Bonjour cher réseau professionnel, il est temps de mettre en commun les synergies afin d’atteindre les objectifs fixés lors de la dernière revue trimestrielle. C’est l’occasion de vous présenter le nouveau directeur des ressources humaines, ou plutôt directeur du développement des belles personnes comme nous le disons ici, en la personne de Yolande Bashing. Son parcours parle pour lui : des expériences réussies partout où il est passé, plusieurs startups devenues des licornes désormais et des recommandations venues de tous les plus grands groupes du CAC40. Nous lui passons la main pour une première intervention, appelée Territoire.

Ah, le travail. Le monde de l’entreprise, le monde de l’émancipation évidemment. La rencontre entre les opportunités et les personnes, la méritocratie, et toutes les conneries qu’on peut entendre pour nous faire accepter notre condition et nous encourager à participer à la grande machine. C’est en grande partie ce dont il est question au cours des cinq titres de Territoire, qui révèle toujours plus explicitement les revendications portées par le duo Nordiste.
Cinq titres, vingt minutes, c’est tout juste le temps dont votre manager a besoin pour vous expliquer que le contexte actuel rend toute augmentation de salaire impossible (évidemment, il aimerait bien mais il a n’a pas les leviers).
C’est également le temps nécessaire pour prendre la décision de déclencher un plan social et d’acter le licenciement de plusieurs centaines voire milliers de personnes. Et c’est donc cette violence qui est dénoncée ici. Le titre Éléments de Langage fait référence à la novlangue employée de plus en plus fréquemment pour éviter de poser concrètement les choses.
Pour autant, Yolande Bashing n’est pas désabusé et propose des pistes de réponses à apporter, en premier lieu la solidarité qui doit nous animer en tant que personnes et surtout la prise de conscience que ce qui arrive aux autres a un impact direct sur nos propres vies, c’est le propos du morceau Le Tarif dont le refrain sonne comme un refrain de manifestation : « Ce qui t’arrive, c’est ce qui m’arrive; si t’as pris tarif, j’ai pris tarif; quand ta vie s’abîme, ma vie s’abîme ».
De même, le morceau de clôture du disque, Si je compte bien, sorti au moment de la censure du gouvernement Bayrou, agissait comme un excellent miroir de la situation politique Française, on peut dire qu’il y a eu du flair avec cette sortie. Au delà des propos, l’EP poursuit l’évolution musicale de la formation avec des références très vintage dans les sonorités et des synthétiseurs toujours plus présents et une production toujours aussi proprement désaccordée pour jouer savamment sur les dissonances.
Du côté des images, avec trois clips sortis jusqu’à présent, on remarque la volonté de faire exister le monde du travail de bureau au milieu de la nature ou a minima de la campagne. Ce contraste permet d’appuyer l’abération que représente le quotidien bureau-métro-dodo face au monde qui nous entoure, comme une sorte de cohabitation forcée mais dont on ressent inconsciemment le malaise, ou comme une réalité virtuelle qui aurait une latence et qui rendrait malade petit à petit.
Bref, Territoire de Yolande Bashing, c’est poser ses oeillères et retourner à la rencontre de ses camarades (autour d’un concert ou d’une manif, bien entendu), prendre du recul sur le bien-fondé de nos emplois quotidien, et le tout avec un maximum de groove.
Crédits Photos
Couverture de l’EP : Clémence Alix
Couverture de l’article : Florimond