Being Anybody Else, nouvel EP de Shubh Saran

À tous les amoureuses et les amoureux de musique complexe et magnifique, Shubh Saran revient sur le devant de la scène avec un nouvel EP entre jazz et métal et entre rock et génie. Cet artiste, encore méconnu en France, explore avec ingéniosité les palettes sonores qui prennent leur source aux quatre coins du monde. Avec pour instrument de prédilection la guitare, il s’accompagne de musiciens au parcours costaud et au talent certain. Découvert lors du confinement, on ne le lâche plus désormais et on a décortiqué pour vous ce nouvel ouvrage.

Shubh Saran est un artiste aux multiples casquettes. Il est guitariste, compositeur et producteur. Basé à New York, il distille une musique complexe et une fusion des genres dans un florilège de notes coupées au couteau. L’artiste a grandi dans six pays différents et c’est cette empreinte teintée de mixité qu’on retrouve dans ses productions. Après plusieurs EPs et deux albums (2017 et 2021), il revient avec un nouvel EP nommé Being Anybody Else composé de cinq titres.

Sublime visuel pour cet EP qui fonctionne comme un oxymore ou qui oppose des antonymes. Il témoigne de la dualité de l’existence, de son état manichéen. Le jour et la nuit, la lumière et l’obscurité, le yin et le yang, l’été et l’hiver. Un tableau époustouflant pour illustrer cet EP plein de promesses.

Entre tradition et modernité.

Si le début de To Be laisse penser qu’on entre dans un titre teinté de musique aux accents traditionnels, ce n’est qu’une illusion. Rapidement, changement d’ambiance, l’étincelle se crée et le feu apparaît dans un mélange métal et rock. Ainsi, on alterne entre tradition et modernité dans une fluidité déconcertante. Les deux univers se répondent. On assiste à un vrai dialogue où chacun prend la parole et s’exprime tour à tour de manière totalement égalitaire. C’est alors un débat musical qui se joue. De quel côté serez-vous ?

Du côté de Reclaim, Shubh dévoile un pattern entêtant qu’on pourrait assimiler à un slogan scandé lors d’une manifestation dans le but de réveiller les âmes. Ce titre résonne comme une requête, une volonté dans une course effrénée pour la victoire, pour l’acceptation. Un combat incessant et tenace s’opère. Par ailleurs, le synthétiseur en arrière plan, très feutré, ramène douceur et apaisement même si la fureur de vaincre prend le dessus.

Fiction constitue le morceau le plus long de l’EP. Le synthé modulaire s’enivre et captive l’audience. La guitare de l’artiste occupe l’espace dans une sorte de solo donnant une forme progressive à ce titre. On arrive petit à petit dans un état second. Une transe jazz émerge alors et arrive à son apothéose vers 3’45.

De la complexité et beaucoup de cohérence.

Dans la continuité de Fiction, voici I Am Nothing qui continue d’exalter les synthés. Le mélange de sonorités est incroyable tant les influences sont admirablement articulées et attestent d’une cohérence indubitable. La guitare émerge, fait entendre son cri, donne une rythmique à son existence et explose à son climax portée par ces sons électroniques qui l’appuient et lui donnent pleinement sa légitimité.

Learning To Forget forme le dernier morceau de Being Anybody Else et il a aussi l’intention de faire entendre sa voix. Il démarre avec une guitare acoustique, signature d’une fin certaine. Titre polymorphe tant ses mues sont nombreuses, Learning To Forget résulte d’une osmose de Shubh Saran et de ses musiciens. Il nous laisse avec une note d’optimisme et un cœur rempli d’espoir. De plus, la ligne de basse communie avec le synthé ce qui ajoute un côté sacré à cette fin d’EP (nous et la notion de sacralité de la musique : tout un concept).

Cet opus incarne un melting-pot de peintures sonores pour un tour du monde 360 degrés sur nos patrimoines culturels. Des morceaux longs nappés de clivages et jouant sur les intensités s’entrecroisent avec la guitare en lead et un rock metal fusion progressif qui nous tient en haleine. Shubh Saran y ajoute un soupçon de jazz sexy à souhait et du synthé modulaire qui dessine des arcs-en-ciel invisibles. Being Anybody Else, comme toute l’œuvre de l’artiste, est un concentré d’humanité et de culture réunies. Vite, un nouvel album et une tournée en France !

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