Un album et une tournée plus tard, il n’aura fallu qu’un an – et un emploi du temps surchargé – à Sabrina Carpenter pour donner naissance à son septième opus. « Man’s best friend », son nouveau projet pop rétro-moderne, promet de faire monter la température.

Il y a quelques mois, Sabrina Carpenter teasait son prochain album en dévoilant un visuel quelques peu allusif : la chanteuse à quatre pattes sur le sol, retenue par les cheveux par un homme, accompagné d’un titre tout aussi évocateur : Man’s best friend. On imagine que vous avez saisi le sous-entendu…
Une image et quelques mots (tout de même provocateurs) auront suffi à diviser son audience. Choc et consternation VS enthousiasme et fascination. D’un côté : ceux qui s’offusquent de cette glamourisation de la femme-objet, de l’autre : ceux qui saluent la réappropriation de cette sexualisation. À l’heure actuelle, le débat a évolué puisqu’il prend en considération de nouveaux éléments : 12 titres, 38 minutes de paroles et de sonorités, 2 clips vidéo et une nouvelle direction artistique. Bref, l’intégralité du projet Man’s best friend est sorti, voyons voir de quel côté vous allez vous ranger.
Emporwerment et sarcasme
Le nouvel album de la chanteuse s’ouvre sur le titre Manchild, qui a d’ailleurs déjà bien tourné cet été. Le ton est donné : il s’agit de tourner en dérision les hommes. Stupides, incompétents, inutiles, voilà les adjectifs utilisés par Sabrina Carpenter pour caractériser ceux qu’elle juge elle-même immatures. Elle pousse d’ailleurs la critique à son paroxysme en les comparant même à des porcelets.
Son rapport au sexe opposé est ainsi évoqué avec une bonne dose de sarcasme et d’autodérision à travers une série de titres à dominance pop. Mais l’album ne se limite pas à ce registre : When did you get hot ? par exemple, détonne avec son ambiance plus sensuelle, portée par des sonorités R&B qu’on croirait presque empruntées à l’univers d’Ariana Grande.
Avec ce nouvel album, Man’s best friend, la chanteuse se présente en femme fatale, où les hommes sont (presque) tous à ses pieds. C’est elle qui fixe les règles. Elle détourne ainsi les codes du male gaze à son propre avantage : la gente masculine est réduite à des corps sexy et à de simples distractions qu’elle contrôle.
La rupture de A à Z
Pourtant, Sabrina Carpenter dévoile également dans ses paroles une part de vulnérabilité. Si les rumeurs de sa séparation avec l’acteur Barry Keoghan se sont avérées être vraies, les différentes chansons du nouvel album semblent d’autant plus le confirmer.
Aux côtés de la chanteuse, on traverse toutes les phases d’une rupture amoureuse : des larmes versées sous la couette (Nobody’s son), aux rancunes amères (Never getting laid), en passant par les appels téléphoniques alcoolisés (Go Go juice), jusqu’à l’acceptation du deuil de la relation (Goodbye).
L’ascenseur émotionnel est accentué par une pluralité d’inspirations musicales. La tristesse, la colère, la légèreté et le renouveau s’expriment à travers une balade pop épurée, des guitares aux accents country, ou encore une structure orchestrale rappelant ABBA. Chaque émotion prend vie dans une ambiance sonore qui lui est spécifique, offrant ainsi à l’album une narration cohérente et contrastée.
“Have you ever tried this one ?”
Alors que mimer des positions sexuelles sur scène était devenu sa marque de fabrique durant le Short’n Sweet Tour, Sabrina Carpenter continue de plus belle à jouer avec la sexualisation dans ce nouvel album.
Une attitude de pin-up contrastant avec des paroles toujours plus crues et explicites. Dans le titre House Tour la chanteuse propose une visite complète de sa « maison » dans des sonorités dignes d’une bande-son d’un film Barbie. Elle précise qu’il ne s’agit pas d’une métaphore, tout en ajoutant sobrement « I juste want you to come inside, but never enter through the back door » (vous l’avez ?).
Les intentions semblent être claires. C’est du moins ce qu’annonçait Tears, le second morceau de l’album avec des mots tout aussi directs « I get wet at the thought of you ». Des mots crus, mis en image dans un clip empreint de références à l’univers du Rocky Horror Picture Show. On y voit Sabrina Carpenter danser en sous-vêtements, entourée de drag queens et de personnages extravagants tout droit sortis de cette comédie musicale culte.
C’est d’ailleurs toute l’idée de cette esthétique porno chic vintage : une mise en scène oscillant entre kitsch assumé et sensualité décomplexée. Avec Man’s best friend Sabrina Carpenter signe un album pop aux influences musicales multiples dans lequel elle s’amuse à détourner les codes avec audace et second degré.
Provocation gratuite ou empowerment ludique ? Libre à chacun d’en juger.