Rencontre avec Sydney Minsky Sargeant

Début novembre, Sydney Minsky Sargeant était de passage à Paris dans le cadre du Pitckfork Paris. On en a profité pour discuter avec lui de Lunga, son premier projet en son nom propre, paru au début du mois de septembre dernier.

English Version Below / Version anglais plus bas

La Face B : Salut Sydney, comment vas tu aujourd’hui ?

Sydney Minsky Sargent : Comment je vais ? Oui. J’allais bien, et maintenant je suis un peu stressé parce que j’ai eu un problème technique sur le lieu. Mais ça va.

La Face B : Peux tu me parler de l’importance de sortir ce projet sous ton propre nom ?

Sydney Minsky Sargent : Ouais, je suppose que c’était une décision consciente parce que… je sais pas, ce sont des chansons intimes. Elles ne me semblaient pas adaptées pour être sorties sous mon autre nom, celui que les gens connaissent avec Working Men’s Club. Je voulais simplement assumer pleinement la musique et être, je pense, sans honte ni détour sur son origine et sur qui la présente.

La Face B : Oui, parce que c’est vraiment intime — dans les paroles et dans la manière dont tu as fait cet album.

Sydney Minsky Sargent : Ouais, c’est un disque personnel, donc ça me semblait la bonne musique à sortir sous mon propre nom.

La Face B : Tu as beaucoup de projets — celui-ci, Working Men’s Club, un projet avec Daniel Avery et Ghost Culture — et je me demandais : est-ce que tu ouvres différentes zones mentales quand tu écris, selon le projet ?

Sydney Minsky Sargent : Je pense qu’avec les années, en travaillant avec pas mal de gens différents — des producteurs, des artistes, des musiciens, des DJs, des auteurs — j’ai évolué et j’ai accumulé beaucoup de… je veux pas dire sagesse parce que ça sonne égocentrique, mais j’ai appris en regardant d’autres personnes travailler, en m’adaptant à différentes manières de faire. Tout ça a nourri différentes techniques pour différents projets.

J’aime penser qu’il n’y a pas de règle dans une pratique créative. Il existe des chemins plus rapides pour arriver quelque part créativement, mais c’est pas toujours le bon chemin. Parfois tu dois avancer lentement pour atteindre un meilleur objectif musical. Donc pour répondre brièvement : non, je n’ai pas de méthode fixe de travail. Ça dépend — c’est subjectif à chaque projet.

La Face B : Mais tu n’as pas des portes mentales différentes ? Du genre : celle-ci est pour Working Men’s Club, celle-ci pour la poésie, celle-ci pour le DJing ?

Sydney Minsky Sargent : Ouais, je pense qu’il y a des niveaux à ça. On vit dans un monde où on essaie tous de naviguer dans cette fusion confuse de tout qui se passe en même temps. Et avec la manière dont la musique est consommée aujourd’hui, la plupart des gens n’écoutent plus vraiment d’albums. Donc les artistes essaient de dire un maximum de choses dans un minimum de temps, pour qu’un maximum de gens les comprennent rapidement.

Je suis conscient de ça, même si ça fait peur. Donc en ce moment j’essaie simplement d’écrire autant de musique que possible et d’en finir autant que possible. Que ça sorte sous mon nom, en tant que producteur pour quelqu’un d’autre, en collaboration, ou en tant que Working Men’s Club — ça importe peu, parce que tout vient du même endroit. Tant que je peux faire de la musique, le nom que je mets dessus n’est pas la priorité. L’essentiel, c’est de continuer à créer.

La Face B : Oui, mais c’est drôle parce que tu viens de sortir un album pour les gens qui, justement, écoutent des albums.

Sydney Minsky Sargent : Ouais — c’est comme ça. Et même si les gens consomment la musique différemment, ça ne veut pas dire qu’on doit arrêter de créer de la musique pensée pour être vécue dans un format long. À la fin, certaines personnes écoutent encore des albums. J’écoute encore des albums moi-même.


La Face B : Moi aussi.

Sydney Minsky Sargent : Mais encore une fois, je ne peux pas contrôler le public ; je peux seulement contrôler ce que je fais artistiquement.

À propos de la question des “noms”, et de savoir si j’écris quelque chose en me disant “ça c’est définitivement pour Working Men’s Clubou “ça c’est pour moi” — je ne pense pas comme ça. Cet album était personnel parce que je n’avais jamais fait quelque chose comme ça publiquement auparavant, et je sentais que je devais dire “c’est moi” plutôt que de surprendre les gens qui suivaient Working Men’s Club avec un virage inattendu.

Mais je pense que ça ouvre une nouvelle porte : je peux ramener des éléments de ce disque dans Working Men’s Club si j’en ai envie.

La Face B : C’est une sorte de pas de côté par rapport à Working Men’s Club.

Sydney Minsky Sargent : Ça l’est et ça ne l’est pas. Il y a des parallèles et des points de croisement, mais tu dois les écouter et en être conscient. Sinon, tu vas juste penser “c’est juste de la musique”.

La Face B : Comment aides-tu les gens à aborder un disque plus long ? Parce que c’est un album long — et assez exigeant. J’ai essayé différentes méthodes en l’écoutant : de façon très religieuse, à la maison, seule ; puis dans le métro, perdue dans mes pensées. Les deux ont très bien fonctionné.

Sydney Minsky Sargent : Ouais, je pense que c’est un disque direct et assez exigeant, avec du recul. Mais je me sens chanceux d’avoir eu la liberté de le faire et de le sortir.

Tu peux l’écouter et te dire : “c’est un disque égoïste, il parle d’une seule personne et de sa perspective”, mais le message sous-jacent est plus existentiel. Je ne peux contrôler que ce que je ressens. Donc beaucoup du disque est à la première personne, parce que je ne veux pas dire à qui que ce soit comment iel doit se sentir — seulement comment moi je me sens.

Mais ça ne veut pas dire que c’est un disque “juste pour moi”. En tant qu’artiste, quand tu sors un disque, il n’est plus à toi. Il y a quelque chose pour tout le monde, si la personne choisit d’écouter et d’y lire ce qu’elle veut.

La Face B : Ce que j’aime, c’est que l’album paraît calme, mais il y a beaucoup de chaos dedans. C’est ambivalent : la musique et les paroles peuvent être sombres mais aussi pleines d’espoir.

Sydney Minsky Sargent : Ouais. L’espoir est ce qui fait traverser le chaos au disque. En le faisant — même quand je n’allais pas très bien — l’espoir était ce qui me faisait traverser l’incertitude et mes états intérieurs. La vie n’est pas toujours merdique. Et accepter que parfois elle l’est — et que c’est ok — fait partie de ce qu’est la vie.

La Face B : Qu’est-ce que tu as gagné en explorant l’écriture sur une si longue période ? Quand tu relis des paroles écrites plus jeune, comment trouves-tu une cohérence entre ces différents temps d’écriture ?

Sydney Minsky Sargent : J’aime bien les “paroles un peu nulles” parfois, parce qu’il y a une naïveté délicieuse à les laisser telles quelles. Ça devient une partie du disque.

Il y a une chronologie entre une manière un peu maladroite, un peu con, d’exprimer quelque chose, et l’aspect plus existentiel de la personne plus âgée qui arrive plus tard dans l’album avec plus de nuance. Je pense que ça n’a pas d’importance — tout vient du même endroit.

C’est important d’accepter d’être dans le faux dans une chanson, et de quand même la laisser sur le disque. Ça exprime quelque chose de plus grand : voici une chanson où j’ai des pensées pas très saines, et ça peut être difficile pour l’auditeur. Mais si tu restes avec le disque, tu arrives finalement à un endroit où je reconnais ces pensées pas saines et je les vois autrement, avec plus de recul.

Je ne veux pas fuir ce que je ressens. Ce disque parle d’embrasser ces choses-là, d’en apprendre, puis de partager ce que j’ai appris. C’est ça, maintenant, le sens de faire de la musique pour moi.

La Face B : C’est drôle parce que Lunga, le nom, résonne très fort dans les morceaux. Il a un double sens — humain et musical. Ça paraît parfait, parce que l’album prend du temps : dans ton parcours personnel, dans les chansons, dans l’ambiance. C’est un nom fort.

Sydney Minsky Sargent : Merci. J’avais l’impression qu’il ne pouvait s’appeler autrement. Une fois que j’ai eu le nom, c’était le nom. Ce disque m’a fait ressentir des choses que je n’avais jamais ressenties avant, et ce nom a bien plus d’importance pour moi qu’un simple mot.

Il y a beaucoup de profondeur dans ce disque. Je sais que tout le monde ne va pas accrocher ou comprendre. Mais c’est ok — ce n’est pas le but. Le but, c’était que je devais le faire, apprendre de mes expériences, recontextualiser des émotions d’une manière qui m’a aidé à y survivre. Ça peut sembler naïf, mais c’est comme ça que je l’ai vécu.

La Face B : C’est aussi un album avec un son très distinctif. Comment l’endroit où tu as enregistré l’a-t-il influencé ?

Sydney Minsky Sargent : Enregistrer principalement dans une grande pièce ouverte dans une vieille église créait un certain son — intentionnellement ou non. Le studio avait plusieurs pièces, dont des espaces plus petits et secs, mais je voulais seulement travailler dans la grande. C’était un bel espace pour respirer, et ça permettait au disque de respirer aussi. Les instruments acoustiques y prenaient vie.

La pièce est devenue un instrument. Sur For Your Hand, par exemple, la voix principale est proche, puis le micro reste en place pendant que je m’éloigne pour les chœurs. Tu obtiens des couches de réverbération naturelle. Ça a donné au disque un niveau de profondeur supplémentaire.

La Face B : As-tu choisi certains types d’instruments ? Ou c’était comme être un enfant dans un terrain de jeu ?

Sydney Minsky Sargent : Ouais — c’est un peu comme ça que je travaille. Je vais vers ce qui m’attire, ou j’apporte du matériel acquis récemment et je trouve comment l’utiliser. Il y a de la synthèse modulaire sur le disque, par exemple — ce qu’on n’attend pas forcément sur un album comme celui-ci.

Mais je n’ai rien utilisé juste parce que c’est cool ou cher — ça, c’est une manière de débutant. La question était toujours : “qu’est-ce qui est juste pour la chanson ?” Certaines choses fonctionnaient, d’autres non. Il y a des personnages principaux : certains synthés, le piano, la guitare.

Mais au final, le but était toujours de trouver ce dont la chanson avait besoin — ou de réaliser que le silence était meilleur.

La Face B : Tu travailles avec Alex Rivers depuis longtemps, presque depuis le début de ta carrière. Quel a été son rôle dans la réalisation de cet album ?

Sydney Minsky Sargent : Il a été un partenaire dans ce voyage. Un ami, et un ingénieur. En plus d’être un producteur et un ingénieur talentueux, il était là émotionnellement — ce dont j’avais besoin, parce que j’accédais à un état mental que je n’avais jamais atteint devant quelqu’un avant.

Il a capturé mes émotions réelles en temps réel — pas une performance ou une reconstitution de quelque chose que je ne ressentais plus. C’est impossible de décrire à quel point il était important. Il était l’autre moitié de la production.

La Face B : Dernière double question : est-ce que tu as l’impression qu’un chapitre se ferme avec Lunga, et quelles sont tes envies pour l’année prochaine ?

Sydney Minsky Sargent : Je pense que Lunga ferme un chapitre et en ouvre un autre à la fin du disque. Mon plan pour l’an prochain est de finir la suite — un album musical en cours. J’espère que les gens auront ce disque l’année prochaine et verront la corrélation entre les deux.

La Face B : Merci beaucoup.

Sydney Minsky Sargent : Merci à toi.

English Version

La Face B: Hello Sydney, how are you doing today?

Sydney Minsky Sargent: How am I doing? Yeah. I was good, and now I’m a little bit stressed out because I’ve had a technical issue at the venue. But I’m okay.

La Face B: Can you emphasise the importance of releasing this project under your own name?

Sydney Minsky Sargent: Yeah, I guess it was a conscious decision because… I don’t know, they felt like intimate songs. They didn’t feel right to put out under my other name, which people know from Working Men’s Club. I just wanted to take ownership of the music and be, I guess, unashamedly explicit about where it was coming from and who was presenting it.

La Face B: Yeah, because it’s really intimate — in the lyrics and in the way you made this album.

Sydney Minsky Sargent: Yeah, it’s a personal record, so it felt like the right music to put out as myself.

La Face B: You have a lot of projects — this one, Working Men’s Club, a project with Daniel Avery and Ghost Culture — and I’m wondering: do you open different mental areas when you write, depending on the project?

Sydney Minsky Sargent: I think that, over the years, working with quite a few different people — producers, artists, musicians, DJs, songwriters — I’ve evolved and kind of gathered lots of… I don’t want to say wisdom because that sounds egotistical, but I’ve learned by watching other people work and by adapting to different ways of working. It’s all fed into different techniques for different projects.

I like to think there isn’t a rulebook in any creative practice. There are quicker ways to get somewhere creatively, but that’s not always the right way. Sometimes you need to take the slow route to reach a better objective for the music. So to answer the question briefly: no, I don’t have a set way of working. It depends — it’s subjective to each project.

La Face B: But you don’t have different mental doors? Like: this one is for Working Men’s Club, this one is for poetry, this one for Djing?

Sydney Minsky Sargent: Yeah, I think there are levels to that. We live in a world where we’re all trying to navigate this confusing fusion of everything happening all at once. And with the way music is consumed now, most people don’t really listen to albums anymore. So artists try to say as much as possible in a short amount of time, so that as many people as possible understand them quickly.

I’m aware of that, even though it’s scary. So right now I’m just trying to write as much music as possible and finish as much music as possible. Whether it comes out under my name, as a producer for someone else, as a collaboration, or as Working Men’s Club — it doesn’t really matter, because it all comes from the same place. As long as I can make music, the name I put on it isn’t the priority. The main thing is sustaining the ability to create.

La Face B: Yeah, but it’s funny because you just released an album for people who do listen to albums.

Sydney Minsky Sargent: Yeah — that is what it is. And even though people consume music differently now, that doesn’t mean we should stop creating music meant to be experienced in a longer format. At the end of the day, some people still listen to albums. I still listen to albums.

La Face B: Me too.

Sydney Minsky Sargent: But again, I can’t control the consumer; I can only control what I do artistically.

About the question of “names,” and whether I write something and say “this is definitely Working Men’s Club” or “this is definitely for me” — I don’t think like that. This album felt personal because I hadn’t made anything like it in public before, and I felt I needed to say “this is me” instead of surprising people who followed Working Men’s Club with a curveball.

But I think it opens a new door: I can bring elements from this record into Working Men’s Club if I want to.

La Face B: It’s kind of a step aside from Working Men’s Club.

Sydney Minsky Sargent: It is and it isn’t. There are parallels and crossover points, but you have to listen for them and be conscious of their presence. Otherwise, you’ll just think “it’s just music.”

La Face B: How do you help people approach a longer record? Because it’s a long album — and quite demanding. I tried different methods when listening: very religiously, at home, alone; and then in the metro, lost in my thoughts. Both ways worked really well.

Sydney Minsky Sargent: Yeah, I think it’s a direct and quite a demanding record, looking back on it. But I feel fortunate to have had the freedom to make it and to release it.

You could listen to it and think, “this is a selfish record, it’s about one person and their perspective,” but the underlying message is more existential. I can only control how I feel. So a lot of the record is from the perspective of “I,” because I don’t want to tell anyone else how they feel — just how I feel.

But that doesn’t mean it’s a record “just for me.” As an artist, once you release a record, it isn’t yours anymore. There’s something for everyone, if they choose to listen and read into it.

La Face B: What I like is that the album sounds calm, but there’s a lot of chaos in it. There’s an ambivalence: the music and the lyrics can be dark but also full of hope.


Sydney Minsky Sargent: Yeah. Hope is what gets the record through the chaos. When making it — even when I didn’t feel particularly well — hope was the thing that got me through uncertainty and inner feelings. Life isn’t always shit. And accepting that sometimes life is shit — and that’s fine — is part of what life is.

La Face B: What did you gain from exploring writing over such a long period? When you look back at lyrics written when you were younger, how do you find consistency between different times of writing?

Sydney Minsky Sargent: I actually quite like “shit lyrics” sometimes, because there’s a blissful naivety in leaving them as they were. That becomes part of the record.

There’s a chronology between an uneducated, slightly dim way of expressing something and the more existential, older self appearing later in the album with more nuance. I don’t think it matters — it all comes from the same place.

It’s important to acknowledge being wrong within a song and still leave it on the record. That expresses the bigger meaning: here’s a song where I have unhealthy thoughts, and that might be challenging for listeners. But if you stay with the record, you eventually reach a place where I acknowledge those unhealthy thoughts and see them differently, with more balance.

I don’t want to run away from how I feel. This record is about embracing it, learning from it, and then sharing what I’ve learned. That’s now the point of making music for me.

La Face B: It’s funny because Lunga, the name, resonates strongly in the tracks. It has a dual meaning — human and musical. It feels perfect, because the album takes time: in your personal journey, in the songs, in the ambience. It’s a strong name.

Sydney Minsky Sargent: Thank you. It felt like it couldn’t be called anything else. Once I had the name, that was the name. This record made me feel things I’d never felt before, and the name has a much bigger meaning for me than just a word.

There’s a lot of depth in this record. I know not everyone will vibe with it or get it. But that’s fine — that’s not the point. The point was that I had to make it, to learn from my experiences, to recontextualize emotions in a way that helped me survive them. It may sound naive, but that’s how it felt.

La Face B: It’s also an album with a very distinctive sound. How did the recording location influence it?

Sydney Minsky Sargent: Recording mainly in a big, wide, open room in an old church created a certain sound — intentionally or not. The studio had multiple rooms, including smaller, drier spaces, but I only wanted to work in the large one. It was a nice space to breathe, and it allowed the record to breathe. Acoustic instruments thrived there.

The room became an instrument. On “For Your Hand,” for example, the main vocal is close, and then the microphone stays in place while I move further back for the backing vocals. You get layers of natural reverberation. That gave the record a whole extra level of depth.

La Face B: Did you choose certain types of instruments? Or was it like being a kid in a playground?

Sydney Minsky Sargent: Yeah — that’s kind of how I work. I gravitate toward things, or I bring in equipment I’ve acquired recently and find a way to use it. There’s modular synthesis on the record, for example — something you might not expect on an album like this.

But I didn’t use things just because they’re cool or expensive — that’s a schoolboy way of working. The question was always: “What’s right for the song?” Some things worked, some didn’t. There are main characters: certain synths, piano, guitar.

But overall, the goal was always to find whatever sound the song needed — or to realise that silence was better.

La Face B: You’ve worked with Alex Rivers for a long time, almost since the beginning of your career. What was his role in making the album possible?

Sydney Minsky Sargent: He was a partner in the journey. A friend, and an engineer. As well as being a gifted producer and engineer, he was there for me emotionally — which I needed, because I was accessing a headspace I’d never accessed in front of someone else before.

He captured my real emotions in real time — not me performing or recreating something I didn’t feel anymore. It’s impossible to describe how important he was. He was the other half of the production.

La Face B: Final double question: do you feel like a chapter is closing with Lunga, and what are your aspirations for next year?

Sydney Minsky Sargent: I think Lunga closes one chapter and opens another at the end of the record. My plan for next year is to finish the follow-up — a working musical album. Hopefully people will get that record next year and see the correlation between the two.

La Face B: Thanks a lot.

Sydney Minsky Sargent: Thank you.

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