Quand on pense à She Wants Revenge, impossible de ne pas visualiser la pochette icpnique de leur premier album. Une femme à la tête hors champ focalisant sur un corps en slip blanc irrémédiablement objectifié. Pourtant, se cache subtilement un couteau derrière son dos, et ce nom de groupe qui promet une certaine forme de révolution. Bien que la pochette ait vieillie, cette « headless woman » s’éloigne du concept sexiste et exprime plutôt la volonté qu’on puisse tous se projetter dans cet ange de vengeance. Mais c’est la puissance de leur musique qui déchaîna surtout les foules : on se souvient d’une dark wave ultra rythmée et à la sexualité exacerbée qui fera papilloner les bas du ventre pas mal de gens. 2 albums, 2 EP et 2 séparations plus tard, ils sont ENFIN de retour pour une tournée européenne. C’est à l’occasion de leur concert sur Paris au Badaboum que l’on a pu s’entretenir avec Justin, chanteur du duo, afin de parler de leur évolution, de relations torturées et de Billie EIlish.
English Version Bellow
FB : Bonjour Justin, comment vas-tu ? Ça faisait longtemps que vous n’aviez pas fait de concert à Paris, n’est-ce pas ?
Justin : Beaucoup trop longtemps…
LFB : Je parie que tu es pas mal excité !
Justin : J’adore Paris, une de mes villes préférées au monde… J’ai commencé à venir ici au milieu des années 90. Et j’y suis revenu plusieurs fois. J’aime les gens. J’aime la culture. Le public de nos concerts…
LFB : Aimer les Parisiens ? Tu es une exception.
Justin : Eh bien, tu ne peux pas venir ici ou dans n’importe quelle ville du monde et te comporter comme un connard. Tu dois être cool. Et les gens seront cool avec toi. Si tu t’attends à ce que tout le monde parle ta langue, que tu es exigeant et impoli, tu vas sans doute attirer les réactions négatives. Mais si tu es humble et fais un effort, ça va.
LFB : Commençons un peu par l’origin story du groupe, comment as-tu rencontré Adam et pourquoi avez-vous commencé à faire de la musique ensemble ?
Justin : Nous nous sommes rencontrés plus jeunes, lors d’une soirée où il était DJ. J’avais probablement 14 ans ! Nous ne sommes pas vraiment devenus amis tout de suite, nous nous sommes juste rencontrés. Des années plus tard, nous avons eu un ami commun qui a dit : « Oh, vous devriez bosser ensemble. » C’est arrivé tellement de fois, à se dire qu’on devrait bosser ensemble sans jamais le faire. Un jour, nous avons essayé. Nous avons commencé en tant que duo de producteurs, mais nous ne trouvions pas vraiment d’artistes à produire, alors nous avons commencé à faire notre propre musique. Nous avons commencé à faire un morceau hip hop. Puis nous avons fait une chanson que nous aimions bien, et c’est devenu She Wants Revenge.
LFB : Tu n’étais pas fier de ce son hip hop ?
Justin : Il était très bien. C’est juste que nous ne voulions pas sonner comme ça.
LFB : Votre premier album She Wants Revenge a été un merveilleux choc dans l’industrie musicale. A quel type de réactions vous attendiez-vous en lançant l’album ?
Justin : Je ne m’attendais à rien quand je l’ai lancé. J’essaie de ne pas avoir d’attentes, car on ne sait jamais ce qui va se passer. Enfin, ce n’est pas tout à fait vrai… Je savais qu’il y aurait des gens qui l’aimeraient. Mais je ne savais pas combien. Peut-être qu’il y en a 300. Peut-être qu’il y en a 3000. Mais il s’est avéré qu’il y en a eu 3 millions. Donc on ne sait jamais. Mais si vous faites quelque chose avec sincérité et amour, quelqu’un d’autre le trouvera honnête et l’aimera. J’ai fait le pari que les gens qui aiment Placebo et The Cure allaient apprécier She Wants Revenge. Mais je ne savais pas combien ils seraient. Et je ne savais pas que cela signifierait que 18 ans plus tard, je ferais toujours des concerts tous les soirs et que les gens chantent encore en cœur les paroles. C’est fou. C’est incroyable. C’est extraordinairement dingue. Et chaque nuit, je me dis que c’est tellement bizarre. Nous avons été éloignés de la musique live pendant si longtemps à cause de la pandémie, mais aussi parce que le groupe s’était séparé. Vous oubliez presque à quel point c’est fou. Quand je suis à la maison, je vis ma vie, je suis juste moi, je ne suis qu’un père. Je me ballade avec ma famille, je vais prendre un café, je fais de la musique pour le plaisir. Je suis très loin de ce moment où une foule crie, me demande de signer une setlist tout en me racontant comment notre musique a changé leur vie. Donc, quand t’y retournes, c’est un peu bizarre. Mais dans le bon sens, je me sens très chanceux. Je n’aime pas dire chanceux parce que ce n’est pas de la chance. Mais je me sens vraiment reconnaissant.
LFB : Après un deuxième album This is Forever, et un EP Save your Soul, dans la même direction artistique que le premier, vous avez décidé de lancer un EP un peu différent : Up & Down. Avez-vous ressenti le besoin d’expérimenter différemment la musique ?
Justin : Bien sûr ! Quand nous avons commencé à faire cet EP, ça sonnait tellement différemment que nous avons commencé à en rigoler. On se disait que nous devrions carrément le sortir sous un autre groupe, ou l’appeler The Purple EP parce que ça ressemble tellement à du Prince. Nous avons pris de la French Touch et l’avons mélangée avec du funk de Minneapolis. Je me disais que c’était très intéressant et assez unique. Nous jouions pas mal cet EP en live, et ça a bien marché pendant un moment. Puis, nous avons arrêté. L’autre soir à Madrid, quelqu’un a crié « Jouez Animal Attraction !« . Mais nous ne le ferons plus.
LFB : Et pourquoi?
Justin : Ce n’est pas une question de gêne, je l’ai écouté récemment et je pense qu’il est vraiment bien. Mais il y a beaucoup de morceaux que je ne veux plus jouer en live. Comme Monologue ou I don’t wanna to fall in love. Je me sens très éloigné des paroles. Il y a d’autres chansons où je me sens éloigné, mais je peux toujours me mettre dans le bon état d’esprit pour le faire. Mais pas toutes les chansons.
LFB : Votre dernier album en date, Valleyheart, a commencé avec des vibes aussi plus « indie » que la version précédente, pour évoluer progressivement avec le son plus classique de « She Wants Revenge ». C’était comme finir une boucle ?
Justin : Ce n’est certainement pas intentionnel. Pour moi, l’album n’était pas si différent. Nous étions juste en train de grandir. Ce serait très ennuyant de faire des chansons comme Sister ou Someone must get hurt encore et encore et encore. Je viens d’un milieu beaucoup plus influencé par le rock alternatif des années 80 et 90 que par la dark wave, New Order , Joy Division ou Bauhaus… Tous ces groupes, c’est notre public qui pense qu’on s’en influence, mais ce n’est vraiment qu’une infime partie. Certains groupes comme les Rolling Stones, ils ont un ou deux trucs, ils le font très bien et ils le font pour toujours. Avec nous, j’ai l’impression qu’on essaye de se diversifier un peu plus. Quand tu écoutes des morceaux comme Kiss me ou Must be the one, ils sont plus optimistes. Ils sont doux-amers et mélancoliques, mais ils ne sont pas sombres. Il y a quelque chose de cinématographique à leur sujet.
LFB : Il y a beaucoup moins de violence dans cet album que dans le premier.
Justin : Je ne sais pas si je dirais qu’il y avait de la violence dans le premier album, mais je dirais qu’il y avait… du danger. (rires) On ne peut plus avoir 30 ans à nouveau. Tu ne sais plus ce que ça fait, ça n’aurait pas été honnête. Pour moi, des chansons comme Suck it up, Little stars ou Take the world sont tout autant le son de She Wants Revenge que I don’t want to fall in love ou Tear you apart. On tombe tous amoureux d’un style de musique et on veut qu’on fasse ce son pour toujours. Mais ça ne marche pas comme ça. Les Strokes ne joueront pas Last Night et Hard to Explain pour le reste de leur vie. Ils vont toujours les jouer bien sur, mais vous ne pouvez pas vous attendre à ce qu’ils copient ces titres éternellement. Donc Valleyheart est pour moi un album très She Wants Revenge. C’est probablement mon préféré. Il y a une innocence dans le premier disque. Le deuxième disque est une évolution très cool du premier. Le troisième est beaucoup plus proche de qui nous sommes maintenant. Mais c’était il y a longtemps déjà, nous n’avons pas fait de disque depuis une décennie.
LFB : Malheureusement pour nous, vous vous séparez en 2012 pour vous consacrer à vos propres projets : Love, Ectsasy & Terror pour vous Adam, et vous Justin avec l’album Black Hesh Cult Mixtape. C’était le moment de faire quelque chose de nouveau ?
Justin : Être dans un groupe est un vrai défi. C’est comme un mariage. On a fait de la bonne musique ensemble, mais on s’est aussi pas mal battus et ce n’était pas très sain. Donc j’ai quitté le groupe. J’ai fait beaucoup d’autres choses musicalement dans ma vie. J’ai produit d’autres personnes, travaillé avec des maisons de disques et des artistes, toutes sortes de choses créatives et super fun. Et puis on s’est remis ensemble. Parce qu’il y avait cette d’opportunité, c’était le 10ème anniversaire du premier album donc ça avait du sens. Mais je ne pense pas que nous ayons vraiment réglé nos problèmes à ce moment là. Lorsque la pandémie a frappé, j’ai eu la chance de réfléchir à ce que je voulais faire. J’ai donc pris la décision de changer de vie, comme beaucoup de gens pendant la pandémie. J’ai vraiment adoré. Deux années formidables avec ma famille, j’ai fait un disque solo que je sors bientôt, un court métrage, beaucoup de choses dont je suis vraiment fier sur le plan créatif. Puis She Wants Revenge a commencé à me manquer. Pas notre relation d’avant par contre. Alors nous avons décidé de communiquer les uns avec les autres d’une nouvelle manière et créer un nouveau type de relation. Et nous sonnons mieux que jamais. On s’entend bien, on s’éclate. C’est génial !
LFB : Et donc maintenant vous revenez ensemble. À quoi pouvons-nous nous attendre ? Un nouvel album ?
Justin : Oui ! Nous écrivons un peu sur la route. De retour à la maison, nous enregistrerons. L’année prochaine sortira un nouvel album à coup sûr !
LFB : J’ai toujours eu un sentiment très ambigu à propos des femmes dans vos chansons. Elles sont profondément érotisées, mais tout en étant très indépendantes et profondément dominantes. Quand j’étais jeune, c’était véritablement une nouvelle vision de la femme qui s’offrait à moi. Cependant, dans la plupart de vos chansons, vous semblez piégés et malmenés par ce fantasme. She Wants Revenge, ça veut dire quoi exactement ?
Justin : Le nom ? Ça ne veut rien dire, c’est juste un nom sympa. (rires) Mais c’est intéressant ce que tu dis. Je ne pense pas que nos chansons soient super sexuelles. Je les considère plus comme des morceaux sur les relations amoureuses. Je ne suis pas très intéressé par l’art qui parle de sexe. Je m’intéresse plus à l’art de l’émotion. La plupart des histoires parlent de relations qui ne fonctionnent pas, mais ce n’est la faute de personne. Parfois, les chansons parlent de belles relations comme Tear you apart. Il ne s’agit pas de relations abusives ou d’un fantasme !
LFB : Pour moi Tear you apart parlait plutôt mais plutôt d’un désir ardent.
Justin : C’est une chanson sexuelle pour beaucoup de gens. Je ne veux pas leur enlever ça. Mais pour moi, c’est plus quand vous ne pouvez pas à t’exprimer, sortir les mots parce que tu as un sentiment si fort. Il ne s’agit pas de sexe, il s’agit de vouloir dire quelque chose. Et les mots ne semblent pas suffire.
LFB : Dans le dernier album, tu semblais plus serein et moins « obsédé ». As-tu eu le sentiment que cette image de la femme et des relations a changé?
Justin : Dans le premier album, je parlais soit de choses que j’ai vécues, soit de choses que j’ai imaginées, de souvenirs, d’émotions, de sentiments, de relations passées. J’ai raconté une histoire sur un garçon et une fille. Et c’est tout. J’étais célibataire, j’étais plus jeune. Je m’inspirais des relations que j’avais eues, les meilleures et les plus difficiles, décrivant les parties les plus intenses. Personne ne veut la partie ennuyeuse, « le brunch du dimanche ». Tu veux entendre ce moment où vous vous êtes disputés toute la nuit. C’est plus vivant. À Valleyheart, je suis une personne totalement différente. C’était intéressant d’écrire une chanson comme Sister et d’entendre le personnage dire « tu peux me faire du mal ou faire ce que tu veux ». Mais j’ai 39 ans, je suis marié, j’ai une belle famille et je suis une personne heureuse. Je n’ai plus de chaos dans ma vie. Donc non, aucun intérêt à parler de quelqu’un disant « blesse moi ». (rires)
LFB : Je n’ai jamais connu de musique aussi érotique que She Wants Revenge. Comment expliques-tu que tant de gens aient le même sentiment à ce sujet même si ce n’était pas votre propos ?
Justin : Parce que c’est de la musique sexy. (rires) Quelque chose peut être sexy mais ne pas parler de baise. Musicalement, c’est sexy parce que nous aimons la Dance music, beaucoup de musique noire américaine, le hip hop, le r&b, la soul, beaucoup de funk. Il y a énormément de musique indé qui ne sont pas si sexy. Celle avec des bandes de mecs qui crient parfois. Nous ne voulions pas faire de la musique uniquement pour les mecs. Nous voulions que les filles aiment notre musique, c’était beaucoup plus intéressant. Adam étant DJ, on essaye de penser nos musiques comme des DJ. Tu peux jouer une chanson, faire crier les mecs ou faire danser les filles. C’est beaucoup plus intéressant d’être entourés d’un mélange de tous les genres plutôt que juste d’un groupe de mecs qui tiennent leurs bières. C’est pour ça que notre musique est sexy. Mais cela ne signifie pas qu’il s’agit de sexe.
LFB : Ta musique a aussi la particularité d’être très cinématographique, impossible de ne pas avoir d’image en tête quand on l’écoute. Il n’est pas surprenant que des films comme Le Nombre 23 et American Horror Story l’aient utilisé. Justin, tu as déjà fait une chanson pour Roméo + Juliette, pourquoi tu ne composerais pas plus pour le cinéma ?
Justin : Parce qu’on ne nous le propose pas ! (rires) Nous n’allons pas les appeler pour leur dire que nous voudrions signer les musiques de leur film. Plus sérieusement, je n’ai aucun intérêt à signer des films. J’écris et je réalise, je suis cinéaste, je ne veux pas signer le film de quelqu’un d’autre. Je veux faire le mien.
LFB : Lady Gaga a mis un nouvel éclairage sur le déjà bien connu Tears You Apart. Comment avez-vous reçu cette attention ?
Justin : Billy Eilish a fait la même chose pour nous ! 2020 à Halloween, elle a publié une story Instagram. Et puis elle a donné une interview pour Vogue en parlant de She Wants Revenge. J’ai posté une story sur Instagram disant que c’était incroyable, que j’avais vu son show à Coachella et qu’elle allait être la plus grande pop star du monde. Elle l’a liké, alors nous avons commencé à discuter puis nous sommes devenus amis. Nous avons finis par nous rencontrer enfin à Coachella. Cela a attiré beaucoup de nouveaux abonnés. C’est bien. En plus, obtenir la validation de deux des artistes les plus importantes de ces 20 dernières années, c’est énorme, surtout que ce sont des femmes. Ouais, ça veut dire beaucoup pour moi. C’est vraiment cool.
LFB : Je pense vraiment que votre groupe pourrait vraiment apporter un univers merveilleux à différents artistes grâce à des collaborations. Avez-vous déjà envisagé de collaborer avec quelqu’un comme tu l’as déjà fait en solo avec Placebo ?
Justin : Ces choses arrivent naturellement. Placebo et moi étions déjà amis. J’habitais dans leur appartement, nous vivions ensemble. Ils m’ont dit un jour : « Hé, tu veux rapper dans la chanson ? » C’était naturel !
LFB : As-tu eu de belles découvertes musicales que tu voulais partager avec nous ?
Justin : Je manage un artiste : Fleece Kawasaki. Il est sur Bandcamp et Spotify. Il est formidable. Il vient d’ouvrir pour nous : 1200 personnes à Los Angeles. Il y a beaucoup de nouveaux groupes indépendants qu’on adore, comme Julie. Un incroyable mélange de shoegaze de Los Angeles. Nous voulons les emmener en tournée. Nous adorons Wet Legs. Je les ai vus en live, elles sont incroyables, tellement incroyables ! Il y a un artiste avec qui je travaille depuis des années même si ce n’est plus le cas aujourd’hui. Mais elle fait de la bonne musique que j’aime vraiment : Tessa Rae. Et nous avons un ami à Los Angeles qui s’appelle Creature of Doom. J’aime beaucoup The Smile aussi !
LFB : Que pouvons-nous vous souhaiter pour l’avenir ?
Justin : J’aimerais pouvoir faire de la musique qui trouve notre public sans algorithmes et sans que d’énormes entreprises de technologie ne se mettent en travers de ça. C’est tout. Je ne peux pas contrôler si les gens aiment ma musique, ou la musique en général, mais je veux qu’ils l’entendent. Je veux donc trouver un moyen pour que le plus de gens possible entendent notre musique, et ensuite ils pourront se faire leur propre opinion. Nous faisons de la musique depuis longtemps, et je me sens un peu frustré. Nous n’avons pas sorti de disque depuis 10 ans. Je me sens tellement chanceux que les gens viennent nous voir et que nous puissions faire salle comble à Paris. C’est incroyable. Mais nous devrions jouer pour 2000 personnes. Alors, comment puis-je y arriver ? Je dois faire un bon disque, travailler dur, espérer le meilleur. Le monde change, les choses évoluent. Tu devais être à la radio, puis à la télévision, ensuite sur MTV, puis plus personne ne se soucie de MTV. Maintenant c’est Facebook puis c’est Instagram puis c’est Tik Tok. Je comprends. Je comprends vraiment mais j’aimerais toucher les gens autrement. J’aimerais que la bonne musique trouve un chemin, et que nous ferons un disque qui trouvera son public.
LFB : Merci beaucoup She Wants Revenge !
Justin : Merci !!
ENGLISH VERSION
LFB: Hello Justin, how are you? It’s been a long time since you did a concert in Paris right?
Justin: Way too long…
LFB: I bet you are excited!
Justin: I love Paris, one of my favorite cities in the world… I started coming here in the mid 90s. And been here many times. I love people. I love the culture. The crowds when we play shows…
LFB: Loving the people in Paris ? You are an exception.
Justin: Well, you can’t come here or any city in the world and be a dickhead. You gotta be cool. And people will be cool to you. If you expect that everybody speaks your language, you’re demanding and you’re rude you’ll probably find somebody who’s rude. But if you’re humble and make an effort, it’s fine.
LFB: Let’s begin with your origin story for a bit, how did you meet with Adam and why you began to make music together?
Justin: We met when we were younger at a party where he was DJing. I was probably 14 years old! We didn’t really become friends, we just kind of met. Years later, we had a mutual friend who said, « Oh, you guys should connect. » It happens several times we said we will try but never did. One time we did try. We started as a production duo, to produce other artists. But just couldn’t really find artists to produce, and so we started making our own music. First, we started doing hip hop. Then we did a song that we liked, and it became She wants revenge.
LFB: The hip hop song wasn’t something you were proud of?
Justin: It was very good. We just didn’t want that.
LFB: You’re first album She Wants Revenge was a wonderful shock in the music industry, what kind of reactions you were expecting when you launched the album?
Justin: I didn’t expect anything when I launched it. I try not to have expectations, because you never know what’s going to happen. We just put it out. Well, that’s not entirely true… I knew that there was going to be people who loved it. But I just didn’t know how many. Maybe there’s 300. Maybe there’s 3000. But it turned out that there’s 3 million. So you never know. But if you do something honestly and with love, someone else will find it honest and love it. I bet people who like placebo and the cure are really gonna fucking love this band. But I didn’t know how many of them would be. And I didn’t know that it would mean that 18 years later, I’d still be playing shows and people would be singing the lyrics in front of me from the crowd every night. That’s crazy. It’s incredible. It’s fucking crazy. And every night I’m thinking that this is so weird. We were away from live music for so long due to the pandemic, but also because the band had broken up and all of this. You almost forget how crazy it is. When I’m at home living my life, I’m just me, I’m just a dad. I hang out with my family, go have a coffee, make music for fun. I’m very far that this moments in front of a crowd, who’s screaming and freaking out, wanting me to sign setlist and telling me how our music changed their life. So once you get around that again, it’s kind of weird. But in a good way. It’s nice, very fortunate. I don’t like to say lucky because it’s not luck. But it’s very fortunate.
LFB: After a second album This is Forever, and an EP Save your Soul, in the same artistic direction than the first one, you decided to launch a kind different kind of EP: Up & Down. Did you feel a need to experiment differently with music?
Justin: Sure. We started making music and it sounded so different that we joked about it, saying we should just give it an another name or call it The purple EP because it sounds so much like Prince. We took things like French electronic music and mix it with Minneapolis funk. I thought it was very interesting and unique. We played some of the music in live. And it did well for a while. Then we stopped. The other night in Madrid, somebody said « Play Animal tracks. » We’re not gonna.
LFB: Oh ! But why?
Justin: I’m not embarrassed, I listened to it recently and I think that’s really good. But there’s lots of songs that I don’t want to play live. Like Monologue or I don’t want to fall in Love. I feel very removed from the lyrics. There are other songs where I feel removed from the lyrics, but I can still get myself in the right headspace to do it. But not all songs.
LFB: Your last album in date Valleyheart began with also more “indie” vibes than the previous release, to evolve progressively with the more classical sound of “She wants revenge”. It was like finishing a loop?
Justin: It’s definitely not intentional. For me, the album wasn’t very different. We were just growing. it would be very boring to make songs like Sister or Someone must get hurt over and over and over again. I come from a background much more influenced by alternative rock from the 80s and 90s than just dark wave, New Order or Joy Division, Bauhaus… This is mostly all the things that people think we’re influenced by, but are just very small parts of our influence. Some bands like The Rolling Stones, they sort of just do like one or two things, they do it really well and they do it forever. With us, I feel like we do a lot of things. Our sound is not just one specific thing. When you listen to a song like Kiss me or Must be the one, they are more hopeful. They’re bittersweet and melancholy, but they’re not dark. There’s something cinematic about them.
LFB: There is much less violence in this album than the first one.
Justin: I don’t know that I would say there was violence in the first record, but I would say that there was…. danger. You can’t take yourself back to being 30 years old when you’re not. You can’t say what does it feel like to be that person, you wouldn’t really being honest. For me, songs like Suck it up, Little stars or Take the worlds are just as much the sound of She Wants Revenge as I don’t want to fall in love or Tear you apart. Everyone falls in love with something and then they want you to do that forever. But that’s just not the way it works. The Strokes are not going to play Last Night and Hard to Explain for the rest of their lives. They’re still going to play those live, but you can’t expect them to copy that. So Valleyheart is for me a very She Wants Revenge record. To me, it’s probably my favorite. There is an innocence in the first record. The second record is a very cool evolution of the first. The third is very much closer to who we are now. But that was a long time ago, we haven’t made a record in a decade.
LFB: Unfortunately for us, you separate in 2012 to devote yourself to your own projects: Love, Ectsasy & Terror for you Adam, and you Justin with the album Black Hesh Cult Mixtape. It was the moment to do something new?
Justin: Being in a band is challenging. It’s like a marriage. We made good music together, but we also fought quite a bit and it wasn’t very healthy. And so I quit the band. I did a lot of other things musically in my life. I produced other people, worked with record companies and artists, all kinds of really creative and fun things. And then got back together. Because there was a lot of opportunity, it was the 10th anniversary of the first album so it made sense. But I don’t think we really fixed anything. When the pandemic hit, I had the chance to think about what I wanted to do. So I made the decision just to change my life, like a lot of people during the pandemic. I really loved it. A great two years with my family, I made a solo record that I’m putting out, a short film. I did a lot of things that I’m really proud of creatively. Then, I started missing it She wants revenge. I didn’t really miss the way we used to be. We decided that we would communicate with each other in a new way and have a new sort of start of relationship. And we sound better than ever. We’re getting along. We’re having a great time. It’s awesome.
LFB: And so now you are coming back together. What can we expect? A new album?
Justin: Yes ! We are writing a little bit on the road. Back home, we will record. Next year will be a new album for sure!
LFB: I always had very ambiguous feeling about the women in your songs. They are deeply erotized, but in a same way they are independent and profoundly dominant. It was kind a new way to see feminine characters in this period. But also, in most of your songs you seemed trapped by this fantasy. She Wants Revenge, what does it means exactly?
Justin: The name ? It’s doesn’t mean anything, it’s just a cool name. (laughs) But that’s interesting. I don’t think of our songs as super sexual. I think of them as very much about the relationship part. I’m not super interested in art that’s about sex. I’m more interested in art about emotion. Relationships are challenging and talking about the intricacies and specifics of real relationships. Most of the stories are mostly about relationships that don’t work, but it’s no one’s fault. Sometimes the songs are about great relationships like Tear you apart. It’s not about a bad relationship, or a fantasy.
LFB: I never fought Tear you Apart was about a bad relationship, but more like a burning desire.
Justin: It’s a sexual song to a lot of people. I don’t want to take that away from them. But to me, it’s more when you can’t get words out. When you have a feeling that’s so strong. It’s not about sex, it’s about wanting to say something. And words just don’t seem to do enough.
LFB: In the last album, you seemed more peacful and less “obsessed with this fantasy”. Did you had the feeling that this image of women and relationships changed throw times?
Justin: In the first record, I was talking about either things that I’ve experienced, things that I imagined, memories, emotions, feelings, past relationships. I’m just like telling a story about a boy and a girl. And that’s it. I was single, I was younger. And I was looking back at some of the best and most challenging relationships I’ve had, describing some of the most intense parts. You don’t want to hear about the boring « having brunch together » part. You want to hear about the time when you have fought all night. It’s more vivid.In Valleyheart, I’m a totally different person. It was interesting to write a song like Sister and hearing the character says « you can hurt me or do whatever you like. » But I’m 39 years old, I’m married, and I have a beautiful family and I’m a happy person. I don’t have any chaos in my life. So, no interest in talking about somebody saying « you’ve been hurt. » (laughs)
LFB: I never knew a music as erotic than She Wants Revenge. How do you explain that so many people have the same feeling about it even if it wasn’t your point?
Justin: It’s sexy music. (laughs) Something can be sexy but not be about fucking. I understand that musically, it’s sexy. Because we come from a place where we like dance music, a lot of American black music, hip hop, r&b, soul, a lot of funk. A lot of Indie alternative music is not so sexy. It’s a bunch of boys, sometimes yelling. We didn’t want to make music just for boys. We thought girls to like our music it was much more interesting. I think also as DJs. Adam was a lifelong DJ, you could play a song, to make guys scream or you can make girls dance. It’s much more interesting being around a mix of all genders than just a bunch of dudes who are holding beers. And so the music is sexy. But that doesn’t mean that it’s about the act of sex.
LFB: Your music has also the particularity to be highly cinematic, it’s impossible to not have image in mind when we listen to it. It’s not surprising than movies like the Number 23 and American Horror Story used it. Justin, you already did a song for Romeo + Juliette, but you never wanted to compose more for the movie industry?
Justin: because they have to ask us! (laughs) We’re not gonna call them and say we want to score your movie. More seriously, I have no interest in scoring movie. I write and direct, I’m a filmmaker, I don’t want to score someone else’s movie. I want to make my own.
LFB: Thanks to Lady Gaga, she put a new light on the already well-known Tears You Apart. How did you receive this attention?
Justin: Billy Eilish did the same thing ! 2020 on Halloween, she posted a Instagram story. And then she given interview for Vogue talking about She wants Revenge. I posted a story in Instagram saying that it was incredible, that I saw her show at Coachella and that she’s going to be the biggest pop star in the world. She liked it, and so we started talking and became friendly. Then we met at Coachella. That got a lot of new followers. It’s great. And more over, getting a cosign from two of the most important artists in the last 20 years, it’s huge, especially that they’re women. Yeah, that means a lot. It’s very cool.
LFB: I really think that your band could really bring a wonderful universe to different artists through collaborations. Do you ever considered to collaborate with someone as you did yourself with Placebo?
Justin: Those things happen naturally. Placebo and I were already friends. They told me: « Hey, do you want to rap in the song? » I used to stay in his flat, we lived together. It was natural
LFB: Do you had beautiful music discoveries you wanted to share with us?
Justin: I manage an artist: Fleece Kawasaki. He’s on Bandcamp and Spotify. He’s tremendous. He just opened for us: 1200 people in Los Angeles. There’s a lot of new indie bands. We love this band:Julie. Amazing sort of shoegaze beautiful band from Los Angeles. We want to take them on the road. We like wet leg. I saw them live their amazing, so amazing! There’s an artist that I’ve been working with for years and who I no longer work with. But she’s making great music that I really love named Tessa Rae. And we have a friend in LA called creature of doom. Like The Smile a lot also !
LFB: What can we wish for you in the future?
Justin: I would like to be able to make music that finds our audience without algorithms, and huge tech companies getting in the way. That’s all. I can’t control if people like my music, or music in general, but I want them to hear it. So I want to find a way for as many people as possible to hear our music, and then they can make up their own minds. We’ve been doing this a long time. And I kind of feel like frustrated. We haven’t put out a record in 10 years. I feel so fortunate that people come to see us and that we could sell out a show in Paris. It’s incredible. But we should be playing for 2000 people. So how do I get there? I need to make a great record, work hard, hope for the best. The world changes, things go up and down. You’re on the radio, you’re on television, you’re on MTV, and after no one cares about MTV. Now it’s Facebook then it’s Instagram then it’s Tik Tok. I get it, I understand but I would like to reach the people. I would like that good music finds a way, and as, hopefully we will make a record that finds our audience
LFB: Thank you so much She Wants Revenge !
Justin: Thank you !!