Suzane : « Je me définis comme une conteuse d’histoires vraies »

Suzane vient de sortir Millenium, sans doute son album le plus engagé. Suzane y dépeint le portrait d’une société à réinventer. Avec beaucoup de force et de courage, elle dénonce l’injustice, la misogynie, la violence dont sont victimes les femmes, l’homophobie, l’asservissement de la société moderne et de la planète, etc. Un album fort, direct, puissant dont nous avons eu la chance de discuter avec l’artiste quelques jours à peine avant sa sortie. On vous raconte !

La Face B : Comment ça va ?

Suzane : C’est rare qu’on me pose cette question, c’est rigolo. Ça va, je suis à 4 jours là. Je suis quand même en pré-accouchement. Contraction égal trac. Je sens que je dors un peu moins. Je vais partager un bout de moi. Et ça fait toujours bizarre. J’oublie à chaque fois. Un peu secouée mais hâte en même temps.

La Face B : Qu’est-ce qui a guidé l’écriture de ce nouvel opus, si tu arrives à le définir ?

Suzane : Bien sûr, l’envie déjà, je pense que c’est un bon point. Et l’urgence d’avoir envie d’écrire. J’ai eu la chance de faire beaucoup de concerts sur mes deux précédentes albums. C’était génial de commencer par le terrain, d’être avec les gens et de pouvoir exprimer mes chansons sur scène. Mais à un moment donné, j’ai senti que si je voulais me reconnecter au vrai monde, à la vraie vie, il fallait que je me renferme un petit peu. Donc j’ai décidé d’appeler mon tourneur et de lui dire que j’allais quitter la scène. C’était dur pour moi de dire “je quitte la scène” parce que c’est quand même ma petite drogue. J’aime bien y monter. J’ai senti que je devais retourner à l’essence de ce que j’étais.

Mon premier album je l’ai écrit dans un resto entre deux services où je regardais les gens. Je me définis comme une conteuse d’histoires vraies, une chanteuse réaliste. Donc j’ai besoin de voir le monde et pour moi la tournée c’est pas le vrai monde. C’est génial, j’adore ça, mais c’est pas le vrai monde. Donc voilà, me reconnecter et aller regarder dehors ce qui se passe. J’ai beaucoup fait ça, j’ai beaucoup marché pendant l’album, c’est très bizarre mais j’ai beaucoup marché dans Paris, avec des phrases qui me venaient, etc. Et après, je m’enfermais entre quatre murs. Donc, urgence d’écrire et d’écrire un album qui me ressemble. Et je pense qu’il y a eu beaucoup d’angoisse ces dernières années liées au monde, à la violence, à des choses qu’on connaît, mais qui ne changent pas. Donc, ça a été un peu un outil, encore une fois, pour me libérer, je crois, de cet album.

La Face B : Je pense que c’est sans doute le plus engagé des trois. Plus que de la musique, j’y ai vu finalement un portrait de société. On sent que tu as beaucoup observé, tu as beaucoup intégré. Il y a énormément de sujets : la superficialité des relations humaines, l’asservissement de la société moderne, la misogynie, la violence à l’égard des femmes, l’injustice, l’homosexualité, l’avenir du monde, un combo dingue. Et je me demandais ce qui t’avait poussée finalement à passer ce cap et à écrire sur tout ça ?

Suzane : Il y a toujours un petit peu l’urgence chez moi d’écrire quand je me sens un peu impuissante, où je sens que je dois me révolter. Je pense que mon premier outil, c’est les mots. C’est la plume. C’est vrai que c’est une fresque que j’ai posée avec cet album, une fresque de notre société, de notre monde, avec un peu plus d’intime, je pense, quand j’écris « Au grand jour ». Forcément, c’est presque un acte militant de parler de s’aimer. Moi je l’ai toujours vécu comme ça caché, mes premiers amours étaient cachés. Aujourd’hui je ne me balade pas encore main dans la main parce que j’ai encore un peu peur de l’homophobie. Elle peut être ordinaire mais elle peut être violente aussi encore. Je parle de la place des femmes puisque forcément je suis une femme. Donc 8 ans après MeToo c’était important de constater aussi où est-ce qu’on en est avec ce morceau Je t’accuse.

La Face B : La déflagration. Il y a beaucoup de morceaux forts dans l’album, mais je trouve que celui-là, il est un cran au-dessus des autres. Il y a tout de suite eu une énorme résonance sur ce morceau, un impact. Je me demandais justement si tu t’attendais à un tel impact et qu’est-ce que ça avait changé pour toi ce morceau, si ça a changé quelque chose ?

Suzane : Ce morceau est une histoire qui est particulière parce que de base je l’écris vraiment… pour moi. C’est vraiment un truc, je l’écris pour me faire me réconforter moi-même. On est en 2024. Pourquoi là, maintenant ? Bon, je pense que c’est le temps de digestion d’une agression, d’un viol, de tout ça. Donc, il a fallu que je digère. 2024, on voit beaucoup de médias parler forcément de Gisèle, d’autres affaires. Et à ce moment-là… Je pense que tout me pète un peu à la tête.

Je pensais avoir mis le bon mouchoir dessus. Dans une vie de femme, on t’apprend, on te conditionne à… Tu subiras des violences, mais il faut quand même continuer d’avancer, se taire et garder ta honte pour toi. Je pense que j’étais un peu conditionnée dans ce truc-là. Mais 2024 arrive. En fait, le moyen de lutter contre ces flashbacks et tout ce truc qui remonte, ça a été le premier refuge, le piano. Le piano, les mots. Ce “D’abord, il y a eu Gisèle et puis il y a eu Sophie, Lisa, Khadija et Marie”. Et après, j’ai eu beaucoup de mal à mettre ce mot aussi. Il m’a fallu mon petit temps. Mais en même temps, j’ai eu du mal et en même temps… Cette chanson est sortie un peu comme quelque chose qui est resté trop longtemps là-dedans.

C’est sorti. Au début, ça sort entre mes quatre murs. Je me dis que je ne vais jamais sortir cette chanson. Je la garde pour moi. Avec le temps, je pense que la colère prend le dessus sur la pudeur, sur la honte et tout ça. Je vois qu’il y a de plus en plus d’affaires, de témoignages qui ne devraient pas exister. Je pense que c’est à ce moment-là que je décide 1, de la mettre dans l’album. Et 2, de la défendre vraiment. Je ne m’attendais pas. Je m’attendais à ce que les gens qui ont déjà écouté SLT, qui ont déjà écouté des chansons féministes que j’ai pu écrire avant, soient peut-être concernés par cette chanson. Mais je ne m’attendais pas à ce qu’il y ait autant de gens qui soient concernés par cette chanson.

Triste constat de voir que déjà on est très nombreux, que c’est toutes les générations qui sont concernées, que ce soit des adultes, des enfants. Combien de femmes m’ont dit “j’avais mis un mouchoir dessus moi aussi” parce que des femmes souvent de plus de 50 ans qui vont aller me dire bon ben moi ça je l’ai digéré à ma façon et finalement en écoutant votre chanson ça m’a explosé à la tête. Tout remonte et en même temps c’est pas quelque chose de mauvais c’est quelque chose où les gens, ça leur pète un peu à la tête, mais ils se sentent moins seuls. Parce que ce « je t’accuse », tout à coup, il devient « on ». Ils se sentent moins seuls. En tout cas, si j’ai aidé quelques gens à se réconforter, à se dire « ok, on n’est pas seuls », à avoir cette sensation d’être complètement abandonnés, qu’il n’y ait pas de prévention et que ces histoires-là continuent, on voit qu’il n’y a aucune condamnation, beaucoup de classés sans suite. C’est les chiffres qui parlent aujourd’hui. Cette chanson, elle parle, mais les chiffres parlent beaucoup aussi.

La Face B : J’ai le sentiment qu’elle avait beaucoup de bien à plein de monde, cette chanson.

Suzane : En tout cas, sous l’espace commentaire, j’ai été assez étonnée de voir qu’il y avait des témoignages assez durs à lire, évidemment, mais beaucoup de « on te croit », « on te soutient ». J’ai l’impression que la parole de la victime est plus entendue. Donc là, j’avais envie que les gens puissent se dire, les gens qui sont victimes de ces violences-là, se disent, OK, là, j’ai un endroit pour moi. Cette chanson…

La Face B : Et puis le clip est incroyable aussi.

Crédit : Romain Garcin

Suzane : Oui, le clip est incroyable. Est-ce que je ne voyais pas d’autres réalisatrices qui pouvaient faire ça ? Pour la petite anecdote, je l’ai rencontrée il y a dix ans. Andréa, je n’écrivais pas encore mes chansons. Je l’ai vue dans les chatouilles au théâtre. J’ai pleuré beaucoup en voyant cette pièce. Et je me suis surtout dit, jeune femme que j’étais, pas encore tout à fait artiste confirmée, je me suis dit, OK, l’art… peut ouvrir ces sujets-là, peut réconforter, peut aider, peut faire bouger les choses. Donc dix ans après, je me retrouve finalement à tourner ce clip avec Andréa Bescond et je me dis dans la vie, ces signes-là, ils ne sont jamais anodins.

Je rencontre Andrea il y a dix ans, elle me bouleverse et finalement, c’est elle qui va me prendre à ce moment-là de ma vie d’artiste et m’accompagner dans ce message-là. Et je trouve que c’était la personne peut-être la plus juste pour venir m’accompagner. Même le jour J, il y avait quand même une charge émotionnelle très forte sur le plateau. Il y avait des gens publics ou anonymes, mais tous victimes. Elle a eu les bons mots. Il n’y avait pas de violence à vouloir aller chercher des choses chez moi ou chez les gens. Elle a eu vraiment la justesse de nous guider vers des émotions qui étaient bloquées. Il y en a, mais qu’on a réussi à sortir. Et moi, en tout cas, ce jour-là, j’ai eu la sensation de lâcher… C’est un des clips les plus importants que j’ai tournés aujourd’hui. Ça m’a dépassée, en tout cas. Et tant mieux, j’ai hâte de jouer particulièrement cette chanson dans toutes les salles de France. Ça va faire du bien aussi.

La Face B : Dans ton album, il y a aussi d’autres textes qui sont emprunts de gravité, je trouve. Mais en même temps, qui sont traversés par l’espoir. Et pas mal même avec une énergie qui donne envie de danser, malgré la gravité du propos.

Suzane : Merci de dire ça, parce que j’avais vraiment envie d’un album qui puisse appeler à l’action, avec les mots en fait, entre guillemets, Réveiller la conscience, mais en même temps avoir un truc un peu d’appel au corps. Que ce soit un truc où, ah je danse, mais en même temps j’écoute quand elle me raconte.

La Face B : Mais c’est ça, et ça m’a vraiment fait cet effet-là.

Suzane : Mais ça, c’est très drôle, parce que sur mon premier album, souvent, Je me rappelle d’un gars qui me dit, en fin de concert, qui me dit que sa nana la traînait là-dedans, parce qu’elle adore Suzane, mais que lui, c’était pas, enfin, il connaissait pas bien, bon, à la base, il a pas trop envie d’être là. Et il me dit, en fait, bon, ben, le concert se déroule, je vois que je me fais un peu avoir par le côté, je danse, quoi. Puis il me dit d’un coup, j’écoute les paroles quand même. Je me dis attends, qu’est-ce qu’elle me raconte celle-là ? C’est un peu vrai ce qu’elle dit quand même. Et il me dit au final, je suis sorti de là en me disant, j’ai écouté les textes, j’ai dansé et j’ai compris l’univers. Donc merci monsieur. Mais je trouve ça chouette qu’on puisse dire, ok, on arrive à danser sur des chansons qui éveillent quand même un peu les consciences aussi sur certains… aspects. Si j’arrive à faire ça, c’est qu’on est pas mal. On est au bon rayon, en tout cas. On est chez moi.

La Face B : Tu débutes l’album par Marche ou rêve. D’emblée, tu poses le décor. Je trouvais que c’était un magnifique message qui nous incite à croire en nous. Et je me demandais si toi, tu avais toujours finalement cru en toi, écouté ton instinct ou si c’est quelque chose que tu arrives plus à faire maintenant avec l’expérience que tu as et ce que tu as vécu ?

Suzane : Je pense que c’est par période. Je pense que la confiance, elle est aussi nourrie de beaucoup de doutes. On ne peut pas, que ce soit dans ma vie d’artiste ou même quand je ne l’étais pas encore, il y avait quand même beaucoup de doutes. Et tous les matins, je me lève encore avec le doute de savoir écrire une chanson. Mais je pense que ce n’est pas la confiance en moi finalement que j’ai suivi, c’est l’instinct. C’est vraiment ce truc de me dire, bon, personne n’y croit. Mais moi, au fond de moi, je sais que c’est ça. Je sais que c’est mon chemin. Je ne pourrais pas l’expliquer. Mais laissez-moi prendre ce chemin-là parce que c’est le bon. Pour moi, en tout cas, c’est celui qui va peut-être être difficile. Pour sûr. Mais au moins, ce sera celui avec lequel je serai vraiment alignée.

Donc, ce marche au rêve, c’est quand même redonner de l’espoir à tous ceux qui l’auraient perdu. Je ne parle pas qu’aux décrocheurs scolaires parce que là, on parle aussi de… de jeunesse, de décrochage scolaire et tout. j’ai envie de parler quand même à ces jeunes qui pourraient se retrouver un petit peu perdus dans leur avenir professionnel et parce qu’on leur demande très tôt de savoir ce qu’ils veulent faire et s’ils choisissent pas le bon truc parce qu’il faut quand même une vie performante ou… Voilà, on a un CDI, on a un bon job, on a tout ça. Donc j’essaye de leur dire, faites ce qui vous anime. N’écoutez pas toujours les adultes parce qu’ils n’ont pas toujours la parole. Les adultes, parfois, ce sont eux-mêmes privés de vivre leurs rêves, donc il ne faut pas toujours les écouter.

Donc voilà, Marche au rêve, c’est redonner un espoir. Un espoir, c’est redire que l’impossible n’a pas vraiment de définition. Et que moi, en tout cas, l’écriture m’a permis de m’émanciper. Alors oui, je n’ai pas eu mon bac, je n’ai pas voulu le passer parce que j’avais trop peur. J’ai préféré limite me dire que je ne le passe pas. Comme ça, je suis sûre de ne pas l’avoir. Et je suis sûre de ne pas m’embarquer dans… Enfin, je sais que mes parents voulaient que je fasse des études, un peu comme tout le monde. Bon, ben là, sans bac, comme ça, c’était réglé. Je leur ai dit, je veux être artiste.

Donc, c’était complètement fou de ma part. Je comprends leur inquiétude. Aujourd’hui, quelques années après, je me dis que j’étais quand même un peu dingue. Mais en même temps, dans ma folie, tout me paraissait très clair. Je savais qu’il fallait que j’aille au bout de ça. Et tant pis si je rentrais. J’ai pris à l’époque un aller sans retour pour Paris. Le but, c’était de pas revenir tout de suite. J’ai tenté et j’ai bien fait. Comme je dis dans « T’as raté », un échec, ça reste de l’apprentissage. Il ne faut pas avoir peur. Il vaut mieux vivre avec beaucoup d’échecs que beaucoup de regrets à la fin.

La Face B : C’est à choisir. On a un truc, je trouve, dans la société, justement, avec l’échec. On se laisse encore peu droit à l’erreur.

Suzane : On se laisse très peu droit à l’erreur. Ce qui est rigolo, c’est que j’ai vu un truc en Amérique. Ils marquaient leurs échecs sur leur CV. C’est-à-dire quelque chose qu’ils ont loupé, ils m’ont le marqué. Parce que pour eux, ça voudra dire qu’ils ont appris de leurs erreurs. Nous, en France, une fois que tu t’es loupé, c’est fini. À la limite, toute ta vie, on se dit que c’est loupé. il y a un truc un peu culturel aussi je pense. ou même si tu regardes dans notre façon d’avoir la gagne même nos sportifs osent pas dire qu’ils veulent gagner. ils verront au moment.

Mais en fait on peut gagner que quand on se construit sur une pensée positive entre guillemets si tu te dis toute la journée c’est le mental qui compte. si tu te dis toute la journée je vais perdre je vais pas y arriver. probablement tu n’y arriveras pas si tu te dis que allez c’est une espèce presque de méthode couée. c’est ça Ça enlève les pensées limitantes, ça fait que tu fais des choix qui vont être peut-être un peu plus guidés vers cette pensée-là, cette énergie-là. Moi, je crois beaucoup en ça, en tout cas. Et les moments où je ne suis pas très positive dans ma tête, j’essaye de me dire, allez, tu as déjà été plus positive dans ta vie et ça a apporté quand même… plus de positif que d’être complètement négatif.

La Face B : Ça se ressent, je trouve, dans tout ton album, en fait. Il y a une sorte de rage !

Suzane : Mais tant mieux, parce que si les gens ressentent ça, moi, en tout cas, j’ai essayé de me faire ressentir ça à moi en l’écrivant. Si ceux qui l’écoutent se disent les matins un peu difficiles, ou les jours où c’est un peu dur, allez ! Faut rien lâcher, on y va. C’est vraiment de l’empowerment que j’essaie de transmettre aussi dans l’énergie de l’album, dans les sons et dans les mots.

La Face B : Millenial, c’est ta vision d’une génération. Si tu avais un message à adresser justement à la génération d’après, tu as plein de messages, mais si tu en avais un, ce serait lequel ?

Suzane : Ce serait de leur dire que… Ils sont capables de faire ce que nous, on n’a pas réussi à faire, c’est-à-dire casser un peu les codes, casser ce qui ne marche pas. On voit bien qu’aujourd’hui, les systèmes s’effondrent, que tout ce que nous, on nous a appris, oui, vous vivrez dans tel monde, ce monde-là, il n’existe pas, comme je le dis dans la chanson « Millenium ». On a tous entendu, si tu travailles bien à l’école, tu auras un super métier, tu auras une super situation, etc. Moi, aujourd’hui, j’ai beaucoup d’amis qui ont des bacs plus je ne sais pas combien et qui se retrouvent à être chez France Travail et qui n’ont pas ni CDI ni rien.

On nous a promis un monde qui n’existe plus vraiment. On voit bien que tous les systèmes s’effondrent, la nature s’effondre aussi. Donc, il faut tout changer. On est dans un truc où tous les schémas qu’on connaît déjà… qui ont déjà été essayés, on voit bien que ça ne fonctionne pas, la nouvelle génération va devoir tout repenser. Donc en même temps, parfois on se dit que c’est un challenge majeur de notre temps. Moi je me dis que ça fait un peu peur, mais en même temps c’est un espèce de renouveau aussi. Il faut le voir aussi un petit peu comme ça, de se dire ok… Les anciens auront fait ce qu’ils avaient à faire. Il ne faut pas leur en vouloir parce que c’est vrai qu’ils ont été dans des générations où on consomme sans forcément penser aux conséquences. On vit de manière peut-être un peu plus insouciante, on regarde un peu moins les autres et ce qui se passe autour.

Nous, j’ai l’impression qu’on a la sensibilité, les générations d’après, peut-être encore un peu plus, de regarder ce qui se passe autour, les autres. Les réseaux sociaux ont fait que les médias ont quand même moins d’emprise sur nous parce qu’on regarde directement ce qui se passe sans avoir besoin d’un montage et d’attendre… que la chaîne principale nous raconte les news. J’ai l’impression qu’on aura plus de moyens de s’unir. Je l’espère en tout cas, que cette génération va s’unir et va s’engager de plus en plus et n’aura pas peur de cet engagement.

La Face B : Je me demandais quel était ton morceau préféré de l’album ?

Suzane : Franchement, j’aurais pu te faire un top 3, mais le préféré, je dirais franchement celui que je ne peux même pas vraiment quantifier dans… Je l’aime, je ne l’aime pas. Je peux le chanter longtemps, il est né, il s’impose, c’est le Je t’accuse.

Humanoïde reste une chanson que j’aime beaucoup, je sais qu’elle peut faire un peu peur parce qu’elle est un peu ovni dans l’album, mais moi je trouve qu’elle a une énergie de révolte, il faut changer ça, on ne peut plus vivre comme ça. Et donc, même cette énergie un petit peu électro, je pense qu’en live, elle va faire un peu bugger le public et la scéno. Donc ça, il me tarde.

Et il y en a tellement des chansons qui me semblent importantes, mais peut-être Au grand jour aussi. Au grand jour, parce que je pense qu’on a encore besoin de chansons comme ça. Je pense qu’il y a encore des jeunes gens qui se construisent sur une homosexualité. pas vraiment l’exprimer, au moins à demi, toujours un petit peu avec des pincettes. Donc moi, j’espère que les futures générations pourront s’aimer de manière plus légère et sans penser à qui les regarde, si ça passe, ça passe pas. Donc voilà, au grand jour, qui me semble quand même être importante.

Et Un sens à tout ça. Parce que je sais qu’au moment où je l’ai écrite, elle m’a fait du bien parce que je ne comprenais plus vraiment le sens de l’existence. Et ça m’arrive souvent de ne pas comprendre. Quand je me lève le matin, qu’est-ce qu’on fera maintenant ? Qu’est-ce qu’on fait sur cette Terre ? J’ai regardé récemment un documentaire sur Arte qui s’appelle Une espèce à part, qui parle de la façon dont les humains se… se mettent au-dessus de tout le reste, c’est-à-dire de la nature, des animaux, la domination vraiment humaine sur le reste du vivant. Donc ça, c’est quelque chose qui me travaille.

Et donc voilà, ce sens de l’existence, de qu’est-ce qu’on fout dans ce monde. L’univers est beaucoup plus grand que nous. Bon bref, quand je commençais à me poser ces questions, après c’est fini parce qu’il y en a trop. Et donc un sens à tout ça, ça a quand même été un moment d’enfermement un peu extrême en moi pour sortir toutes ces questions qui finalement me pèsent un peu parfois, et l’existence humaine quoi, on ne comprendra jamais mais on est là. C’est terrible, mais c’est comme ça, et en un sens à tout ça, et en même temps il y a la vie qui répond pour dire « je ne comprends pas, mais en même temps c’est beau, et je m’accroche à cette beauté-là.

La Face B : Justement, A la vie, c’est le morceau qui clôture l’album. J’ai été frappée parce que j’ai trouvé qu’on sentait presque tout ton corps vibrer.

Suzane : Je ne suis jamais autorisée à chanter comme ça !

La Face B : J’aurais bien voulu que tu nous racontes un petit peu l’histoire de la chanson.

Suzane : A la vie est arrivée, un peu cette manière de Je t’accuse, dans un truc émotionnellement compliqué. Le piano, comme d’habitude, paf, le piano, et c’est cette petite ritournelle qui m’est venue d’abord, le ta-ta-ta, ta-ta-ta, ta-ta-ta, ta-ta-ta, ta-ta-ta, et le « A la vie ». Boom. Je me choque moi-même. Je suis le fil, je tire ce fil. Que t’es belle, que t’es folle, que t’es frêle, et tout ça, ça est arrivé assez vite. Et en fait, cette chanson… C’est vraiment le moment, l’instant, l’émotion.

C’était une des chansons que j’écris plus vite au final. Parce que c’était cette envie de donner une espèce d’ode à la vie, d’espoir. Je n’avais pas envie de me prendre la tête à l’écrire en plusieurs jours, etc. Je me suis mise devant ce piano et… Et c’est venu. Oui, c’est venu. Suis cette justesse un peu de voix, presque un peu parlée, mais en même temps qui commence par parler, mais qui commence un peu à s’emballer avec l’émotion. Elle a un crescendo, cette chanson, un peu d’émotion.

Et en fait, je me suis laissée vivre mon émotion à moi et ça s’est transformé en ce crescendo. Et je pense que ça se sent dans la voix. J’ouvre tous les canaux. Je trouvais ça intéressant de la mettre à la fin pour me dire, est-ce qu’on sent à la fin de cet album que je me libère un peu aussi de tout ce que j’ai pu dire et de laisser vibrer ma voix ? Cette voix qu’on m’a beaucoup reprochée quand je suis arrivée ici à Paris, dont une casteuse m’a dit tout de suite, tu ne seras jamais chanteuse avec une voix pareille.

La Face B : Ah oui, tu racontais ça déjà, c’était dans ton premier album.

Suzane : Oui, c’était dans mon premier album, dans Suzane. Elle m’a dit, tu ne seras jamais chanteuse avec une voix pareille, tu as une voix trop racée, à l’ancienne. Qu’est-ce que tu ne voulais pas faire avec elle ? Tu ne chanteras pas à notre époque, tu ne seras pas une chanteuse de notre époque, donc ça me fait marrer aujourd’hui.

La Face B : C’est un beau pied de nez. Faut faire une dédicace à la dame !

Suzane : Je lui ai déjà fait 2-3 dédicaces à la petite dame. Elle m’a vue aux Victoires de la Musique, elle m’a félicité un jour, et merci de m’avoir découragée, parce que ça m’a donné de la force. Mais bon, ils servent aussi ces gens-là ! Mais en tout cas ce A la vie je crois que j’assume cette voix qu’on m’a dit de ne pas aimer dont on m’a dit qu’elle était bizarre et pas adaptée. C’est la mienne. donc il faut que je l’assume. et c’est vrai que parfois j’ai du mal un peu à chanter en me disant assume-la cette voix. là je me suis autorisée dans ce morceau-là. Je suis ravie que des oreilles qui tombent dessus se disent que c’est un morceau agréable à écouter aussi au niveau vocal.

La Face B : Pour finir l’album peut-être pas de meilleur morceau.

Suzane : Et en même temps, je trouve que d’avoir fait des chansons assez produites, assez dansantes, surtout le reste de l’album à 80%, quand même, c’est des chansons assez up. Je me suis dit, celle-là, elle va arriver un peu sortie de nulle part, mais en même temps, je pense qu’elle peut faire respirer à la fin du disque.

Et lâcher cette note un peu lyrique, je me suis essayée au chant plus lyrique parce que je pense qu’il y a aussi ça dans ma voix. Je le fais un peu dans Champagne aussi pour m’amuser. « Parlons pas de choses qui fâchent », mais c’était pour déconner. Là sur A la vie on déconne un peu moins. Je m’autorise un peu à dire bon ok je chante, allons-y.

La Face B : ça ouvre peut-être des portes pour la suite ?

Suzane : Mais je me le dis ! En tout cas, c’est vrai que même en l’écrivant cet album, je me suis dit, j’aime bien ne pas être enfermée que dans un seul décor. Je crois qu’aujourd’hui, la musique et les courants qui me parlent, ce sera toujours la chanson française. Donc peut-être que si ma carrière dure et que je continue d’écrire des chansons, il y aura bien un jour où limite, je ne ferai que du piano-voix.

D’ailleurs, il y a un peu ça quand même dans l’album. Il y a Je t’accuse qui est très pianistique, il y a A la vie, Au grand jour. Je commence à avoir des petits endroits où si j’avais enlevé les kicks et que j’avais réduit un peu le BPM, j’aurais pu faire des versions piano-voix. Là, je suis encore dans un truc où j’aime bien la puissance de l’électro. J’aime bien pouvoir faire lever avec une musique. Pour moi, il n’y a que l’électro qui marche sur les gens. Enfin, sur moi, en tout cas, ça marche.

Ce côté un peu boum, boum. Voilà, allons-y. Donc, il y a quand même ça que je garde et qui est, je pense, l’essence de ma musique et le rap qui arrive doucement, enfin en même temps qui était déjà un peu là dans SLT, même mon premier EP Petit gars, il y avait déjà ces expressions un peu de rap. Bon, là, je me suis dit, t’es toujours pas un rappeur, mais tu peux utiliser cette manière d’écrire parce que ça permet plus de liberté, des phrases un peu plus longues, plus de mots, plus de conscience.

La Face B : Pourquoi se mettre des étiquettes, finalement ?

Suzane : Ouais, en fait, j’ai pas trop envie pour le moment, je me dis, je tourne autour, j’essaye de faire un lien entre tous ces styles. J’essaye de faire un pont. Je suis le pont entre tous ces styles. En tout cas, à la fin, ce qui m’importe, moi, c’est que les mots ressortent. Peu importe le décor qu’il y aura. Est-ce que c’est piano ? Est-ce que c’est plus électro ? J’essaye d’adapter. Humanoïde, je ne l’aurais pas voulue au piano. J’avais envie d’un truc qui aille avec le décor, qui aille avec le message. Et que presque chaque chanson ait son petit décor. Comme un film.

La Face B : Je trouve que ton travail résonne beaucoup avec celui d’Eddy De Pretto. Sur les sujets, sur la façon d’aborder les choses, etc. Il y a notamment ton morceau Virile vs Kid et Humanoïde avec Love Factory, le spectacle qu’il avait imagine pour le dernier Hyper Weekend Festival.

Suzane : C’est déjà arrivé, je le vois dans des commentaires souvent. On me dit, Suzane, quand est-ce que vous featez ? On verra, peut-être un jour, on espère. En tout cas, si nos plumes se joignent bien et tout. Lui, c’est vrai qu’il décrit dans Kid, effectivement, son rapport à… à la masculinité, qui pour lui a été toxique. Moi, là, je prends le côté fille. Moi, c’est la féminité qui a été peut-être plus… Comment dire ? Enfermante. Je l’ai senti assez vite quand ma mère m’a traînée dans les premiers magasins où j’allais au rayon. En plus, je suis née dans les années 90, donc il y avait beaucoup cette césure-là entre les garçons, les filles, le genre était quand même… Très scindé.

Et donc, ma mère, elle voulait faire comme ses copines. Donc, elle avait envie de m’habiller en petite fille avec des robes, avec du rose, avec des choses très genrées. Et moi, j’étais très mal à l’aise. Donc, je lui disais, je ne veux pas mettre la robe. Donc, c’était déjà les premières petites disputes avec ma mère. C’était sur des fringues quoi, des fringues de filles. Et moi j’aimais beaucoup pendant la récréation faire du sport, jouer au foot. Donc j’aimais bien être dans des habits. en fait, même pas de garçon, c’est juste que j’aimais être dans des habits à l’aise, libre de jouer. Donc je ne comprenais pas pourquoi on voulait me mettre dans des petites robes alors que ce n’était pas le plus adapté pour être libre. Quand on est un enfant, on a envie de jouer, quoi. On n’a pas envie de penser à sa petite robe, à ne pas se salir. En tout cas, moi, je ne faisais pas partie de ce genre de fille.

Et je crois qu’aujourd’hui, on nous a montré qu’un seul modèle. Comme s’il y avait un unique modèle de femme. Moi, je suis en train de dire, déjà dans Virile, sans parler du fait qu’il y a des modèles plus masculins, moins masculins, etc. Que Virile, un jour, je me suis demandé, qu’est-ce que ça voulait dire vraiment ? Quelle était la définition de Viril ? C’est fort, puissant, courageux. Et j’ai repensé à toutes ces femmes qu’il y a autour de moi, toutes ces femmes que je vois vivre aussi dans d’autres pays. Je me suis dit, ne sont-elles pas courageuses, fortes, puissantes ? Bon ben, elles sont viriles alors. Si on peut s’attribuer ce mot, moi je pense qu’on peut se l’attribuer. Donc je me suis permise de prendre le mot virile, de rajouter un petit « e », inclusif, et puis en gros de dire que, comme je le dis dans la chanson, que les femmes se bagarrent, que les femmes ont du courage, que les femmes sont patronnes, qu’elles défendent leurs droits. Ni plus ni moins quoi en fait.

Donc oui après on peut rapporter ça. il y en a qui l’ont compris un peu comme si je parlais de mon homosexualité. donc peut y avoir un peu ça aussi mais franchement le 80% est quand même sur. pour moi toutes les femmes sont viriles même les plus féminines que tu vois. elles sont courageuses, puissantes fortes. donc on peut considérer que la virilité s’applique aussi aux femmes et que cette virilité souvent associée à la domination masculine dommage de l’employer qu’à ça.

La Face B : A chaque fois que je t’ai vue en concert, tu étais seule, avec une énergie incroyable. Je me demandais ce que la scène, ça représentait pour toi ?

Suzane : Pour moi, je crois que c’est le moment, le seul moment dans ma vie, je parle de paix intérieure dans cet album, je veux dire à un moment donné que je crois que la plus grande montagne que j’ai à monter finalement, c’est ce chemin vers la paix intérieure. Sur scène, c’est le moment où je ne pense plus. C’est enfin le moment où cette anxiété qui est très prenante tue les branches. C’est le cerveau qui est enfin débranché. Je pense qu’il y a peu d’endroits dans la vie où on ressent ça. Il y a un peu ce truc où enfin la pensée s’arrête, le cerveau se déconnecte et on n’est que dans la sensation.

Je pense que je suis un être très cérébral et que du coup, j’ai du mal à être que dans la sensation. Et il n’y a que sur scène que j’arrive à être que dans la sensation de mon corps, les mots qui sortent, etc. Il y a un truc que je n’arrive même pas vraiment à expliquer. Il faudrait des scientifiques qui viennent mettre des trucs dans mon cerveau pour voir ce qui se passe. Mais j’ai l’impression que c’est un peu un moment sacré. C’est du sacré. On ne peut pas vraiment le raconter. Il y a une énergie qui me dépasse. Au début, je ne vais pas cacher, mais quand je suis en coulisses, j’ai un trac énorme. Je me demande ce que je fais là. Je tremble, j’ai froid. Pourquoi je m’inflige ça ? Et une fois que je suis sur scène face à ces gens et que… Les chansons, tout à coup, on sent que ça unit les gens, on sent que ça… En fait, il y a une espèce d’énergie qui circule, le magnétisme, je ne pourrais pas trop expliquer.

La Face B : On entre en résonance.

Suzane : Là, je me dis que c’est les meilleurs moments de ma vie. Si tu dois retenir quelques moments d’insouciance, de légèreté en tout cas, de moments où tu te sens un peu flotter, mais c’est du bon, c’est les concerts. Je me suis toujours lancée en seule en scène malgré ma grande peur. Parce que je me disais que le sans filet, c’était un peu affronter ma vraie peur et me dire, ok, tu n’as pas de filet, tu y vas toute seule et tu vas face à ces gens te livrer et donner tes mots et donner ton énergie. Donner en fait, donner, donner, prenez. Moi, je suis juste là pour donner, extérioriser.

Là, sur ce show-là, il y aura quatre danseuses avec moi. C’est un peu l’étape, ça y est. Ça n’empêche pas qu’il y aura des morceaux que je veux porter seule, mais j’avais envie d’intégrer de la danse. Je viens de la danse, et ça me manquait un peu de ne pas pouvoir aller plus loin, démocratiser un peu la danse, parce que je trouve que la danse, on la voit beaucoup dans l’opéra, le théâtre, c’est très guindé. Même moi, à l’époque où je faisais de la danse, ma mère se saignait pour que je puisse faire ça, c’était cher. Donc j’ai envie de la démocratiser, cette danse, la rendre plus accessible. Donc en fait, l’emmener dans des concerts. Et que les gens puissent me voir chanter, danser, qu’il y ait du corps assez présent.

Je pense que je vais un peu suer, moi, déjà. Les danseuses aussi. Donc là, on prépare les chorés, manoïdes, etc. Ça va donner. Je pense que le public, j’espère qu’ils seront contents d’entendre les mots, mais se prendre aussi les visuels. Et surtout, j’espère déclencher chez eux encore et toujours ce lâcher prise du corps. Que je puisse voir quand même des gens qui disent « Oh merde, c’est parti, allez, allez, bon, tant pis. T’es pas venu pour danser, mais on va ressortir transpirant. ».

La Face B : Il y a déjà, je pense que les gens vont être en rendez-vous, il y a déjà plusieurs dates qui affichent complet.

Suzane : Merci, parce que ça, j’avais ultra peur. C’est toujours ça, on s’arrête deux ans. Au moment où j’ai dit à mon tourneur, j’arrête la scène, ça dure quand même un an et demi, deux ans. J’ai déjà essuyé un Covid juste avant. C’est toujours dur de se dire, ok, je fais une petite pause et je ne me montre plus, est-ce que le public sera là à mon retour ? Et là, franchement, c’est… Merci, quel soulagement de voir que… Ça fait peur, donc ça aide, mais merci les gens de me dire, ok, ils sont toujours là. Ceux qui m’ont vue il y a 5 ans et qui ont été séduits sur scène il y a 5 ans, ils reviennent sans même que j’ai sorti d’album, sans même que j’ai à les convaincre. Donc ça, c’est quand même magnifique pour moi, de voir que j’ai pas besoin de convaincre une partie de mon public.

La Face B : Je voulais savoir si tu avais des coups de cœur récents pour des morceaux, des artistes, des livres, des spectacles ?

Suzane : Alors qu’est-ce qui s’est passé récemment dans ma vie en termes de découvertes ? Alors déjà cette année j’ai beaucoup écouté Dieu est grande de Youssoupha, c’est d’ailleurs ça qui m’a quand même un peu rapprochée de l’envie de faire ce feat avec lui. J’attends le film, La petite dernière, mais il n’est pas encore sorti, mais je l’attends, parce que ça a l’air d’être un film engagé sur des femmes LGBT, etc. Donc ça, je l’attends, mais je ne l’ai pas encore vu, donc je ne peux pas vraiment en parler.

Il y a l’album de Bad Bunny qui m’a attrapée, alors rien à voir, parce qu’il n’est pas vraiment engagé, etc. Mais il est sorti en hiver, et ça fait fort du bien quand même d’avoir des sonorités de Porto Rico en plein hiver à Paris. Merci Bad Bunny.

Et sinon j’ai lu un livre récemment qui s’appelle La nuit au cœur par Chahinez Daoud. Voilà, ça parle de violences faites aux femmes. Voilà, je l’ai lu, je me suis pris une petite claque là.

Il y a aussi un film qui m’a beaucoup marquée, Waris Dirie. Ce film retrace la vie de Waris Dirie, qui est un mannequin qui est arrivé à Londres dans les années 90 et qui était excisé. Ça parle beaucoup d’excision et il ne faut plus que ça arrive. Donc ce film m’avait quand même bouleversée, il m’avait fait ouvrir les yeux sur ce que vivent d’autres femmes, d’autres cultures. Je m’en souviens, c’était il y a bien dix ans et je m’en souviens encore. Je pense que dans une culture féministe, il faut avoir ce genre de film.

Suzane sera en tournée dans toute la France à partir du mois de novembre 2025, et au Zénith de Paris le 21 mars 2026.

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