Sarah Kinsley : « Mon intention avec ce projet était de jouer sur le lien entre couleurs et sentiments. »

Avec son dernier projet Ascension, Sarah Kinsley nous emmène dans les méandres de son esprit à travers une expérience immersive, bercée par sa dream-pop intimiste et envoûtante, où la vulnérabilité règne en maître. Nous avons eu l’occasion de la rencontrer pour en savoir plus sur son univers unique, et surtout sur l’esprit brillant qui en est à l’origine.

Sarah Kinsley
Crédit : Julia Khoroshilov

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La Face B : Ça tombe bien que l’on ait l’occasion de discuter aujourd’hui parce que tu viens tout juste d’annoncer ta première tournée européenne, comment est-ce que tu te sens ?

Sarah Kinsley : C’est vrai que c’est un timing parfait ! J’ai hâte de venir en Europe pour y faire ma première “vraie” tournée, parce que pour l’instant je n’y suis allée que pour un festival à Paris, et un concert solo à Londres, donc je suis impatiente à l’idée de revenir. Certains concerts sont déjà complets donc on a dû changer de salles, je n’arrive pas à réaliser ! 

Franchement, je ne sais jamais vraiment quoi à quoi m’attendre quand j’annonce des concerts, donc c’est rassurant de savoir qu’autant de personnes ont envie de venir et ça me motive à leur donner le meilleur de moi-même. Je suis flattée et surtout très reconnaissante. D’autant plus que ça va être mes premiers concerts de 2024, donc c’est vraiment une super manière de commencer l’année !

La Face B : Justement, en parlant de ces concerts à venir, quel type d’expérience est-ce que tu comptes proposer au public ? Est ce que tu es plutôt dans l’optique de faire des concerts intimistes, ou tu préfères plutôt ramener des musiciens avec toi ?  

Sarah Kinsley : Je vais être accompagnée de trois musiciens sur scène : un batteur, un guitariste, et quelqu’un aux synthés. Ce que je préfère, c’est faire des concerts qui suivent un peu une structure en forme de sablier. C’est-à-dire des expériences vraiment immersives, avec différentes phases émotionnelles qui évoluent au fil du concert pour vraiment captiver les gens. 

C’est un concept assez abstrait mais ça veut simplement dire qu’au début, il y’a une sorte de phase d’attraction où le public est plongé dans une ambiance assez intime, qui s’intensifie au fur et à mesure pour qu’il soit complètement pris dedans, puis on finit par libérer toute notre énergie pour conclure le concert sur quelque chose de très dynamique. Ça crée vraiment un moment unique.

J’adore créer une atmosphère intimiste pendant mes concerts, et contrebalancer cette intimité avec la puissance et l’intensité du groupe qui m’accompagne.

Sarah Kinsley
Crédit : Julia Khoroshilov

La Face B : Pour revenir sur ton dernier EP, Ascension, ce qui m’a immédiatement frappée lors de ma première écoute ce sont les productions que j’ai trouvées exceptionnelles. Je me suis tout de suite demandé avec qui tu travaillais pour avoir une telle alchimie, avant de découvrir qu’en fait c’est toi qui produis tout. C’est vraiment impressionnant que tu sois capable de tout faire toi-même, du début à la fin de la création des morceaux.

Sarah Kinsley : C’est vraiment passionnant d’apprendre à produire, à créer ces sortes d’univers sonores par moi-même. Je trouve ça vraiment cool de pouvoir faire ma musique exactement comme j’en ai envie, en respectant parfaitement la vision que j’ai en tête, sans l’altérer en devant passer par quelqu’un d’autre.

J’ai grandi en étudiant la musique classique donc j’ai l’impression que mon cerveau a pris l’habitude d’associer automatiquement la mélodie aux paroles lorsque j’écris. Pour certains artistes, la mélodie et les paroles sont deux parties totalement distinctes de leur processus créatif, mais pour moi, l’un ne va pas sans l’autre.

Parfois, certains réfléchissent aussi à la production dès qu’ils commencent à écrire, pour savoir plus rapidement comment intégrer les paroles d’une certaine manière dans le morceau final, mais personnellement je trouve ça trop compliqué. Je dois vraiment commencer par écrire l’histoire d’abord, et c’est seulement après que j’imagine comment l’embellir et l’accompagner.

Sarah Kinsley
Crédit : Julia Khoroshilov

La Face B : Ton écriture est assez unique car tu te montres assez vulnérable dans tes paroles et dans la manière dont tu les mets en musique, mais en même temps elle garde une dimension assez abstraite avec beaucoup de métaphores et de tournures plus poétiques. Une question qui m’est venue à l’esprit en écoutant l’EP, c’est si tu écrivais uniquement sur des expériences qui te sont réellement arrivées ou si tu te mettais parfois dans la peau d’autres personnes ?

Sarah Kinsley : Je dirais que la plupart du temps, quand j’écris, soit c’est sur des choses qui me sont réellement arrivées, soit c’est une légère exagération des sentiments que j’ai éprouvés à un moment donné. Par exemple, Lovegod est une chanson sur l’EP Ascension dont les paroles du premier couplet font partie de mes préférées parmi toutes celles que j’ai pu écrire, mais pourtant je n’y dis pas exactement la vérité. Je ne suis pas vraiment allée dans le bar dont je parle sur le morceau, et un homme n’est pas réellement venu me voir pour me dire que j’avais l’air seule ce soir-là, mais j’ai déjà ressenti et vécu des choses similaires. Souvent, je pars d’un sentiment que j’ai autour d’une situation ou d’un événement, et j’essaye d’extrapoler à partir de ça. 

Je pense qu’insérer un peu de fiction est toujours stimulant lorsque j’écris, je préfère rester ambiguë : si je disais exactement ce que je faisais, ça pourrait devenir vraiment ennuyeux autant pour moi que pour le public, et je manquerais surtout de choses à dire au bout d’un moment. Mais la plupart du temps, ce n’est jamais totalement fictif. Il y a beaucoup de musiciens qui écrivent des choses très spécifiques sur leur quotidien et je trouve ça vraiment réussi lorsqu’ils le font, mais je préfère rester un peu plus floue.

Crédit : Julia Khoroshilov

La Face B : Est ce qu’il y a une émotion en particulier sur laquelle tu te sens plus à l’aise d’écrire ? 

Sarah Kinsley : Mon premier instinct aurait été de dire qu’écrire sur l’amour est peut-être plus facile que sur d’autres sentiments, mais en réalité je trouve ça vraiment difficile de parler des aspects beaux et réjouissants de l’amour dans mes chansons. 

J’ai l’impression que la plupart du temps, je parle plutôt des aspects négatifs de ma vie, donc ça doit peut-être être plus facile. Je ne suis pas sûre, c’est une très bonne question et c’est pour ça que je ne sais pas. 

Je tente vraiment d’être la plus vulnérable possible dans ma musique, donc quand j’écris je cherche toujours à exprimer les sentiments les plus profonds que je peux avoir et à aborder des émotions complexes, pour me challenger. En fait, j’ai l’impression qu’à chaque fois que j’écris, peu importe l’émotion, ça reste souvent compliqué d’arriver à exprimer exactement ce que je ressens.

La Face B : Tu parles de ta volonté de faire preuve de vulnérabilité en écrivant, mais est-ce que ça a toujours été facile de te dévoiler aux autres ou est-ce quelque chose que tu as appris à faire au fil des années ?

Sarah Kinsley : Honnêtement, je pense que c’est quelque chose que je suis toujours en train d’apprendre. Je trouve que je suis un livre relativement ouvert et j’ai l’impression que je peux parler de beaucoup de sujets en toute transparence, mais évidemment, plus je suis vulnérable, plus c’est difficile à faire. La musique est une échappatoire vraiment efficace pour moi parce que c’est un espace supposément complètement objectif, qui n’a rien à voir avec quiconque qui me connaît ou même avec moi, c’est juste un endroit pour déverser ses émotions à travers une histoire, des paroles ou une narration. 

Je pense qu’au début, la musique était en quelque sorte un défouloir, juste une chose sur laquelle je pouvais compter pour tout mettre à plat et éviter d’être submergée par mes émotions, mais au fur et à mesure elle m’a appris à être beaucoup plus vulnérable dans ma vie de tous les jours, au-delà de l’aspect purement artistique.

C’est bien plus facile d’être vulnérable en musique parce que l’on ne s’adresse pas directement à quelqu’un. L’art que je fais et par extension les paroles que j’écris restent simplement entre moi et l’univers, et ça ne concerne personne d’autre; c’est vraiment fascinant de pouvoir s’exprimer par ce biais artistique, d’avoir cette toile blanche pour exprimer tout ce que l’on veut sans que personne ne se mette en travers.

La Face B : C’est marrant parce qu’en discutant avec toi, j’ai l’impression que tu es plutôt, en tout cas musicalement, une personne qui laisse les choses se faire et se laisse porter, plutôt que quelqu’un qui cherche à tout contrôler. Pendant mon écoute de l’EP, j’avais vraiment l’impression que c’était le contraire et que tout était millimétré tellement tout est si bien coordonné.

Sarah Kinsley : C’est très drôle que tu pensais que j’étais une sorte de control freak, parce qu’en réalité, je suis plutôt du style à penser que les choses arrivent pour une raison. Tu as peut-être eu cette impression parce que je fais souvent les choses très instinctivement, donc tu assimiles sûrement ça à une sorte de perfectionnisme j’imagine ? Après, c’est plus facile de prendre du recul maintenant mais lorsque je fais de la musique, en réalité je suis un peu moins détendue, même si j’essaie de l’être. 

Je pense que mon éducation plutôt tournée vers la musique classique explique en grande partie ça, parce qu’on nous apprend qu’il y a une manière spécifique de jouer de la musique correctement, donc j’ai aussi ce côté plus rigide. Mais je crois aussi beaucoup en cette sorte de spiritualité de la musique, et surtout en l’émotion qui la régit, et qui explique pourquoi autant de gens ont besoin de musique dans leur vie.

Crédit : Julia Khoroshilov

La Face B :  Ascension est ton quatrième EP, et c’est aussi le quatrième à avoir une structure similaire aux précédents, c’est-à-dire à être composé de 5 morceaux et à durer une vingtaine de minutes. Est-ce que tu comptes continuer à explorer ce format d’EP, ou est ce que tu te sens prête à sortir des projets plus longs, peut-être même un album si tu peux nous en dire autant ? 

Sarah Kinsley : Sans trop en dévoiler, je me sens prête à proposer des formats plus longs, même si je trouve que les EPs restent des projets funs à faire. Je pense qu’il est temps que je propose des projets plus longs, des oeuvres plus complètes, et je suis impatiente de le faire.

La Face B : C’est vrai qu’en regardant l’ensemble de ta carrière, depuis maintenant quatre ans, ça se voit que tu commences à vraiment trouver ce que tu souhaites transmettre aux gens et de quelle manière, et donc que tu es prête à livrer un projet complet.

Par exemple avec Ascension, on ressent vraiment ton intention de transporter le public dans un lieu irréel, un endroit où leur esprit peut s’évader, et je trouve ça vraiment réussi. Il y’a un thème beaucoup plus marqué que dans les précédents projets, on voit que tu as vraiment trouvé comment incorporer ton propre univers au sein du projet.

Sarah Kinsley : C’est bizarre parce que j’ai l’impression que ça fait longtemps mais en réalité ça ne fait pas si longtemps que ça; puisque j’ai vraiment commencé à sortir des morceaux en 2020 donc c’est quand même relativement récent. Mais oui, je me sens prête à livrer et à créer un projet plus complet. Je pense que ce que j’ai à proposer aujourd’hui, mérite plus que juste quatre ou cinq chansons, ce qui serait toujours bien mais un peu répétitif.

Au fil des années, ma musique a pris une tournure assez intense. Je pense que c’est juste le changement naturel de qui je suis en tant que personne qui se transpose dans ma manière de créer : j’explore plus de sonorités, j’essaie de créer un son qui évolue au lieu de stagner. 

Mon intention avec Ascension en particulier était vraiment de jouer sur le lien entre couleurs et sentiments, bien plus qu’avant. J’essayais d’évoquer cette sorte d’endroit où tous tes souvenirs avec une personne existent, un peu comme une île emplie de conversations et de moments passés. Ce thème était tellement prévalent que je n’arrêtais pas de penser à la meilleure manière de le rendre pertinent d’un point de vue musical, en utilisant des synthés spécifiques, des cordes, des sonorités nostalgiques, et je trouve aussi que c’est vraiment plus marqué cette fois-ci que sur les autres EPs, comme tu l’as mentionné.

La Face B : Tu dis que tu as l’impression de faire de la musique depuis longtemps et c’est probablement parce que, comme tu l’as dit, la musique est prédominante dans ta vie depuis que tu es enfant. Est-e que tu as toujours su que tu voulais en faire une vraie carrière, ou est-ce que cette idée est apparue en 2020 lorsque tu as sorti tes premiers morceaux ?

Sarah Kinsley : C’est en grande partie arrivé en 2020, ou en tout cas c’est à cette période que j’ai compris que ça pouvait être possible. Ça a toujours été un rêve enfoui en moi , mais que je n’ai jamais considéré sérieusement l’idée tellement ça me paraissait irréel. Quand j’étais plus jeune, je rêvais d’être musicienne, peu importe le rôle, je ne pensais pas forcément que je serais chanteuse même si c’était ce que je voulais vraiment au fond. 

J’aimais et j’aime toujours écouter et jouer de la musique, et j’espérais peut-être que je pourrais être pianiste ou que je jouerais dans un orchestre quand je serais plus âgée, et c’est ce que j’ai fait quand j’étais au lycée. Puis après le lycée, j’ai commencé à penser que je pourrais peut-être devenir parolière mais je ne savais toujours pas si c’était possible. Toutes ces idées sont restées pendant très longtemps au stade d’espoirs et des rêves, ce n’était rien de réel ou de tangible pour moi; c’était juste quelque chose qui existait dans ma tête.  Je n’osais même pas chanter devant des gens parce que j’avais peur qu’ils n’aiment pas ma voix.

Quand je suis arrivée à l’université, je suis tombée amoureuse de l’univers de la production, ça changeait vraiment de tout ce que j’avais pu faire jusqu’à ce moment-là. Je faisais partie d’un petit groupe de personnes à l’université qui faisaient de la musique, donc je regardais beaucoup de gens autour de moi faire des concerts et connaître un peu de succès, et je ne pensais pas que ça m’arriverait un jour. 

Puis en 2020, tout a explosé. Je pense que j’espérais pouvoir en vivre un jour mais je me forçais à penser de manière réaliste et à me convaincre que ce n’était pas possible et que j’allais devoir trouver un autre travail, et puis c’est simplement arrivé. J’en suis très reconnaissante parce que c’est une chance immense et que c’est très rare.

La Face B : Et depuis 2020, est-ce que tu as vécu ce moment qui t’as fait te dire “I made it” ?

Sarah Kinsley : C’est généralement lors des concerts que je ressens ce qui se rapproche le plus de ce sentiment. Un dont je me rappelle particulièrement c’est lorsque j’ai joué à ce festival à Chicago appelé Lollapalooza l’été dernier, en août ; c’était la plus grande foule devant laquelle j’ai jamais joué et je n’arrive toujours pas à me rendre compte que c’était bien réel. Un autre moment, c’est la dernière fois que j’ai joué à New York, en juin 2022, c’était probablement la plus grande salle dans laquelle j’ai fait un concert solo  et c’était l’un des meilleurs de ma vie. C’était vraiment un moment où je n’arrivais pas à croire que j’étais bel et bien là, c’est très cliché mais réel.

J’adore vivre à New York, je pense que si je jouais dans une salle comme le Brooklyn Steel, où j’ai vu tellement de concerts quand j’étais à l’université, ou même au Webster Hall, je paniquerais probablement, c’est un de mes plus grands rêves. Et même, venir en Europe et y jouer des concerts, juste le fait de savoir que des gens d’un continent complètement différent écoutent ma musique est une autre chose qui me paraît irréelle.

ENGLISH VERSION

Crédit : Julia Khoroshilov

La Face B : I am particularly glad to have this interview now because you have just recently announced your new upcoming European tour in January ! How do you feel about it ?

Sarah Kinsley : It is indeed a really good timing ! (laughs) I am very excited to come into Europe for a proper tour because I have only really played a headline show in London, as well as a festival in Paris last year so I am excited to come back ! Some shows are already sold out and I was really surprised, it is nice to see that the venues have been upgraded already. I don’t really know what I was expecting, I never know what to think when concert tickets go on sale. It’s always really validating when there’s a lot of people that want to come to the show, and we want to make a really exciting show for them so I just feel very flattered. It will be the first gigs that we have in the new year, in January, so it’s going to be really sick !

La Face B : Regarding these shows coming up, what kind of experience do you plan to offer the audience? Are you more into the idea of doing acoustic, intimate concerts, or do you prefer to bring musicians with you?

Sarah Kinsley : I am gonna come over with a full band ! I usually play with three other people : a drummer, a guitarist and a synth player. I really enjoy the idea of a set in an hourglass shape, where the set kind of brings you in and then pushes you back out; creating really intimate music during a set but also having the force and the strength of a big band behind me. It is exciting to do that in Europe because we’ve never done that before, the last time I was there in the UK I was just there with one other musician so it is a really different setting. I’m excited to bring the show over. 

La Face B : I’m really glad that you’ll bring the full band experience because what struck me the most about your latest EP, Ascension, was the overall musicality, starting with the productions, which I found exceptional. 

It’s funny because I immediately wondered who you were working with, only to discover that you actually self-produces everything. It’s really impressive to see that you’re able to do everything yourself, from the beginning to the end of the creation of a song.

Sarah Kinsley : I grew up sort of trained in classical music so I feel like my brain is constantly thinking of melody as I’m writing lyrics, I think that for some people, they tend to be really separate things but for me this sort of “harmonic quality” or the actual melody usually come up while I’m writing the lyrics anyway so those two things are always in tandem when I’m writing.

Then usually from there, I know some people start producing while they’re writing, so it’s like, having to fit the lyrics into this thing, but it’s really difficult for me to do that. I have to really start with the story first with the sounds, and then sort of imagine what’s going to embellish it and support it. And it’s been really exciting to learn how to produce all those things and to really just do that and create these sort of worlds by myself, I find it really riveting and fun, but I definitely start with the melody and the lyrics really around the same time, for me there’s no there’s no separation between the two.

La Face B : I think your writing is quite unique in the sense that you allow yourself to be quite vulnerable in your lyrics and the way you set them to music, but at the same time it retains a rather abstract dimension with lots of metaphors and more poetic turns of phrase. One question that came to mind while listening to the EP is whether you only write about experiences that have actually happened to you, or whether you sometimes put yourself in other people’s shoes?

Sarah Kinsley : I feel like a lot of the times when I write it it’s either completely true, like stuff that has actually happened to me or that I’m thinking about, or it’s a slight sort of exaggeration of feelings that I have. Lovegod is a song on the Ascension EP, and the first verse is some of my favorite lyrics that I’ve written but it’s not exactly truth, which is really fun : I didn’t go to this bar and this man didn’t come up to me and say that I looked lonely tonight, but the sentiment of that happening, I felt before, so it’s kind of this reverse thing of taking the feeling that I have around a situation or an event, and trying to extrapolate from it which I would maybe call like half truths.

I think that being a little fictitious is kind of fun in songwriting because it’s fun to be ambiguous, like if I told you exactly what I was doing, after that could be really boring. But it’s mostly true though, most of the time. It’s interesting, I think there’s there’s a lot of musicians who write really specific things about what they’re doing : there will be songs like “I grabbed a glass of wine I walked down this specific street” and I find that really awesome and entertaining but I kind of like being a little bit more unclear which helps when being not super truthful.

Crédit : Julia Khoroshilov

La Face B : Is there a particular feeling you feel most comfortable writing about?

Sarah Kinsley : That’s so difficult actually ! I would say that my first instinct was to say that writing about love is not easy, but it’s easier, but then sometimes I actually find it really difficult to talk about really beautiful aspects of love in songs. I feel like most of the time I’m talking about the really bad stuff or things that I’m experiencing which maybe is easier because I talk about it a lot, more than I do the other way around, so I’m not sure. It’s a really good question which is why I don’t know. I feel like I want to be really vulnerable in my music, so I’m always like “what’s the deepest feeling to try and express, what’s the more challenging thing ?” I feel like every time I’m writing it’s somewhat challenging to at least get through to this thing that I’m trying to say. 

La Face B : You talk about your willingness to show vulnerability when writing, but has it always been easy to reveal to others how you feel, or is that something you’ve learned to do over the years?

Sarah Kinsley :  I think it’s something I’m still learning honestly, I think that I am a relatively open book and I feel like I can talk about things really honestly, but also the more vulnerable it is the hardest to do, so in a lot of ways music is a really wonderful escape for me because it’s a space supposedly completely objective and it has nothing to do with anyone that knows me or even me myself. It’s just a space to pour out these emotions through storytelling or through lyrics or narrative. I think at the beginning, music was sort of like the scapegoat, just the thing that I can rely on to put everything down but I think it has been teaching me how to be way more vulnerable in my actual life beyond being a performer as well. 

It’s something I’m still figuring out too. I think it’s hard to be vulnerable in real life, it is actually a lot easier to do in music because I am not talking to anyone. It’s something to do with personal connection, it’s just the art that I make which is non judgmental and it’s just between me and the universe and nothing else, so it’s very beautiful in a sense that we can have that through artistic pursuits where you just have this open canvas to say whatever you like and it just is what it is.

Crédit : Julia Khoroshilov

La Face B: It’s funny, because talking to you, I get the impression that you’re more of a person, musically speaking at any rate, who lets things happen and is carried along, rather than someone who tries to control everything. When I listened to the EP, I really had the impression that it was the opposite, that everything was so well coordinated that it was like a millimeter, so it’s interesting to see that it was just an impression.

Sarah Kinsley : I think that’s really funny that you thought that I would be like a control freak. I’m a very big believer in things happening for a reason and I think that instinct maybe is what you’re feeling in the music or that’s the thing that you’re being drawn to in thinking that it’s down to that sort of perfectionism. I think when I make music I’m a little less relaxed and free flowing but I try to be.

I think my sort of classical music upbringing explains a lot of that because it’s so rigid and it’s very specific and there’s a correct way to play music you know so I have that sort of side of me but I also believe in this sort of spirituality of music and the emotion behind it, which drives the reason why a lot of people love music and need music in their lives.

La Face B : Ascension is your 4th EP, and it’s also the fourth to have a similar structure to the previous ones, i.e. to be composed of 5 tracks and to last around twenty minutes. Do you plan to continue exploring this EP format, or do you feel ready to release longer projects, maybe even an album if you can tell us so much?

Sarah Kinsley : Without giving away too much, I’m really excited to depart from the EPs. I think it’s time that I sort of gave people something that’s a longer form of music and a body of work and I’m just very excited to do that. I think it’s fun to have the EPS like it’s exciting to sort of digest music in a sort of shorter quantity but I am ready for something a bit longer I think. 

La Face B :  It’s true that, looking back over the last four years of your career, it’s clear that you’re really starting to find out what you want to convey to people and how, and that you’re ready to deliver a complete project. With Ascension, for example, we can really feel your intention to transport the audience to an unreal place, a place where their minds can escape, and I find that really successful. The theme of the unreal is much more pronounced than in previous projects, and we can see that you’ve really found a way to incorporate your own universe into the project.

Sarah Kinsley : I hope so, at this point I should be because it’s been so many years. It’s so weird to think about that, I feel like it’s been a long time but it really has not been that long. I really started doing things in 2020-2021 but I feel very ready to deliver and create a full length thing to give people. I think it has deserved more than just another four or five songs which would be lovely but repetitive at this point.

Over the years, my music has taken a really intense spin which is exciting, I do feel like it’s just a natural change of who I am as a person of trying to explore new sounds trying to create this like sonic thing that just keeps going forward instead of being stagnant. I think my intention with “ascension” specifically was really to do with color and feeling a lot more than beforehand, the theme was really strong, I was trying to talk about this sort of place where you go to, where all your memories with a person exists, almost like an island of of past conversations and jokes.

I feel like that theme was so prevalent that I was just thinking about it all the time, of how to make this sonically relevant as well, so using specific synths, using strings, using sounds that are really nostalgic, and I believe that was definitely way more present this time around than a lot of other EP’s which you you mentioned.

Sarah Kinsley
Crédit : Julia Khoroshilov

La Face B : You say that it feels like you’ve been making music for a very long time, and that’s probably because, as you’ve often said, music has been everything to you since you were a little girl. I wanted to know if you always knew that you wanted to make it your career, your daily occupation, or did this idea appear in 2020 when you released your first songs?

Sarah Kinsley : A lot of it came in 2020. I think it was like a pipe dream for a really long time. When I was younger I just dreamed a lot about being a musician in any capacity. I didn’t think that I’d be a singer even though I really wanted it, I didn’t think that I’d be able to make music and I dreamed about that all the time and I just thought about it constantly. I loved and still love listening to music and I love playing music and I kind of hoped when I was younger that maybe I would be a pianist or playing in an orchestra when I was older and I did that when I was in high school.

And then when I was in high school I thought maybe I’ll become a songwriter or something and figure that out or see if it’s even possible. All of these things were just constant hopes and dreams, it was nothing real or tangible for a really long time. It was just something that existed in my head: I didn’t sing in front of people for many years ’cause I was so freaked out by it and I thought that people would dislike my voice. 

When I got to college I just fell in love with producing and it was a sort of progression from everything else that I did in my life up until then, and I was just obsessed with it and I just didn’t know if it would happen. I was part of a small scene of people in college who were making music, and watching a lot of people around me play shows and taste some success or whatever you want to call it, I didn’t think it would ever happen to me and then in 2020 everything just kind of exploded.

I don’t think I thought that it would be a career, I think I hoped it would but I was realistically and logically thinking out that it’s not possibly and that I was going to have to get a job, and then it happened so I just feel very grateful for the ability to make music as a career, it is really unheard of in my family and also in the world. 

La Face B : Since 2020, did you already get an “I made it” moment ?

Sarah Kinsley : I think the closest I’ve really gotten to that feeling is usually for live shows. I played this festival in Chicago called Lollapalooza this past August and it was the largest crowd I’ve ever played in front of. It was so much fun and that was really a “wow I can’t believe that I’m here now” moment. And I would also probably say the last time I played in New York which was June of 2022, it was probably the largest venue I’ve ever headlined and it was one of the best shows of my life and I definitely felt that sort of like “I can’t believe that I’m here”, just very sappy.

I love living in New York. I love being an artist based here and I think that if I played a venue like Brooklyn steel in which I’ve seen so many shows there when I was in college, if I played there or Webster hall even I’d probably freak out. That’s a big dream of mine. And even coming over to Europe and playing shows I think knowing that people in a completely separate continent listen to my music is definitely also another “I can’t believe this is real” thing.

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