Un nom qui sent bon la calamité qui signera dans l’imaginaire populaire la chute d’un des plus grands groupes de tous les temps. Les punks de YOKO ? OH NO ! montrent déjà leur qualité à jouer de leur verve et des détournements avec ce nom qu’on a envie de crier en surjouant la fatalité. Deuxième EP du groupe, Tattoos & Chlamydias signe le retour des soutanes déchainées. Car oui, en plus de rien prendre au sérieux, ils aiment bien la provoc en s’affichant en prêtres catholiques. La sainte trinité du punk ?
Après tout, du punk aux mains de gars en soutanes, why not. Le contraste entre les guitares déchainées avec la voix de jeune premier de leur chanteur John Lemon (calembour quand tu nous tiens) résume à la perfection leur délire mi-punk mi-prêtre. On dirait que The Fratellis auraient bouffé les Arctic Monkeys tout crus, pour engendrer ce rejeton Beatles hyperactif. Loin d’être le vilain petit canard de la famille, YOKO ? OH NO ! surprend et détonne tout le long d’un album explosif truffé de pépites barrées.
Déjà une pochette bien immersive, qui fleure les ateliers clandestins anglais d’où sort leur merch entre deux bières. Un combo ultime pour le titre: des tatouages de vieux taulards et des maladies vénériennes. Que demande le peuple. Tattoos & Chlamydias est un hommage à leur train de vie pas très catholique lorsqu’ils sont en tournée, rapportant au passage les plus beaux échantillons d’IST.
Une intro toute en douceur au piano, chœur de voix liturgique pop qui débouche sur le premier titre Sylvia. Riff à la Arctic Monkeys avant de balancer du punk en plein délire. Ils nous offrent ici des brins de romantisme « In a threesome, you would be the one that I choose » et confiance à toute épreuve « no need to put a condom ». Groupies, vous ne pourrez pas dire que vous n’étiez pas au courant. Parfait mélange de ponts mélodiques et de guitares qui tabassent, c’est une bonne grosse claque dès le départ. Out of Question joue cette même carte de la déconnade, avec ses crescendos parfaitement maitrisés pour lancer les pogos.
De jolies ballades punk viennent aussi ponctuer l’album. Tout d’abord Alone, et son riff qui vient brisé à intervalles les élucubrations du chanteur pour donner lieu à ce savant mélange bourrin-mélodique. Puis le très nostalgique Last Waltz qui évoque les seventies et les comédies musicales à l’eau de rose. Guitare acoustique au coin du feu, voix rejointe par ses acolytes dans un sursaut dramatique, on se fait surprendre et on en redemande.
Le groupe aime visiblement aussi sortir un peu de sa zone de confort et s’adonne à des petits guilty pleasure électro rock avec Cabaret Sauvage. Hommage à la boite de nuit porte de pantin ? En tout cas on apprécierait taper du pied dessus.
Premier clip du groupe, Shame fait tout sauf dans la dentelle. On suit les péripéties d’un punk à Bordeaux, s’enchainant doigts d’honneurs dans les boutiques de guitares, bastons ultra vénères, vomis en lumière néon à cause de cette société à gerber. Coup de génie quand le lecteur de cartes bleues lui réclame « 15 balles enculé » pour une bière. Paumé, exténué, le regard vide, il s’écroule dans une allée. Une porte s’ouvre sur les membres du groupe Yoko ? Oh no ! qui apparaissent en sauveurs d’âmes, un album des Beatles pour toute Bible. Au final, ne régnera que l’amour (ou presque).
Mélange parfait entre le mélodique des seventies et le gros punk anglais qui tache, Tattoos & Chlamydias est un total ovni dans la scène actuelle. Ils chantent tous en chœur et avec beaucoup d’amour des paroles parfois potaches, tout le temps délirantes. Les instruments tachent sales, ils ne s’en excusent pas, mais on leur donnerait le bon dieu sans confession. D’une efficacité folle, d’une audace totale, cet EP est une déferlante d’énergie punk et d’énorme déconnade. A voir absolument en live le 24 septembre au Bus Palladium et le 16 octobre au Supersonic.