Tété : « La chose la plus belle dans la vie d’un artiste c’est d’être à un moment donné dans la vie des gens »

Lentement, mais sûrement, on continue de cocher sur notre bingo musical le nom d’artistes qu’on aurait jamais pensé croiser un jour. Il y a quelques temps, c’est donc avec Tété qu’on s’est posé dans un café de Montreuil. L’occasion de parler de son nouvel album Fauthentique qui vient de sortir, mais aussi de sa carrière longue de presque 20 ans et aussi de Hero Corp parce qu’on est fan et qu’on en avait envie. Vous trouverez tout ça, et beaucoup plus, juste en dessous.

LVP : Salut Tété, comment ça va ?

Tété : Ça va bien parce que je fais le métier que j’aime depuis 20 ans, que c’est le 7e album que je sors et qu’à l’époque qui est la nôtre c’est déjà beaucoup d’avoir une passion et de pouvoir vivre de ça années après années. On apprend à saisir de plus en plus la chance qu’on a on va dire.

LVP : Sur ton nouvel album, tu sembles raconter une histoire et je me demandais si c’était important pour toi de faire un storytelling dans tes albums ?

T : C’est hyper important pour moi car l’idée de l’album ça n’existe plus trop on va dire. Les gens écoutent plus des playlists et sachant ça, le seul petit plus que je peux essayer d’apporter à ce qu’est finalement une collection de chansons, c’est de faire un fil rouge entre elles.
Mais ça ne concerne que moi, je ne suis pas sûr que la musique se consomme encore comme ça en fait. Et c’est vrai que c’est une discussion que j’ai souvent avec des gens qui sont mélomanes c’est-à-dire qui sont musiciens, journalistes et qui me disent « écouter les albums en entier et acheter des disques » mais je me demande si les gens qui travaillent pas là-dedans font la même chose. Ne serait-ce que parce que dans une vie, quand on a un boulot qui ne plaît pas forcément et qu’on essaie de faire au mieux entre ça, les factures et les enfants, et bien avoir déjà une heure à table où il n’y a pas la télé allumée, où il n’y a pas d’autres sources de distraction c’est déjà chouette. Je pense que l’heure pour écouter un album religieusement, les gens ne l’ont pas forcément dans leur quotidien..

LVP : Ce qui est intéressant avec cet album, c’est qu’il y a des espèces de chapitres avec des transitions à chaque fois, et tu réfléchis à ça en amont où ça vient avec l’écriture ?

: Ça vient au fil de l’écriture en fait. Les deux derniers albums ont été écrits comme ça, en pensant à une idée de fil rouge. Le précédent c’était cette fable de cet homme qui perd ce regard d’enfant et qui part à sa recherche. Et là ce nouvel album s’est élargi avec quelque chose qui traiterait de tous les différents aspects du faux. En écrivant l’album, j’ai réalisé qu’il suffisait d’ouvrir le journal, d’écouter les infos pour me nourrir de tout ça et j’ai vu que l’actualité mondiale me fournissait une matière incroyable pour illustrer tout ça, ce déplacement de limite qui existe entre le vrai et le faux.

LVP : Tu parlais de Pierrot Lunaire comme une personne qui cherchait «  à échapper à la réalité » et là t’es revenu t’ancrer à la réalité et je me demandais si justement c’était pas évident pour toi de pas faire un contre poids et de revenir sur quelque chose de réel, quelque chose du quotidien ?

T : Je trouve que la magie vient vraiment de la réalité… En fait, c’est comme en poésie, le premier vers t’as des licornes, des comètes et puis tu as des poètes où le premier vers c’est une table comme ça avec une salière, un verre etc. sauf que d’un seul coup le verre se met à parler et du coup je trouve que la réalité c’est une mine d’or finalement. Tout ça raconte notre perception, c’est un peu comme ça que je suis rentré dans l’album aussi. Fauthentique c’est le vrai et le faux et la différence entre le vrai et le faux, c’est notre perception des choses, ce qui est vrai pour moi ne l’est pas forcément pour la dame là-bas donc ça dépend. C’est vraiment des sujets interconnectés.

LVP : Là on est dans un café/restaurant, est ce que tu te poses pour écouter les conversations des gens parfois ? Est-ce que ça t’inspire ?

T : Alors ça m’influence moins qu’avant car j’ai malheureusement moins le temps de flâner. Et cet album je voulais le faire cette année pour pouvoir rester sur l’élan de la tournée. Et puis quand on a des enfants en bas âge, et bien tout à coup on a des espèces de grandes lignes à l’intérieur desquelles on essaie de faire des choses. Pour autant, moi cet endroit me fait penser à un petit restaurant à côté de l’endroit où je travaille. Tous les corps de métiers s’y mélangent, leur seul point commun quand ils sont à table, c’est leur patron, probablement un con qui fera toujours mieux qu’eux.
C’est drôle car ça parle aussi de la perception, de cette défiance presque automatique qu’il peut y avoir, ça raconte aussi nos fragilités, nos manières de se percevoir qui ne sont pas toujours justes, c’est un peu la manière de se voir soi-même qu’on se raconte. Il y a des gens qui disent qu’on se raconte tous une histoire par rapport au réel, qu’on se dise que la vie c’est moche ou que la vie c’est super, c’est une histoire. Il paraît qu’on ne retient que les faits et on s’entoure des gens qui valident cette histoire quelque part.

LVP : Moi je suis dans l’opposé, je cherche des gens qui me confrontent à la réalité…

: À LEUR réalité !

LVP : Oui, une réalité différente de la mienne. Histoire de voir les choses de manières différentes, c’est pas toujours tout blanc ou tout noir…

: C’est clair. Justement ce dont il est question là, ce sont ces faits qui sont fabriqués de toutes pièces et qui sont faux. Sauf qu’en plus, ils sont faits de telle manière qu’on ne les présente qu’à des gens dont on sait qu’ils les croient potentiellement vrais. Et donc ça crée une sorte de fossé qui ne se referme jamais.

 

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LVP : J’ai trouvé que cet album est un mix parfait entre tes deux précédents albums car il y a à la fois un côté très orchestré et un autre à la fois très épuré. Ça fait presque 20 ans que tu fais de la musique, comment tu arrives à te mettre des défis dans l’écriture de tes morceaux  ?

: Les défis sur cet album là, ça a été le fil rouge. Je pense qu’il faut essayer de rester dans le cadre de ton sujet. Il y a aussi eu le défi d’essayer de progresser en tant qu’artisan, c’est-à-dire que je me suis formé sur 3/4 logiciels en même temps pour programmer les rythmes d’albums, le logiciel dont on va se servir sur scène etc… Et tout ça c’est très technique et je sais que quand je parle de technique on a l’impression que c’est fait au détriment de l’art mais je pense que l’un sert l’autre. Tous les outils évoluent très rapidement et je sais qu’on peut faire beaucoup de choses avec un téléphone portable et ça ne remplacera jamais les émotions mais c’est un bel outil à mettre au service de tous.

LVP : L’important d’un outil c’est ce que tu en fais.

: Exactement, l’autre fois je suis tombé sur un mec qui disait « la technique précède toujours la culture » et je disais ça au collègue qui m’interviewait tout à l’heure. Par exemple le cinéma muet, cette sur-expressivité des acteurs à l’époque c’est parce qu’il n’y avait pas de son et donc ça a créé une esthétique particulière. La durée moyenne d’une chanson c’est environ 3 minutes et il se trouve que c’est notre capacité d’attention. Sur un 78 tours, on ne pouvait pas enregistrer plus de 3 minutes et quelques sur une face et c’est ça que j’essaie de dire, c’est un espèce de va et vient constant, la technique doit servir l’émotion.

LVP : Aujourd’hui, on est dans un monde de réseaux sociaux et c’est un peu incontournable pour un artiste, toi tu es très présent dessus. Comment essaies-tu de maintenir cette frontière entre ce que tu veux montrer aux gens et ce qu’ils aimeraient avoir de toi ? Est-ce que tu réfléchis à ça ou pas du tout ?

T : Je n’ai jamais autant réfléchi à ça que pour cet album là. Si tu regardes les réseaux avant Fauthentique, je n’ai jamais posté de photos de mes enfants, de chez moi car je suis pas très à l’aise avec ça. Mais pour cet album je me suis dit que vu qu’on est dans le faux, le toc, ce qui n’est jamais arrivé et bien c’est pour ça que je fais n’importe quoi sur les réseaux sociaux car il y a 0 limite et c’est là où ça devient drôle. C’est une private joke car je crois qu’il suffit d’écouter l’intro d’une de mes chansons pour voir que ce qu’il y a en ce moment sur ma page Facebook n’a rien à voir avec ce que je pense être. Je trouve ça très intéressant cette question des réseaux sociaux parce que c’est le marché de l’attention. Moi en tant que chanteur j’y suis et finalement je participe à tout ça. Après on parlait de perception et l’idée de l’attention c’est la question que pose la chanson Week-End Sans Wifi, quand on passe 2h sur les réseaux sociaux en finissant par regarder des vidéos de fails ou de chats alors qu’à la base on voulait juste répondre au message d’un copain sur Facebook… Quelque part y a un marcheur d’attention qui a réussi à rentrer par une porte et à nous faire complètement oublier ce qu’on allait faire initialement, pour nous emmener sur un truc qui va nous divertir mais dont il ne restera rien demain. C’est vrai quand on rentre dans un mode automatique comme ça et où notre attention ne nous appartient plus. Après il n’y a rien de plus agréable que de jouer avec ses enfants et de ne pas voir le temps passer, c’est des moments rares et précieux, ça fait des souvenirs, du temps passé ensemble et il en reste quelque chose. J’ai jamais entendu quelqu’un sur son lit de mort dire que parmi les trois plus beaux moments de sa vie c’était le jour où il a vu un petit chat sur une machine à laver…

LVP : Moi ce que j’aime bien dans ta musique c’est l’humour et la poésie et je me demandais si c’était pas la réponse à toutes les questions du monde  ?

T : C’est des remparts en tout cas et comme je le disais tout à l’heure, la poésie c’est la personnification des objets. J’avais une chanson comme ça qui parlait du mal d’amour, où le type est tout seul chez avec des objets qui ont appartenu à la femme qu’il a aimée et il a l’impression que les objets lui parlent, chuchotent un peu, complotent contre lui. Il a l’impression qu’ils se moquent de lui. C’est un truc que d’introduire du fantastique dans la réalité et en même temps c’est ça qui permet au type de pas péter un plomb. C’est vraiment un rempart et je pense que les mots c’est pareil. Il y a plein de gens qui vivent les choses comme des injustices et pouvoir en rire fait que le truc à un peu moins d’emprise sur toi et ça se partage, c’est gratuit. Je crois que le rire, tant qu’il reste bienveillant est important… Je me dis que le jour où la dernière usine aura fermé et qu’il nous restera plus rien à manger, il restera que des histoires et du rire. Je me demande si c’est pas la forme d’expression humaine la plus ancienne en fait avant la parole même.

LVP : Justement c’est un peu la réaction que tu avais eue il y a quelques années sur le commentaire de Mr Moretti, de transformer quelque chose de douloureux en quelque chose de poétique.

: Ouais et de déconstruire le truc aussi je pense que quelqu’un qu’on essaie d’aveulir si lui-même en rit et met le doigt sur le ridicule de la situation, ça vide le truc de sa substance.

LVP : C’est un peu le truc qui est arrivé il y a quelques années avec le comédien Donel Jack’sman et qui avait eu justement la bonne réaction car réagir à ce genre de choses c’est leur donner de l’importance.

T : C’est intéressant car là on parle encore une fois d’attention et de perception et je pense que ces manifestations-là qui n’étaient pas aussi fréquentes avant, elles sont l’expression d’un certain repli sur soi, elles sont aussi l’expression du fait qu’il y a énormément de souffrance dans les pays industrialisés et donc il y a peut-être une perception disproportionnée du phénomène migratoire. Les gens qui ont l’impression de ne rien avoir, ils ont la sensation qu’ils vont encore moins avoir à leur disposition en fixant leur attention sur un problème dont on va décupler la taille. Et c’est marrant car quand on lit un peu des bouquins d ‘histoire, c’est un des fondements les plus importants, ça fait partie d’une mythologie de désigner un bouc émissaire. A partir du moment où des gens sont dans la misère et qu’on arrive à faire en sorte qu’ils se focalisent là-dessus plutôt que d’identifier les vrais soucis sous-jacents…

LVP : C’est exactement ce qu’il se passe en France en ce moment. Tu parles beaucoup de politique sur cet album enfin sur certains titres, tu ne penses pas que c’est impoli comme tu disais à une époque et que ça mériterait une bonne paire de claques (rires) ?

T : Je crois que par rapport à ça, je suis l’éponge du sentiment qu’il y a en France en ce moment. J’ai l’impression qu’on est tous un petit peu navré après des successions de générations, beaucoup de gens ont l’impression de ne plus croire en la machine. Je crois que mon rôle c’est de dire « Oh bah tiens y a une tache là » plutôt que de dire « ah bah il faut quelqu’un pour nettoyer », tu vois ce que je veux dire ? Car encore une fois je n’ai pas l’impression qu’il n’y ait jamais eu autant d’experts qui viennent sur un plateau télé avec un vocabulaire spécifique en disant qu’ils connaissent le truc par cœur et que c’est comme ça qu’il faut faire. Je crois que c’est quelque chose d’hyper dangereux. La place où je me sens bien c’est là où on se dit « bah venez on se pose la question ensemble ». Je ne pourrais jamais savoir ce dont ont vraiment besoin les gens, car je ne suis pas dans leur tête.

LVP : Tu repars sur scène avec ce nouvel album et comment tu te sens par rapport à ça ? Présenter des nouvelles chansons aux gens… Et est-ce que tu as déjà préparé ton live, un show spécifique ?

T : Alors je suis ultra excité de repartir sur scène, j’appréhende un peu, y a un mélange d’humilité car je me dis c’est dingue, chaque nouvel album c’est un pari avant pendant et après. Quand tu sors celui d’après, ça fait toujours chaud au cœur de se dire : « ça fait 20 ans que je fais ça ». On a commencé à dévoiler des titres sur internet, il y a eu des premières rencontres avec des gens, des journaux… Et on a envie de pas les décevoir car finalement je crois que chaque année qui passe tu perçois ça de manière plus aiguë encore, que c’est grâce aux gens qu’on peut continuer à faire ce métier-là. Et c’est sûr que tu n’as pas envie de décevoir, t’as envie de continuer à surprendre.

 

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LVP : Justement on en parlait tout à l’heure, d’être à une période où les playlists sont de plus en plus éphémères, ça te fait quoi d’être encore là après 20 ans de carrière ?

T : Je suis une aberration sur le papier et j’aurais dû arrêter de faire ce métier y a 10 ans donc qu’est ce que ça me fait ? Ça me donne un peu le vertige, ça me donne un peu d’humilité par rapport aux gens, ça me fait dire qu’un public c’est vivant. Sur mes deux derniers albums, il m’est arrivé pas mal de fois de recevoir des messages car les gens sont toujours cash sur les réseaux sociaux et il y en a qui disaient « bah tiens je t’ai bien aimé sur ton premier album et après tu m’as saoulé et j’ai plus aimé et par contre sur tel album j’ai réécouté et je trouve ça sympa etc. » et je pensais pas que c’était possible dans la vie d’un artiste car moi je pense qu’une fois que tu arrêtes d’écouter un chanteur, tu passes à autre chose. C’est une chance que te donne la vie de pouvoir continuer à faire ce métier au bout de 20 ans et moi je le vois vraiment comme un voyage fidèle. Il y a les copains avec qui on aime faire la route, des albums qui ont plus marchés que d’autres et certains qui sont plus passés que d’autres à la radio. Il y a aussi des albums qui ont pas spécialement marché commercialement mais il y a toujours une ou deux chansons que tu joues depuis 10 ans. Tu vois c’est vraiment une histoire au long cours.

LVP : Est ce que tu vois ton public évoluer ? Car j’ai l’impression que ta musique traverse les générations et que ça passe comme un flambeau…

T : Je pense que c’est le meilleur qui puisse arriver à un artiste et je ne pense pas avoir suffisamment de recul, je pense qu’on a mûri ensemble car les gens qui avaient 20 ans il y a 20 ans, viennent désormais avec leurs enfants de 7/8 ans, parfois avec leurs parents. Depuis que je suis père de famille j’ai appris à écouter la musique différemment. Quand on part l’été en famille et qu’on fait des barbecues, c’est le moment où on peut passer du temps ensemble, avec les enfants sans être toujours sur leur dos. C’est vrai que c’est toujours agréable d’avoir de la musique en fond. Une musique qu’on peut mettre à ce moment-là sans avoir à couper toutes les 2 secondes car c’est trop fort, car il y a un gros mot, etc… Je crois que c’est ça la chose la plus belle dans la vie d’un artiste, être à un moment donné dans la vie des gens, dans leur salon, leur jardin, au moment des barbecues.

LVP : J’ai une anecdote par rapport à ça, il y a 5-6 ans, tu avais dédicacé un vinyle pour la naissance de mon neveu et je demandais si tu avais des anecdotes comme ça de gens qui t’avaient ancré dans une histoire particulière ?

T : Ouais c’est à la fois touchant et intimidant mais j’ai eu plusieurs moments comme ça : quelqu’un avait demandé sa femme en mariage sur scène et il y a une jeune femme qui s’est fait tatouer une phrase de chanson et un type qui s’est tatoué mon portrait. On m’avait jamais posé la question donc c’est pour ça que je raconte ça, je sais pas quoi en penser. Et puis tu sais il y a toujours deux personnes, le mec que t’es au quotidien et la personne que les gens pensent que tu es à travers les disques et donc c’est ce mec là qu’ils se tatouent sur le bras.

LVP : Si c’était la personne du quotidien, ils trouveraient ça moins fun ?

T : Bah non mais c’est différent, quand t’as deux mecs qui jouent très très bien de la guitare. Il y en a un qui a grandi dans ton village et l’autre qui vient des États-Unis, bah tu seras prêt à faire 50km et payer 20 euros pour aller le voir le second. Et encore une fois c’est de la perception.

LVP : Je voudrais revenir sur A la faveur de l’automne, car la chanson a quoi ? 15 ans ? Et avec le recul, comment tu revois ce succès-là ? Tu te dis que c’est une chance ? Que c’est arrivé trop tôt ?

T : Je me dis que c’est une énorme chance car ça m’a ouvert des portes, ça m’a conféré une certaine liberté. On parlait de cette réflexion de faire ce métier depuis 20 ans, peut-être que sans ce morceau là je n’aurais pas pu faire l’album d’après. C’est une chanson que j’aime bien jouer à chaque car je trouve que la chanson qui te fait découvrir la proposition musicale d’un mec ou d’un groupe, elle est vraiment particulière et moi je sais que quand je vais à un concert avec ma femme, si le mec joue pas notre chanson on est ultra déçus. Et sur la tournée à venir, la première mouture de set qu’on avait faite faisait 2h30, après il a fallu arbitrer mais l’idée c’est d’essayer de jouer les chansons qui ont le plus raisonné chez les gens. Je crois qu’il faut faire preuve de recul et d’humilité, quand on fait un métier qu’on aime depuis aussi longtemps eh bien ça fait parti du truc.

LVP : Question qui n’a rien à voir avec la musique : Comment tu en es venu à jouer dans la série Hero Corp ?

: Simon Astier qui m’a fait la surprise de m’inviter. En fait on s’est vu avec Simon juste avant l’album précédent et lui il avait déjà écrit les dialogues et les scènes sauf qu’il voulait que ces dialogues soient chantés. J’ai demandé à ce qu’il me donne des noms d’émotions et là il m’a dit « là c’est plutôt inquiet, là c’est joyeux etc » et du coup j’ai essayé de trouver des fonds musicaux qui étaient en raccord avec les émotions dont il parlait. C’est hyper intéressant en termes d’écriture et c’était un vrai plaisir, je ne connaissais pas trop la série ni l’univers mais c’est vrai que c’est une belle famille.

LVP : C’est clair, faire l’acteur c’est quelque chose qui t’intéresserait ou pas du tout ?

: Ah moi j’adore ! J’avais pu jouer dans cette série avec l’acting mais j’ai eu la chance de jouer dans 2/3 courts métrages et c’est une expérience que j’ai beaucoup aimé. Après pour faire vraiment l’acteur il faudrait que je prenne des cours de comédie, que je passe des castings et tout ça. Et c’est vrai que là, faire mon album et tout c’est un peu un combat en soi aussi ce qui fait que j’ai pas réussi à dégager le temps pour autre chose. On me posait la question, entre ça et écrire un bouquin, j’aimerais beaucoup investir ça aussi.

LVP : Ça reste dans un coin de ta tête ?

T : Ouais, complètement.

LVP : J’ai une dernière question qu’on pose à tout le monde, quels sont tes coups de cœur récents que ce soit en musique, film, livre ?

T : En musique, il y a Charlotte Cardin qui est une jeune canadienne que j’aime beaucoup. J’ai pas mal écouté de hip hop en 2018, Macklemore des choses comme ça, le disque d’un type qui s’appelle Jonathan. Ce que je trouve chouette avec Spotify ou Deezer c’est que tu te laisses guider et tu tombes sur des trucs un peu géniaux et c’est vrai qu’on a longtemps dit que la musique moderne est un peu froide alors qu’il y a pleins de trucs qui sont déments. On a beaucoup dit que le hip hop manquait de mélodies par exemple et toutes les cases qu’on connaissait explosent maintenant. Côté cinéma, je ne vais plus au cinéma car quand tu as des enfants en bas âge et bah tu oublies (rires) et niveau bouquins, depuis six mois je suis sur une sorte de diète et aux États-Unis, y a un truc avec beaucoup de livres sur les sciences cognitives et qui expliquent comment notre attention marche et j’ai commencé à me documenter là dessus et je trouve qu’en ce moment c’est intéressant de savoir pourquoi quand y a une pub qui passe , tu restes devant hypnotisé.