Sabbat Matters, le second album de Gloria est une ode à la musique 60’s avec une once de magie. Influencés par la Motown, les groupes de filles de l’époque, des Shangri La’s, aux Supremes, le sextet lyonnais nous plonge dans un univers psychédélique aux charmes solaires comme lunaires. Mené par un trio de chanteuses, Wendy Martinez, Amy Winterbotham et Marie-Louise Bourgeois et fondé par le guitariste producteur Kid Victrola, le groupe nous entraine dans une fête païenne gorgée d’harmonies vocales, de reverb’ et de guitares fuzz aux parfums de rock indé 90’s…
Leur nom évoque les voix angéliques du Gloria in excelsis Deo, (leur premier album est d’ailleurs intitulé In Excelsis Stereo, 2016), ou la chanson punk à l’énergie libératrice Gloria (1975) de Patti Smith (écrite à partir d’un morceau de Van Morrison). Ou encore Gloria Steinem, icône féministe américaine influente dans les 60’s et 70’s. D’invocation lumineuse divine à l’iconographie de femmes fortes et rock n’ roll, ce nom avait tout pour nous plaire…
Une procession païenne aux sonorités 60’s
Se plonger dans l’écoute de Sabbat Matters et se laisser envouter par leur fuzz dense et psychédélique. Un retour aux murs de sons 60’s de Phil Spector et des groupes de filles de l’époque. L’album est un peu comme une fête à laquelle nous sommes tou.te.s invité.es. Un « évènement » bienvenu dans cette période où voir du monde et partager des expériences en groupe est prohibé. On pense à ces rassemblements hippies et à ce grand vent de liberté et donc à la contre-culture 60’s et leur retour aux valeurs du corps, de l’esprit et de la nature.
Le tout avec une énergie aussi solaire que lunaire, avec une aura chaleureuse et un goût particulier pour l’obscurité de la nuit et des rituels païens sacrés remplis de fuzz et d’esprit. On y trouve aussi des influences 90’s, avec des morceaux répétitifs et entêtants, menés par Kid Victrola (ancien Slow Joe & The Ginger Accident), aussi fan de rock anglais 60’s, des Stones aux Small Faces…
Des danses macabres solaires et envoutantes
Mais rentrons sans plus tarder dans la danse …
L’album s’ouvre sur Sabbat Matters, un titre langoureux et aérien inspiré de musiques traditionnelles brésiliennes. Le groupe qui cite aussi Quarteto Em Cy (groupe de bossa nova / pop / tropicalia brésilien 60’s composé de quatre sœurs originaire de Bahia) comme influence, nous offre une envoutante invitation au sabbat à la chaleur communicative aux douces dissonances des trois voix féminines.
Avec son xylophone et ses bruitages de cartoon, Skeletons – que l’on pourrait autrement croire sorti d’un girl band 60’s – fait penser à la Skeleton Dance (1929) des Silly Symphonies de Disney. Un cartoon vintage où les squelettes dansent et font de la musique avec leurs os. Il en est d’ailleurs question dans les paroles : “Everybody grab your grave and move, you will do good / (…) Play the xylophone off my ribs, you will do good ». Ambiance cimetière au clair de lune, où les voix harmonieuses entonnent des « hoo hoo hoo x2 » en fantômes sensuels et joueurs… Quand Dance With Death prend des formes de danse sacrée, éclairée des chants éthérés et des guitares lunaires.
Des paroles glorieusement suggestives
Les paroles sont à la fois enjouées, mystiques et sensuelles. Les mots peuvent en cacher d’autres…
Sous ses guitares fuzz et son tambour rythmique, Holy Water s’élève en une ode subtile et enjôleuse à l’éjaculation féminine : “Deep down in me I can feel there’s a tide / It’s been hiding for sometimes / surprising lovers at night”. Puis “Today I feel alive / Today we’re gonna dive / Overflowing the river with you”. Il est question de “fountain of love” dans ce titre à l’énergie joyeuse et possédée.
Night Biting avec sa guitare brumeuse et ses riffs électriques, est une incitation aller doucement: “I see you (ease your mind) / you see me (close your eyes) / I can see where you wanna go (Do it right) / You will be fine when you take it slow / (…) you’re gonna see the light…” les voix se répondent et s’entrelacent. Le morceau d’abord parti d’une improvisation guitare / batterie est devenu une ode à prendre son temps… et garder le meilleur pour la fin comme nous le racontait Kid Victrola. (lire notre interview ici)
Un album plein de richesses et de subtilités
Les membres du groupe ont enregistré Sabbat Matters entre la Drôme et le Valais suisse, « grand vivier de sorcières chaire à bûcher au 16ème siècle ». L’album a été mixé de bout en bout par Kid Victrola (Alexis Morel Journel de son vrai nom). Un projet self made donc, où chaque élément est à sa place. Si la musique est un medium qui élève l’âme et rassemble les gens, on est complètement sous le charme de celle de Gloria. On a hâte de partager l’euphorie qu’elle nous procure avec d’autres dans leurs prochains concerts/fêtes païennes.
Découvrir Sabbat Matters :
Vous pouvez retrouver l’ADN de Gloria juste ICI.