Sequence Pt. 1 de Else : entre rêve et réalité

Le 18 septembre sortait le nouvel EP de Else, 5 titres annonciateurs d’un opus magistral, cinématique et bouleversant. Un gain de maturité et une perspicacité nouvelle qui dévoilent une trajectoire déterminante pour le futur du duo. Un EP urgent, percutant, dont les tonalités nous délogent de notre réalité. Vous n’êtes plus assis gentiment à votre bureau à attendre le moment de pointer. Vous n’êtes plus non plus dans la rue à courir après votre bus. Vous partez ainsi dans une quête entêtante, étrange et intrigante. Vous poursuivez quelque chose de mystique, d’interdit. Vous explorez un pays nouveau, une civilisation inconnue ; une contrée sablonneuse, un tunnel humide et sombre.

Trois ans après leur premier EP Mirage, le duo toulousain formé par Yanis Hadjar et Louis-Gabriel Gonzalez revient avec un nouvel EP, Sequence Pt. 1

Arrivés sur la scène électro en 2013 avec différents titres alliant tonalités groovy et légèreté house pimentée par un soupçon de disco, ils s’étaient placés comme éventuels successeurs des Daft Punk. Pacific, sorti en 2013, surfait sur la vibe très électro-tropicale en vogue à ce moment-là, un morceau efficace mais sans profondeur. Les six titres présents sur Mirage avaient laissé un sentiment d’inachevé : si le duo brillait par sa créativité et annonçait un potentiel indéniable, on retenait toutefois la culpabilité de la facilité, usant des codes à la mode et cherchant sans doute à se rapprocher un peu trop de Flume ou autre artiste électro streamé à cette époque. 
Quelques mois après ce premier EP en demi-teinte, le duo présentait Paris, un titre qui marquera les débuts du groupe dans une volonté d’élaboration d’ambiance, de décor sonore. Une course urbaine contre la montre, un vagabondage nocturne dans la solitude la ville. 

Sequence Pt. 1 s’ouvre avec Origine, un titre qui donne le ton grâce à une électro cinématique magistrale, proche d’un habillage de film. Les machines utilisées sont différentes, plus travaillées et moins évidentes, laissant apercevoir le gain de maturité du duo. Une montée en puissance crescendo favorisée par des apparitions de notes d’orgue et d’interlude avec des bruits de foules. Une manière de voyager tantôt dans une réalité proche, tantôt dans une dimension onirique lointaine.

Night Thoughts est une réelle invitation au voyage, plus orientale, plus loin de la réalité. Si certaines percussions favorites du duo se retrouvent, elles sont désormais retwistées dans un souci de cohérence du concept plus que de tendances. Des notes de cithare se distinguent et permettent à l’esprit de s’évader d’avantage.

Le groupe a d’ailleurs dévoilé un clip assez sombre, renforçant le côté très cinématique de l’EP, dans un décor de paysages paradisiaques californiens, ternis par la violence d’un braquage et d’une jeunesse perdue. Un contraste entre la fraternité, l’allégresse de la fleur de l’âge et l’urgence d’un réel parfois abrupt ; la coexistence entre la sérénité et l’angoisse. 

Twelve renforce la dualité de la dimension onirique et réalité de l’EP, avec des bruits de cristaux mystiques succédés par des bruits de foule. Une manière de nous emporter dans un voyage sensoriel, puis nous ramener brutalement à la réalité ; comme se perdre dans les rues de la ville, laisser son esprit divaguer puis revenir à soi par la froideur d’un klaxon.  

Sequence est une électro plus sombre qui rappelle la B.O. de Drive. Un morceau très cinématique avec une alternance de phases plus lumineuses et plus noires, structurées par des mélodies synthétiques cold wave qui se retrouveront dans le dernier morceau, Back to 8

Avec ce nouvel Ep, Else nous épate par une perspicacité artistique dont on avait effleuré le potentiel mais pas mesuré la grandeur. L’utilisation de la cithare et des sons de cristaux, alternés avec des bruits de foule et de ville renforcent cet aller-retour spatio-temporel imaginé avec brio par le duo. 
Cet EP est à lui tout seul un voyage sensoriel entre rêve et réalité ; la bande-son du film de nos errances, de nos rêveries et de notre retour brutal à la factualité.