On a rencontré les garçons de Temps Calme lors de leur passage au MaMA Music & Convention. L’occasion de revenir avec eux sur leur album Vox III, sa création et leur évolution en tant que groupe.
La Face B : Comment ça va ?
Nico : Ça va, et toi ?
Olivier : Ça va bien.
Sam : Ça va, j’suis chaud là !
La Face B : Vous avez dévoilé votre nouvel album, qui s’appelle Vox III. Je sais qu’y a un jeu de mots sur un synthétiseur, mais en écoutant l’album, j’ai l’impression qu’il y a une idée de manifeste de Temps Calme et de voix à 3.
Temps Calme : Ah ! Il y a peut-être un peu de ça. Tu as trouvé le meilleur sens de l’album. C’est vrai que nos voix sont peut-être un peu plus mises en avant que sur l’album d’avant, y a un peu plus ça.
La Face B : J’ai vu une vraie évolution justement avec Circuit, et je me demandais comment vous l’aviez ressenti, vous…
Temps Calme : La différence, c’est que Circuit c’était quand même notre premier disque à trois. Dans Circuit, il y a encore un espèce de truc où on apprenait encore à se connaître, donc peut-être moins d’unité. Cet album-là, on l’a fait vraiment en se connaissant. Genre quand on écrit un morceau, on se dit : « Tiens, ça va être sa partie de guitare, ça va lui plaire … ou pas ! ». On se connaît et à faire l’album il y a eu une différence là-dessus.
Et puis ouais, on assume un peu plus les voix, on nous a souvent dit que les voix sont noyées dans des reverbs sur le premier et là, je pense qu’il y a un côté plus assumé. Tout s’est bizarrement assumé parce qu’il y a quand même des gros vocoders, des gros partis pris. On n’entend pas mieux forcément la voix.
La Face B : J’ai l’impression que le fait d’avoir tourné, d’avoir joué ensemble et peut-être appris à vous connaître sur scène aussi, ça a beaucoup influencé votre façon de faire de la musique…
Temps Calme : Ah mais carrément !
La Face B : Ce que j’ai aimé entre guillemets sur l’album, c’est qu’il est moins fantasmagorique, moins séparé et que c’est plus un album d’humains en fait…
Temps Calme : Ce qui colle avec Vox du coup…
La Face B : Oui voilà, même vraiment sans le vouloir, je trouve que cette idée des voix et même du 3, je sais que c’est parce que c’est votre troisième sortie, mais en fait le titre il a une symbolique cachée je trouve, et pour le coup ça fait moins artiste de studio cet album… Ça fait vraiment groupe.
Temps Calme : C’est cool. (Rires) On saura quoi répondre sur pourquoi ce nom d’album.
La Face B : Il y a vraiment une présence plus affirmée de la voix ; même si elle est encore modifiée, vous jouez beaucoup avec comme vous jouez avec vos instruments… On sent qu’il y a une présence, une volonté de raconter des choses avec la voix. Vous l’avez envisagé comment, ça ?
Temps Calme : En fait au premier album, on voulait mettre des voix mais n’étant pas… Personnellement, j’ai toujours chanté en faisant des chœurs dans d’autres projets, et du coup ça s’est fait petit à petit de se mettre devant, mais il y a aussi une progression de la place de la voix.
Dans les traitements, il y a un truc en tout cas plus franc, plus frontal au niveau de la voix quoi, c’est ça. Après non, dans la volonté, non. On ne s’est pas dits on fait l’album en se disant faut que les voix soient devant, un truc comme ça. Je pense que comme il a un côté peut-être un peu plus pop que le premier, la voix est toujours un peu plus sensible…
La Face B : C’est ce que j’allais dire aussi, c’est vrai qu’au niveau de l’évolution et de l’écoute il y a quelque chose, on a l’impression de quelque chose de plus chaleureux… Le fait d’être en studio, ça peut vous permettre de modifier, de rajouter des choses et d’avoir des textures presque irréalistes et qui sont pas forcément réutilisables sur le live. Là, j’ai l’impression que vous vous êtes limités sur ça et que vous êtes vraiment en recherche de l’essentiel en fait.
Temps Calme : A chaque fois, on pense le live quand on faisait les morceaux. On se demande toujours : est-ce qu’on va pouvoir le faire ? L’idée, c’est de faire avec ce qu’on a, de ne pas faire plus et que ça puisse être joué, quoi.
En plus, il n’y a pas de bande. C’était une volonté aussi, quand on joue en live, tout est joué. Il y a quelques petits sons qui sont déclenchés, évidemment, mais il n’y a pas de bande, tout est joué et on se réduit assez pour enregistrer.
La Face B : Du coup vous êtes limités sur le matériel en fait…
Temps Calme : Sur le matériel qu’on a. On ne veut pas avoir plus de choses à rajouter. Un ordinateur ou des choses comme ça sur scène.
La Face B : Vous l’avez enregistré séparément ou justement sur des prises presque live ?
Temps Calme : On l’a fait séparément. On a fait les batteries en studio.
Et ensuite, on a passé quelques jours dans une maison à la mer, pour enregistrer des guitares et des synthés et même des voix, déjà. On a ensuite refait des prises chez nous. Mais on a vraiment fait du piste par piste. Comme on fait d’habitude, en fait. Mais les morceaux étaient écrits en amont. On avait déjà tout maquetté. Il y a déjà une bonne intention, même si après on modifie des choses.
La Face B : Vous composez en groupe ou chacun ramène ses idées, ses morceaux ?
Temps Calme : Plutôt chacun ramène un truc plus ou moins fini. Et après, c’est en le jouant ensemble en répèt qu’on réarrange les choses pour que ça fasse des trucs d’ensemble.
On se fait des propositions. Sauf Black cat. Mais sinon, on se fait des propositions de morceaux complets. Le morceau est à peu près là. On le réarrange ensemble.
Ce qui est intéressant ,c’est qu’on se plie à l’exercice. Si Sam fait une proposition, on va apprendre la partie qu’il nous a proposée. Et après, on les joue à notre sauce. Mais tu vois, il y a cette volonté de dire : « Ok qu’est-ce qu’il veut dire ? ». On se l’approprie en tant que groupe.
La Face B : Au fond, il y a un travail d’empathie, comme quand vous composez, puisque finalement vous pensez quand même aux autres quand vous créez vos chansons.
Temps Calme : Oui, on pense en tant qu’entité Temps calme. C’est pour le projet Temps calme. Si on veut faire autre chose, on le fera tout seul ou avec d’autres gens.
La Face B : Et finalement, au fond, c’est un peu votre premier vrai album de groupe d’une certaine manière ?
Temps Calme : Le premier, c’est un album de groupe, mais avec toutes les toutes les faiblesses d’un premier album.
Dans ce premier album, il y avait quand même l’EP qu’on avait fait. On l’avait fait avec un autre batteur, mais on le connaissait depuis 15 jours (rires).
Ce que je veux dire, c’est qu’on s’était rencontrés depuis peu et il y avait déjà la moitié du premier album qui était déjà quand même là.
La Face B : C’est un peu une relation amoureuse, c’est le premier album, vous essayez d’impressionner les autres. Sur le deuxième, vous vous connaissez un peu, c’est plus : qu’est-ce qu’on peut faire pour se surprendre et pour aller plus loin.
Temps Calme : On ne va pas chercher le grand restaurant (rires)?
La Face B : Mais moi, ce que j’ai bien aimé sur l’album et sur la façon dont je l’ai écouté, c’est que j’ai l’impression que chaque morceau, il est pensé un peu comme une épopée, comme un voyage à part entière, avec des variations dans les titres, et il y a une vraie recherche de non-linéarité dans votre musique.
Temps Calme : Carrément ! Tu veux dire que tu pourrais écouter les morceaux dans n’importe quel sens ?
La Face B : Ouais, même dans les morceaux. Je trouve que le morceau a plusieurs vies dans le morceau.
Temps Calme : Oui, ça va d’un point A à un point B sans… Là je parle pour moi, parce que je vais citer une référence que tu aimes, que j’aime. J’ai beaucoup écouté pendant le Covid Genesis et Peter Gabriel. Et du coup, j’aime bien ces trucs, une espèce d’épopée. On a l’impression que ça part de là, ça va là, puis d’un coup ça va là. Je pense que c’est un peu influencé par ce truc-là. Mais là, nous c’est en format quand même petits morceaux. On fait pas des trucs d’un quart d’heure. Mais oui, je pense dans cette structure, ce genre de structure.
La Face B : Oui tu vois sur cinq minutes, tu peux raconter une histoire. L’album, il a quand même une certaine durée qui permet de raconter des choses, que chaque morceau puisse vivre sa propre vie… Est-ce que le cinéma a une influence particulière sur votre façon de composer ?
Temps Calme : C’est marrant, beaucoup de gens nous posent la question parce que beaucoup de gens pensent que c’est un peu cinématique. Je pense pas que ce soit clairement une influence quand on compose, mais il y a un truc je pense naturel dans ce qu’on fait.
On raconte des histoires, il y a une narration, ouais. Avec ce côté non-linéaire qui donne un côté épopée, boucle narrative… Pour rebondir là-dessus, on va bosser sur un ciné-concert là ensuite, enfin une série concert. Ca a du sens tout ça.
On n’est pas imperméables au cinéma, mais on ne possède pas forcément un truc qui… On ne se dit pas quand on fait des morceaux que ce sont des morceaux qui pourraient être dans un film.
La Face B : Bah alors l’idée de reprendre le générique de K2000 elle venait de qui ? (sourire).
Temps Calme : (Rires) L’idée du groupe. On voulait faire une reprise, on s’est fait plein de propositions de reprises et on s’est dit que ça pouvait être drôle. Ça nous faisait marrer de faire ce truc-là.
La Face B : Je vois une différence entre la musique que vous faites en album et la musique que vous faites en live. Je me demandais si pour vous, il y avait une manière idéale d’écouter votre musique ?
Temps Calme : En live, je pense. Je pense que le disque, c’est vraiment un support, mais après on s’fait bien plaiz’ sur la prod et tout. Je dirait qu’en vinyle ça peut être cool, il y a l’objet, la démarche. On utilise des vieux instruments, des amplis à lampe, des batteries et tout.
En train, ça pourrait marcher aussi ! L’album fait le temps entre Zoug et Zurich, mon frère a dit ça (rires). C’est pile poil le temps de l’album. Il y a le côté un peu voyage.
La Face B : En parlant de voyage, c’est quoi votre idée du futur pour Temps calme ? Est-ce que vous avez envie de le faire voyager cet album ?
Temps Calme : Bah oui, l’idée là c’est de jouer un maximum en live. Puisqu’on a été bloqués avec le premier. Le premier, il y avait quand même eu le confinement, donc c’était un peu compliqué. Il y a cette frustration de ne pas l’avoir joué beaucoup. Donc là, on vient jouer !
En fait, c’est une volonté depuis le départ du groupe, quand même de jouer beaucoup. Ça n’a pas été possible parce qu’on montait le groupe en plein bordel. Faut qu’on trouve les personnes qui nous amènent sur des scènes quoi !