ADN : Acide du noyau des cellules vivantes, constituant l’essentiel des chromosomes et porteur de caractères génétiques. Avec ADN, La Face B part à la rencontre des artistes pour leur demander les chansons qui les définissent. Témé Tan est enfin de retour avec Quand il est seul. À cette occasion, il nous parle de ses influences musicales.
Papa Wemba – La vie est belle
De mon enfance au Congo je garde de nombreux souvenirs musicaux. La vie est belle est le film qui a révélé Papa Wemba sur la scène internationale. La chanson sur « l’article 15 » (une ode à la débrouillardise) était souvent reprise en cœur lors de nos réunions de famille. Je crois que la voix de Papa Wemba a eu un puissant impact sur mon idée de ce que devait être la voix chantée. C’est sans doute en essayant de l’imiter que j’ai développé ma voix de tête pour atteindre les notes aiguës.
The Beatles – Taxman
Vers la fin du travail de production sur mon deuxième album est sorti une version remasterisée de revolver des Beatles. J’ai eu plusieurs phases Beatles dans ma vie. Un de mes plus anciens souvenirs et d’entendre mon père jouer Let It Be sur le piano à la maison. Je me souviens aussi de lire ‘the Anthology’ tous les soirs avant de me coucher pendant mes dernières années au lycée.
Toujours est-il que ce nouveau Mastering de Taxman m’a replongé dans l’ambiance des Beatles. J’ai découvert les mix en mono sur lesquels ils avaient travaillé à l’origine. Cela me donnait de nouvelles perspectives en termes de spatialisation dans mes productions. Ainsi que des envie de formats de chansons courts et efficaces.
Kanye West – Hurricane
J’ai aimé la plupart des albums de Kanye West mais je trouve que les deux Donda sont vraiment très impressionnant de par leur puissance tout en étant relativement épurés. On ne sait pas toujours où Kanye a la tête quand il se perd dans ses interviews.
Une chose est sûre, il a à chaque fois une vision artistique qui défie tout ce que j’ai connu auparavant. Dans le cas des Donda, j’ai aussi été fort touché par l’hommage poignant à sa mère décédée qui englobe les deux disques. J’aime l’approche radicale des productions et le traitement toujours très novateur des prises de voix.
Radiohead – House of Cards
Je suis vraiment rentré par la porte du dyptique Kid A et Amnesiac pour apprécier Radiohead. Même si je les entendais déjà avant via leurs premiers albums. C’est vraiment l’album In Rainbows qui les a installés parmi mes groupes préférés.
J’ai surtout été touché par le processus d’enregistrement de l’album qu’il nous partageaient par des vidéos depuis un chalet en Écosse. Ça m’a conforté dans l’idée que j’avais envie d’enregistrer moi-même et réaliser mes disques à ma manière.
Je pense que le morceau House of Cards a fortement influencé mon morceau quand il est seul. J’aime cette impression d’être suspendu dans l’air après que tout se soit écroulé.
Maïa Barouh – Ringo
Mon nouvel album n’aurait pas été le même sans mes séjours fréquents sur Paris. C’est Maïa Barouh et sa famille qui ont été les premiers à m’accueillir chez eux ce qui m’a permis de rencontrer beaucoup de musicien.ne.s et artistes (Notamment Elea Braaz et Blumi) qui ont nourri ce disque.
J’aime comme elle aborde sa double culture à travers son récent album. J’admire sa volonté d’entreprendre les choses et de ne pas s’attarder sur les difficultés qu’on rencontre quand on défend un projet singulier. Son hommage à son père dans Ringo me rappelle tant de morceaux que j’ai aimé vers la fin des années 90.
Le clip réalisé par sa sœur est sublime. J’aime comme elle chante avec douceur en équilibre sur une musique assez intense. La palette de Maïa est très variée et je me retrouve bien dans son envie de sortir des cases.
Charlotte Adigery & Bolis Pupul – Thank you
J’ai eu l’occasion d’écouter et voir Charlotte chanter dans pleins de styles différents et de revêtir plusieurs casquettes de créatrice.
A chaque fois, elle excelle dans ce qu’elle entreprend. Son nouveau duo avec Bolis Pupul ne fait pas exception. Elle fait preuve d’une présence scénique digne des plus grand.e.s du monde du spectacle. Les prods de Bolis se veulent très analogiques et rétros et me font penser aux années 80 contés dans le documentaire This is Belgium. Ce qui ne les empêche pas de s’inscrire dans le futur. Leur disque me donne envie de prendre des choix encore plus radicaux pour mes prochaines sorties.
Dans le morceau Thank You elle fait une petite liste des choses les plus dingue et désagréables qu’on peut recevoir comme commentaire/remarques quand on fait le métier de créat.rice.eur et qu’on monte sur scène. On reçoit beaucoup d’amour, certes, mais aussi beaucoup de critiques gratuites dont on se passerait bien.