Rouen débarque : WHYPD et MNNQNS à La Maroquinerie

En ce début du mois d’octobre, Paris voyait débarquer à La Maroquinerie MNNQNS afin de célébrer la sortie de leur premier album, Body Negative. Le quatuor amenait dans ses bagages We Hate You Please Die, autre fleuron de la florissante scène rouennaise. L’actualité étant ce qu’elle est, il était assez drôle de se dire que l’air parisien était sans doute plus respirable que celui de leur terre natale. Heureusement ce soir-là, Rouen était bien vivant. Retour sur une soirée électrique, remplie d’énergie.

Photo : Céline Non

C’est donc dans une Maroquinerie bien chauffée que nous descendons. Il faut le dire, on aime beaucoup la salle parisienne même si elle a tendance à se transformer régulièrement en sauna dès qu’elle affiche complet ou presque. C’est donc à notre place préférée que l’on s’installe tranquillement un peu avant 20h pour profiter du spectacle. Allumez les amplis, branchez les guitares et faites résonner la puissance. Réglés comme une montre suisse, c’est donc à 20h précises que débarque sur scène We Hate You Please Die. Pas besoin de vous dire qu’on les aime, c’était notre quatrième concert du quatuor depuis le mois de mai. Il y a chez eux une rage qui nous attire particulièrement, car derrière elle se cache souvent des failles qu’on partage avec eux. Jamais désespéré, utilisant l’humour comme un rempart face aux « fumées non toxiques » qui ont envahi leur quotidien récemment, WHYPD était venu pour en découdre et nous l’a bien fait ressentir.

Photos : Céline Non

En une petite demi-heure, et mené par un Raphaël en grande forme qui n’hésite pas à aller se boire une petite bière et à lancer des pogos dans la foule, le quatuor nous a livré une performance solide et habitée. Mais résumer le groupe à son chanteur serait forcément se tromper, car s’il est celui qui attire les regards, il ne serait rien sans ses trois comparses. Pendant qu’il s’époumone et nous fascine, Mathilde tabasse ses fûts avec une précision chirurgicale, Joseph fait hurler sa guitare et Chloé donne le rythme avec une basse puissante et entêtante. C’est sans doute ça qu’on aime le plus chez We Hate You Please Die : cette cohésion associée, il faut bien le dire, à des putain de bonnes chansons. Nous, on a une petite préférence pour Melancholic Rain, Got The Manchu et We Hate You Please Die mais on ne boude pas non plus notre plaisir sur Rita Baston ou encore Hortense. Toujours est-il qu’ils nous ont rappelé une nouvelle fois pourquoi on les aimait tant. Une chose est sûre, on a déjà pris rendez-vous en février à La Boule Noire.

Photos : Céline Non

À peine le temps de nous remettre de nos émotions que les lumières s’éteignent. Le jour de gloire est arrivé pour MNNQNS qui venait donc célébrer la sortie de son excellent premier album Body Negative. Et il faut dire qu’ils ont décidé de nous mettre dans l’ambiance puisque c’est Marc qui débarque sur scène pour nous offrir une intro assez incroyable. Moment étrange, qui dure en longueur, cette introduction a eu la bonne idée de mettre toute une salle sous tension, nous attrapant par le col pour un moment de malaise et de bruits électroniques assez puissants et brutaux. Autant une prise de risque qu’un coup de génie, elle nous amène lentement vers un concert qui restera sans aucun doute dans nos mémoires. Déjà la semaine précédente, les garçons nous avaient impressionnés au Grand Mix, mais autant dire que pour LEUR date ils ont mis la barre encore plus haut. Généreuse, puissante, rageuse et diverse, il faut voir la musique de MNNQNS évoluer en live.

Photo : Céline Non

Dire que MNNQNS est un groupe énergique serait un poil trompeur, en réalité, MNNQNS est un groupe d’énergies. Chaque chanson a sa propre couleur, sa propre vibration. Ainsi le groupe navigue avec une aisance folle entre les intentions et ce qu’il a envie de donner, il joue avec sa musique autant qu’il joue avec son public, il nous balade, nous emmène où il veut et on le suit docilement et avec bonheur. Ici, la recherche mélodique assumée se fracasse sur l’envie que MNNQNS a de tout déconstruire, de tout déstructurer pour finalement trouver la beauté dans le chaos, l’amour dans la violence. S’ils disent souvent, et sans doute avec beaucoup d’humour, qu’ils sont un groupe de pop, les quatre de MNNQNS évoluent finalement au-delà de tout ça, nous offrant avec perte et fracas une prestation somme toute assez monumentale. De Only If They Could, à Desperation Moon en passant par Wire (Down to the), Urinals ou Come to Your Senses, MNNQNS possède une palette assez diverse pour amener tout le monde à sa musique et pour mettre tout le monde à terre. Car c’est finalement comme ça qu’on a fini, à terre, fracassé comme la guitare d’Adrian. Finalement en ce 02 octobre, Rouen était bien vivant.