Saint DX : “je travaille beaucoup avec des mantras”

Il nous ravit depuis deux ans avec des titres envoûtants, très smooth, pleins de grâce… Saint DX (auparavant membre du groupe Apes & Horses) vient enfin de dévoiler un 1er EP : SDX. Une compilation de 9 titres de synth-pop, des morceaux d’une grande richesse organique et musicale, mais aussi extrêmement clairs et épurés. Un écrin magique qui a le pouvoir de vous emporter à n’importe quelle heure de la journée, et vous élève dans les airs dans un monde où le temps est suspendu. Et alors qu’il sort un tout nouveau clip aujourd’hui pour le morceau “Xphanie”, La Face B vous sort l’interview que l’on a réalisé avec lui, dans les hauteurs de Montmartre !

Saint DX © Charlotte Krieger

Saint DX © Charlotte Krieger


La Face B : Alors pour commencer comment te sens-tu avec la sortie de cet EP ? Tu étais très impatient que cela sorte enfin ?

Saint DX : Il y a tout le temps une part d’impatience, une fois que tu as fini un morceau, tu as envie que ça sorte tout de suite pour pouvoir récolter le fruit de ce que tu as fait et pouvoir le faire écouter au plus de gens possible. Mais ça ne se passe jamais comme ça, parce qu’un morceau doit être mixé, enfin il y a plein d’étapes dans la vie d’un morceau… ce qui fait que c’est souvent assez long avant de le sortir. Dans cette compilation de chansons – parce que je ne sais pas si on peut appeler ça un EP, en tous cas je ne voulais pas appeler ça un album car c’est une compilation de neuf morceaux – il y a eu un processus de travail trop différent entre chacun des morceaux. “Prime of Your Life” est resté dans mes brouillons, dans mes placards pendant six ans et d’autres morceaux de l’EP sont tous frais, limite moins de deux mois.

La Face B : Donc il n’y a pas vraiment de ligne, de fil rouge entre tes chansons ?

Saint DX : Il y a une ligne directrice, ce sont toutes des chansons qui parlent de rupture, d’amour, de rencontres et d’états d’âme.

La Face B : Pourquoi ces thématiques t’intéressent plus que les autres ?

C’est viscéral, c’est les choses qui me donnent envie de me réveiller le matin, qui me poussent à continuer à faire de la musique.

La Face B : Donc ce titre “Prime of Your Life”, tu l’avais déjà en poche depuis un petit moment…

Saint DX : Je l’avais déjà quand j’étais avec Apes & Horses (NB : son ancien groupe), je l’avais composé un soir… ce n’était pas à proprement parler pour le groupe mais c’était un morceau que j’ai écrit, que j’ai composé, qui était là, et on n’a jamais su quoi en faire en fait avec le groupe. Et je l’ai laissé traîner très longtemps, même pour Saint DX. C’est Cracki Records (NB : le label qui l’a signé) qui m’a vraiment poussé à le sortir. À chaque fois que je lui faisais écouter un nouveau morceau, par exemple quand “Regrets” est sorti, il me disait « Et Prime on en fait quoi ? », pareil quand “First Fantasy est sorti, il me disait « Et Prime on en fait quoi ? » et j’ai cédé et heureusement que j’ai cédé quand j’en suis extrêmement fier au final.

La Face B : Oui, tu n’as pas l’impression qu’on t’a forcé la main ?

Saint DX : Non pas forcé la main mais sans les personnes qui m’entourent, c’est un morceau que j’aurais tout le temps laissé de côté, si j’avais été seul.

La Face B : Parce qu’il est trop personnel ?

Saint DX : Pas trop personnel parce qu’il me ressemble peut-être un peu moins que les autres… Enfin, ce n’est pas qu’il me ressemble moins mais c’est un morceau qui est très joyeux, très optimiste, et c’est un des seuls morceaux où j’utilise majoritairement des accords majeurs, alors que j’adore être triste quand j’écoute de la musique. J’adore que ça me procure de la mélancolie, et ce morceau je le trouve tout sauf mélancolique, sauf quand je le réécouterais dans quelques années.

La Face B : Tu n’écoutes jamais de la musique qui peut te rendre joyeux ? Tu n’aimes pas ça ?

Saint DX : Rarement. J’aime bien que la musique me mette dans un état d’esprit contemplatif, ou même plus énervé que joyeux. Tu vois la chanson de Pharrell Williams “Happy”, ne me fait pas forcément trop kiffer quoi…

La Face B : Auparavant tu avais donc un groupe, Apes & Horses, est-ce que c’était difficile au début de se travailler tout seul ? Écrire seul, trouver une ligne seul… se retrouver vraiment dans un travail solitaire ?

Saint DX : Ça a été très agréable. Ça faisait très peur car on se retrouve face à une page blanche, je ne savais pas si j’allais pouvoir faire de la musique tout seul vu que j’avais toujours fait de la musique avec quelqu’un, mais non ça a été très agréable : de se découvrir en fait, de savoir qu’on est capable de finir les choses, seul.

La Face B : En parlant de finir les choses, il y a peu de morceaux qui sortis depuis le premier, “Regrets, fin 2017. Tu n’as pas sorti énormément de choses avant cet EP (deux ans après)… ce n’était pas parce qu’il était compliqué de faire les choses tout seul ?

Saint DX : J’ai sorti trois morceaux en moins de deux ans (NB : “Regrets”, “First Fantasy” et “I Still Care”), c’est aussi parce que j’ai été très pris à côté. J’étais sur la tournée de Charlotte Gainsbourg en tant que musicien donc ça me prenait beaucoup de mon temps. C’était extraordinaire mais pour sortir des chansons il faut qu’il se passe des choses après, qu’on puisse organiser des sorties de clips, des concerts… il faut un emploi du temps qui soit libre et qui permette ça.

La Face B : Le tout 1er morceau que tu as sorti, “Regrets”, dure 6 minutes 30, mais les autres se sont retrouvés beaucoup plus courts. Est-ce que tu t’es senti obligé de t’adapter à un type de format ?

Saint DX : Non c’était des envies. Et pour moi “Prime of Your Life” c’est la quintessence de ce que peut être une chanson pop : dans sa structure, dans ses mélodies… J’avais vraiment envie de quelque chose de très cliché : deux loops de batterie… enfin je voulais vraiment faire une chanson pop. Et dans les chansons de la compilation il y des chansons qui sont beaucoup plus longues, des plages instrumentales.

La Face B : Oui, il y en a une que j’adore, c’est “Staccato”, elle dure 5 minutes 30 et toute la fin, ça dure une minute, ce n’est que de l’instru.

Saint DX : Oui, plus d’une minute en fait, il y a un ou deux couplets que je chante et le reste c’est que de l’instrumentale pendant 3 minutes 30.

La Face B : À la sortie de “Regrets, tu avais confessé avoir eu beaucoup de mal à trouver une fin pour cette chanson. Est-ce que maintenant tes morceaux sont aussi plus courts car tu as plus de facilité à trouver comment les terminer ?

Saint DX : Ah oui ! Mais non ce n’est pas parce qu’un morceau est plus court qu’il est plus facile à finir, et je dirais même au contraire parce que je trouve ça dix fois plus dur d’ôter des choses que d’en remettre. Quand j’ai composé “Prime of Your Life”, le morceau durait 5 minutes 30, il y avait plein de parties instrumentales et en fait réduire les choses c’est aussi une part du travail que j’aime beaucoup, même si c’est beaucoup plus dur. Pour “I Still Care” ou même First Fantasy, c’était la même chose, c’était des morceaux qui s’étalaient et ça a été un vrai travail de condenser, d’arriver à l’essentiel.

La Face B : J’ai également lu que, si tu n’avais pas de mal à trouver des idées pour tes chansons, qu’en revanche ça te prenait beaucoup de temps pour les concrétiser…

Saint DX : Je pense que la vie de musicien – enfin pour beaucoup de musiciens car j’en parlais à des amis – c’est des fulgurances, ces moments de création et de finition de morceaux. Je peux passer des heures et des heures, des journées, des nuits, des semaines – ça m’est déjà arrivé – à bloquer sur une chanson, sur un détail d’une chanson. Tu vois, vraiment à ne pas arriver à terminer ne serait-ce qu’un morceau. Et il suffit que je la laisse reposer, que j’y revienne deux mois après et en 30 minutes je vais débloquer tout ce que je n’ai pas réussi à débloquer pendant une semaine. Et vraiment pendant 30 minutes : tu es possédé et tout s’imbrique parfaitement.

Après il y a un travail de finition, qui dure un peu plus longtemps mais que je fais tout seul dans un premier temps, puis je fais mixer mes chansons et je les fais produire. Là en l’occurrence c’était avec Bastien Doremus (NB : qui a également travaillé sur les deux albums de Christine and the Queens, Chaleur Humaine et Chris).

La Face B : Et au niveau de tes références, c’est principalement des musiques de films…

Saint DX : Je n’en ai pas énormément mais j’en ai qui me suivent tout le temps. J’ai Eric Serra avec Le Grand Bleu et Ryuichi Sakamoto : Merry Christmas Mr. Lawrence, c’est la B.O. de Furio. Ce sont des références qui me suivent depuis que j’ai 5-6 ans, c’était des CDs qui traînaient chez moi de B.O. de films et qui m’hypnotisaient, et que j’ai quasiment tout le temps eu sur moi et écouté. J’ai un peu cet objet fétiche qui est un CD du Grand Bleu, c’est un peu ma relique des objets qui étaient chez mes parents quand j’étais petit.

La Face B : Tu as une forme de fétichisme avec les objets non ? Déjà le nom DX vient du synthétiseur DX7, et dans le clip “I Still Care” on retrouve le CD du Grand Bleu, mais aussi un CD de Sade (l’album Promise) et un chapelet bouddhiste.

Saint DX : En vrai j’ai des objets qui sont importants pour moi. Le chapelet par exemple, c’est parce que je suis bouddhiste. Avec mes parents j’ai grandi dans une spiritualité bouddhiste, donc oui pour moi c’était important de le mettre. Mais au final je pense que je suis quelqu’un de très peu matérialiste. J’ai très peu d’objets autour de moi, j’habite entre la ville de Marseille et de Paris, je n’ai pas un toit avec mes meubles et mes objets.

La Face B : Et qu’est-ce que ça t’apporte de transporter le disque du Grand Bleu avec toi ? Tu ne l’écoutes pas tout le temps ?

Saint DX : À chaque fois que je trouve un chez moi, il est posé quelque part. En tous cas sur ma table de travail dans mon studio, quand je fais de la musique… ce mini-album, cette compilation je l’ai faite dans plein d’endroits différents, à Marseille, à Los Angeles, à Paris, à Bâle, à Caen, à Bruxelles… à chaque fois je prenais mon petit studio et j’emmenais ce chapelet, ce disque du Grand Bleu, une plante que j’ai avec moi tout le temps qui est morte maintenant, mais je l’aime bien morte. Je mets ces petits objets sur ma table de travail pour me sentir à la maison.

La Face B : Et donc petit tu écoutais essentiellement des musiques de films ou aussi d’autres choses ?

Saint DX : Non j’écoutais d’autres choses, en fait tu sais, tu baignes avec la musique que tes parents écoutent. Mes parents écoutaient Sade, Eric Serra… donc j’ai beaucoup grandi avec ça. Et sinon quand j’étais plus jeune, j’étais fasciné – et toujours maintenant – par la musique de Michael Jackson, très pop. Le 1er CD que j’ai acheté c’était Moby : Play. Et j’ai eu une grosse claque avec Discovery de Daft Punk.

La Face B : Aujourd’hui tu dis que tu te considères plus comme un chanteur qu’autre chose, tu accordes une grande importance à ta voix… Et ça m’a un peu étonné car j’avais vraiment l’impression que l’important était plutôt le son.

Saint DX : Non mais ça beaucoup évolué, je pense que c’était la dernière étape de la construction en tant que musicien de vraiment assumer une voix qui est maintenant dans l’EP très frontale, très mise en avant… J’ai passé un cap en me mettant à écrire en français, à chanter en français, ce qui était une étape de plus dans la mise à nu et ça m’a pris énormément de temps… Ce cheminement : de mettre énormément de réverbs sur ma voix, de chanter en anglais, à ce français-anglais très frontal… À chaque fois que je suis devant mon clavier je ressens le besoin de chanter en fait. C’est vraiment le besoin que je ressens le plus. J’adore faire de la production et travailler sur tous les détails sonores mais ça vient souvent après.

La Face B : Et comment tu travailles justement ta voix ? Tu cherches à ce qu’elle ait quel timbre ?

Saint DX : C’est beaucoup de travail, je pense qu’un chanteur a besoin d’être énormément en rythme et en phase avec la musique, plus que d’être juste au final et c’est une relation que tu as avec le micro, avec ton micro. Donc quand tu trouves le bon micro… je pense que c’est vraiment : trouver le bon micro…. Une voix à nu, elle a pour moi moins d’impact. Tout le travail des crooners, ce mouvement de ces hommes, comme Frank Sinatra, c’est vraiment la relation qu’ils avaient avec leur micro. Comment ils arrivaient à transformer le timbre de leur voix avec cet outil-là. C’est vraiment ça. Je me balade tout le temps avec mon micro.

La Face B : Et pour en revenir aux musiques de films, tu n’as jamais eu envie d’en faire toi-même ?

Saint DX : Si, j’aimerais beaucoup en faire, mais je pense que ça viendra quand ça viendra. C’est vraiment une question de rencontres : de rencontrer quelqu’un, de voir des images qui te parlent, un scénario qui te parle… C’est à partir de là que les choses se dessinent.

La Face B : Tu joues pratiquement de tous les instruments sur cet EP, quelle a été ton éducation musicale ?

Saint DX : Oui, je joue de tous les instruments sur cette compilation à part la batterie, c’est Antoine Cadot qui m’accompagne sur scène, qui m’a toujours accompagné. Il était dans mon ancien groupe Apes & Horses et puis on a toujours fait de la musique ensemble, on travaille beaucoup les concerts ensemble et il m’apporte énormément sur scène. C’est aussi un point très fort, j’aime énormément faire de la scène avec lui et je pense que ça se ressent, il a une énergie folle.

Sinon pour mon éducation musicale, j’ai fait du piano quand j’étais tout jeune mais je préférais jouer aux jeux vidéo donc j’étais hyper nul du Conservatoire. J’ai redoublé toutes mes classes du Conservatoire, quand ma mère me demandait de faire du piano devant la famille c’était une torture… Et c’est plus quand j’ai découvert Neil Young, Nirvana… quand j’avais 12-13 ans : j’ai voulu avoir une guitare et je me suis mis à faire de la guitare, je faisais du rock progressif avec mes amis au lycée. Et ensuite j’ai découvert Coldplay quand j’avais 15-16 ans, et là j’avais envie de faire de la pop, des chansons tristes. Mais à part le piano j’ai tout appris tout seul, sur le tas.

La Face B : Est-ce que la culture bouddhiste de tes parents, dans laquelle tu as grandi, a influencé ta manière de travailler, de te concentrer ?

Saint DX : Énormément, énormément. Et plus que dans le travail, dans la vie de tous les jours, dans la perception des autres, de moi… c’est quelque chose qui m’a sauvé je pense, quand j’ai eu 16-17 ans. Mes parents ont tout le temps pratiqué le bouddhisme depuis que je suis né, donc j’ai vraiment baigné dans cette religion, cette philosophie depuis que je suis tout petit. Et à mes 15-16 ans je me suis mis à énormément pratiquer : c’est de la méditation, c’est une pratique qui se fait matin et soir. Et c’est une pratique qui t’ouvre aux autres énormément, qui t’ouvre à tout ce qui t’entoure… Et puis je travaille beaucoup avec des mantras quand je compose et quand j’écris, j’aime beaucoup répéter certaines phrases, comme dans “Prime of Your Life” : « j’ai connu l’amour fou », une sorte de mantra que j’ai répété énormément, que j’ai calé à certains moments de la chanson.

La Face B : Au début tu voulais prendre comme nom de scène Akira, pourquoi tu n’as pas choisi ce nom-là finalement ?

Saint DX : Oui, alors c’est mon deuxième prénom Akira. C’est le maître bouddhiste de mes parents qui m’a appelé comme ça. Ça veut dire « lever du jour » je crois. Mais je suis aussi fan du manga Akira et je ne me suis pas appelé comme ça parce que j’ai fait un remix avec ce nom-là mais c’était assez compliqué de le trouver sur Internet. En fait il y a énormément de projets qui s’appellent déjà Akira. C’était vraiment l’évidence de s’appeler Akira, sauf qu’un matin je me suis réveillé et dans la nuit j’avais rêvé que je m’appelais Saint DX, et je me suis dit : ok, c’est la solution parfaite.

La Face B : Tu utilises toujours ce synthétiseur DX7 ?

Saint DX : Il est toujours là avec moi, j’utilise toujours ses sons mais j’élargis de plus en plus. Ça ne se cantonne plus du tout au DX7. La première chanson que j’ai sorti “Regrets” c’est énormément de sons de DX7, quasiment que des sons de DX7. Maintenant j’utilise beaucoup d’autres synthés, il y a plein de chansons de l’EP où tu n’as pas un seul son de DX7. Mais c’était vraiment un point de départ : je voulais un peu restreindre le champ des possibles pour pouvoir avoir une ligne directrice.

La Face B : Tu as accompagné Charlotte Gainsbourg en tournée, le fait de travailler avec des musiciens qui sont dans un style assez différent du tiens, est-ce que cela a fait bouger un peu les lignes de ton projet ? Est-ce que ça t’a donné de nouvelles envies ?

Saint DX : Ça donne plein de nouvelles envies et puis avoir la chance d’être sur scène en tant que musicien de Charlotte Gainsbourg – je m’occupais des machines sur scène et de tout ce qui était électronique – ça t’apprend énormément sur la vie de tournée, sur la scène… ça m’a surtout beaucoup appris là dessus, et d’être avec une équipe pendant tant que temps, de gérer l’humain… c’était fascinant. 

La Face B : Et pour ton projet tu es accompagné par Antoine Cadot sur scène. Et c’est tout ? Vous n’êtes que deux ?

Saint DX : Pour l’instant c’est tout car on fonctionne très bien à deux mais l’idée c’est de faire grandir le groupe au fur et à mesure. En fait c’est vraiment… comme je te disais, c’est des rencontres… et j’ai envie de rencontrer la bonne personne. Mais oui j’aimerais beaucoup qu’un groupe se forme au bout d’un moment.

La Face B : Tu vas donc jouer le 12 décembre au Point Éphémère. Le Point Éphémère c’est une salle importante pour toi n’est-ce pas ?

Saint DX : Oui, c’est une salle où j’ai vraiment fait mes premières armes, où j’ai eu mes premières émotions très fortes sur scène, et c’est une salle où j’allais quand je montais sur Paris. J’habitais en banlieue parisienne et quand je montais sur Paris et que j’étais abonné aux Inrocks et à Magic, j’allais voir mes groupes préférés au Point Éphémère. J’allais voir Washed Out, How To Dress Well… toute cette scène de la fin des années 2000. Et puis avec Apes & Horses ça a été une salle très importante pour nous.

La Face B : Je voulais aussi te demander quelles sont tes influences dans les autres disciplines artistiques, en peinture, en littérature…

Saint DX : Je lis beaucoup… Proust notamment.

La Face B : Ah justement chez Proust il y a un vrai travail sur le temps et j’ai l’impression que tous tes morceaux sont hyper aériens et il y a vraiment quelque chose de l’ordre du temps suspendu.

Saint DX : Oui complètement. Et même, la chanson “Staccato” dont tu parlais, je l’ai composé quand je lisais À la recherche du temps perdu, et il y a un chapitre qui s’appelle Les intermittences du cœur, donc au début je voulais appeler cette chanson comme ça mais finalement je l’ai appelé “Staccato” : c’est des mouvements très saccadés de violons, de cordes…

La Face B : Et justement quel est ton rapport au temps ? Est-ce que tu as l’impression d’être beaucoup dans la nostalgie, la mélancolie… ?

Saint DX : J’adore cette notion du temps. J’ai lu un bouquin qui s’appelle L’Ordre du temps (NB : de Carlo Rovelli), c’est un physicien quantique qui parle de la notion du temps, que quand t’es en montage le temps passe plus lentement que quand t’es au niveau de la mer par exemple. Tout est relatif en fait dans la notion de temps, et je trouve ça fascinant. Le fait que tu passes du temps avec quelqu’un et tu as l’impression d’avoir passé dix minutes alors que t’as passé deux jours avec cette personne et ces moments d’ennui profond que tu peux avoir… Je trouve la notion de temps tellement fascinante. Tu vois là je ne sais pas depuis combien de temps on est en train de parler mais j’ai l’impression que ça fait dix minutes alors que si ça avait été avec quelqu’un d’autre, dans un autre contexte, à un autre moment, ça aurait pu me paraître interminable.

Saint DX vient de dévoiler un tout nouveau clip aujourd'hui-même, pour le titre “Xphanie” à découvrir juste ici& il sera en concert ce jeudi 12 décembre au Point Éphémère !