La bienséance, c’est bien pour les autres. Ici on râle, on rote au visage de son voisin et surtout on parle très fort. SCRTCH, c’est le bruit que ça fait quand ton coude racle le sol en tombant à vélo, c’est le bruit de ta serpillière qui éponge ton vomi de la veille, c’est irrévérencieux, c’est puissant et ça vient de sortir son premier EP. INTRO.
SCRTCH, c’est un duo qui vient de Maubeuge. Luc et Rouag, potes à la ville, accompagnés par les éternels remuants de Bougez Rock et signés chez Alpage Records nous présentent six titres qui sont autant de bombes qui font fondre le visage dès les premières radiations. Bien entourés par des armuriers locaux (Constantin Locqueneux et Eloi aux prises, Marklion au mixage et Remyboy au mastering), leur production est léchée et on se surprend à en redemander.
Si leur musique est une véritable performance live à l’origine, ils ont su retranscrire à merveille l’énergie nucléaire qui émane de leurs titres. Bien qu’étant un duo, ils n’ont aucun problème à noyer leur auditoire d’un nuage de décibels acides et nerveux à souhait. Musique extrême s’il en est, dans la lignée des Royal Blood et autres Queens Of The Stone Age, leur musique a profité du passage en studio pour s’enrichir de touches numériques qui contribuent à alimenter une esthétique qui se moque éperdument des codes de bonne conduite.
Les deux extrémités de la galette sont constituées d’effets numériques, de voix torturées qui intriguent avant de se fondre dans l’univers brutal et gras du groupe. La basse et la batterie bavent et ne laissent aucun répit, explosant entre riffs à fragmentation et batterie-mitrailleuse. Le tout porte une voix qui oscille entre hurlements bestiaux et lignes savamment mélodiques.
Si l’énergie est constante sur la durée de l’album, comme une déflagration impitoyable, les ambiances sont variées. Si le titre SCRTCH nous fait penser à une scène de course-poursuite de film d’action, Misfits a plutôt le côté rageur et impatient d’une gueule de bois de lendemain de cuite et Sex needs… possède un aspect industriel et une lourdeur qui sont dérangeants, en lien avec le thème du morceau (on ne spoile pas tout non plus).
Heureusement, la présence de mini-interludes dans les morceaux permet de respirer juste ce qu’il faut avant de reprendre une bouffée d’air vicié et surchauffé. Entre perturbations numériques, détournements d’orgasmes et diminution progressive du volume façon fausse fin, un jeu s’installe progressivement avec l’auditeur qui se retrouve pris régulièrement à contre-pied.
Enfin, l’incorporation d’interférences qui donnent le sentiment d’une perte progressive de signal sur la batterie de Words est simplement brillante et symbolise parfaitement le nom du groupe ainsi que son propos : brutal, assourdissant, jouissif.