Royal Blood : Typhoons, entre cuir et electro

Si à la Face B on aime bien vous aiguiller vers de jeunes artistes, des petites pépites dont vous ne soupçonnez l’existence, ou soutenir nos artistes locaux (cocorico), on aime également revenir de temps en temps vers des figures un “poil” plus connues sur le plan international. Et on ne pouvait pas se permettre de passer à côté de cette nouvelle sortie, alors chèr.e.s tou.te.s, veuillez accueillir le nouvel album du duo cuir / casquette, plus communément appelé Royal Blood : Typhoons.

Royal Blood © Dean Martindale

Toujours par deux ils vont, ni plus, ni moins.

Aujourd’hui on tourne une nouvelle page du rock britannique, avec le troisième album du duo aux nerfs vibrants : Royal Blood. Troisième album depuis 2014, où les deux artistes nous avaient soufflé les pellicules avec une distorsion chargée aux octaves yo-yo et une batterie franche et brutale. Le second album How Did We Get So Dark?, sorti en 2017, nous présentait une œuvre où les compères restaient dans le zone de confort à la sauce rock qui tâche poid cachalot. Un opus pop mais restant punchy et agréable à l’écoute.

On peut en tout cas confirmer que Royal Blood a su se forger une solide identité, tant par la performance vocale de son chanteur, les écrasants riffs de sa basse, et un batteur décomplexé, laissant les baguettes lâcher prise pour offrir ce qu’elles ont au fond du cœur. Un rock sincère, qui est là pour lâcher prise, gratter, gueuler, frapper, chanter, se donner à fond quoi. Un rock qui sent bon la bière chaude, le torticoli des lendemains difficiles, et le regret d’avoir gardé son imper dans cette foule bouillonnante.

Allez, on stoppe un peu le bombardement de fleurs, et on se tourne vers ce nouvel opus signé Mike Kerr et Ben Thatcher : Typhoons

Cet album continue sa route vers un style plus frais. La paire de musicos garde son côté groovy avec une ligne de basse toujours aussi entraînante, en prenant un tournant plus mélodique. Si la pesanteur des sons est toujours présente, les britishs s’amusent à y intégrer une partie électronique, à base clavier posés où d’envolées stridentes. Certains parlent de Dark Disco, et on en est finalement pas loin. On ressent une influence très dance, rappelant par moment d’autres duos à l’origine assez éloignés musicalement parlant : Daft Punk et Justice.

On ne parle bien sûr que d’atmosphère, la touche rock inhérente au groupe ne disparaît pas pour autant. Les toms nous frappent, le charley frétille, et notre chère basse adorée gronde comme à son habitude, nous offrant d’écrasantes courbes phoniques.

Certains morceaux comme Boilemaker explose le compteur niveau énergie, malgré des transitions aérienne pouvant surprendre, il arrive sans peine à nous agripper par le col pour nous amener dans sa frénésie déjantée. Pour certains qui seront certainement vu comme moins hard, à l’exemple de Mad Visions, qui assume parfaitement l’impact qu’on eu la team robot, nous entraîne aisément dans son ballet pop. La transparence reste là, et on ressent toujours cette envie de s’éclater et de tout donner.

Et finalement, c’est un peu ça ce qu’on recherche quand on va voir Royal Blood. Clairement pour le prochain live, on sera là. Prêt à mouiller le t-shirt, et à faire voler nos bouchons d’oreilles (l’abus de son au delà d’un certain niveau est dangereux pour la santé, ne l’oubliez pas et prenez soin de vous. Mais allez si c’est pour un soir, on va dire que ça passe).

Typhoons pourra paraître moins agressif que ces prédécesseurs, et c’est ici un parti pris qu’on ne peut reprocher au groupe. Cette nouveauté qui vient donner un coup de balais dans la “charte artistique” d’un projet musical arrive finalement sans trop de peine à continuer d’attiser notre intérêt pour le groupe. Et ce n’est pas pour autant que les deux bonhommes sortent de leur univers. Comme cité précédemment, le titre Boilemarker, produit par Josh Homme (est-il besoin de préciser, mais au cas où, le papa de QOTSA) transpire l’âme rock’n roll à plein nez. Son clip illustre parfaitement cette influence, où les couleurs hurlent et les gestes suivent un tempo féroce (rien à voir, mais une musique de Stupeflip par dessus passerait parfaitement, fin de la parenthèse).

En restant dans le thème du clip, on vous invite également à faire un détour aux derniers sortis à l’occasion de ce troisième opus. Que ce soit à pied, au trot, au pas, ou en pleine course, sur du deux roues fonçant à pleine vitesse sur l’autoroute, ou encore au volant d’une voiture, le groupe reste dans son idée de poursuivre sa route en roulant droit devant. Le tout marqué par un travail sur la couleur, toujours aussi présent, offrant de chouettes tableaux devant lesquels ouvrir une blonde et profiter du moment.

En bref, Royal Blood continue de s’engager dans le nouveau tournant pris il y a déjà 4 ans, sans pour autant sortir de son ADN cuir rock spontanée. Un mélange bien fichu entre son armature et l’electro. Donc si vous aimez bouger, si vos jambes ont du mal à se contrôler au moindre frottement de corde basculant sur les graves, si une peau de tambour vous fait ronronner, et qu’en plus vous aimez le synthé et les airs pop… ben les gars, les meufs, si vous l’avez pas encore vu passer, allez l’écouter. D’ailleurs, c’est juste en dessous, alors go.