« Si on sombre ce sera beau », le sacre de Solann

Du haut de sa vingtaine, Solann, chanteuse encensée par la critique, interprète des morceaux hypnotiques et cathartiques dans son premier album Si on sombre ce sera beau.

Solann

Appelez-la sorcière. Solann trois fois nommée aux Victoires de la musique cette année invoque, dans son premier album Si on sombre ce sera beau, sortilèges et prophéties de son époque sur fond de musique pop électronique. Celle qui se fait surnommer « la sorcière réconfortante » défend un disque intime, abordant des violences qui parfois la dépassent.

La chanteuse de 25 ans obtient sa notoriété avec le titre Rome, hymne féministe où elle dénonce des gestes et des regards oppresseurs d’hommes. Solann panse ses blessures avec une ballade au ukulélé (Les draps) en insinuant des abus dans son intimité par une métaphore macabre. Si sur scène sa voix cristalline paraît blessée, fragile — à cause d’un trac qu’elle reconnaît — sur cet album, elle s’affirme.

Des textes ancrés dans son époque

La jeune femme se fait funambule à travers ses chansons. Elle exprime être constamment au bord du vide (Mayrig, Noctambule) avec une écriture autant sensible, rythmée que nerveuse. L’ancienne actrice et comédienne raconte avec intensité des histoires intimes et des engagements collectifs.

Solann compose des morceaux fédérateurs qui témoignent de la fièvre de son époque. Avec le sulfureux Tout cramer, qui emprunte ses impulsions à la cold wave, l’artiste confie ses confusions et ses désirs pyromanes. Les ogres critique des puissants avides et corrompus. Tandis que Comme les animaux invite à la rébellion contre l’ordre établi, avec cette litanie : « Glorieux tsunami d’affamés, on recule pas on prend de l’élan ».

Entre cold wave et ukulélé

Ces mots sont portés par une musique sculptée par le producteur Marso (Suzanne, Slimane, Pierre de Maere etc.) à laquelle il donne un aspect organique par du sound design : des rires, de cris d’animaux ou d’allumette qui s’embrase.

Solann confiait en interview avoir aussi été aidée sur ce premier album par le musicien Patrick Watson dont l’influence se reconnaît dans L’oiseau. D’autres morceaux tout aussi aériens rappellent Hozier, Tamino ou Agnès Obel. Quelques titres, au contraire, détonnent par leurs inspirations puisées dans les musiques gospel, urbaines et électroniques.

Une histoire de famille

Cette identité de sorcière, la chanteuse d’origine arménienne la porte en héritage car elle confie à nos confrères du Monde : « Ma mère m’a fait grandir avec l’idée que les femmes de notre famille sont des sorcières ». Une figure maternelle présente dès l’ouverture de l’album avec un titre dédié, Mayrig, à traduire en arménien par « maman ». Solann tente de rassurer cette dernière autant que la jeune femme qu’elle était. Marcher droit résonne comme une lettre à la première personne où elle convoque ses ancêtres.

A l’instar du serpent qu’elle porte en étendard de ce premier disque, Solann chante pour se défaire de sa mue. Elle répond au-delà de sa promesse de devenir une jeune artiste prometteuse en ayant déjà tout d’une grande chanteuse.


▶ Si on sombre ce sera beau, le premier album de Solann (Wagram Music / Cinq 7)

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