On devait les voir au Grand Mix pour le premier live de présentation de leur premier album mais le reconfinement est passé par là. Qu’à cela ne tienne, les internets ne sont pas touchés par les mesures de distanciation sociale, il n’y a donc pas de raison de ne pas vous parler de Circuit, le disque de Temps Calme.
Temps Calme, c’est le genre d’artiste dont on aime parler. Ancré dans le territoire des Hauts-de-France, composé de musiciens émérites qui ont déjà sillonné l’hexagone avec diverses formations (si on vous parle de Ed Wood Jr., Roken is Dedlijk, Black Bones, ça vous situe un peu) et qui se retrouvent pour mettre en commun leur pilosité et leur talent. Après un premier EP éponyme sorti l’année dernière, le formation a décidé de sauter le pas de l’album dans la foulée et voilà donc que sort Circuit, ses visuels figuratifs comme autant de collages interprétables à souhait et les 43 minutes de ses 10 plages.
Au premier abord sombre et mystérieux, l’univers de Temps Calme se révèle au fur et à mesure beaucoup plus lumineux et presque pop par moment. Sans vraiment savoir pourquoi, des images de fractales viennent à l’esprit, peut-être résultat d’un travail à la fois très atmosphérique et très riche dans les compositions. On se sent emporté par la musique et on en vient à écouter de façon naturelle, sans y penser. Cela fonctionne notamment très bien pour aller courir sans voir les kilomètres passer (testé et approuvé). Dans ce registre, le disque évoque une filiation avec Patine de BRNS, de par ses sonorités et ses arrangements. En moins radical peut-être, mais également en plus subtil. On aime particulièrement la production, très aérée, qui contribue à créer une ambiance rassurante malgré des thèmes parfois inquiétants.
Tout en gardant une forme de retenue et en jouant avec beaucoup d’expertise sur les nuances, le groupe parvient à transmettre une intensité folle dans ses morceaux, à l’image de Mirrorball, qui s’apparente d’abord à une ballade, mais qui monte vers une apogée extrêmement puissante après des passages dépouillés. Réussir à marier des arrangements riches et un rendu sonore très simple qui ne noie pas son auditoire est une prouesse qu’il convient de souligner. Chapeau bas messieurs, car c’est l’ensemble de l’album qui bénéficie de cet état de fait. De même, exposer un répertoire que l’on pourrait qualifier de trip hop tout en chantant des mélodies qui restent dans la tête (merci Emie qu’on fredonne en permanence depuis la sortie de l’album) n’est pas chose commune.
C’est donc là un très bon premier album qui nous est servi. Dommage qu’on ne puisse pas le découvrir en concert mais disons-nous que ce n’est que reculer pour mieux sauter.