Rudi Zygadlo ? Le britannique a autant multiplié les projets que les activités. Journaliste au Guardian, musicien, développeur, il en a des casquettes. C’est en septembre 2025 qu’il décide de revenir sous les traits du musicien pour signer Auto Fiction chez le français Chien Bleu (Victor Le Masne, Jerge, Ouverture Facile…). Un concept album farfelu qui porte la fantaisie au cœur.

L’album s’ouvre sur le titre éponyme scindé en deux mots : Auto Fiction, une introduction hyper groovy et planante qui donne le ton. Objet sonore atypique, on croirait entendre une transition radio à la BBC. Un texte qu’on dirait lu avec une voix volontairement monotone.
Les élans plus cosmiques commencent à se faire sentir sur Finasteride qui pourraient nous rappeler les productions de Fleetwood Mac dans sa musicalité et un certain classic rock des années 1970. Le travail vocal se hisse dans les aigus pour mieux surprendre. La guitare vibre et le morceau se transforme, prend une tournure quasi heavy.
Nouvelle curiosité intitulée Dumb. Oubliez ce qu’on vient de vous dire. On est désormais hors catégorie. Kitschissime autant dans son instrumentation que dans son chant, Dumb sonne vraiment comme un spot publicitaire vieillot.
Ca plane toujours chez Rudi Zygadlo. I’m a loner. But it’s okay. I don’t leave home and I dream all day. Oui c’est certain. Avec Loner se laisse aspirer dans son univers de dandy groovy astral où les synthés bullent. Les chœurs complètement décalés au sens clownesques nous obligeraient à pousser la chansonnette. Parce qu’ils ne chantent pas vraiment, ils miment des instruments pourtant bien présents.
Fière de ses 5 minutes, Do We est une fresque légère mais exigeante dans sa forme. Do We nous ramène au rock des 70s.
Fuck AI / AI Fuck Me fonctionnent ensemble. Bien que séparées, les deux chansons se répondent l’une à l’autre. Une sensualité disco se fait sentir en fond de jeu avec un solo de guitare phénoménal comme orgasme métaphorique.
Atterrissage en terres psychédéliques avec Autophag. Guitare hallucinogène au programme. Dans son récit, le narrateur explique qu’il se dévore. Si vous pensez entendre une fuite sanguinaire, ce n’est pas votre imagination, tout se mélange ici. Rudi Zygadlo déroute l’auditoire.
Departure Lounge se fait plus exotique et même complètement bizarroïde. Notre héros n’en finit plus de nous mener en bateau. Sa bizarrerie l’amène à converser avec son espèce de double. Pas maléfique pour un sou. Une espèce de reflet de lui-même orientalisant.
Il fallait attendre la dernière piste : Eurasia pour avoir un véritable morceau chanté comme hissé au rang d’un standard.
Culotté, enjoué, Auto Fiction de Rudi Zygadlo est l’illustration parfaite de la liberté artistique. Inclassable, il nous emmène dans des contrées hallucinantes, délirantes où le classicisme n’a pas sa place. Si vous embarquez avec lui, prenez le risque de vous perdre dans une aventure fantasmagorique.