Deux ans déjà depuis la sortie de Musique de Supermarché. Pour certains cela ressemblerait à un gouffre, mais pas pour Stav. L’angevin a pris le temps de respirer, de laisser passer la vie pour mieux revenir, plus grand et plus fort. La preuve avec Beau Chez Nous, un nouveau titre qui nous réchauffe le coeur autant qu’il le fait pleurer.
Ça prend du temps, nous répète inlassablement Stav. Comme un mantra, comme une invocation à sa musique. Alors que tout va trop vite, que tout apparait et s’oublie en un clin d’œil, il faut se rappeler de l’importance du temps.
Le temps nous détruit, mais nous nourrit. Il met aussi de la poussière sur des choses qu’on ira rechercher plus tard lorsque « le temps sera venu« . Beau chez nous, le nouveau single de Stav est l’exemple parfait de matrice étrange qu’est l’existence.
De son propre aveu, le texte du morceau a été écrit en 2019. Mais son heure n’était pas venue. Trop intime, trop doux, trop brut peut-être … il fallait laisser passer l’existence, laisser venir l’expérience pour qu’il puisse enfin faire Beau chez nous.
Car derrière le côté décalé, la pointe de cynisme et l’humour de Musique de Supermarché se cachait déjà, dans les ombres, cette facette de Stav. Une personnalité plus sensible, plus proche de Benjamin aussi, qui ne demandait qu’à pouvoir s’exprimer.
Elle est donc là désormais et brille en plein jour. Parce que Beau chez nous n’est pas un renouveau, il n’est que la facette du petit monde de Stav qui prend aujourd’hui la lumière.
crédit photos : Carmen Lambert
C’est donc au fond de Stav que Beau chez nous prend ancrage. Un morceau remplit de questions, de tristesse et de doute. Un morceau intime pour sûr, qui agit au fil des rimes comme un dialogue qui n’existera jamais pour l’autre car il ne vit que dans sa tête.
Beau chez nous, c’est une histoire d’amour qui s’étiole, des humains qui n’arrivent plus à parler aux autres et qui donc se parlent à eux même.
Loin du désir de faire danser les foules, c’est ce sentiment intérieur qui vibre aussi dans la production de Beau chez Nous. Une mélodie chaleureuse, qui prend son temps pour diffuser ses émotions, qui permet à Stav d’assumer encore plus ses intentions pop, une section rythmique parfaite et des sonorités qui nous assaillent ici et là, laissant à la voix du garçon la possibilité de s’exprimer pleinement sans en faire trop.
Pour mettre en images cette histoire qui se consume, Stav orchestre avec Robin Alliel, un clip en deux temps. Entre les souvenirs évanescents d’éclaircies qui nous sont offerts et la réalité bien plus grise d’un road-trip qui sent le souffre et l’inéluctable, on plonge dans l’intimité de ce couple qui ne sait plus dialoguer et qui vit son existence en décalé, devenant peu à peu des fantômes l’un pour l’autre. Une dichotomie qui prend au coeur et qui annonce le meilleur pour un Stav, un peu apaisé et adulte.
Mais on n’est pas à l’abri de voir le petit démon sur son épaule revenir nous surprendre. La suite, au prochain épisode.