Silly Boy Blue, énigme à contre sens, émotions droit au cœur

Cela devient une petite habitude, à chaque sortie de Silly Boy Blue, on se sent comme une personne poursuivant le petit poucet. Ramassant inlassablement les petits cailloux sonores pour suivre la trace qui mène avec certitude à ce que nous attendons tous : le premier album de la nantaise. Après la mélancolique Hi It’s Me Again et la solaire et frontale Goodbye, Silly Boy Blue dévoile The Riddle, parfait entre deux qui agit comme une prise de conscience d’une énigme qu’on a voulu décrypter.

Il y a une chose qu’on a remarqué à force d’écouter Silly Boy Blue, c’est son art dans le choix du titre. Le titre, que ce soit pour un titre où un album, est une chose importante à ne pas négliger. Tout d’abord car c’est la première chose, avec la pochette, qui s’offre aux gens, ensuite parce qu’il est aussi le vecteur d’échange principal, celui qu’on emploiera le plus.

Certains artistes utilisent le titre comme un rappel, une phrase, un mot que l’on retrouvera dans la chanson. On aime beaucoup Silly Boy Blue, on est donc allé vérifier (peut être que l’on se trompe) et on est arrivé à une conclusion toute simple : la nantaise fait parti d’une autre catégorie.

Celle des gens qui cherchent à créer une mythologie où le titre n’est pas un rappel mais une ouverture, une sorte de code secret qui, sans qu’on le sache de prime abord, nous envoie des indices assez évidents sur le morceau que l’on s’apprête à découvrir. Ainsi, si le titre est un élément marquant, il ne frappe qu’après coup par sa cohérence parfaite avec ce que le titre cherche à nous transmettre. Hi It’s Me Again était ainsi l’ouverture d’une lettre presque fantomatique tandis que Goodbye enclenchait le mouvement et la force des adieux dans un sourire. Mais alors, que nous raconte donc The Riddle ?

The Riddle c’est l’énigme. Celle dans laquelle on se retrouve parfois bloqué, ces instants vaporeux où les questionnements deviennent trop nombreux et trop important pour qu’on puisse s’en dégager. Mais plus qu’un morceau mélancolique et troublant, Silly Boy Blue y enclenche la mécanique du changement, l’envie de craquer cette énigme pour enfin la laisser derrière soit et trouver une sorte de résilience et de lumière dans le chaos des sentiments.

Cette bascule dans le morceau se transforme en dualité et marque un profond changement et ce dès l’apparition du refrain. Ainsi ,Silly Boy Blue joue des pronoms pour acter cette conversation. Si la première personne est dominante au départ, elle s’efface et ne revient que par touche, jusqu’à l’acceptation finale, on sent que l’utilisation du « you » n’est pas réellement faite pour parler à un autre, mais pour intensifier ce jeu de miroir entre conscient et inconscient, peur et certitudes. Ici c’est un dialogue intérieur qui se joue, hors du temps mais qui doit favoriser le changement.

Le refrain est important, revendicatif et puissant, il est la clé de tout, celui qui doit devenir une forte de persuasion : il faut avancer, trouver cet ailleurs où l’on se sentira chez soi, cette personne qui nous fera sentir bien sans que la relation devienne une énigme.
Cette idée de confrontation entre couplets et refrains est assez marquée dans la composition, jouant ainsi un rôle d’entre deux musical entre Hi it’s me again et Goodbye. Ainsi, si le morceau joue énormément sur les chœurs et un kick très présent, les couplets sont bercé par une sorte de mélancolie et de douceur vaporeuse tandis que les refrains laissent exploser une force, jusqu’à dans l’interprétation qui semble bien plus déterminée, intense et sur de son fait.

Cette idée d’obsession, d’avoir la sensation d’avancer en faisant du sur place est parfaitement retranscrite dans le clip de Medhi Sef. En plaçant Silly Boy Blue sur un escalator à rebours, le réalisateur créé une illustration visuelle parfaite de cette sensation qui nous submerge quand les sentiments nous épuisent et qu’on a l’impression de se battre contre eux, accroché à un souvenir ou à une sensation qui n’a plus lieu d’être jusqu’au final en forme de lâcher prise où l’on se finit par arrêter de combattre les éléments et les autres pour accepter et enfin pouvoir avancer. The riddle est donc une histoire à contre sens mais où les émotions, comme d’habitude, frappent en plein cœur.
Le premier album de Silly Boy Blue est prévu pour le mois de juin et on compte les jours en attendant son arrivée.