que je vais imprimer, relier à la main. Un petit objet d’art qui va accompagner ça.

Et puis jouer, préparer le live qui existe déjà mais le peaufiner. J’espère en 2026 avoir plus de dates. Et voilà, ça va à la fois en cohésion avec ce que je disais juste avant et en contradiction. Je pense commencer à écrire la suite.

La Face B : Et dernière question, je voulais savoir si tu avais eu des coups de cœur récents pour des artistes, des morceaux, des livres, des films ?

Rosemarie : Il y a plein de choses qui me marquent tout le temps. J’ai écouté le dernier album de Catastrophe, avec notamment le single Sauvons-nous. Et puis hier, j’ai écouté la dernière sortie de Tim Dup et Laura Cahen, qui s’appelle Le printemps, qui est un très beau titre, qui fait beaucoup de bien.

Et sinon, d’un point de vue plus littéraire, j’ai relu un tout petit ouvrage de Christian Bobin qui s’appelle Le plâtrier siffleur et qui parle de comment habiter poétiquement le monde. Je trouve que c’est une bonne question. C’est une vaste question qui est résumée en très peu de pages mais qui donne plein de perspectives.

Photos : Cédric Oberlin

Lire notre chronique de Réparer, le premier album de Rosemarie

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